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Passioniste de Polynésie

Irénée de Lyon quelques écrits

IreneeSaint Irénée de Lyon (v. 130-v. 208), évêque, théologien et martyr 

Liste des lectures

 Beaucoup de prophètes et de rois ont voulu voir ce que vous voyez

Tout m'a été confié par mon Père

Hérode cherchait à voir Jésus

Personne ne connaît le Père, sinon le Fils...

Ève et Marie 

L'Esprit du Seigneur est sur moi 

Comme le grain de blé

La vigne de Dieu

Saint Luc, compagnon et collaborateur des apôtres 

Je prierai le Père et il vous donnera un autre Défenseur qui sera pour toujours avec vous 

Le trésor caché dans le champ des Écritures

Viens, suis-moi 

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Beaucoup viendront de l'orient et de l'occident et prendront place avec Abraham...au festin du Royaume des cieux

Tous ceux qui ont été appelés en mon nom 

Notre Dame du Oui : celle qui fait la volonté de Dieu

Les prémices de la Résurrection. 

Personne ne connaît le Père, sinon le Fils... 

 Dieu parmi nous

Tu l'as révélé aux tout-petits

Attendre le temps de  la croissance

Le Verbe dispensateur de la grâce du Père

L'oblation de l'Eglise

Le Seigneur de la Loi

Médiateur de Dieu et des hommes

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Saint Matthieu, un des quatre évangélistes

Abraham a vu mon jour et il a été dans la joie

Les figures du monde à venir.

L'envoi de l'Esprit 

Le pain que je donnerai c’est ma chair, donnée pour que le monde ait la vie 

L'Eucharistie, gage de la résurrection 

Celui qui croit au Fils a la vie éternelle ; celui qui refuse de croire ne verra pas la vie

L'Alliance du Seigneur.

L'amitié de Dieu.

Proclamez la Bonne Nouvelle à toute le création 

La Loi enracinée dans nos coeurs

Ainsi…il donnera la vie éternelle à tous ceux que tu lui as donnés

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Saint Marc transmet la foi des apôtres au monde entier

C'est la miséricorde que je veux, non le sacrifice

Je vous le déclare : Elie est déjà venu

Aujourd'hui nous avons vu des choses extraordinaires

Mais si c’est par le doigt de Dieu que j’expulse les démons, c’est donc que le Règne de Dieu est survenu 

Saint Luc, compagnon et coopérateur des apôtres.

Nous sommes ses frères parce que sa mère a entendu la parole et l’a mise en pratique

Saint Marc transmet la foi des apôtres au monde entier

Non plus serviteurs, mais amis

Le Fils révèle le Père

La loi parfaite, celle de la liberté

Le Dieu des vivants 

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« L'Esprit du Seigneur est sur moi »

Le doigt de Dieu

Une des premières attestations historiques des évangélistes

Celui qui m'a vu a vu le Père

Le signe de Jonas

La gloire de Dieu, c'est l'homme vivant

La foi de l'Église

Allez dans le monde entier. Proclamez la Bonne Nouvelle à toute la création

L'offrande pure de l'Église.

Beaucoup de gens...avaient appris tout ce qu'il faisait, et ils vinrent à lui

Voici le livre de la genèse de Jésus Christ 

Dieu sera vu des hommes.

 

 

IreneeSaint Irénée de Lyon (v. 130-v. 208), évêque, théologien et martyr 

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« Beaucoup de prophètes et de rois ont voulu voir ce que vous voyez »

Dès le commencement, Dieu a formé l'homme en vue de ses dons. Il a choisi les patriarches en vue de leur salut. Il s'est préparé un peuple, apprenant aux ignorants à suivre la trace de Dieu. Ensuite, il a instruit les prophètes pour habituer l'homme à porter son Esprit dès cette terre et à entrer en communion avec Dieu. Lui-même, certes, n'avait besoin de personne, mais à ceux qui avaient besoin de lui il offrait sa communion. Par ceux « en qui il mettait sa complaisance » (Lc 2,14), il a dessiné d'avance, tel un architecte, l'édifice du salut. Dans les ténèbres d'Égypte, il s'est fait lui-même leur guide ; au désert où ils erraient, il leur a donné une Loi très appropriée ; et à ceux qui sont entrés dans le bon pays, il a offert un héritage choisi. Enfin, pour tous ceux qui reviennent vers le Père, il a tué le veau gras, et il leur fait don de la robe précieuse (Lc 15,22).

Ainsi, de beaucoup de manières, Dieu disposait le genre humain en vue de « la musique et des danses » du salut (Lc 15,25). Voilà pourquoi Jean écrit dans l'Apocalypse : « Et sa voix était la voix des grandes eaux » (Ap 1,15). Car elles sont vraiment multiples les eaux de l'Esprit de Dieu, parce que riche et grand est le Père. Et, passant à travers tout cela, le Verbe accordait généreusement son assistance à ceux qui lui étaient soumis, donnant à toute créature des prescriptions appropriées.

Adversus Haereses IV, 14,2 (trad. composite)

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« Tout m'a été confié par mon Père »

Nul ne peut connaître le Père sans le Verbe de Dieu, c'est-à-dire si le Fils ne le révèle, ni connaître le Fils sans le bon plaisir du Père. Ce bon plaisir du Père, le Fils l'accomplit, car le Père envoie, tandis que le Fils est envoyé et vient. Le Père, tout invisible et illimité qu'il soit par rapport à nous, est connu de son propre Verbe ; et, tout inexprimable qu'il soit, il est exprimé par lui. Réciproquement, le Verbe n'est connu que du Père seul...

Déjà par la création le Verbe révèle le Dieu Créateur ; par le monde, il révèle le Seigneur qui a ordonné le monde, par l'œuvre modelée, l'Artiste qui l'a modelée, et par le Fils, le Père qui l'a engendré : beaucoup en conviennent, mais tous ne croient pas pour autant. De même, par la Loi et les prophètes, le Verbe s'est annoncé lui-même et il a annoncé le Père : le peuple entier a entendu, mais tous n'ont pas cru pour autant. Enfin, par l'entremise du Verbe devenu visible et palpable (1Jn 1,1), le Père s'est montré, et, si tous n'ont pas cru en lui, le Père n'en a pas été moins visible dans le Fils (Jn 14,9)...

Le Fils, en servant le Père, conduit donc toutes choses à leur perfection depuis le commencement jusqu'à la fin, et sans lui nul ne peut connaître Dieu... C'est depuis le commencement que le Fils, présent à l'œuvre qu'il a modelée, révèle le Père à tous ceux à qui le Père le veut, et quand il le veut, et comme il le veut. Partout et toujours, il n'y a qu'un seul Dieu Père, un seul Verbe, un seul Esprit et un seul salut pour tous ceux qui croient en lui.

Contre les hérésies, IV, 6,3-7 (trad. SC 100, p. 443s)

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Hérode cherchait à voir Jésus

      Les prophètes annonçaient d'avance que Dieu serait vu des hommes, conformément à ce que dit aussi le Seigneur : « Bienheureux les cœurs purs, parce qu'ils verront Dieu » (Mt 5,8). Certes, selon sa grandeur et sa gloire inexprimable, « nul ne verra Dieu et vivra » (Ex 33,20), car le Père est insaisissable. Mais selon son amour, sa bonté envers les hommes et sa toute puissance, il va jusqu'à accorder à ceux qui l'aiment le privilège de voir Dieu — ce que, précisément, prophétisaient les prophètes — car « ce qui est impossible aux hommes est possible à Dieu » (Lc 18,27).

      Par lui-même, en effet, l'homme ne pourra jamais voir Dieu ; mais Dieu, s'il le veut, sera vu des hommes, de ceux qu'il veut, quand il veut et comme il veut. Car Dieu peut tout : vu autrefois par l'entremise de l'Esprit selon le mode prophétique, puis vu par l'entremise du Fils selon l'adoption, il sera vu encore dans le Royaume des cieux selon la paternité, l'Esprit préparant d'avance l'homme pour le Fils de Dieu, le Fils le conduisant au Père, et le Père lui donnant l'incorruptibilité et la vie éternelle, qui résultent de la vue de Dieu pour ceux qui le voient. Car, de même que ceux qui voient la lumière sont dans la lumière et participent à sa splendeur, de même ceux qui voient Dieu sont en Dieu et participent à sa splendeur. Or, vivifiante est la splendeur de Dieu. Ils auront donc part à la vie, ceux qui voient Dieu.

Contre les Hérésies, livre IV, 20, 5 ; SC 100 (trad. SC p. 639s)

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« Personne ne connaît le Père, sinon le Fils... » 

Personne ne peut connaître le Père sans le Verbe de Dieu, c'est-à-dire si le Fils ne le révèle, ni connaître le Fils sans le « bon plaisir » du Père. Or le Fils accomplit le « bon plaisir » du Père : le Père l'envoie, le Fils est envoyé et il vient. Et le Père, aussi invisible et inconnaissable qu'il soit pour nous, son Verbe le connaît, aussi inexprimable qu'il soit, son Fils nous l'exprime. Inversement, seul le Père connaît son Verbe. C'est le Seigneur qui nous a montré cette double vérité. Voilà pourquoi le Fils révèle la connaissance du Père par sa manifestation : la connaissance du Père est la manifestation du Fils, car toutes choses sont manifestées par le Verbe. ~

Ainsi le Père a révélé le Fils, pour être par lui manifesté à tous, pour recevoir en toute justice ceux qui croient en lui dans l'incorruptibilité et l'éternel rafraîchissement — croire en Lui, c'est faire sa volonté — et pour enfermer en toute justice dans les ténèbres qu'ils se sont choisies ceux qui ne croient pas et qui fuient la lumière.

En effet, par sa création, le Verbe révèle déjà le Dieu Créateur ; par le monde, il révèle le Seigneur qui ordonne le monde ; par l'ouvrage, l'artisan qui l'a modelé ; par le Fils, le Père qui a engendré le Fils. Et cela, tous le disent pareillement, mais tous ne le croient pas pareillement. Bien plus, par la Loi et les Prophètes, le Verbe s'est annoncé lui-même et il a annoncé le Père ; en vérité, le peuple tout entier a entendu pareillement, mais tous ne crurent pas pareillement. Enfin, le Père s'est montré par le Verbe en personne devenu visible et palpable. Même si tous ne crurent pas pareillement en lui, tous du moins ont vu le Père dans le Fils. Car ce qui était invisible du Fils était le Père, et le visible du Père était le Fils. ~

Le Fils, en servant le Père, accomplit toutes choses du début jusqu'à la fin, et sans lui, personne ne peut connaître Dieu. Le Fils est en effet la connaissance du Père, et la connaissance du Fils est révélée dans le Père par le Fils. C'est pourquoi le Seigneur disait : Personne ne connaît le Fils, si ce n 'est le Père, et personne ne connaît le Père, si ce n'est le Fils et tous ceux à qui le Fils le révélera. « Il le révélera », cela n'est pas dit seulement au futur, comme si le Verbe avait commencé à manifester le Père en naissant de Marie, mais cela vise la totalité du temps. Depuis le commencement, en effet, le Fils, présent à son ouvrage, révèle le Père à tous ceux à qui le Père le veut, quand il veut et comme il veut. Voilà donc pourquoi, en tout et partout, il n'y a qu'un seul Dieu Père, un seul Verbe, un seul Esprit, et un seul salut pour tous ceux qui croient en lui.

TRAITÉ CONTRE LES HÉRÉSIES

separ ecrit biblioÈve et Marie 

Le Seigneur est venu ; il s'est manifesté dans son propre domaine ; il a été porté par sa propre création, qu'il porte lui-même ; il a récapitulé, par son obéissance sur le bois, la désobéissance perpétrée par le bois. Cette séduction, dont avait été misérablement victime Ève, vierge déjà promise à un mari, a été dissipée par la bonne nouvelle de vérité magnifiquement annoncée par l'ange à Marie, vierge déjà en pouvoir de mari. 

Car de même que celle-là, séduite par le discours d'un ange afin de se soustraire à Dieu, a transgressé la Parole de Dieu ; de même celle-ci a reçu par le discours d'un ange l'annonce qu'elle porterait Dieu, et a obéi à sa parole. Et de même que celle-là fut séduite de manière à désobéir à Dieu, de même celle-ci fut persuadée d'obéir à Dieu, afin que de la vierge Ève, la Vierge Marie devienne l'avocate. ~

Récapitulant toutes choses, le Seigneur a récapitulé aussi la guerre que nous livrons à notre ennemi ; il a provoqué et broyé celui qui au commencement en Adam nous avait faits captifs, et il lui a piétiné la tête, selon ce que Dieu avait dit au serpent dans la Genèse : Je mettrai une inimitié entre toi et la femme, et entre ta postérité et la sienne ; elle observera ta tête, et toi tu observeras son talon . 

Dès ce moment, celui qui devait naître de la Vierge, à la ressemblance d'Adam, était annoncé comme observant la tête du serpent. Et c'est la postérité dont l'Apôtre dit dans sa lettre aux Galates : La loi des œuvres a été établie jusqu'à ce que vienne la postérité à laquelle avait été faite la promesse . Il le montre plus clairement dans la même lettre, en disant :Quand arriva la plénitude des temps, Dieu envoya son Fils né d'une femme . En effet, l'ennemi n'aurait pas été vaincu en toute justice, si ce n'avait été un homme, né d'une femme, qui le vainquît. Car c'est par une femme que depuis le commencement, il avait dominé sur l'homme, puisqu'il s'était posé en adversaire de l'homme. C'est pour cela que le Seigneur a reconnu qu'il était Fils de l'homme, récapitulant en lui-même l'homme des origines à partir duquel le modelage de la femme avait été effectué. Ainsi, de même que par la défaite d'un homme, notre race est descendue dans la mort, de même par la victoire d'un homme, nous sommes remontés vers la vie.

TRAITÉ DE SAINT IRÉNÉE CONTRE LES HÉRÉSIES

separ ecrit biblio« L'Esprit du Seigneur est sur moi »

      « L'Esprit du Seigneur est sur moi, parce qu'il m'a oint » (Is 61,1). C'est lui l'Esprit dont le Seigneur disait : « Car ce n'est pas vous qui parlerez, mais l'Esprit de votre Père qui parlera en vous » (Mt 10,20). De même encore, lorsqu'il donnait à ses disciples le pouvoir de faire renaître les hommes en Dieu, il leur disait : « Allez, enseignez toutes les nations, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit » (Mt 28,19). En effet, il avait promis par les prophètes de répandre cet Esprit dans les derniers temps sur ses serviteurs et ses servantes afin qu'ils prophétisent (Jl 3,1-2).

      Voilà pourquoi cet Esprit est descendu sur le Fils de Dieu devenu Fils de l'homme : par là, il s'accoutumait à demeurer dans le genre humain, à reposer sur les hommes, à résider dans l'ouvrage modelé par Dieu. Il réalisait en eux la volonté du Père et les renouvelait en les faisant passer de leur ancien mode de vie à la nouveauté du Christ. 

Contre les hérésies, III, 17 (trad. Cerf 19898, p. 356)

separ ecrit biblioComme le grain de blé

      Le bois de la vigne, une fois planté en terre, porte du fruit quand vient le temps. De même, le grain de froment, après être tombé en terre et s'y être dissous (Jn 12,24), resurgit multiplié par l'Esprit de Dieu qui soutient toutes choses. Ensuite, grâce au savoir faire, ils viennent à l'usage des hommes ; puis, en recevant la Parole de Dieu, ils deviennent eucharistie, c'est à dire le Corps et le Sang du Christ.

      De même nos corps, qui sont nourris par cette eucharistie, après avoir été couchés dans la terre et s'y être dissous, ressusciteront en leur temps, lorsque le Verbe de Dieu les gratifiera de la résurrection, « pour la gloire de Dieu le Père » (Ph 2,11). Car il procurera l'immortalité à ce qui est mortel et l'incorruptibilité à ce qui est périssable (1Co 15,53), parce que la puissance de Dieu se déploie dans la faiblesse (2Co 12,9).

      Dans ces conditions nous nous garderons bien, comme si c'était de nous-mêmes que nous avons la vie, de nous enfler d'orgueil, de nous élever contre Dieu en acceptant des pensées d'ingratitude. Au contraire, sachant par expérience que c'est de sa grandeur à lui...que nous tenons de pouvoir vivre à jamais, nous ne nous écarterons pas de la vraie pensée sur Dieu et sur nous-mêmes. Nous saurons quelle puissance Dieu possède et quels bienfaits l'homme reçoit de lui. Nous ne nous méprendrons pas sur la vraie conception qu'il faut avoir de Dieu et de l'homme. D'ailleurs..., si Dieu a permis notre dissolution dans la terre, n'est-ce pas précisément pour que, instruits de toutes ces choses, nous soyons dorénavant attentifs en tout, ne méconnaissant ni Dieu ni nous-mêmes  ?... Si la coupe et le pain, par la Parole de Dieu, deviennent eucharistie, comment prétendre que la chair est incapable de recevoir la vie éternelle ?

Contre les Hérésies V, 2,3  (trad. SC 153, p. 37s rev.)

separ ecrit biblioLa vigne de Dieu

      Dieu a planté la vigne du genre humain par le modelage d'Adam (Gn 2,7) et l'élection des patriarches. Puis il l'a confiée à des vignerons par le don de la Loi transmise par Moïse. Il l'a entourée d'une clôture, c'est-à-dire a circonscrit la terre qu'ils auraient à cultiver ; il a bâti une tour, c'est-à-dire il a choisi Jérusalem ; il a creusé un pressoir, c'est-à-dire a préparé ceux qui allait recevoir l'Esprit prophétique. Et il leur a envoyé des prophètes avant l'exil de Babylone, puis après l'exil d'autres encore en plus grand nombre, pour réclamer les fruits et pour leur dire... : « Redressez vos voies et vos habitudes de vie » (Jr 7,3) ; « Jugez avec justice, pratiquez la pitié et la miséricorde chacun envers son frère ; n'opprimez pas la veuve et l'orphelin, l'étranger et le pauvre, et que personne d'entre vous ne rumine dans son cœur le souvenir de la méchanceté de son frère » (Za 7,9-10)... ; « Lavez-vous, purifiez-vous, ôtez la malice de vos cœurs..., apprenez à faire le bien ; recherchez la justice ; sauvez celui qui souffre l'injustice » (Is 1,16-17)...

      Voilà par quelles prédications les prophètes réclamaient le fruit de la justice. Mais comme ces gens demeuraient incrédules, il leur a envoyé finalement son Fils, notre Seigneur Jésus Christ, que ces mauvais vignerons ont tué et jeté hors de la vigne. C'est pourquoi Dieu l'a confié — non plus circonscrite, mais étendue au monde entier — à d'autres vignerons pour qu'ils lui en remettent les fruits en leur temps. La tour de l'élection se dresse partout dans son éclat, car partout resplendit l'Église ; partout aussi est creusé le pressoir car partout sont ceux qui reçoivent l'Esprit de Dieu...

      C'est pourquoi le Seigneur disait à ses disciples, pour faire de nous de bons ouvriers : « Tenez-vous sur vos gardes et veillez en tout temps, de crainte que vos cœurs ne s'alourdissent dans la débauche, l'ivrognerie et les soucis de la vie » (Lc 21,34.36)...; « Restez en tenue de service et gardez vos lampes allumées : soyez semblables à des gens qui attendent leur maître » (Lc 12,35-36). 

Contre les hérésies, IV 36, 2-3 ; SC 100 (trad. SC p. 883 rev.)

separ ecrit biblioSaint Luc, compagnon et collaborateur des apôtres 

      Que Luc ait été inséparable de Paul et son collaborateur dans la prédication de l'Évangile, lui-même le montre avec évidence, non pour se glorifier mais poussé par la vérité elle-même. En effet, lorsque Barnabé et Jean, surnommé Marc, se sont séparés de Paul et se sont embarqués pour Chypre, Luc écrit : « Nous sommes venus à Troas » (cf Ac 16,8.11)…; puis il décrit en détail tout leur voyage, leur venue à Philippes, et comment ils y ont annoncé la parole pour la première fois… Il relate dans l'ordre tout son voyage avec Paul dont il raconte les circonstances avec toute la précision possible... Ayant été présent à tous ces événements, Luc les a consignés de façon précise ; on ne peut surprendre chez lui ni mensonge ni orgueil, car tous ces faits étaient connus…

      Que Luc ait été non seulement le compagnon, mais encore le collaborateur des apôtres, de Paul surtout, Paul le dit clairement lui-même dans ses lettres : « Demas m'a abandonné et s'en est allé à Thessalonique, Crescens en Galatie, Tite en Dalmatie, Luc seul est avec moi » (2 Tm 4,11). Cela prouve bien que Luc a toujours été uni à Paul, de façon inséparable. De même dans la lettre aux Colossiens, on lit : « Luc, le médecin bien-aimé, vous salue » (Col 4,14)…
      D'autre part, nous connaissons beaucoup d’événements de l'Évangile — et des plus importants — par Luc seul… Qui sait, d'ailleurs, si Dieu n'a pas fait en sorte que beaucoup de traits de l'Évangile aient été révélés par Luc seul…, pour que tous se laissent guider par le témoignage qu'il apporte ensuite [dans son deuxième livre] sur les actes et la doctrine des apôtres, et qu'en gardant ainsi inaltérée la règle de la vérité, tous puissent être sauvés. Ainsi le témoignage de Luc est vrai ; l'enseignement des apôtres est clair, solide et ne cache rien… Telles sont les voix de l'Église, d'où toute l'Église tire son origine.    

Contre les Hérésies, III, 14-15 ; SC 34 (trad. cf Cerf 1984, p. 337s)

separ ecrit biblio« Je prierai le Père et il vous donnera un autre Défenseur qui sera pour toujours avec vous »

      Quand le Seigneur donnait à ses disciples le pouvoir de faire renaître les hommes en Dieu, il leur disait : « Allez, de toutes les nations faites des disciples, baptisez-les au nom du Père, du Fils, et du Saint Esprit » (Mt 28,19). En effet, il avait promis par les prophètes de répandre cet Esprit dans les derniers temps sur ses serviteurs et ses servantes, afin qu'ils prophétisent (Jl 3,1)... Ainsi notre Seigneur a promis à la Samaritaine « une eau vive », « afin qu'elle n'ait plus jamais soif », et qu'elle ne soit plus astreinte à boire une eau puisée péniblement mais qu'elle ait en elle-même une eau « jaillissant pour la vie éternelle » (Jn 4,10-14). Il s'agit de pouvoir boire ce que le Seigneur a reçu lui-même du Père, et qu'il donne à son tour à ceux qui demeurent en lui, en envoyant l'Esprit Saint sur la terre entière...

      Gédéon avait prophétisé que sur toute la terre se répandrait la rosée, qui est l'Esprit de Dieu (Jg 6,36-40). C'est précisément cet Esprit qui était descendu sur le Seigneur : « Esprit de sagesse et d'intelligence, Esprit de conseil et de force, Esprit de science et de piété, Esprit de crainte de Dieu » (Is 11,2-3). A son tour, le Seigneur a donné cet Esprit à l'Église, en envoyant des cieux le Défenseur sur toute la terre –- là où « Satan avait été précipité comme l'éclair », selon la parole du Seigneur (Lc 10,18). C'est pourquoi cette rosée de Dieu  nous est nécessaire pour que nous ne soyons pas consumés et rendus stériles et pour que là où nous avons un Accusateur (Ap 12,10), nous ayons aussi un Défenseur.

      Car le Seigneur a confié à l'Esprit Saint l'homme, son propre bien, qui était tombé entre les mains des bandits (Lc 10,30). Le Seigneur a « été saisi de pitié, il a pansé ses plaies » ; il a donné « deux pièces d'argent » (v. 35) à l'effigie du roi pour que, après avoir reçu par l'Esprit « l'effigie et l'inscription » (Lc 20,23) du Père et du Fils, nous fassions fructifier cette pièce d'argent qui nous a été confiée et la rendions au Seigneur multipliée (cf Mt 25,14s). 

Contre les hérésies, III, 17, 2 ; SC 211 (trad. SC ; cf bréviaire Pentecôte)

separ ecrit biblioLe trésor caché dans le champ des Écritures

      C'est le Christ qui était présent à tous ceux à qui, depuis le commencement, Dieu communiquait sa Parole, son Verbe. Et si quelqu'un lit l'Écriture dans cette perspective, il y trouvera une expression concernant le Christ, et une préfiguration de l'appel nouveau. Car c'est lui, « le trésor caché dans le champ », c'est à dire dans le monde (Mt 13,38). Trésor caché dans les Écritures, car il était signifié par des symboles et des paraboles, qui, humainement parlant, ne pouvaient pas être comprises avant l'accomplissement des prophéties, c'est-à-dire avant la venue du Seigneur. C'est pourquoi il a été dit au prophète Daniel : « Cache ces paroles et scelle ce livre jusqu'au temps de l'accomplissement » (12,4)... Jérémie aussi dit : « Aux derniers jours, ils comprendront ces choses » (23,20)...

      Lue par les chrétiens, la Loi est un trésor caché autrefois dans un champ, mais que la croix du Christ révèle et explique... : elle manifeste la sagesse de Dieu, elle fait connaître ses desseins en vue du salut de l'homme, elle préfigure le Royaume du Christ, elle annonce par avance la Bonne Nouvelle de l'héritage de la Jérusalem sainte, elle prédit que l'homme qui aime Dieu progressera jusqu'à le voir et entendre sa parole, et qu'il sera glorifié par cette parole...

      C'est de cette manière que le Seigneur a expliqué les Écritures à ses disciples après sa résurrection, leur prouvant par elles « qu'il fallait que le Christ souffre et entre dans sa gloire » (Lc 24,26). Si donc quelqu'un lit les Écritures de cette manière, il sera un disciple parfait, « pareil au maître de maison qui tire de son trésor des choses nouvelles et des choses anciennes » (Mt 13,52). 

Contre les Hérésies, IV, 26 ; SC 100 (trad. SC p. 711s rev.)

separ ecrit biblio« Viens, suis-moi »

      Pour avoir suivi la Parole de Dieu, son appel, spontanément et librement dans la générosité de sa foi, Abraham était devenu « l'ami de Dieu » (Jc 2,23). Ce n'était pas à cause d'une indigence que le Verbe de Dieu s'est acquis cette amitié d'Abraham, lui qui est parfait dès l'origine ; « Avant qu'Abraham ait été, dit-il, je suis » (Jn 8,58). Mais c'était pour pouvoir, lui qui est bon, donner à Abraham la vie éternelle... Au commencement non plus, ce n'était pas parce qu'il avait besoin de l'homme que Dieu a modelé Adam, mais pour avoir quelqu'un en qui déposer ses bienfaits.

      Ce n'était pas davantage parce qu'il avait besoin de notre service qu'il nous a commandé de le suivre, mais pour nous procurer le salut. Car suivre le Sauveur c'est avoir part au salut, comme suivre la lumière c'est avoir part à la lumière. Lorsque des hommes sont dans la lumière, ce ne sont pas eux qui illuminent la lumière et la font resplendir, mais ils sont illuminés et rendus resplendissants par elle... Dieu accorde ses bienfaits à ceux qui le servent parce qu'ils le servent, et à ceux qui le suivent parce qu'ils le suivent ; mais il ne reçoit d'eux nul bienfait, car il est parfait et sans besoin.

      Si Dieu sollicite le service des hommes, c'est pour pouvoir, lui qui est bon et miséricordieux, accorder ses bienfaits à ceux qui persévèrent dans son service. Car, si Dieu n'a besoin de rien, l'homme a besoin de la communion de Dieu. La gloire de l'homme, c'est de persévérer dans le service de Dieu. C'est pourquoi le Seigneur disait à ses disciples : « Ce n'est pas vous qui m'avez choisi, mais moi qui vous ai choisis » (Jn 15,16), indiquant par là que...pour avoir suivi le Fils de Dieu, ils étaient glorifiés par lui : « Père, je veux que là où je suis, eux aussi soient avec moi, afin qu'ils contemplent ma gloire » (Jn 17,24). 

Contre les hérésies, IV, 14,1 ; SC 100 (trad. SC p. 537 rev.)

 

IreneeSaint Irénée de Lyon (v. 130-v. 208), évêque, théologien et martyr 

« Beaucoup viendront de l'orient et de l'occident et prendront place avec Abraham...au festin du Royaume des cieux »

      « Voici venir des jours, oracle du Seigneur, où je conclurai avec la maison d'Israël et la maison de Juda une alliance nouvelle... Je mettrai ma Loi au fond de leur être et je l'écrirai sur leur cœur » (Jr 31,31s). Isaïe annonce que ces promesses doivent être un héritage pour l'appel des païens ; pour eux aussi le livre de la Nouvelle Alliance a été ouvert : « Voici ce que dit le Dieu d'Israël : ' En ce jour-là, l'homme regardera vers son créateur et tournera les yeux vers le Saint d'Israël. Ils ne mettront plus leur espérance dans des autels d'idoles ni dans des œuvres de leurs mains...' » (17,7s). Il est bien évident que cela s'adresse à ceux qui abandonnent les idoles et croient en Dieu notre créateur grâce au Saint d'Israël, et le Saint d'Israël, c'est le Christ...

      Dans le livre d'Isaïe, le Verbe lui-même dit qu'il devait se manifester parmi nous –- le Fils de Dieu, en effet, s'est fait fils d'homme -– et se laisser trouver par nous qui auparavant ne le connaissions pas : «  Je me suis manifesté à ceux qui ne me cherchaient pas ; j'ai été trouvé par ceux qui ne me questionnaient pas ; j'ai dit : ' Me voici ' à un peuple qui n'avait pas invoqué mon nom » (65,1). Que ce peuple, dont parle Isaïe, doive être un peuple saint, cela a été annoncé dans les douze prophètes par Osée : « J'aimerai Non-Aimée et à Pas-mon-peuple je dirai : ' Tu es mon peuple '... et ils seront appelés ' fils du Dieu vivant ' » (Rm 9,25-26; Os 2,25; cf 1,9). C'est aussi le sens de ce qu'a dit Jean Baptiste : « Dieu peut, de ces pierres, faire surgir des fils à Abraham » (Mt 3,9). En effet, après avoir été arrachés par la foi au culte des pierres, nos cœurs voient Dieu et nous devenons fils d'Abraham, qui a été justifié par la foi.

Démonstration de la prédication apostolique (trad. Bouchet, Lectionnaire, p. 296 rev. ; cf SC 62, p. 157)

separ ecrit biblio« Tous ceux qui ont été appelés en mon nom »

      Ce n'était pas parce qu'il avait besoin de notre service que le Père nous a commandé de suivre le Verbe : c'était pour nous assurer le salut. Car suivre le Sauveur, c'est avoir part à son salut, comme suivre la lumière, c'est avoir part à la lumière. Lorsque les hommes sont dans la lumière, ce ne sont pas eux qui font resplendir la lumière, mais ce sont eux qui sont illuminés et rendus resplendissants par elle. Loin d'apporter quoi que ce soit à la lumière, ils en bénéficient et en sont illuminés.

      Ainsi en va-t-il du service envers Dieu : il n'apporte rien à Dieu, car Dieu n'a pas besoin du service des hommes. Mais à ceux qui le servent et qui le suivent, Dieu assure la vie, une existence impérissable et la gloire éternelle... Si Dieu, qui est bon et miséricordieux, sollicite le service des hommes, c'est pour pouvoir lui accorder ses bienfaits à ceux qui persévèrent dans son service. Car, si Dieu n'a besoin de rien, l'homme, lui, a besoin de la communion de Dieu. La gloire de l'homme, c'est qu'il persévère dans le service de Dieu.

      C'est pourquoi le Seigneur disait à ses apôtres : « Ce n'est pas vous qui m'avez choisi : c'est moi qui vous ai choisis » (Jn 15,16)... Il dit encore : « Je veux que là où je suis eux aussi soient avec moi, afin qu'ils contemplent ma gloire » (Jn 17,24)... C'est d'eux que Dieu dit chez Isaïe : « De l'Orient je ramènerai tes enfants, de l'Occident je te rassemblerai... Ramène mes fils des pays lointains et mes filles des extrémités de la terre, tous ceux qui ont été appelés en mon nom, car je les ai créés  pour ma gloire » (Is 43,6-7). 

Contre les hérésies, 4, 14 (trad. Cerf 1984, p. 446 rev.)

separ ecrit biblioNotre Dame du Oui : celle qui fait la volonté de Dieu

      Dieu avait promis que de la lignée de David sortirait le roi éternel qui rassemblerait toutes choses en lui-même (Ps 131,11; Ep 1,10). Donc l'ouvrage qu'il avait modelé à l'origine (Gn 2,7), Dieu l'a repris... Et de même que ce premier homme modelé, Adam, a reçu sa substance d'une terre intacte et encore vierge...et qu'il a été façonné par la Main de Dieu, c'est à dire par le Verbe de Dieu « par qui tout a été fait » (Jb 10,8; Jn 1,3)..., de même c'est de Marie encore vierge que le Verbe a reçu la naissance qui constitue cette reprise d'Adam... Pourquoi Dieu n'a-t-il pas pris de nouveau de la glaise ? Pourquoi a-t-il fait sortir de Marie l'œuvre qu'il modelait ? C'est afin que l'ouvrage ainsi façonné ne soit pas autre que le premier mais le même, pas un autre qui soit sauvé mais le même, que le même soit repris, en respectant la ressemblance.

      Ceux donc qui affirment que le Christ n'a rien reçu de la Vierge se trompent. Ils veulent rejeter l'héritage de la chair, mais ils rejettent aussi la ressemblance...; on ne pourrait plus dire que le Christ était semblable à l'homme fait à l'image et à la ressemblance de Dieu (Gn 1,27).  Autant dire que le Christ ne s'est manifesté qu'en apparence, faisant semblant d'être un homme, ou qu'il s'est fait homme sans rien prendre de l'homme. S'il n'a pas reçu d'un être humain la substance de sa chair, il ne s'est fait ni homme ni Fils de l'homme ; et s'il ne s'est pas fait ce que nous étions, peu importaient ses peines et sa souffrance... Le Verbe de Dieu s'est fait donc vraiment homme, reprenant en lui-même l'ouvrage qu'il avait modelé... L'apôtre Paul l'affirme en toute clarté dans la lettre aux Galates : « Dieu a envoyé son Fils, né d'une femme » (4,4). 

Contre les hérésies III, 21,9 - 22,1 ; cf SC 211

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Les prémices de la Résurrection.

Le Verbe de Dieu s'est fait homme, celui qui est Fils de Dieu s'est fait Fils de l'homme, pour que l'homme devienne fils de Dieu, en communiant au Verbe de Dieu et en recevant l'adoption. Car nous ne pouvions pas recevoir l'incorruptibilité et l'immortalité, sans être étroitement unis à l'incorruptibilité et à l'immortalité. Mais comment être étroitement unis à l'incorruptibilité et à l'immortalité, si auparavant l'incorruptibilité et l'immortalité ne se sont faites ce que nous sommes, pour qu'ainsi l'incorruptibilité absorbe ce qui était corruptible, et l'immortalité ce qui était mortel, afin que nous recevions l'adoption des fils. ~

Voici donc le Fils de Dieu, notre Seigneur, Verbe issu du Père, qui est aussi le Fils de l'homme. Car Marie était issue de créatures humaines et créature humaine elle-même. Or, c'est par elle qu'il fut engendré et qu'il s'est fait Fils de l'homme.

C'est pourquoi le Seigneur lui-même nous a donné un signe — signe dans les profondeurs, signe dans les hauteurs. L'homme ne l'a pas demandé, car il n'avait pas d'espérance qu'une Vierge pourrait être enceinte, qu'elle enfanterait un fils, que celui qui naîtrait serait Dieu avec nous , qu'il descendrait au fond de la terre pour chercher la brebis perdue, c'est-à-dire l'œuvre de ses mains, et qu'il monterait dans les hauteurs pour offrir et remettre au Père cet homme retrouvé, lui qui avait opéré en soi les prémices de la résurrection de l'homme : de la sorte, comme la tête est ressuscitée des morts, le reste du corps ressuscitera, c'est-à-dire tout homme trouvé en vie, quand sera accompli le temps de sa condamnation pour la désobéissance ; ce corps, grâce aux ligaments et aux articulations, s'unifiera et se consolidera par sa croissance en Dieu. Chaque membre tiendra dans le corps une place qui lui est propre et lui convient. Nombreuses sont les demeures chez le Père, puisque nombreux sont aussi les membres dans le corps.

Dieu a donc été magnanime en prévoyant d'accorder à l'homme défaillant cette victoire par le Verbe. Car tandis que la puissance se déployait dans la faiblesse, le Verbe montrait la bonté de Dieu et sa puissance la plus sublime. 

TRAITE DE SAINT IRÉNÉE CONTRE LES HÉRÉSIES

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« Personne ne connaît le Père, sinon le Fils... »

Personne ne peut connaître le Père sans le Verbe de Dieu, c'est-à-dire si le Fils ne le révèle, ni connaître le Fils sans le « bon plaisir » du Père. Or le Fils accomplit le « bon plaisir » du Père : le Père l'envoie, le Fils est envoyé et il vient. Et le Père, aussi invisible et inconnaissable qu'il soit pour nous, son Verbe le connaît, aussi inexprimable qu'il soit, son Fils nous l'exprime. Inversement, seul le Père connaît son Verbe. C'est le Seigneur qui nous a montré cette double vérité. Voilà pourquoi le Fils révèle la connaissance du Père par sa manifestation : la connaissance du Père est la manifestation du Fils, car toutes choses sont manifestées par le Verbe. ~

Ainsi le Père a révélé le Fils, pour être par lui manifesté à tous, pour recevoir en toute justice ceux qui croient en lui dans l'incorruptibilité et l'éternel rafraîchissement — croire en Lui, c'est faire sa volonté — et pour enfermer en toute justice dans les ténèbres qu'ils se sont choisies ceux qui ne croient pas et qui fuient la lumière.

En effet, par sa création, le Verbe révèle déjà le Dieu Créateur ; par le monde, il révèle le Seigneur qui ordonne le monde ; par l'ouvrage, l'artisan qui l'a modelé ; par le Fils, le Père qui a engendré le Fils. Et cela, tous le disent pareillement, mais tous ne le croient pas pareillement. Bien plus, par la Loi et les Prophètes, le Verbe s'est annoncé lui-même et il a annoncé le Père ; en vérité, le peuple tout entier a entendu pareillement, mais tous ne crurent pas pareillement. Enfin, le Père s'est montré par le Verbe en personne devenu visible et palpable. Même si tous ne crurent pas pareillement en lui, tous du moins ont vu le Père dans le Fils. Car ce qui était invisible du Fils était le Père, et le visible du Père était le Fils. ~

Le Fils, en servant le Père, accomplit toutes choses du début jusqu'à la fin, et sans lui, personne ne peut connaître Dieu. Le Fils est en effet la connaissance du Père, et la connaissance du Fils est révélée dans le Père par le Fils. C'est pourquoi le Seigneur disait : Personne ne connaît le Fils, si ce n 'est le Père, et personne ne connaît le Père, si ce n'est le Fils et tous ceux à qui le Fils le révélera. « Il le révélera », cela n'est pas dit seulement au futur, comme si le Verbe avait commencé à manifester le Père en naissant de Marie, mais cela vise la totalité du temps. Depuis le commencement, en effet, le Fils, présent à son ouvrage, révèle le Père à tous ceux à qui le Père le veut, quand il veut et comme il veut. Voilà donc pourquoi, en tout et partout, il n'y a qu'un seul Dieu Père, un seul Verbe, un seul Esprit, et un seul salut pour tous ceux qui croient en lui.

TRAITÉ DE SAINT IRÉNÉE CONTRE LES HÉRÉSIES

separ ecrit biblio« Dieu parmi nous »

La gloire de l'homme c'est Dieu ; mais le propre de l'homme, c'est de recevoir l'œuvre de Dieu, toute sa sagesse et sa force. Comme un médecin fait ses preuves auprès des malades, ainsi Dieu se manifeste aux hommes. Et voilà pourquoi Paul déclare : Dieu a tout enfermé dans l'incrédulité, pour accorder à tous sa miséricorde ; et il disait cela de l'homme : l'homme avait désobéi à Dieu, et avait été rejeté de l'immortalité ; il a ensuite obtenu par le Fils de Dieu la miséricorde qui lui permet de recevoir par le Fils l'adoption filiale.

Car celui qui, sans orgueil ni prétention, garde la vérité quant aux choses créées, et quant au Créateur, Dieu, le maître de toutes les choses auxquelles il donne d'être, celui-là qui demeure dans son amour, dans la soumission et l'action de grâce, il recevra de Dieu une gloire plus grande et de devenir progressivement semblable à celui qui est mort pour nous.

Car voici que le Verbe s'est fait semblable à la chair de péché : cela d'abord pour condamner le péché et, en tant que condamné, le rejeter hors de la chair, cela aussi pour inciter l'homme à lui devenir semblable en lui donnant mission d'être l'imitateur de Dieu, en le rangeant sous l'obédience du Père, pour qu'il voie Dieu, et en lui donnant de saisir le Père.

Oui, c'est le Verbe de Dieu, qui a habité en l'homme, et qui s'est fait fils de l'homme, pour habituer l'homme à recevoir Dieu, et habituer Dieu à habiter en l'homme comme cela paraissait bon au Père.

Voilà pourquoi le Seigneur lui-même nous a donné le signe de notre salut ; c'est Dieu parmi nous né de la Vierge. En effet le Seigneur lui-même a sauvé les hommes, car les hommes ne pouvaient d'eux-mêmes se sauver. Cette infirmité de l'homme, Paul la proclame en ces termes : Je sais que le bien n'habite pas en ma chair . Il veut dire par là que le bien de notre salut ne vient pas de nous mais de Dieu. Il dit encore : Pauvre de moi, qui me libérera de ce corps de mort ? et il nous présente alors le libérateur : la grâce de Jésus Christ notre Seigneur . Isaïe a dit de même : Soyez fermes, mains molles et genoux tremblants. Courage ! Cœurs faibles. Soyez fermes et ne craignez pas ! Voici notre Dieu : il prononcera son jugement et rendra justice : il viendra lui-même nous sauver . Car nous ne pouvons être sauvés par nous-mêmes, mais par le secours de Dieu.

TRAITÉ DE SAINT IRÉNÉE CONTRE LES HÉRÉSIES

separ ecrit biblio« Tu l'as révélé aux tout-petits »

  Ce que nous enseigne le Seigneur, le voici : personne ne peut connaître Dieu à moins que Dieu ne l'enseigne ; autrement dit, nous ne pouvons pas connaître Dieu sans l’aide de Dieu. Mais le Père veut que nous le connaissions... Le Fils, en servant le Père, conduit toutes choses à leur perfection depuis le commencement jusqu’à la fin, et sans lui personne ne peut connaître Dieu. Car la connaissance du Père, c’est le Fils… C’est pourquoi le Seigneur dit : « Personne ne connaît le Père, si ce n’est le Fils…, et tous ceux à qui le Fils le révélera. » Le mot « révélera » ne désigne pas seulement le futur, comme si le Verbe n'avait commencé à révéler le Père qu’après être né de Marie ; mais ce mot a une portée générale et s'applique à la totalité du temps. Depuis le commencement, le Fils, présent à la création qu’il a lui-même modelée, révèle le Père à tous ceux que le Père veut (cf Rm 1,20), et quand il le veut, et comme il le veut. En toutes choses et à travers toutes choses, il n’y a qu’un seul Dieu Père, un seul Verbe, un seul Esprit et un seul salut pour tous ceux qui croient en lui… 

Le Fils révèle le Père à tous ceux par qui le Père veut être connu, selon le « bon plaisir » du Père... C’est pourquoi le Seigneur disait à ses disciples : « Je suis la Voie, la Vérité et la Vie. Personne ne vient au Père que par moi. Si vous m’avez connu, vous connaîtrez aussi mon Père. Dès à présent vous l’avez connu et vous l’avez vu » (Jn 14,6-7).

Contre les hérésies, IV, 6, 4 – 7, 3 (trad. Cerf 1984, p. 420 rev.) 

separ ecrit biblioAttendre le temps de  la croissance

"Ils sont [...] tout à fait déraisonnables, ceux qui n’attendent pas le temps de la croissance et font grief à Dieu de la faiblesse de leur nature. Dans leur ignorance de Dieu et d’eux-mêmes, ces insatiables et ces ingrats refusent d’être d’abord ce qu’ils ont été faits, des hommes sujets aux passions ; outrepassant la loi de l’humaine condition, avant même d’être des hommes, ils veulent être semblables au Dieu qui les a faits et voir s’évanouir toute différence entre le Dieu incréé et l’homme nouvellement venu à l’existence. Ils sont plus déraisonnables que les animaux sans raison, car ceux-ci ne reprochent pas à Dieu de ne pas les avoir faits hommes, mais chacun rend grâces d’avoir été fait ce qu’il a été fait. Nous, au contraire, nous lui faisons un crime de ce que nous n’avons pas été faits dieux dès le commencement, mais d’abord hommes, et seulement ensuite dieux."

(Irénée, Contre les Hérésies, IV, 38, 4).

separ ecrit biblioLe Verbe dispensateur de la grâce du Père

"...le Verbe s’est fait le dispensateur de la grâce du Père pour le profit des hommes : car c’est pour eux qu’il a accompli de si grandes "économies", montrant Dieu aux hommes et présentant l’homme à Dieu, sauvegardant l’invisibilité du Père pour que l’homme n’en vînt pas à mépriser Dieu et qu’il eût toujours vers quoi progresser, et en même temps rendant Dieu visible aux hommes par de multiples "économies", de peur que, privé totalement de Dieu, l’homme ne perdît jusqu’à l’existence. Car la gloire de Dieu c’est l’homme vivant, et la vie de l’homme c’est la vision de Dieu : si déjà la révélation de Dieu par la création procure la vie à tous les êtres qui vivent sur la terre, combien plus la manifestation du Père par le Verbe procure-t-elle la vie à ceux qui voient Dieu !"

(Contre les hérésies, IV, 20, 7).

separ ecrit biblioL'oblation de l'Eglise

"L'oblation de l'Eglise, que le Seigneur a voulu qu'on offre dans le monde entier, est considérée comme un sacrifice pur devant Dieu et lui est agréable. Ce n'est pas qu'il ait besoin de notre sacrifice, mais celui qui offre est lui-même glorifié par ce qu'il offre, si son présent est agréé. Par ce présent, en effet, se manifestent l'honneur et la piété que nous rendons à notre Roi, et c'est ce présent que le Seigneur veut nous voir offrir en toute simplicité et innocence."

(Contre les Hérésies, 4, 18,1)

separ ecrit biblioLe Seigneur de la Loi

"Maintenant que Dieu a récapitulé en nous la foi d'Abraham, nous ne devons donc plus regarder en arrière, c'est-à-dire retourner à l'ancienne Loi. Nous avons reçu le Seigneur de la Loi, le Fils de Dieu ; par la foi en lui, nous apprenons à aimer Dieu de tout notre coeur et le prochain comme nous-mêmes (Mt 22, 37-39). Mais l'amour envers Dieu exclut tout péché, et l'amour envers le prochain défend de faire ce qui peut nuire au prochain. 
Ainsi donc la Loi ne doit plus être notre pédagogue. Nous conversons avec le Père, nous nous tenons en sa présence face à face, devenus enfants sans malice, et fermes en toute justice et pureté. La Loi n'a plus à dire : Ne sois pas adultère" (Ex 21, 24), à celui qui ne songe même pas à une femme étrangère ; [...] Oeil pour oeil, dent pour dent (Ex 21, 24), à celui qui n'a aucun ennemi, mais qui traite tous les hommes comme son prochain, et qui par conséquent n'est pas capable de lever la main pour se venger.

(La prédication des apôtres et ses preuves, 95-96, "Les Pères dans la foi", Migne 1977, pp. 84).

separ ecrit biblioMédiateur de Dieu et des hommes

"[Le Fils de Dieu] a donc mélangé et uni [...] l’homme à Dieu. Car si ce n’était pas un homme qui avait vaincu l’adversaire de l’homme, l’ennemi n’aurait pas été vaincu en toute justice. D’autre part, si ce n’était pas Dieu qui nous avait octroyé le salut, nous ne l’aurions pas reçu d’une façon stable. Et si l’homme n’avait pas été uni à Dieu, il n’aurait pu recevoir en participation l’incorruptibilité. Car il fallait que le « Médiateur de Dieu et des hommes », par sa parenté avec chacune des deux parties, les ramenât l’une et l’autre à l’amitié et à la concorde, en sorte que tout à la fois Dieu accueillît l’homme et que l’homme s’offrît à Dieu. Comment aurions-nous pu en effet avoir part à la filiation adoptive [Ga 4, 5] à l’égard de Dieu, si nous n’avions pas reçu, par le Fils, la communion avec Dieu ? Et comment aurions-nous reçu cette communion avec Dieu, si son Verbe n’était pas entré en communion avec nous en se faisant chair [Jn 1, 14] ? C’est d’ailleurs pourquoi il est passé par tous les âges de la vie, rendant par là à tous les hommes la communion avec Dieu."

(Contre les Hérésies, III, 18, 7).

IreneeSaint Irénée de Lyon (v. 130-v. 208), évêque, théologien et martyr 

Saint Matthieu, un des quatre évangélistes

Il ne peut pas y avoir un plus grand ni un plus petit nombre d'évangiles. En effet, puisqu'il existe quatre régions du monde dans lequel nous sommes et quatre vents principaux, et puisque d'autre part, l'Église est répandue sur toute la terre et qu'elle a pour « colonne et pour soutien » (1Tm 3,15) l'Évangile et l'Esprit de vie, il est naturel qu'elle ait quatre colonnes qui soufflent l'immortalité de tout côté et rendent la vie aux hommes. Le Verbe, artisan de l'univers, qui siège sur les Chérubins et qui soutient toutes choses (Ps 79,2 ;He 1,3), lorsqu'il s'est manifesté aux hommes, nous a donné un Évangile à quatre formes, maintenu cependant par un unique Esprit. David, implorant sa venue, disait : « Toi qui sièges sur les Chérubins, montre-toi » (Ps 79,2). Car les Chérubins ont quatre figures (Ez 1,6), et leurs figures sont les images de l'activité du Fils de Dieu.

« Le premier de ces vivants, est-il écrit, est semblable à un lion » (Ap 4,7), ce qui caractérise la puissance, la prééminence et la royauté du Fils de Dieu ; « le second est semblable à un jeune taureau », ce qui manifeste sa fonction de sacrificateur et de prêtre ; « le troisième a un visage pareil à celui d'un homme », ce qui évoque clairement sa venue humaine ; « le quatrième est semblable à un aigle qui vole », ce qui indique le don de l'Esprit volant sur l'Église. Les évangiles selon Jean, Luc, Matthieu et Marc seront donc eux aussi en accord avec ces vivants sur lesquels siège le Christ Jésus...

Les mêmes traits se retrouvent aussi dans le Verbe de Dieu lui-même : aux patriarches qui ont existé avant Moïse il parlait selon sa divinité et sa gloire ; aux hommes qui ont vécu sous la Loi il assignait une fonction sacerdotale et ministérielle ; ensuite, pour nous, il s'est fait homme ; enfin, il a envoyé le don de l'Esprit sur toute la terre, nous abritant ainsi sous ses propres ailes (Ps 16,8)... Ils sont donc futiles, ignorants, et présomptueux ceux qui rejettent la forme sous laquelle se présente l'Évangile et qui introduisent soit un plus grand, soit un plus petit nombre de figures d'Évangile que celles que nous avons dites.

Contre les hérésies, III, 11,8-9 (trad. Cerf 1984, p. 314 ; cf SC 210)

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« Abraham a vu mon jour et il a été dans la joie »

      « Abraham, votre père, a exulté à la pensée de voir mon jour ; il l'a vu, et il s'est réjoui. » Qu'est-ce à dire ? « Abraham crut en Dieu, qui le lui compta comme justice » (Gn 15,6; Rm 4,3). En premier lieu, il a cru que c'était lui le créateur du ciel et de la terre, le seul Dieu ; ensuite, qu'il rendrait sa postérité pareille aux étoiles du ciel (Gn 15,5). Paul le dit aussi : « comme des astres dans l'univers » (Ph 2,15). C'est donc à juste titre que, quittant toute sa parenté en ce monde, il a suivi la Parole de Dieu, devenant un étranger avec le Verbe, afin de devenir citoyen avec le Verbe, le Fils de Dieu (cf Ep 2,19). C'est à juste titre aussi que les apôtres, ces descendants d'Abraham, ont quitté leur barque et leur père et ont suivi le Verbe (Mt 4,22). Et c'est à juste titre que nous, qui avons la même foi qu'Abraham, prenant notre croix comme Isaac a pris le bois, nous suivons ce même Verbe (Gn 22,6; Mt 16,24).

      Car en Abraham, l'homme avait déjà appris et s'était accoutumé à suivre le Verbe de Dieu. Dans sa foi en effet, Abraham a suivi le commandement de la Parole de Dieu et n'a pas hésité à donner « son fils unique et bien-aimé » en sacrifice à Dieu (Gn 22,2), afin que Dieu aussi accepte, en faveur de toute sa postérité, de livrer son Fils bien-aimé et unique en sacrifice pour notre rédemption (Rm 8,32).

      Et comme Abraham était prophète et qu'il voyait par l'Esprit le jour de la venue du Seigneur et le dessein de sa Passion, c'est-à-dire le salut pour lui-même et pour tous ceux qui comme lui croiraient en Dieu, il a tressailli d'une grande joie. Le Seigneur Christ n'était donc pas inconnu d'Abraham, puisqu'il désirait voir son jour. Et c'est en tant qu'instruit par le Verbe qu'Abraham a connu le Père du Seigneur aussi et a cru en lui... C'est pourquoi il disait : « J'étendrai ma main vers le Dieu très-haut, qui a créé le ciel et la terre » (Gn 14,22).

Contre les hérésies, IV, 5, 3-5 ; SC 100 (trad. SC, p. 432 rev.)

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Les figures du monde à venir. 

Depuis le commencement, Dieu a modelé l'homme en vue de ses dons ; il a choisi les patriarches en vue de leur salut ; il formait d'avance le peuple, pour apprendre aux ignorants à suivre Dieu ; il préparait les prophètes, pour habituer l'homme sur la terre à porter son Esprit et à être en communion avec Dieu. Lui qui n'avait besoin de rien accorde sa communion à ceux qui ont besoin de lui ; pour ceux qui lui plaisaient, il dessinait comme un architecte l'édifice du salut ; à ceux qui ne le voyaient pas en Égypte, il servait lui-même de guide ; aux turbulents dans le désert, il donnait la loi pleinement adaptée ; à ceux qui entraient dans une bonne terre, il donnait l'héritage approprié ; pour ceux qui revenaient vers le Père, il immolait le veau gras, et leur offrait la meilleure robe. Bref, de bien des manières, il disposait le genre humain à l'harmonie du salut. 

Voilà pourquoi Jean dit dans l'Apocalypse : Et sa voix était pareille à la voix des multiples eaux . Oui, elles sont nombreuses, les eaux de l'Esprit de Dieu, — car le Père est riche et grand — et passant à travers elles toutes, le Verbe apportait généreusement son assistance à ceux qui lui étaient soumis, prescrivant à toute créature la loi nécessaire et appropriée.

Ainsi par la Loi, il déterminait la construction du tabernacle, l'édification du Temple, le choix des Lévites, les sacrifices et les oblations, les purifications, et tout le reste du service du culte. Lui-même n'a nul besoin de tout cela : car il st toujours comblé de tous biens, et a en lui toute odeur de suavité, et toutes les fumées de parfums, même avant que Moïse fût. 

Mais il éduquait le peuple enclin à retourner aux idoles : il le disposait, par de nombreuses prestations, à persévérer dans le service de Dieu, il l'appelait par les choses secondaires aux principales, c'est-à-dire par les figuratives aux véritables, par les temporelles aux éternelles, par les charnelles aux spirituelles, par les terrestres aux célestes.

Qu'est ce qui fut dit à Moïse : Tu feras tout selon le modèle de ce que tu as vu sur la montagne . En effet, pendant quarante jours, il apprit à retenir les paroles de Dieu, les caractères célestes, les images spirituelles, et les figures des choses à venir. Ainsi le dit Paul : Ils buvaient au rocher qui les suivait, car le rocher était le Christ . Puis ayant rappelé le contenu de la loi, il ajoute :Toutes ces choses leur arrivaient en figures ; elles ont été écrites pour être instruction, à nous en qui est arrivée la fin des siècles . Par ces figures, ils apprenaient à craindre Dieu et à persévérer dans son service. Ainsi la loi était pour eux un enseignement, en même temps qu'une prophétie de l'avenir.

TRAITÉ  CONTRE LES HÉRÉSIES

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L'envoi de l'Esprit 

Quand le Seigneur donna à ses disciples le pouvoir de régénérer les hommes en Dieu, il leur dit : Allez, enseignez toutes les nations, baptisez-les au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit .

C'est cet Esprit dont il a promis par les prophètes l'effusion dans les temps derniers, sur les serviteurs et les servantes, afin qu'ils prophétisent. 

Voilà pourquoi l'Esprit est descendu dans le Fils de Dieu, devenu le fils de l'homme, pour s'habituer avec lui à habiter le genre humain, à reposer parmi les hommes, à habiter l'œuvre de Dieu, pour opérer en ces hommes la volonté du Père, et les renouveler de leur désuétude dans la nouveauté du Christ.

C'est l'Esprit, au dire de Luc, qui est descendu après l'Ascension du Seigneur sur les Apôtres à la Pentecôte, et qui a pouvoir sur tous les peuples pour les introduire à la vie et leur ouvrir la nouvelle Alliance.

C'est pourquoi, s'unissant à toutes les langues, ils chantaient une hymne à Dieu. L'Esprit ramenait à l'unité toutes les races éloignées, et offrait au Père les prémices de tous les peuples. 

Voilà pourquoi aussi le Seigneur a promis de nous envoyer le Paraclet, qui nous adapte à Dieu. En effet la farine sèche ne peut sans eau devenir une seule pâte, pas davantage nous tous, ne pouvions devenir un en Jésus Christ sans l'eau qui vient du ciel. La terre aride, si elle ne reçoit pas d'eau, ne fructifie pas ; ainsi nous-mêmes, qui d'abord étions du bois sec, nous n'aurions jamais porté le fruit de la vie, sans l'eau librement donnée d'en haut. Ainsi nos corps ont reçu par l'eau du baptême l'unité qui les rend incorruptibles ; nos âmes l'ont reçue de l'Esprit. ~ 

L'Esprit de Dieu descendit sur le Seigneur, Esprit de sagesse et d'intelligence, Esprit de conseil et de force, Esprit de science et de piété, Esprit de crainte de Dieu . À son tour le Seigneur l'a donné à l'Église, en envoyant des cieux le Paraclet sur toute la terre, là où le diable fut abattu comme la foudre , dit le Seigneur.

Ainsi cette rosée de Dieu nous est bien nécessaire pour n'être point consumés ni rendus stériles, et pour que là où nous avons l'accusateur, là nous ayons le Défenseur : car le Seigneur a confié à l'Esprit Saint l'homme qui est sien, cet homme qui était tombé aux mains des brigands. Il en a eu pitié et a pansé ses blessures, lui donnant deux pièces à l'effigie du Roi, pour qu'ayant reçu par l'Esprit l'image et le sceau du Père et du Fils, nous fassions fructifier la pièce qu'il nous a confiée, et la rendions multipliée au Seigneur.

TRAITÉ  CONTRE LES HÉRÉSIES

separ ecrit biblio« Le pain que je donnerai c’est ma chair, donnée pour que le monde ait la vie »

      Ils sont complètement dans l’erreur, ceux qui rejettent le projet de Dieu pour sa création, nient le salut de la chair et méprisent l’idée de sa régénération en déclarant qu’elle est incapable de recevoir une nature impérissable. S’il n’y a pas de salut pour la chair, alors le Seigneur ne nous a pas non plus rachetés par son sang, la coupe de l’eucharistie n’est pas une communion à son sang, et le pain que nous rompons n’est pas une communion à son corps (1Co 10,16). Car…c’est parce qu’il est devenu vraiment homme que le Verbe de Dieu nous a rachetés par son sang… 

      Parce que nous sommes ses membres (1Co 6,15) et que nous sommes nourris par sa création…, il a déclaré que la coupe, tirée de la création, est son propre sang par lequel notre sang est fortifié ; et il a confirmé que le pain, tiré de la création, est son propre corps par lequel nos corps grandissent. 

      Donc, si la coupe que nous avons préparée, et le pain que nous avons confectionné reçoivent la parole de Dieu et deviennent l’eucharistie, c’est-à-dire le sang et le corps du Christ, qui fortifient et affermissent la substance de notre chair, comment peut-on prétendre que la chair est incapable de recevoir le don de Dieu, la vie éternelle ? Notre chair est vraiment nourrie par le sang et le corps du Christ, et elle est membre du corps du Christ, comme l’écrit saint Paul : « Nous sommes les membres de son corps, formés de sa chair et de ses os » (Ep 5,30; Gn 2,23). Il ne dit pas cela de je ne sais quel homme spirituel et invisible… : il nous parle de l’organisme authentiquement humain, composé de chair, de nerfs et d’os. C’est cet organisme-là qui est nourri de la coupe qui est le sang du Christ, et fortifié par le pain qui est son corps… Et nos corps qui sont nourris par cette eucharistie, après avoir été couchés dans la terre…, ressusciteront en leur temps, lorsque le Verbe, la Parole de Dieu, leur fera le don de la résurrection, « pour la gloire de Dieu le Père » (Ph 2,11).

Contre les hérésies, V, 2, 2 (trad. bréviaire 3e jeu. Pâques rev.) 

separ ecrit biblioL'Eucharistie, gage de la résurrection 

Si la chair ne peut être sauvée, alors le Seigneur ne nous a pas rachetés par son sang, la coupe de l'Eucharistie n'est pas communion à son sang, ni le pain que nous rompons, la communion à son corps. Car le sang n'en est pas, s'il ne provient de veines, de chairs, et du reste de la substance humaine, et c'est pour être vraiment devenu cela que le Verbe de Dieu nous a rachetés par son sang.

Ainsi le dît l'Apôtre : En lui nous avons la rédemption par son sang, la rémission des péchés . 

Parce que nous sommes ses membres, et que nous sommes nourris par la création — cette création qu'il nous donne lui-même, en faisant lever son soleil et pleuvoir comme il veut — il a confirmé que la coupe qui provient de la création était son sang, par lequel se fortifie notre sang ; il a confirmé que le pain qui provient de la création était son corps, par lequel il fortifie notre corps.

Si la coupe qui a été mélangée, et le pain qui a été fait, reçoivent le Verbe de Dieu, et deviennent l'Eucharistie du sang et du corps du Christ, qui fortifie et affermit notre substance, comment peut-on dire que la chair est incapable de recevoir le don de Dieu, qui est la vie éternelle, alors qu'elle est nourrie par le sang et le corps du Christ, et en est le membre ?

Voici ce que dit le bienheureux Apôtre à ce sujet dans la Lettre aux Éphésiens : Nous sommes les membres de son corps, formés de sa chair et de ses os . Ce n'est pas de je ne sais quel homme spirituel et invisible, qu'il dit cela, car un esprit n'a ni os ni chair , mais il parle de l'organisme authentiquement humain, qui est constitué de chairs, de nerfs, et d'os, qui est, lui, nourri par la coupe qui est son sang, et fortifié par le pain qui est son corps.

Le bois de la vigne, après avoir été couché sur le sol, porte du fruit en son temps ; le grain de blé, tombé en terre, et là dissous, resurgit multiplié par l'Esprit de Dieu qui contient tout. Ensuite, grâce au savoir des hommes, ils servent à leur usage et, en recevant le Verbe de Dieu, ils deviennent l'eucharistie, à savoir le corps et le sang du Christ.

Ainsi nos corps qui sont nourris de l'eucharistie, après avoir été couchés dans la terre et s'y être dissous, ressusciteront en leur temps, quand le Verbe de Dieu leur donnera la résurrection, pour la gloire de Dieu le Père, lui qui procurera l'immortalité à ce qui est mortel , et offrira l'incorruptibilité à ce qui est corruptible , car la puissance de Dieu se déploie dans la faiblesse .

DU TRAITÉ DE SAINT IRÉNÉE CONTRE LES HÉRÉSIES

separ ecrit biblio« Celui qui croit au Fils a la vie éternelle ; celui qui refuse de croire ne verra pas la vie »

      Dieu a fait l’homme libre…pour qu’il puisse répondre à ses appels de façon volontaire et sans contrainte. La violence, en effet, n’existe pas chez Dieu, mais sans cesse il nous invite au bien. Il a mis en l’homme le pouvoir de choisir, comme il l’avait fait pour les anges… Et ce n’est pas seulement dans le champ de son activité, mais c’est aussi dans le domaine de la foi que le Seigneur a sauvegardé la liberté…de l’homme. Il dit en effet : « Qu’il te soit fait selon ta foi » (Mt 9,29). Il montre ainsi que la foi appartient en propre à l’homme, puisqu’elle relève de sa décision personnelle. Il dit encore : « Tout est possible à celui qui croit » (Mc 9,23), et ailleurs : « Va, qu’il te soit fait comme tu as cru » (Mt 8,13). Tous ces textes montrent que l’homme oriente lui-même sa destinée selon qu’il choisit de croire ou non. C’est pourquoi « celui qui croit au Fils a la vie éternelle, tandis que celui qui ne croit pas en lui n’a pas la vie éternelle »… 

      Alors, dira-t-on, il aurait mieux valu que Dieu ne crée pas les anges avec la possibilité de transgresser sa Loi. Il n’aurait pas dû non plus créer les hommes, puisqu’ils allaient devenir si vite ingrats envers lui : en effet, c’était le risque attaché à leur nature raisonnable, capable d’examiner et de juger. Il aurait dû les faire à la ressemblance des êtres sans raison et sans principe de vie propre… Mais, dans ce cas, le bien n’aurait aucun attrait pour les hommes, leur communion avec Dieu aucune valeur à leurs yeux. Le bien n’éveillerait pas en eux le moindre désir, puisqu’il serait acquis sans qu’ils aient à le chercher…; le bien serait inné en eux, allant de soi… Si l’homme était bon par nature et non par volonté…, il ne comprendrait plus que le bien est beau, il ne pourrait pas en jouir. Quelle jouissance du bien pourraient avoir ceux qui l’ignorent ? Quelle gloire, ceux qui n’auraient fait aucun effort ? Quelle couronne, ceux qui n’auraient pas lutté pour l’obtenir ?... Au contraire, plus notre récompense résultera d’un combat, plus elle aura de prix ; plus elle aura de prix, plus nous l’aimerons.

Contre les hérésies, IV, 37 (trad. Sr Isabelle de la Source, Lire la Bible, t. 1, p. 24 rev.) 

separ ecrit biblioL'Alliance du Seigneur.


Moïse dit au peuple dans le Deutéronome : Le Seigneur ton Dieu a conclu une alliance sur l'Horeb ; le Seigneur n'a pas conclu cette alliance avec vos pères, mais avec vous.
 
Mais pourquoi n'a-t-il pas conclu une alliance avec leurs pères ? Parce que la loi n'a pas été établie pour le juste . Quand leurs pères étaient justes, ils portaient inscrite dans leur cœur et dans leur âme la vertu du Décalogue : ils aimaient le Dieu qui les créa, et s'abstenaient de toute injustice envers leur prochain ; aussi n'était-il pas nécessaire qu'une Écriture les mît en garde, car ils portaient en eux la justice de la loi.
   
Quand cette justice et cet amour envers Dieu furent oubliés et éteints en Égypte, Dieu nécessairement, eu égard à sa bienveillance envers les hommes, se manifesta de vive voix. 

Il fit sortir d'Égypte son peuple par sa puissance, pour que l'homme redevienne le disciple de Dieu. Il châtiait les désobéissants pour que l'homme ne méprise pas celui qui l'a créé. Il l'a nourri de la manne, pour qu'il reçoive une nourriture spirituelle, ainsi que le dit Moïse dans le Deutéronome : Il t'a nourri d'une nourriture que ne connaissaient pas tes pères, pour que tu saches que l'homme ne vivra pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort la bouche de Dieu . Il prescrivit l'amour envers Dieu ; il introduisit la justice envers le prochain ; pour que l'homme ne fût ni injuste ni indigne de Dieu. Ainsi par le Décalogue, il préparait l'homme à son amitié et à la paix avec le prochain. Tout cela était utile à l'homme, Dieu ne sollicitait de lui rien de plus. ~

Vraiment cela rendait l'homme glorieux, en suppléant ce lui manquait : l'amitié de Dieu. Mais à Dieu cela n'apportait rien : car Dieu n'avait pas besoin de l'amour l'homme.

La gloire de Dieu manquait à l'homme, cette gloire qu'il n'avait pu recevoir d'aucune manière, si ce n'est par le service de Dieu. Et à ce sujet, Moïse dit encore : Choisis la vie afin de vivre, toi et ta postérité : aime le Seigneur ton Dieu ; écoute sa voix et attache-toi à lui, car c'est cela, ta vie et la longueur de tes jours.

Pour préparer l'homme à cette vie, le Seigneur lui-même a promulgué pour tous les paroles du Décalogue ; aussi furent-elles pour nous, amplifiées et augmentées, non abolies de par sa venue dans la chair.

Quant aux préceptes de servitude, il les a par Moïse enseignés séparément au peuple, adaptés à leur éducation et à leur formation, comme le dit lui-même Moïse : Le Seigneur me commanda de vous enseigner pour ce temps-là les prescriptions et les jugements.

Préceptes donnés dans la servitude et enseignés, il les a abolis par la nouvelle Alliance de liberté ; mais les préceptes naturels, qui conviennent à des hommes libres, et sont communs à tous, il les a augmentés et amplifiés, en donnant aux hommes avec largesse et générosité de connaître Dieu le Père par l'adoption, et de l'aimer de tout cœur et de suivre sans détour son Verbe.

TRAITÉ DE SAINT IRÉNÉE CONTRE LES HÉRÉSIES

separ ecrit biblioL'amitié de Dieu.

Notre Seigneur, le Verbe de Dieu, a d'abord amené les hommes à Dieu pour qu'ils soient ses serviteurs, puis il a libéré ceux qui lui étaient soumis, comme il le dit lui-même à ses disciples : Je ne vous appelle plus serviteurs, car le serviteur ignore ce que fait son maître, mais je vous appelle mes amis, car tout ce que j'ai appris du Père, je vous l'ai révélé . ~

En effet, l'amitié de Dieu confère à ceux qui y accèdent l'immortalité.

Au commencement, Dieu modela Adam non par besoin, mais pour pouvoir cristalliser en lui ses bienfaits. Car c'est non seulement avant Adam, mais avant toute création que le Verbe glorifiait le Père, tout en demeurant en lui et lui-même était glorifié par le Père, comme il le dit lui-même : Père, glorifie-moi de la gloire que j'avais auprès de toi, avant que le monde fût .

Ce n'est pas non plus par besoin de notre service qu'il nous ordonne de le suivre, mais pour nous procurer le salut. Car suivre le Sauveur, c'est participer à la lumière.

Les hommes qui sont dans la lumière n'illuminent pas, eux, la lumière, mais par elle sont illuminés et par elle resplendissent : loin d'apporter quoi que ce soit à la lumière, ils en bénéficient et sont illuminés par elle.

Ainsi en va-t-il du service de Dieu : à Dieu, il n'apporte rien, car Dieu n'a pas besoin du service humain. Mais à ceux qui le suivent et le servent, Dieu procure la vie incorruptible et la gloire éternelle. Il accorde ce bienfait à ceux qui le servent, parce qu'ils le servent, et à ceux qui le suivent, parce qu'ils le suivent, mais ne reçoit d'eux nul bienfait : car il est riche, parfait, et sans besoin.

Dieu sollicite le service des hommes par bonté et miséricorde pour combler de bienfaits ceux qui le servent avec persévérance. Car autant Dieu n'a besoin de rien, autant l'homme a besoin de la communion de Dieu.

La gloire de l'homme, c'est de persévérer et demeurer au service de Dieu. Et c'est pourquoi le Seigneur disait à ses disciples : Ce n 'est pas vous qui m'avez choisi, mais moi qui vous ai choisis ; il voulait dire par là qu'eux ne le glorifiaient pas en le suivant, mais que, pour avoir suivi le Fils de Dieu, ils étaient par lui glorifiés. Et il disait encore : Je veux que là où je suis, là ils soient aussi, pour qu'ils voient ma gloire .

TRAITÉ DE SAINT IRÉNÉE CONTRE LES HÉRÉSIES

separ ecrit biblio « Proclamez la Bonne Nouvelle à toute le création » 

      Après que notre Seigneur a été ressuscité d'entre les morts et que les apôtres ont été revêtus de la force d'en haut par la venue de l'Esprit Saint (Lc 24,49), ils ont été remplis de certitude au sujet de tout et ont eu la connaissance parfaite. Alors ils s'en allèrent jusqu'aux extrémités de la terre (Ps 18,5), proclamant la bonne nouvelle qui nous vient de Dieu, et annonçant aux hommes la paix du ciel, eux qui possédaient tous également et chacun en particulier l'Évangile de Dieu.

      Ainsi Matthieu, chez les Hébreux, dans leur propre langue, a publié une forme écrite d'Evangile alors que Pierre et Paul évangélisaient Rome et y fondaient l'Église. Après leur mort, Marc, le disciple de Pierre et son interprète (1P 5,13), nous a transmis lui aussi par écrit la prédication de Pierre. De son côté Luc, le compagnon de Paul, a consigné en un livre l'Évangile prêché par celui-ci. Enfin, Jean le disciple du Seigneur, le même qui avait reposé sur sa poitrine, a publié lui aussi l'Évangile, pendant son séjour à Éphèse...

      Marc, interprète et compagnon de Pierre, a présenté ainsi le début de sa rédaction de l'Évangile : « Commencement de l'Évangile de Jésus Christ, Fils de Dieu. Selon qu'il est écrit dans les prophètes : Voici que j'envoie mon messager devant toi pour préparer ton chemin »... On le voit, Marc fait des paroles des saints prophètes le commencement de l'Évangile, et celui que les prophètes ont proclamé Dieu et Seigneur, Marc le met en tête comme Père de notre Seigneur Jésus Christ... A la fin de son Évangile, Marc dit : « Et le Seigneur Jésus, après leur avoir parlé, fut enlevé aux cieux et s'assit à la droite de Dieu ». C'est la confirmation de la parole du prophète : « Oracle du Seigneur à mon maître : Siège à ma droite, tes ennemis j'en ferai ton marchepied » (Ps 109,1).

Contre les hérésies, III 1,1 ; 10,6

separ ecrit biblioLa Loi enracinée dans nos coeurs

      Il y a des préceptes naturels de la Loi qui donnent déjà la justice ; même avant le don de la Loi à Moïse des hommes observaient ces préceptes, et ils étaient justifiés par leur foi et plaisaient à Dieu. Ces préceptes-là, le Seigneur ne les a pas abolis, mais étendus et accomplis. C'est ce que prouvent ces paroles : « Il a été dit aux anciens : Tu ne commettras pas d'adultère. Mais moi, je vous dis : Quiconque regarde une femme pour la convoiter a déjà commis l'adultère avec elle dans son coeur. » Et encore : « Il a été dit : Tu ne tueras pas. Mais moi, je vous dis : Quiconque se met en colère contre son frère sans motif en répondra au tribunal » (Mt 5,21s)… Et ainsi de suite. Tous ces préceptes n'impliquent ni la contradiction ni l'abolition des précédents, mais leur accomplissement et leur extension. Comme le Seigneur le dit lui-même : « Si votre justice ne dépasse celle des scribes et des Pharisiens, vous n’entrerez pas dans le Royaume des cieux » (Mt 5,20).

      En quoi consistait-il, ce dépassement ? D'abord, à croire non plus seulement au Père, mais aussi à son Fils dorénavant manifesté, car c'est lui qui mène l'homme à la communion et à l'union avec Dieu. Ensuite, à ne pas dire seulement, mais à faire -- car « ils disaient et ne faisaient pas » (Mt 23,3)-- et à se garder non seulement des actes mauvais, mais même de leur désir. En enseignant cela, il ne contredisait pas la Loi, mais il accomplissait la Loi et enracinait en nous les prescriptions de la Loi… Prescrire de s’abstenir non seulement des actes défendus par la Loi, mais même de leur désir, n'est pas le fait de quelqu'un qui contredit et abolit la Loi ; c’est le fait de celui qui l'accomplit et l'étend. 

Contre les hérésies IV,13,3 (trad. SC 100, p. 525s rev)

separ ecrit biblio« Ainsi…il donnera la vie éternelle à tous ceux que tu lui as donnés »

      Au commencement ce n’était pas parce qu’il avait besoin de l’homme que Dieu a modelé Adam, mais pour avoir quelqu'un en qui déposer ses bienfaits. Car non seulement avant Adam, mais avant même la création, le Verbe glorifiait le Père, tout en demeurant en lui, et il était glorifié par le Père, comme il le dit lui-même : « Père, glorifie-moi de la gloire que j'avais auprès de toi avant le commencement du monde ». Ce n’était pas davantage parce qu'il avait besoin de notre service qu'il nous a commandé de le suivre, mais pour nous procurer le salut. Car suivre le Sauveur c'est avoir part au salut, comme suivre la lumière c'est avoir part à la lumière.

      Lorsque des hommes sont dans la lumière, ce ne sont pas eux qui illuminent la lumière et la font resplendir, mais ils sont illuminés et rendus resplendissants par elle ; loin de lui apporter quoi que ce soit, ils bénéficient de la lumière et en sont illuminés. Ainsi en va-t-il du service envers Dieu ; notre service n'apporte rien à Dieu, car Dieu n'a pas besoin du service des hommes ; mais, à ceux qui le servent et qui le suivent, Dieu donne la vie, l'incorruptibilité et la gloire éternelle...

      Si Dieu sollicite le service des hommes, c'est pour pouvoir, lui qui est bon et miséricordieux, accorder ses bienfaits à ceux qui persévèrent dans son service. Car, si Dieu n'a besoin de rien, l'homme a besoin de la communion de Dieu. La gloire de l'homme, c’est de persévérer dans le service de Dieu. C'est pourquoi le Seigneur disait à ses disciples : « Ce n'est pas vous qui m'avez choisi, mais moi qui vous ai choisis » (Jn 15,16). Il indiquait par là que ce n’étaient pas eux qui le glorifiaient en le suivant, mais que, pour avoir suivi le Fils de Dieu, ils étaient glorifiés par lui. « Père, je veux que là où je suis, eux aussi soient avec moi, afin qu'ils contemplent ma gloire » (Jn 17,24).

Contre les hérésies, IV, 14 (trad. SC 100, p. 537 rev.)

 

IreneeSaint Irénée de Lyon (v. 130-v. 208), évêque, théologien et martyr
 

Saint Marc transmet la foi des apôtres au monde entier

      L'Église disséminée à travers le monde entier jusqu'aux extrémités de la terre a reçu des apôtres et de leurs disciples la foi en un seul Dieu, Père tout-puissant « qui a fait le ciel, la terre, les mers et tout ce qu'ils renferment » (Ex 20,11 ;Ac 4,24) ; en un seul Christ Jésus, le Fils de Dieu, qui s'est incarné pour notre salut ; et en l'Esprit Saint qui a annoncé par les prophètes les desseins de Dieu et la venue du bien-aimé Jésus Christ notre Seigneur, sa naissance de la Vierge, sa Passion, sa résurrection d'entre les morts, son ascension corporelle dans les cieux, ainsi que son avènement du haut des cieux dans la gloire du Père pour « rassembler et restaurer toute chose » (Ep 1,19) et ressusciter la chair du genre humain tout entier — afin que devant le Christ Jésus, notre Seigneur, notre Dieu, notre Sauveur et notre Roi, selon le bon plaisir du Père invisible, « tout genou fléchisse au ciel, sur terre et aux enfers, que toute langue le reconnaisse » (Ph 2,10-11) et qu'il rende un juste jugement sur toutes les créatures...

      Cette prédication que l'Église a reçue, cette foi, elle la garde avec soin comme si elle habitait une seule maison ; bien qu'elle soit disséminée dans le monde entier, elle croit tout cela partout d'une manière identique,  comme n'ayant « qu'une seule âme et qu'un même cœur » (Ac 4,32) ; elle la prêche, l'enseigne et la transmet d'une voix unanime, comme si elle n'avait qu'une seule bouche. Les langues que l'on parle dans le monde sont diverses, mais la force de la tradition est une et la même. Les Églises établies en Germanie ne croient pas ou n'enseignent pas autrement, ni celles des Ibères ou des Celtes, ni celles de l'Orient, d'Égypte ou de Lybie, ni celles qui sont fondées au centre du monde [la Terre Sainte]. De même que le soleil, cette créature de Dieu, est dans le monde entier unique et le même, ainsi la prédication de la vérité brille partout et illumine tous les hommes qui veulent « parvenir à la connaissance de la vérité » (1Tm 2,4).

Contre les hérésies, I, 10,1-3 ; PG 7, 550-554 (trad. cf Orval et bréviaire)

separ ecrit biblio

« C'est la miséricorde que je veux, non le sacrifice » 

Dieu n'attendait pas des siens sacrifices ni holocaustes, mais la foi, l'obéissance, et la justice pour leur salut. Ainsi parlait Dieu dans le prophète Osée, pour leur enseigner sa volonté: Je veux la miséricorde plus que le sacrifice, et la connaissance de Dieu plus que les holocaustes . Et notre Seigneur aussi les reprenait en disant : Si vous aviez su ce que signifie : Je veux la miséricorde et non le sacrifice, jamais vous n'auriez condamné des innocents . Il rendait ainsi témoignage aux prophètes qu'ils prêchaient la vérité, et il faisait honte aux autres de leur folie coupable. 

À ses disciples aussi, il conseille d'offrir à Dieu les prémices de ses propres créatures, non qu'il en eût besoin, mais pour qu'eux-mêmes ne fussent ni stériles ni ingrats. Le pain qui provient de la création, il le prit, et il rendit grâce en disant : Ceci est mon corps ; et la coupe pareillement qui provient de la création dont nous sommes, il la déclara son sang, et enseigna l'oblation nouvelle de la Nouvelle Alliance. Cette oblation, l'Église l'a reçue des Apôtres, et l'offre à Dieu dans le monde entier, au Dieu qui nous donne la nourriture. comme prémices de ses propres dons sous la Nouvelle Alliance. 

De cette alliance, l'un des douze prophètes, Malachie, a prophétisé : En vous n'est pas ma volonté, dit le Seigneur tout-puissant, et je n'agréerai pas de sacrifices de vos mains. Car du levant au couchant mon nom est glorifié parmi les nations et en tout lieu de l'encens est offert à mon nom, ainsi qu'un sacrifice pur ; car mon nom est grand parmi les nations, dit le Seigneur tout-puissant . 

C'est là ce qu'il voulait dire très manifestement : le premier peuple cesserait d'offrir à Dieu, tandis qu'en tout lieu un sacrifice lui serait offert, pur celui-là, et que son nom serait glorifié parmi les nations.

Or, quel est l'autre nom, qui est glorifié parmi les nations, sinon celui de notre Seigneur, par qui le Père est glorifié et par qui l'homme est glorifié ? 

Parce que c'est le nom de son propre Fils, et que l'homme a été fait par lui, il l'appelle sien. Si quelque roi avait peint lui-même l'image de son fils, c'est à bon droit qu'il la dirait sienne, pour la double raison que c'est l'image de son fils et qu'il l'a faite lui-même. 

Ainsi le nom de Jésus Christ qui, par le monde entier, est glorifié dans l'Église : ce nom, le Père l'a déclaré sien, parce qu'il est celui de son Fils et que lui-même l'a gravé. Et il l'a donné pour le salut des hommes.

Puisque le nom du Fils appartient en propre au Père, et puisqu'en tout lieu l'Église présente son offrande par Jésus Christ au Dieu tout-puissant, le prophète dit à juste titre pour ces deux raisons : En tout lieu, de l'encens est offert à mon nom, et un sacrifice pur . Or Jean dit de l'encens dans l'Apocalypse, que ce sont les prières des saints.

TRAITÉ CONTRE LES HÉRÉSIES

separ ecrit biblio « Je vous le déclare : Elie est déjà venu »

      A propos de Jean le Baptiste, nous lisons chez Luc : « Il sera grand devant le Seigneur, et il ramènera beaucoup des fils d’Israël au Seigneur leur Dieu. Il marchera devant lui avec l’esprit et la puissance d’Elie, afin de préparer pour le Seigneur un peuple bien disposé » (Lc 1,15s). Pour qui donc a-t-il préparé un peuple et devant quel Seigneur a-t-il été grand ? Sans aucun doute devant celui qui a dit que Jean avait quelque chose de « plus qu'un prophète » et que « personne d'entre les enfants des femmes n'était plus grand que Jean le Baptiste » (Mt 11,9.11). Car Jean préparait un peuple en annonçant d'avance à ses compagnons de servitude la venue du Seigneur et en leur prêchant la pénitence, afin que, lorsque le Seigneur serait présent, ils soient en état de recevoir son pardon, qu’ils reviennent à celui dont ils s'étaient éloignés par leurs péchés et leurs transgressions… C'est pourquoi, en les ramenant à leur Seigneur, Jean préparait au Seigneur un peuple bien disposé, dans l'esprit et la puissance d'Elie…

      Jean l’évangéliste nous dit : « Il y eut un homme envoyé par Dieu ; son nom était Jean. Il était venu comme témoin, pour rendre témoignage à la Lumière. Il n'était pas la Lumière, mais il venait pour lui rendre témoignage » (1,6-8). Ce précurseur, Jean le Baptiste, qui rendait témoignage à la lumière, a été envoyé sans aucun doute par le Dieu qui…avait promis par les prophètes d'envoyer son messager devant la face de son Fils pour lui préparer le chemin (Ml 3,1;Mc 1,2), c'est-à-dire pour rendre témoignage à la Lumière dans l'esprit et la puissance d'Élie... Précisément parce que Jean est un témoin, le Seigneur dit qu’il était plus qu'un prophète. Tous les autres prophètes ont annoncé la venue de la lumière du Père et ont désiré être jugés dignes de voir celui qu'ils prêchaient. Jean a prophétisé comme eux mais il l'a vu présent, il l'a montré et a persuadé beaucoup de croire en lui, si bien qu'il a tenu à la fois la place d'un prophète et celle d'un apôtre. Voilà pourquoi le Christ dit de lui qu’il était « plus qu'un prophète ». 

Contre les hérésies, III, 10-11 (trad. cf. SC 34)

separ ecrit biblio« Aujourd'hui nous avons vu des choses extraordinaires »

      Le Verbe de Dieu est venu habiter dans l'homme ; il s'est fait « Fils de l'Homme » pour habituer l'homme à recevoir Dieu et pour habituer Dieu à habiter dans l'homme, comme il a plu au Père. Voilà pourquoi le signe de notre salut, l'Emmanuel né de la Vierge, a été donné par le Seigneur lui-même (Is 7,14). C'est en effet le Seigneur lui-même qui sauve les hommes, puisque ceux-ci ne peuvent pas se sauver par eux-mêmes... Le prophète Isaïe a dit : « Affermissez-vous, mains affaiblies, genoux chancelants ! Ranimez votre courage, coeurs défaillants ; affermissez-vous, ne craignez plus ! Voici notre Dieu qui exerce lui-même le jugement ; il vient lui-même, il va nous sauver » (35,3-4). Car c'est seulement du secours de Dieu, et non de nous-mêmes, que nous pouvions tenir notre salut.

      Voici un autre texte où Isaïe a prédit que celui qui nous sauve n'est ni simplement un homme, ni un être incorporel : « Ce n'est pas un messager, ce n'est pas un ange, mais c'est le Seigneur lui-même qui sauvera son peuple. Parce qu'il l'aime, il lui pardonnera ; lui-même, il le délivrera » (63,9). Mais ce Sauveur est aussi vraiment un homme, visible : « Cité de Sion, voici : tes yeux verront notre Sauveur » (33,20)... Un autre prophète a dit : « Lui-même il se retournera, nous fera miséricorde, et jettera nos péchés au fond de la mer » (Mi 7,19)... Du pays de Juda, de Bethléem (Mi 5,1) devait venir le Fils de Dieu, qui est aussi Dieu, pour répandre sa louange sur toute la terre... Dieu donc s'est bien fait homme et le Seigneur lui-même nous a sauvés en nous donnant le signe de la Vierge.

Contre les hérésies III, 2, 2 (trad. SC 34, p. 345)

separ ecrit biblio« Mais si c’est par le doigt de Dieu que j’expulse les démons, c’est donc que le Règne de Dieu est survenu »

      Énoch, pour avoir plu à Dieu, a été transféré au ciel en son corps, préfigurant ainsi le transfert des justes. Elie aussi a été enlevé tel qu'il se trouvait dans la substance de sa chair modelée (2R 2,11), prophétisant par là l'enlèvement des hommes spirituels. Leurs corps n’a en rien fait obstacle à ce transfert et à cet enlèvement : c'est par les mêmes mains par lesquelles ils avaient été modelés à l'origine (Gn 2,7) qu'ils ont été transférés et enlevés. Car, en Adam, les mains de Dieu s'étaient accoutumées à diriger, à tenir et à porter l'ouvrage modelé par elles, à le transporter et à le placer où elles voulaient. Où donc a été placé le premier homme ? Dans le paradis, sans aucun doute, selon ce que dit l'Écriture : « Et Dieu planta un paradis en Eden, du côté de l'Orient, et il y plaça l'homme qu'il avait modelé » (v.8). Et c'est de là qu'il a été expulsé en ce monde, pour avoir désobéi…

      Est-ce que quelqu'un croit que c’est impossible que des hommes demeurent vivants aussi longtemps que les premiers patriarches ? Ou croit-il qu'Élie n'a pas été enlevé en sa chair, mais que sa chair a été consumée sur le char de feu ? Qu'il considère que Jonas, après avoir été précipité au fond de la mer et englouti dans le ventre du poisson, a été rejeté sain et sauf sur le rivage par l'ordre de Dieu. Ananias, Azarias et Misaël, jetés dans une fournaise de feu chauffée au septuple, n'ont éprouvé aucun mal et l'odeur même du feu ne s’est pas trouvé en eux (Dn 3,27). Si la main de Dieu les a assistés et a accompli en eux des choses extraordinaires et impossibles à la nature humaine, qu'y a-t-il d'étonnant si, en ceux qui ont été transférés, cette même main a aussi réalisé une chose extraordinaire, en exécutant la volonté du Père ? Or cette Main c'est le Fils de Dieu. (cf Dn 3,25) 

Contre les hérésies, V,5,2 (trad. SC 153, p. 63s rev.)

separ ecrit biblioSaint Luc, compagnon et coopérateur des apôtres.

      Que Luc ait été l'inséparable compagnon de Paul et son coopérateur dans l'Évangile, lui-même le montre avec évidence, non par gloriole, mais sous la pression de la Vérité elle-même. Il écrit: « Barnabé et Jean, surnommé Marc, s'étant séparés de Paul et embarqués pour Chypre, nous vînmes à Troas » (Ac 16,11) ; après quoi, il décrit en détail tout leur voyage, leur venue à Philippes, leur premier discours... Et il relate dans l'ordre tout son voyage avec Paul dont il marque avec grand soin les circonstances... Parce que Luc était présent à toutes, il les a consignées avec soin -- on ne peut surprendre chez lui ni mensonge ni orgueil, car tous ces faits étaient patents...

      Que Luc ait été non seulement le compagnon, mais encore le coopérateur des apôtres, de Paul surtout, Paul le dit clairement lui-même dans ses épîtres : « Demas m'a abandonné et s'en est allé à Thessalonique, Crescens en Galatie, Tite en Dalmatie, Luc seul est avec moi » (2Tm 4,11). Cela prouve bien que Luc a toujours été uni à Paul et de façon inséparable. De même dans l'épître aux Colossiens, on lit : « Luc, le médecin bien-aimé, vous salue » (Col 4,14).

      Luc, d'autre part, nous a fait connaître beaucoup de traits de l'Évangile et des plus importants... Qui sait, d'ailleurs, si Dieu n'a pas fait en sorte que beaucoup de traits de l'Evangile aient été révélés seulement par Luc, pour que précisément tous donnent leur assentiment au témoignage qu'il apporte ensuite sur les actes et la doctrine des apôtres et qu'ainsi tenant inaltérée la règle de la vérité, tous puissent être sauvés. Ainsi le témoignage de Luc est vrai ; l'enseignement des apôtres est manifeste, solide et ne cache rien... Telles sont les voix de l'Église, d'où toute l'Église tire son origine. 

Contre les Hérésies, III,14 (trad. SC 34, p. 259s)

separ ecrit biblioNous sommes ses frères parce que sa mère a entendu la parole et l’a mise en pratique

      La Vierge Marie a été obéissante quand elle a dit : « Voici ta servante, Seigneur ; qu'il me soit fait selon ta parole » (Lc 1,38). Eve, au contraire, avait été désobéissante ; elle avait désobéi lorsqu'elle était encore vierge… De même donc qu'Eve, en désobeissant, est devenue cause de mort pour elle-même et pour tout le genre humain, de même Marie, ayant pour époux celui qui lui avait été destiné par avance et cependant vierge, est devenue, en obéissant, cause de salut pour elle-même et pour tout le genre humain... Car ce qui a été lié ne peut être délié que si l'on refait en sens inverse les boucles du noeud ; c'est de la sorte qu'un premier lien est dénoué par un second et que le second tient lieu de dénouement à l'égard du premier.

      C'est pourquoi le Seigneur disait que les premiers seraient les derniers, et les derniers les premiers (Mt 19,30). Le prophète aussi affirme la même chose en disant : « Au lieu de pères qu'ils étaient, ils sont devenus tes fils » (Ps 44,17). Car le Seigneur, en devenant « le Premier-né des morts » et en recevant dans son sein les anciens pères, les a fait renaître à la vie de Dieu, devenant lui-même « le principe des vivants » (Col 1,18) parce qu'Adam était devenu le principe des morts. C'est aussi pourquoi Luc a commencé sa généalogie par le Seigneur, pour la faire remonter de celui-ci jusqu'à Adam (Lc 3,23s), indiquant par là que ce ne sont pas les pères qui ont donné la vie au Seigneur, mais lui au contraire qui les a fait renaître dans l’Evangile de vie. Ainsi également le noeud de la désobéissance d'Ève a été dénoué par l'obéissance de Marie, car ce que la vierge Ève avait lié par son incrédulité, la Vierge Marie l'a délié par sa foi. 

Contre les hérésies, III, 22 (trad. SC 211, p. 439 rev.)

separ ecrit biblioSaint Marc transmet la foi des apôtres au monde entier

      L'Église disséminée à travers le monde entier jusqu'aux extrémités de la terre a reçu des apôtres et de leurs disciples la foi en un seul Dieu, Père tout-puissant « qui a fait le ciel, la terre, les mers et tout ce qu'ils renferment » (Ex 20,11;Ac 4,24) ; en un seul Christ Jésus, le Fils de Dieu, qui s’est incarné pour notre salut ; et en l'Esprit Saint qui a annoncé par les prophètes les desseins de Dieu et la venue du bien-aimé Jésus Christ notre Seigneur, sa naissance de la Vierge, sa Passion, sa résurrection d'entre les morts, son ascension corporelle dans les cieux, ainsi que son avènement du haut des cieux dans la gloire du Père pour « rassembler et restaurer toute chose » (Ep 1,19) et ressusciter la chair du genre humain tout entier -- afin que devant le Christ Jésus, notre Seigneur, notre Dieu, notre Sauveur et notre Roi, selon le bon plaisir du Père invisible, « tout genou fléchisse au ciel, sur terre et aux enfers, que toute langue le reconnaisse » (Ph 2,10-11) et qu'il rende un juste jugement sur toutes les créatures…

      Cette prédication que l'Église a reçue, cette foi, elle la garde avec soin comme si elle habitait une seule maison ; bien qu’elle soit disséminée dans le monde entier, elle croit tout cela partout d’une manière identique,  comme n'ayant « qu'une seule âme et qu'un même coeur » (Ac 4,32) ; elle la prêche, l'enseigne et la transmet d’une voix unanime, comme si elle n'avait qu'une seule bouche. Les langues que l'on parle dans le monde sont diverses, mais la force de la tradition est une et la même. Les Églises établies en Germanie ne croient pas ou n'enseignent pas autrement, ni celles des Ibères ou des Celtes, ni celles de l'Orient, d'Égypte ou de Lybie, ni celles qui sont fondées au centre du monde [la Terre Sainte]. De même que le soleil, cette créature de Dieu, est dans le monde entier unique et le même, ainsi la prédication de la vérité brille partout et illumine tous les hommes qui veulent « parvenir à la connaissance de la vérité » (1Tm 2,4).

Contre les hérésies, I, 10,1-2 ; PG 7, 550-554 (trad. cf Orval et bréviaire)

separ ecrit biblioNon plus serviteurs, mais amis (Jn 15,15)

      La Loi a été promulguée d'abord pour des esclaves, afin d'éduquer l'âme par les choses extérieures et corporelles, en l'amenant en quelque sorte comme par une chaîne à la docilité aux commandements, afin que l'homme apprenne à obéir à Dieu. Mais le Verbe de Dieu a libéré l'âme ; il lui a enseigné à purifier librement, d'une manière volontaire, le corps aussi. Dès lors, il fallait que soient enlevées les chaînes de la servitude grâce auxquelles l'homme avait pu se former, et que désormais il suive Dieu sans chaînes. Mais en même temps que les préceptes de la liberté étaient étendus, il fallait renforcer la soumission au Roi, afin que personne ne revienne en arrière et ne se montre indigne de son Libérateur...

      C'est pourquoi le Seigneur nous a donné pour mot d'ordre, au lieu de ne pas commettre d'adultère, de ne pas même convoiter ; au lieu de ne pas tuer, de ne pas même nous mettre en colère ; au lieu de payer simplement la dîme, de distribuer tous nos biens aux pauvres ; d'aimer non seulement nos proches, mais aussi nos ennemis ; de ne pas seulement être « généreux et prompts à partager » (1Tm 6,18), mais encore de donner gracieusement nos biens à ceux qui nous les prennent...

      Notre Seigneur, donc, la Parole de Dieu, a d'abord engagé les hommes dans une servitude à l'égard de Dieu et a ensuite libéré ceux qui lui étaient soumis. Comme il le dit lui-même à ses disciples : « Je ne vous appelle plus serviteurs, car le serviteur ne sait pas ce que fait son maître. Maintenant je vous appelle mes amis, parce que tout ce que j'ai appris de mon Père, je vous l'ai fait connaître » (Jn 15,15)... En faisant de ses disciples les amis de Dieu, il montre clairement qu'il est le Verbe, la Parole de Dieu. Car c'est pour avoir suivi son appel spontanément et sans chaînes, dans la générosité de sa foi, qu'Abraham était devenu « ami de Dieu » (Jc 2,23;Is 41,8). 

Contre les hérésies, IV, 13, 2-4 (trad. cf SC 100, p.529)

separ ecrit biblioLe Fils révèle le Père

      « Dieu, personne n'a jamais vu ; le Fils unique, qui est dans le sein du Père, c’est lui qui l'a révélé. » (Jn 1,18)

      Dès le commencement, le Fils est celui qui révèle le Père, puisqu'il est auprès du Père depuis le commencement. Au temps fixé, c’est lui qui a montré aux hommes, pour leur profit, les visions prophétiques, la diversité des grâces, les ministères et la glorification du Père, tout cela comme une mélodie bien composée et harmonieuse. En effet, là où il y a composition, il y a mélodie ; là où il y a mélodie, il y a temps fixé ; là où il y a temps fixé, il y a profit. C'est pourquoi, pour le profit des hommes, le Verbe s'est fait le dispensateur de la grâce du Père, selon ses desseins. Il montre Dieu aux hommes et présente l'homme à Dieu, tout en préservant l'invisibilité du Père, de peur que les hommes n'en viennent à mépriser Dieu et pour qu'ils aient toujours des progrès à faire, et en même temps rendant Dieu visible aux hommes de nombreuses façons, de peur que, privés totalement de Dieu, ils n’en viennent jusqu’à perdre l’existence.

      Car la gloire de Dieu c'est l'homme vivant, et la vie de l'homme c'est la vision de Dieu. Si déjà la révélation de Dieu par la création donne la vie à tous les êtres qui vivent sur la terre, combien plus la manifestation du Père par le Verbe donne la vie à ceux qui voient Dieu ! 

Contre les Hérésies, IV, 20, 7 (trad. SC n°100, p. 647 rev.)

separ ecrit biblio« La loi parfaite, celle de la liberté » (Jc 1,25)

      « A qui prend ta tunique, dit le Christ, donne aussi ton manteau ; à qui prend ton bien, ne réclame pas ; et ce que vous voulez que les autres fassent pour vous, faites-le pour eux » (Mt 5,40;Lc 6,30-31). De la sorte, nous ne nous attristerons pas comme des gens qu'on aurait dépossédés contre leur gré, mais au contraire nous nous réjouirons comme des gens qui auraient donné de bon coeur, puisque nous ferons un don gratuit au prochain plus que nous ne céderons à la contrainte. « Et, dit-il, si quelqu'un te réquisitionne pour faire mille pas, fais-en avec lui deux mille ». De la sorte nous ne le suivons pas comme un esclave, mais nous le précédons comme un homme libre. En toutes choses donc le Christ t'invite à te rendre utile à ton prochain, ne considérant pas sa méchanceté, mais mettant le comble à ta bonté. Il nous invite ainsi à nous rendre semblable à notre Père « qui fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons et tomber la pluie sur les justes et sur les injustes » (Mt 5,45).

      Tout cela n'est pas le fait de quelqu'un qui abolit la Loi, mais de quelqu'un qui l'accomplit et qui l'étend pour nous (Mt 5,17). Le service de la liberté est un plus grand service ; notre libérateur nous propose une soumission et une dévotion plus profondes à son égard. Car il ne nous a pas libérés des contraintes de la Loi ancienne pour que nous nous détachions de lui...mais pour que, ayant reçu plus abondamment sa grâce, nous l'aimions davantage et que, l'ayant aimé davantage, nous recevions de lui une gloire d'autant plus grande quand nous serons pour toujours en présence de son Père.

Contre les hérésies, IV, 13, 3 (trad. cf SC  100, p. 531)

separ ecrit biblioLe Dieu des vivants 

            Dans sa réponse aux sadducéens qui niaient la résurrection et, à cause de cela, méprisaient Dieu et ridiculisaient la Loi, notre Seigneur et Maître a tout à la fois prouvé la résurrection et fait connaître Dieu. « Pour ce qui est de la résurrection des morts, leur dit-il, n'avez-vous donc pas lu cette parole dite par Dieu : Je suis le Dieu d'Abraham, le Dieu d'Isaac et le Dieu de Jacob ? » Et il ajoute : « Il n'est pas le Dieu des morts mais des vivants, car tous sont vivants pour lui. » Par là, il a fait connaître clairement que celui qui a parlé à Moïse du sein du buisson et qui a déclaré être le Dieu des pères, c'est lui le Dieu des vivants. Qui donc serait le Dieu des vivants sinon le vrai Dieu, au-dessus de qui il n'y en a pas d'autre ? C'est lui que le prophète Daniel avait annoncé, lorsqu'il répondait à Cyrus, roi des Perses... : « Je ne vénère pas des idoles faites de main d'homme, mais le Dieu vivant qui a fait le ciel et la terre et qui a autorité sur toute chair. » Il disait encore : « J'adorerai le Seigneur mon Dieu, parce que c'est lui le Dieu vivant » (Dn 14,5.25).

            Le Dieu que les prophètes adoraient, le Dieu vivant, c'est lui le Dieu des vivants, ainsi que son Verbe, sa Parole, qui a parlé à Moïse dans le buisson et qui a aussi réfuté les sadducéens et accordé la résurrection. C'est lui qui, à partir de la Loi, a démontré à ces aveugles ces deux choses : la résurrection et le vrai Dieu. S'il n'est pas le Dieu des morts mais des vivants, et s'il est appelé le Dieu des pères, qui se sont endormis, sans aucun doute ils sont vivants pour Dieu et n'ont pas péri : « Ils sont enfants de la résurrection. » Or la résurrection, c'est notre Seigneur en personne, comme il le dit lui-même : « Je suis la résurrection et la vie » (Jn 11,25). Et les pères sont ses fils car il a été dit par le prophète : « Au lieu de pères qu'ils étaient, ils sont devenus des fils » (Ps 44,17). 

Contre les hérésies, IV, 5, 2 (trad. cf Cerf 1984, p. 416)

 

IreneeSaint Irénée de Lyon (v. 130-v. 208), évêque, théologien et martyr 

« L'Esprit du Seigneur est sur moi »

« L'Esprit du Seigneur est sur moi, parce qu'il m'a oint » (Is 61,1). C'est lui l'Esprit dont le Seigneur disait : « Car ce n'est pas vous qui parlerez, mais l'Esprit de votre Père qui parlera en vous » (Mt 10,20). De même encore, lorsqu'il donnait à ses disciples le pouvoir de faire renaître les hommes en Dieu, il leur disait : « Allez, enseignez toutes les nations, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit » (Mt 28,19). En effet, il avait promis par les prophètes de répandre cet Esprit dans les derniers temps sur ses serviteurs et ses servantes afin qu'ils prophétisent (Jl 3,1-2). Voilà pourquoi cet Esprit est descendu sur le Fils de Dieu devenu Fils de l'homme : par là, il s'accoutumait à demeurer dans le genre humain, à reposer sur les hommes, à résider dans l'ouvrage modelé par Dieu. Il réalisait en eux la volonté du Père et les renouvelait en les faisant passer de leur ancien mode de vie à la nouveauté du Christ.

Contre les hérésies, III, 17 (trad. Cerf 19898, p. 356)

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Le doigt de Dieu

L'homme est un mélange d'âme et de chair, une chair formée selon la ressemblance de Dieu et modelée par ses deux Mains, c'est-à-dire le Fils et l'Esprit. C'est à eux qu'il a dit : « Faisons l'homme » (Gn 1,26)...  Mais comment seras-tu divinisé un jour si tu n'as pas encore été fait homme ? Comment seras-tu parfait, alors que tu viens à peine d'être créé ? Comment seras-tu immortel, alors que, dans une nature mortelle, tu n'as pas obéi à ton Créateur ? ... Puisque tu es l'ouvrage de Dieu, attends patiemment la Main de ton Artiste, qui fait toutes choses en temps opportun. Présente-lui un cœur souple et docile et garde la forme que t'a donnée cet Artiste, ayant en toi l'eau qui vient de lui et sans quoi, en t'endurcissant, tu rejetterais l'empreinte de ses doigts.   En te laissant former par lui, tu monteras à la perfection, car par cet art de Dieu va être cachée l'argile qui est en toi ; sa Main a créé ta substance... Mais si, en t'endurcissant, tu repousses son art et te montres mécontent de ce qu'il t'a fait homme, tu auras rejeté par ton ingratitude envers Dieu non seulement son art mais la vie elle-même ; car former est le propre de la bonté de Dieu et être formé est le propre de la nature de l'homme. Si donc tu te livres à lui en lui donnant ta foi en lui et la soumission, tu recevras le bénéfice de son art et tu seras le parfait ouvrage de Dieu. Si, au contraire, tu lui résistes et si tu fuis ses Mains, la cause de ton inachèvement résidera en toi qui n'as pas obéi, non en lui.

Contre les hérésies IV, Pr 4 ; 39, 2 (trad. SC 100 rev.)

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Une des premières attestations historiques des évangélistes

Les apôtres s'en allèrent jusqu'aux extrémités de la terre, proclamant la bonne nouvelle des bienfaits que Dieu nous envoie et annonçant aux hommes la paix du ciel (Lc 2,14), eux qui possédaient tous également, et chacun en particulier, la Bonne Nouvelle de Dieu. Matthieu précisément, chez les Hébreux, a fait paraître dans leur propre langue une forme écrite d'évangile alors que Pierre et Paul évangélisaient Rome et y fondaient l'Église. Après leur mort, Marc, le disciple et l'interprète de Pierre (1P 5,13), nous a transmis lui aussi par écrit la prédication de Pierre. De même Luc, le compagnon de Paul, a consigné en un livre l'évangile prêché par celui-ci. Ensuite Jean, le disciple du Seigneur, le même qui a reposé sur sa poitrine (Jn 13,25), a publié lui aussi l'évangile pendant son séjour à Éphèse. Matthieu, dans son évangile, raconte la génération du Christ comme homme : « Livre de la genèse de Jésus Christ, fils de David, fils d'Abraham : voici quelle fut la génération du Christ » (Mt 1,1-18). Cet évangile présente donc le Christ sous sa forme humaine ; c'est pourquoi le Christ y est toujours animé de sentiments d'humilité et demeure un homme de douceur... L'apôtre Matthieu ne connaît qu'un seul et même Dieu qui a promis à Abraham de multiplier sa descendance comme les étoiles du ciel (Gn 15,5) et qui par son Fils le Christ Jésus nous a appelés du culte des pierres à sa connaissance (Mt 3,9), de sorte que, « ce qui n'était pas un peuple est devenu son peuple, et que celle qui n'était pas la bien-aimée est devenue l'aimée » (Os 2,25 ; Rm 9,25)

Contre les hérésies, III, 11,8 ; 9,1 (trad. Bouchet, Lectionnaire, p.493)

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« Celui qui m'a vu a vu le Père »

La splendeur de Dieu donne la vie : ils auront donc part à la vie, ceux qui voient Dieu. Voilà pourquoi celui qui est insaisissable, incompréhensible et invisible s'offre pour être vu, compris et saisi par les hommes ; c'est afin de donner la vie à ceux qui le saisissent et qui le voient. Car, si sa grandeur est insondable, sa bonté aussi est inexprimable, et c'est grâce à elle qu'il se fait voir et qu'il donne la vie à ceux qui le voient.  Il est impossible de vivre sans la Vie ; il n'y a pas de vie hors de la participation à Dieu ; et cette participation à Dieu consiste à voir Dieu et à jouir de sa bonté. Ainsi donc, les hommes verront Dieu afin de vivre... selon ce que Moïse dit dans le Deutéronome : « En ce jour-là nous verrons, parce que Dieu parlera à l'homme et qu'il vivra » (Dt 5,24). Dieu est invisible et inexprimable... mais tous les êtres apprennent par son Verbe qu'il n'y a qu'un seul Dieu Père, qui contient toutes choses et donne l'existence à toutes choses, selon ce que dit aussi le Seigneur : « Dieu, personne ne l'a jamais vu ; le Fils unique, qui est dans le sein du Père, c'est lui qui l'a fait connaître » (Jn 1,18).

Contre les hérésies, IV, 5

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Le signe de Jonas

Dieu a montré de la patience devant la faiblesse de l'homme, parce qu'il voyait d'avance la victoire qu'il lui donnerait un jour par son Verbe ; car, quand « la puissance s'est déployée dans la faiblesse » (2Co 12,9), le Verbe a fait apparaître la bonté de Dieu et sa magnifique puissance.  En effet, il en a été de l'homme comme du prophète Jonas. Dieu a permis que celui-ci soit englouti par un monstre marin, non pour qu'il disparaisse et périsse totalement, mais pour qu'après avoir été rejeté par le monstre il soit plus soumis à Dieu et glorifie davantage celui qui lui donnait ce salut inespéré. C'était aussi pour amener les Ninivites à un ferme repentir et les convertir à celui qui les délivrait de la mort, frappés qu'ils ont été par le signe accompli en Jonas... De la même manière, dès le commencement, Dieu a permis que l'homme soit englouti par le grand monstre, auteur de la désobéissance, non pour qu'il disparaisse et périsse totalement, mais parce que Dieu préparait à l'avance le salut accompli par son Verbe par le moyen du « signe de Jonas ». Ce salut a été préparé pour ceux qui auront pour Dieu les mêmes sentiments que Jonas et qui les confesseront dans les mêmes termes : « Je suis le serviteur du Seigneur et j'adore le Seigneur, le Dieu du ciel, qui a fait la mer et la terre ferme » (Jon 1,9). Dieu a voulu que l'homme, recevant de lui un salut inespéré, ressuscite d'entre les morts et glorifie Dieu en disant avec Jonas : « J'ai crié vers le Seigneur mon Dieu dans ma détresse, et il m'a répondu au ventre des enfers » (Jon 2,2). Dieu a voulu que l'homme demeure toujours fidèle à le glorifier et à lui rendre grâces sans cesse pour ce salut reçu de lui

Contre les hérésies III, 20, 1 (trad. Rousseau, Cerf 1984, p. 370 rev. ; cf SC 34, p. 339)

separ ecrit biblio

La gloire de Dieu, c'est l'homme vivant.

La splendeur de Dieu est vivifiante : ceux qui voient Dieu, reçoivent la vie. C'est pourquoi, lui, l'insaisissable, l'incompréhensible, l'invisible, se donne aux hommes, en se rendant visible, compréhensible et saisissable, pour vivifier ceux qui le reçoivent et ceux qui le voient. ~ Car vivre sans la vie, c'est impossible : la substance de la vie vient de la participation à Dieu ; et participer à Dieu, c'est voir Dieu et jouir de sa bonté.

Ainsi les hommes verront Dieu pour vivre : par cette vue, ils deviennent immortels et arrivent à Dieu. Je l'ai dit, il était annoncé en image par les prophètes que Dieu serait vu des hommes qui portent son Esprit et sans cesse attendent sa venue. C'est ainsi que Moïse dit dans le Deutéronome :En ce jour-là, nous verrons, car Dieu parlera à l'homme, et l'homme vivra .

La puissance et la grandeur de celui qui opère tout en tous est invisible et inexprimable pour tous ceux qui ont été faits par lui ; toutefois il ne leur est pas inconnu : tous apprennent de son Verbe qu'il n'y a qu'un seul Dieu Père qui contient tout et donne l'être à toutes choses : ainsi qu'il est écrit dans l'Évangile : Nul n'a jamais vu Dieu, le Fils unique, qui est dans le sein du Père, qui l'a révélé .

Depuis le commencement, le Fils est l'exégète du Père, puisqu'il est depuis le commencement auprès du Père : au temps voulu, il a montré aux hommes pour leur profit les visions prophétiques, la variété des charismes, ses ministères et la glorification du Père, de façon cohérente et claire : Qui dit cohésion dit harmonie, qui dit harmonie dit temps voulu, et qui dit temps voulu dit profit. C'est pourquoi le Verbe s'est fait le dispensateur de la gloire du Père au profit des hommes pour qui il accomplit de telles économies : ainsi il montre Dieu aux hommes, et présente l'homme à Dieu, tout en préservant l'invisibilité du Père, de peur que l'homme n'en vienne à mépriser Dieu, mais, en même temps, pour qu'il ait toujours des progrès en vue, il rend Dieu visible aux hommes en le montrant par de nombreuses économies, de peur que, totalement privé de Dieu, l'homme cesse d'être. Car la gloire de Dieu, c'est l'homme vivant, et la vie de l'homme, c'est la vue de Dieu, Si la révélation de Dieu par la création donne la vie à tout être vivant sur la terre, combien plus la manifestation du Père par le Verbe donne-t-elle la vie à ceux qui voient Dieu !

DU TRAITÉ DE S. IRÉNÉE CONTRE LES HÉRÉSIES

separ ecrit biblio La foi de l'Église

L'Église, qui est répandue par toute la terre et jusqu'aux extrémités du monde, a reçu des Apôtres et des disciples la foi en un seul Dieu, le Père tout-puissant,qui a fait le ciel, la terre, la mer et tout ce qu'ils contiennent , en un seul Jésus Christ, le Fils de Dieu, incarné pour notre salut, et en l'Esprit Saint, qui a enseigné par les prophètes les desseins de Dieu, la venue de notre bien-aimé Jésus Christ notre Seigneur, sa naissance d'une vierge, sa passion et sa résurrection d'entre les morts, son ascension corporelle dans les cieux, sa venue dans la gloire du Père, pour récapituler toutes choses , et ressusciter toute chair du genre humain, afin que devant le Christ Jésus notre Seigneur, Dieu, Sauveur et Roi, tout genou fléchisse au ciel, sur terre et aux enfers, et que toute langue le confesse , et qu'il exerce sur tous son juste jugement. ~
 
Cette prédication, qu'elle a reçue, et cette foi que nous avons exposée, l'Église, tout en restant répandue dans le monde entier, la garde scrupuleusement, comme si elle vivait en une demeure unique ; et pareillement, elle croit en tous ces articles, comme si elle avait une seule âme et un seul cœur ; elle l'annonce de manière cohérente, l'enseigne et la transmet, comme si elle n'avait qu'une seule bouche.

Même si dans le monde les dialectes diffèrent, la vertu de la tradition n'en est pas moins une et identique.

Ni les Églises qui ont été fondées en Germanie, ou en Hibérie, ou chez les Celtes, ni celles de l'Orient, d'Égypte, ou de Libye, ni celles qui sont au centre du monde (à Jérusalem), ne diffèrent quant à la foi ou à la tradition. Mais ainsi que le soleil créé par Dieu est unique et le même dans le monde entier, la prédication de la Vérité resplendit partout, et elle illumine tous les hommes qui veulent parvenir à la connaissance de la vérité.

Et celui qui excelle dans les discours ne dit rien d'autre que ceux qui sont à la tête de l'Église : personne n'est en effet plus grand que le maître ; et celui qui s'exprime avec peine ne diminue en rien la tradition. On n'amplifie pas la foi en en parlant beaucoup, et on ne la diminue pas en en disant moins, car la foi est une et identique.

TRAITÉ DE St IRÉNÉE CONTRE LES HÉRÉSIES

separ ecrit biblio « Allez dans le monde entier. Proclamez la Bonne Nouvelle à toute la création »

Le Seigneur de toutes choses a donné à ses apôtres le pouvoir de proclamer l'Évangile. Et c'est par eux que nous avons connu la vérité, c'est-à-dire l'enseignement du Fils de Dieu. C'est à eux que le Seigneur a dit : « Celui qui vous écoute m'écoute ; celui qui vous rejette me rejette et rejette celui qui m'a envoyé » (Lc 10,16). Car nous n'avons pas connu le plan de notre salut par d'autres que par ceux qui nous ont fait parvenir l'Évangile.

Cet Évangile, ils l'ont d'abord prêché. Puis, par la volonté de Dieu, ils nous l'ont transmis dans des Écritures pour qu'il devienne « le pilier et le soutien » de notre foi (1Tm 3,15). Il n'est pas permis de dire qu'ils ont prêché avant d'avoir obtenu la connaissance parfaite, comme osent le prétendre certains, qui se targuent d'être les correcteurs des apôtres. En effet, après que notre Seigneur est ressuscité d'entre les morts et que les apôtres ont été « revêtus de la force d'en-haut » (Lc 24,49) par la venue de l'Esprit Saint, ils ont été remplis de certitude au sujet de tout et ils ont possédé la connaissance parfaite. Alors, ils s'en allèrent « jusqu'aux extrémités de la terre », (Ps 18,5 ;Rm 10,18) proclamant la Bonne Nouvelle des biens qui nous viennent de Dieu et annonçant aux hommes la paix du Ciel. Ils possédaient, tous également et chacun en particulier, l'Évangile de Dieu.

Contre les hérésies, III, 1 (trad. Cerf 1984, p. 276 rev.)

separ ecrit biblio L'offrande pure de l'Église.

L'oblation de l'Église, que le Seigneur nous a appris à offrir dans le monde entier, est réputée sacrifice pur auprès de Dieu et lui est agréable. Non qu'il ait besoin d'un sacrifice de notre part, mais celui qui offre est lui-même glorifié en ce qu'il offre, si son présent est accepté. Par ce présent, en effet, se manifestent l'honneur et la gloire que nous rendons au roi, et le Seigneur veut que nous offrions ce présent en toute simplicité et innocence ; il a proclamé: Lorsque tu offres ton présent à l'autel, si tu te souviens que ton frère en a quelque chose contre toi, laisse ton offrande devant l'autel, et va d'abord te réconcilier avec ton frère ; puis au retour, offre ton présent . Il faut donc offrir à Dieu les prémices de ses créatures, comme le dit Moïse : Tu ne paraîtras pas devant le Seigneur ton Dieu, les mains vides . Exprimant ainsi à Dieu sa reconnaissance par ce dont il a été gratifié, l'homme recevra l'honneur qui vient de lui.

Ce n'est pas la notion d'oblation qui a été blâmée : il y avait des oblations là-bas, il y en a ici aussi ; il y avait des sacrifices dans le peuple, il y en a également dans l'Église. L'espèce en a seule été changée, ce n'est plus par des esclaves, mais par des hommes libres qu'est faite l'offrande.

Il n'y a qu'un seul et même Seigneur, mais il y a un caractère propre à l'oblation des esclaves, et un caractère propre à l'oblation des hommes libres, de sorte que même à travers les oblations se manifeste la marque de la liberté.
Rien n'est oiseux, ni dépourvu de sens ou de signification auprès de lui. Voilà pourquoi ceux-là consacraient la dîme leurs biens, mais ceux-ci qui participent à la liberté offrent tout ce qu'ils possèdent au service du Seigneur. Et donnent joyeusement et généreusement des biens moindres, parce qu'ils ont l'espérance de plus grands. C'est la pauvre veuve jetant ici toute sa subsistance dans le trésor de Dieu.~

Il nous faut faire offrande à Dieu, et en toutes choses témoigner notre reconnaissance au Dieu créateur, en lui offrant les prémices de ses propres créatures, avec des intentions pures et une foi sans hypocrisie, une espérance ferme, une charité brûlante. Cette oblation, l'Église seule l'offre pure au Créateur, en lui offrant avec action de grâce ce qui provient de sa création. Nous lui offrons ce qui lui appartient, proclamant et confessant avec cohérence l'intercession, l'unité et la résurrection de la chair et de l'esprit. Le pain qui vient de la terre, après avoir reçu l'invocation du Seigneur, n'est plus du pain ordinaire, mais l'eucharistie, constituée de deux choses : l'une terrestre et l'autre céleste : de la même manière, nos corps qui participent aussi à l'eucharistie, ne sont plus corruptibles, mais portent l'espérance de la résurrection.

TRAITE DE SAINT IRÉNEE CONTRE LES HERESIES

separ ecrit biblio

« Beaucoup de gens...avaient appris tout ce qu'il faisait, et ils vinrent à lui »

Chez le prophète Isaïe, le Verbe lui-même, la Parole de Dieu, dit qu'il devait se manifester parmi nous –- le Fils de Dieu, en effet, s'est fait fils d'homme –- et se laisser trouver par nous qui auparavant ne le connaissions pas : «   Je me suis manifesté à ceux qui ne me cherchaient  pas, j'ai été trouvé par ceux qui ne me questionnaient pas, j'ai dit : Me voici, à un peuple qui n'avait pas invoqué mon nom » (Is 65,1)... C'est aussi le sens de ce qu'a dit Jean Baptiste : « Dieu peut, de ces pierres, faire surgir des fils à Abraham » (Mt 3,9). En effet, après avoir été arrachés par la foi au culte des pierres, nos cœurs voient Dieu et deviennent fils d'Abraham qui a été justifié par la foi...

      Le Verbe de Dieu s'est incarné et a planté sa tente parmi nous comme dit Jean, son disciple (Jn 1,14). Grâce à lui, par la vocation nouvelle, le cœur des païens est changé. L'Église porte désormais beaucoup de fruits, en ceux qui sont sauvés ; et ce n'est plus un intercesseur comme Moïse, ni un messager comme Élie, mais le Seigneur lui-même qui nous sauve en donnant à l'Église plus d'enfants qu'à la synagogue des anciens, comme Isaïe l'avait prédit en disant : « Réjouis-toi, stérile qui n'as pas enfanté » (Is 54,1 ; Ga 4,27)... Dieu trouve son bonheur à donner son héritage aux nations insensées, à ceux qui n'appartenaient pas à la cité de Dieu et ne savaient pas qui était Dieu. Maintenant donc que, grâce à cet appel, la vie nous a été donnée et qu'en nous Dieu a mené à sa plénitude la foi d'Abraham, nous ne devons plus retourner en arrière, je veux dire à la première législation, car nous avons reçu le Maître de la Loi, le Fils de Dieu, et, par la foi en lui, nous apprenons à aimer Dieu de tout notre cœur et le prochain comme nous-mêmes.

Démonstration de la prédication apostolique, 92 - 95 (trad. Bouchut. Lectionnaire, p. 297 rev. ; cf SC 62, p. 159)

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« Voici le livre de la genèse de Jésus Christ »

            Il n'y a qu'un seul Dieu, qui par son Verbe, sa Parole, sa Sagesse, a fait et harmonisé toutes choses. Lui le Créateur, il a donné ce monde au genre humain... Selon sa grandeur, il est inconnu de tous les êtres faits par lui, car personne n'a scruté son origine... Cependant, selon son amour, il est connu de tous temps grâce à celui par qui il a créé toutes choses (Rm 1,20) ; celui-ci n'est autre que son Verbe, notre Seigneur Jésus Christ, qui, dans les derniers temps, s'est fait homme parmi les hommes afin de rattacher la fin au commencement, c'est-à-dire l'homme à Dieu.

            Voilà pourquoi les prophètes, après avoir reçu de cette même Parole le don de la prophétie, ont prêché à l'avance sa venue selon la chair, par laquelle la communion de Dieu et de l'homme a été réalisée selon le bon plaisir du Père. Dès le commencement, en effet, le Verbe a annoncé que Dieu serait vu des hommes, qu'il vivrait et converserait avec eux sur la terre (Ba 3,38), et qu'il se rendrait présent à l'ouvrage qu'il avait modelé, pour le sauver... Les prophètes annonçaient donc d'avance que Dieu serait vu des hommes, conformément à ce que dit aussi le Seigneur : « Bienheureux les cœurs purs, parce qu'ils verront Dieu » (Mt 5,8). Certes, selon sa grandeur et sa gloire inexprimable, « nul homme ne peut voir Dieu et vivre » (Ex 33,20), car le Père est insaisissable. Mais selon son amour, sa bonté envers les hommes et sa toute-puissance, il va jusqu'à accorder à ceux qui l'aiment le privilège de voir Dieu...car « ce qui est impossible aux hommes est possible à Dieu » (Lc 18,27).

Contre les hérésies, IV,  20, 4-5 ; SC 100 (trad. SC p. 635)

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Dieu sera vu des hommes.

C'est Dieu, l'unique, qui a fait et harmonisé toutes choses par le Verbe et la Sagesse. ~

Et c'est son Verbe, notre Seigneur Jésus Christ, qui, dans les temps derniers, s'est fait homme parmi les hommes, pour rattacher la fin au principe, l'homme à Dieu.

Voilà pourquoi les prophètes, recevant de ce même Verbe le charisme de la prophétie, ont prêché sa venue selon la chair, qui réalise la jonction et la communion de Dieu et de l'homme comme il paraissait bon au Père. Dès le commencement, le Verbe de Dieu a annoncé que Dieu serait vu des hommes, qu'il vivrait et converserait avec eux sur la terre, qu'il se rendrait présent à son ouvrage pour le sauver, et qu'il se laisserait saisir par lui, pour nous libérer des mains de tous nos ennemis , c'est-à-dire de tout esprit de transgression, et pour faire que nous le servions en justice et sainteté tous les jours de notre vie , afin qu'enlacé à l'Esprit de Dieu, l'homme accède à la gloire du Père. ~

Les prophètes annonçaient donc que Dieu serait vu des hommes, conformément au dire du Seigneur : Bienheureux les coeurs purs, ils verront Dieu .

Certes, selon sa grandeur et sa gloire inénarrable, nul ne peut voir Dieu et vivre , car le Père est insaisissable ; mais selon son amour, sa bonté et sa toute-puissance, il accorde à ceux qui l'aiment de voir Dieu, et c'est ce que prophétisaient les prophètes, car ce qui est impossible aux hommes est possible à Dieu .

Ainsi l'homme par lui-même ne verra pas Dieu, mais lui, Dieu, sera vu des hommes s'il le veut, de qui il veut, quand il veut, comme il veut : car Dieu peut tout : il a été vu autrefois grâce à l'Esprit selon la prophétie, puis il a été vu grâce au Fils selon l'adoption, et il sera vu dans le royaume des cieux selon la paternité, car l'Esprit prépare d'avance l'homme pour le Fils de Dieu, le Fils le conduit au Père, et le Père lui donne l'incorruptibilité et la vie éternelle qui résultent pour chacun de la vue de Dieu. Car, de même que ceux qui voient la lumière sont dans la lumière et participent à sa splendeur, ainsi ceux qui voient Dieu sont en Dieu et participent à sa splendeur. Car la splendeur de Dieu vivifie: ils participent donc à sa vie, ceux qui voient Dieu.

TRAITÉ DE SAINT IRÉNÉE CONTRE LES HÉRÉSIES

Date de dernière mise à jour : 2017-06-04

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