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Passioniste de Polynésie

Macaire d'Égypte quelques écrits

Macaireegyptiensaint Macaire d'Égypte (?-390), moine 

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« Veillez, car vous ne connaissez pas le jour où votre Seigneur viendra »

Dieu est le bien suprême ; rassemble vers lui les pensées de ton esprit et ne songe à rien d'autre qu'à guetter sa venue. Ainsi donc, que l'âme rassemble ses pensées dispersées par le péché, comme si elle rassemblait des enfants qui folâtrent. Qu'elle les ramène à la maison de son corps, et qu'elle attende toujours le Seigneur dans le jeûne et l'amour, jusqu'à ce qu'il vienne et la recueille véritablement... 

Si notre cœur ne s'enfle pas, si nous n'envoyons pas nos pensées pâturer dans les prés aux herbes folles du péché, mais si, au contraire, nous élevons notre esprit et conduisons nos pensées en présence du Seigneur par une fervente volonté, alors, dans son bon vouloir, le Seigneur viendra certainement en nous et nous unira vraiment à lui... 

Empresse-toi donc de plaire au Seigneur, attends-le sans cesse dans ton cœur, cherche-le par tes pensées, incite ta volonté et tes sentiments à tendre à tout instant vers lui. Tu verras alors comme il vient à toi et comme il fait en toi sa demeure.

Homélie 31 ; PG 34, 728 (trad. Brésard, 2000 ans A, p. 24) 

separ ecrit biblio

La vie communautaire : « Vous êtes tous frères »

      Quoi qu'ils fassent, les frères doivent se montrer charitables et joyeux les uns avec les autres. Celui qui travaille parlera ainsi de celui qui prie : « Le trésor que mon frère possède, je l'ai, moi aussi, puisqu'il nous est commun. » De son côté, celui qui prie dira de celui qui lit : « Le bénéfice qu'il tire de sa lecture m'enrichit, moi aussi. » Et celui qui travaille dira encore : « C'est dans l'intérêt de la communauté que j'accomplis ce service. »

     Les multiples membres du corps ne forment qu'un seul corps et ils se soutiennent mutuellement en remplissant chacun sa tâche. L'œil voit pour tout le corps ; la main travaille pour les autres membres ; le pied, en marchant, les porte tous ; un membre souffre dès qu'un autre souffre. Voilà comment les frères doivent se comporter les uns avec les autres (cf. Rm 12, 4-5). Celui qui prie ne jugera pas celui qui travaille parce qu'il ne prie pas. Celui qui travaille ne jugera pas celui qui prie... Celui qui sert ne jugera pas les autres. Au contraire, chacun, quoi qu'il fasse, agira pour la gloire de Dieu (cf. 1Co 10,31 ; 2Co 4,15)...

      Ainsi une grande concorde et une sereine harmonie formeront « le lien de la paix » (Ép 4,3), qui les unira entre eux et les fera vivre avec transparence et simplicité sous le regard bienveillant de Dieu. L'essentiel, évidemment, c'est de persévérer dans la prière. D'ailleurs une seule chose est requise : chacun doit posséder en son cœur ce trésor qu'est la présence vivante et spirituelle du Seigneur. Qu'il travaille, prie ou lise, chacun doit pouvoir se dire en possession de ce bien impérissable qu'est le Saint Esprit.

.Troisième Homélie, 1-3 ; PG 34, 467-470 (trad. Orval)

separ ecrit biblio« Qui s'abaisse sera élevé »

      Un jour, Abba Macaire revenait du marais à sa cellule en portant des feuilles de palmier. Sur le chemin le diable vint à sa rencontre avec une faux de moissonneur : il voulut l'en frapper, mais sans succès. Le diable lui dit alors : « Macaire, je souffre bien des tourments à cause de toi, car je ne peux pas te vaincre. Pourtant, je fais tout ce que tu fais : tu jeûnes, et moi je ne mange jamais ; tu veilles, et moi je ne dors pas du tout. Il n'y a qu'un seul point sur lequel tu me bats ». « Lequel ? », demanda Macaire. « C'est ton humilité qui m'empêche de te vaincre. » 

Sentences

separ ecrit biblio« Jusqu'à ce que toute la pâte ait levé »

      Depuis la transgression d'Adam, les pensées de l'âme se sont dispersées loin de l'amour de Dieu, vers le monde présent, et elles s'y sont mêlées à des pensées matérielles et terrestres. Car Adam, par sa transgression, a reçu en lui le levain des tendances mauvaises, et ainsi, par participation, tous ceux qui sont nés de lui et toute la race d'Adam a eu une part de ce levain. Ensuite, les dispositions mauvaises ont crû et se sont développées parmi les hommes, au point qu'ils en sont arrivés à toutes sortes de désordres. Finalement, l'humanité entière a été pénétrée du levain de la malice...

      D'une manière analogue, pendant son séjour sur la terre, le Seigneur a bien voulu souffrir pour tous les hommes ; les racheter par son propre sang, introduire le levain céleste de sa bonté dans les âmes croyantes humiliées sous le joug du péché. Il a bien voulu parfaire en elles la justice des préceptes et toutes les vertus, jusqu'à ce que, pénétrées de ce levain, elles soient unies dans le bien et forment « un seul esprit avec le Seigneur », selon le mot de Paul (1Co 6,17). L'âme qui est totalement pénétrée du levain du Saint Esprit ne peut même plus avoir l'idée du mal et de la malice, comme il est écrit : « La charité ne pense rien de malhonnête » (1Co 13,5). Sans ce levain céleste, autrement dit sans la puissance de l'Esprit Saint, il est impossible que l'âme soit pétrie de la douceur du Seigneur et parvienne à la vraie vie.

Homélie n°24 (trad. Bellefontaine 1984, coll. Spi. Or. n°40, p.239 rev.)

separ ecrit biblioNous livrer à lui totalement

      Comment est-il possible que, malgré de tels encouragements et de telles promesses de la part du Seigneur, nous refusions de nous livrer à lui totalement et sans réserve, de renoncer à toutes choses et même à notre propre vie, conformément à l'Evangile (Lc 14,26), pour n'aimer que lui seul, et rien d'autre avec lui ?

      Considère tout ce qui a été fait pour nous : quelle gloire nous a été donnée, que de dispositions en vue de l'histoire du salut faites par le Seigneur depuis les pères et les prophètes, que de promesses, que d'exhortations, quelle compassion de la part du Maître dès les origines ! A la fin, il a manifesté son indicible bienveillance envers nous en venant demeurer lui-même avec nous et en mourant sur la croix pour nous convertir et nous ramener à la vie. Et nous, nous ne laissons pas de côté nos volontés propres, notre amour du monde, nos prédispositions et nos habitudes mauvaises, apparaissant en cela comme des hommes de peu de foi, ou même sans foi aucune.

      Et cependant, vois comment, malgré tout cela, Dieu se montre plein d'une douce bonté. Il nous protège et nous soigne invisiblement ; malgré nos fautes, il ne nous livre pas définitivement à la méchanceté et aux illusions du monde ; dans sa grande patience, il nous empêche de périr et guette de loin le moment où nous nous tournerons vers lui. 

Homélies spirituelles (trad. Deseille, Coll. Spi.Or. 40, Bellefontaine 1984, p. 114)

 

Macaireegyptiensaint Macaire d'Égypte (?-390), moine 

 « Venez au repas de noces »

      Dans le monde visible, si un très petit peuple se lève contre le roi pour lui faire la guerre, ce dernier ne prend pas la peine de conduire lui-même les opérations, mais il envoie ses soldats avec leurs chefs, et ils engagent le combat. Si, au contraire, le peuple qui se dresse contre lui est très puissant et capable de ravager son royaume, le roi se voit obligé d'entrer lui-même en campagne, avec sa cour et son armée, et de mener le combat. Vois donc quelle dignité est la tienne ! Dieu lui-même s'est mis en campagne avec ses propres armées, je veux dire ses anges et ses saints esprits, venant lui-même te protéger, afin de te délivrer de la mort. Prends donc confiance, et vois la providence dont tu es l'objet.

      Empruntons encore un exemple à la vie présente. Imaginons un roi qui rencontre un homme pauvre et malade et qui n'a pas dégoût de lui, mais guérit ses blessures au moyen de remèdes salutaires. Il le prend dans son palais, le revêt de pourpre, le ceint d'un diadème et l'invite à sa table. C'est ainsi que le Christ, le roi céleste, vient auprès de l'homme malade, le guérit et le fait asseoir à sa table royale, et cela sans violer sa liberté, mais en l'amenant par persuasion à accepter un si haut honneur.

      Il est d'ailleurs écrit dans l'Évangile que le Seigneur envoya ses serviteurs pour inviter ceux qui voudraient bien venir, et il leur fit annoncer : « Mon repas est prêt ! » Mais ceux qui avaient été appelés s'excusèrent... Tu le vois, celui qui adressait son appel était prêt, mais les appelés se sont dérobés ; ils sont donc responsables de leur sort. Telle est donc la grande dignité des chrétiens. Voici que le Seigneur leur prépare le Royaume, et il les invite à y entrer ; mais eux, ils refusent de venir. Au regard du don qu'ils doivent recevoir, on peut dire que si quelqu'un...endurait des tribulations depuis la création d'Adam jusqu'à la fin du monde, il n'aurait rien fait en comparaison de la gloire qu'il aura en héritage, car il doit régner avec le Christ pendant les siècles sans fin. Gloire à celui qui a tellement aimé cette âme qu'il s'est donné et confié lui-même à elle, ainsi que sa grâce ! Gloire à sa majesté ! 

Homélies spirituelles, n°15, § 30-31 (trad. Deseille, coll. Spi. Or. n°40, p. 192)

separ ecrit biblioL'accueil du pharisien et l'accueil de la pécheresse

      Accueillons notre Dieu et Seigneur, le véritable médecin qui seul est capable de guérir notre âme en venant à nous, lui qui a tant peiné pour nous. Il frappe sans cesse à la porte de notre cœur pour que nous lui ouvrions, afin qu'il entre, qu'il repose dans notre âme, que nous lui lavions les pieds et les couvrions de parfum, et qu'il fasse chez nous sa demeure. En effet, Jésus blâme celui qui ne lui a pas lavé les pieds, et ailleurs il dit : « Voici que je me tiens à la porte ; si quelqu'un m'ouvre, j'entrerai chez lui » (Ap 3,20). C'est pour cela en effet qu'il a supporté tant de souffrances, livré son corps à la mort, et nous a rachetés de la servitude : c'est pour venir dans notre âme et y faire sa demeure.

      C'est pour cela que le Seigneur dit à ceux qui lors du jugement seront à sa gauche et seront envoyés dans la géhenne : « J'étais étranger et vous ne m'avez pas accueilli ; j'ai eu faim, et vous ne m'avez pas donné à manger ; j'ai eu soif, et vous ne m'avez pas donné à boire » (Mt 25,42s). Car sa nourriture, sa boisson, son vêtement, son toit, son repos, sont dans notre cœur. C'est pour cela qu'il frappe sans cesse, voulant entrer chez nous. Accueillons-le donc et introduisons-le au-dedans de nous, puisqu'il est aussi notre nourriture, notre boisson, notre vie éternelle.

      Et toute âme qui ne l'accueille pas maintenant dans son intérieur, pour qu'il y trouve du repos, ou plutôt pour qu'elle se repose en lui, n'héritera pas du Royaume des cieux avec les saints et ne pourra pas entrer dans la cité céleste. Mais toi, Seigneur Jésus Christ, donne-nous d'y entrer, nous qui glorifions ton nom avec le Père et le Saint Esprit, dans les siècles. Amen. 

Homélies spirituelles, 30, 9 (trad. Deseille,  coll. Spi. Or. n°40, Bellefontaine 1984, p. 284)

separ ecrit biblio« Sa maison, c'est nous » (He 3,6)

Le Seigneur se pose dans une âme fervente, il en fait son trône de gloire, il s'y assied et y demeure... Cette maison qu'habite son maître est toute grâce, ordre et beauté, comme l'âme avec qui et en qui le Seigneur demeure n'est qu'ordre et beauté. Elle possède le Seigneur et tous ses trésors spirituels. Il en est l'habitant, il en est le chef.

Mais qu'elle est affreuse la maison dont le maître est absent, dont le Seigneur est au loin ! Elle se délabre, tombe en ruines, s'emplit de souillures et de désordre. Elle devient, selon le mot d'un prophète, un repaire de serpents et de démons (Is 34,14). La maison abandonnée s'emplit de chats, de chiens, d'ordures. Et qu'elle est malheureuse l'âme qui ne peut se relever de sa chute funeste, qui se laisse entraîner et en vient à haïr son époux et à arracher ses pensées de Jésus Christ !

Mais quand le Seigneur la voit se recueillir et chercher nuit et jour son Seigneur, crier vers lui ainsi qu'il l'y invite : « Priez sans cesse », alors « Dieu lui fera justice » (Lc 18,1.7) -- il l'a promis -- et il la purifiera de toute méchanceté. Il s'en fera « une épouse sans tache ni ride » (Ep 5,27). Crois en sa promesse ; elle est vérité. Regarde si ton âme a trouvé la lumière qui éclairera ses pas et la nourriture et la boisson véritables que sont le Seigneur. Te manquent-elles encore ? Cherche nuit et jour, tu les trouveras. 

Homélie 33 ; PG 34, 741-743 (trad. coll. Icthus, t. 11, p. 155 rev.)

separ ecrit biblioSe faire violence pour devenir la demeure du Seigneur

Celui qui veut s'approcher du Seigneur, être digne de la vie éternelle, devenir la demeure du Christ, être rempli du Saint Esprit, afin de porter les fruits de cet Esprit...doit d'abord croire fermement dans le Seigneur et puis se livrer sans réserve à ses commandements... Il doit se faire violence pour être humble devant tout homme..., comme le dit le Seigneur : « Apprenez de moi que je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos pour vos âmes » (Mt 11,29). De même, il doit s'exercer de toutes ses forces à être habituellement miséricordieux, doux, compatissant et bon, comme le dit le Seigneur : « Soyez bons et doux comme votre Père céleste est compatissant » (Lc 6,36; Mt 5,48). Et encore : « Si vous m'aimez, gardez mes commandements » (Jn 14,15). Et « Faites-vous violence, car ce sont les violents qui s'emparent du Royaume des cieux ». Et « Efforcez-vous d'entrer par la porte étroite » (Lc 13,24). En tout, il doit prendre modèle sur l'humilité, la conduite, la douceur, la manière de vivre du Seigneur...

Qu'il persévère dans la prière, qu'il demande sans se lasser que le Seigneur vienne et demeure en lui, le restaure et lui donne la force d'observer tous ses commandements, et que le Sauveur devienne lui-même la demeure de son âme. Et alors, ce qu'il accomplit en se faisant violence, sans l'inclination de la nature, il l'accomplira de bon gré, parce qu'il s'habituera complètement au bien, se souviendra sans cesse du Seigneur et l'attendra avec un grand amour. Quand le Seigneur verra une telle résolution..., il aura pitié de lui, le délivrera de ses ennemis et du péché qui habite en lui, et le remplira du Saint Esprit. Et ainsi, désormais, il observera tous les commandements du Seigneur en toute vérité, sans violence ni fatigue — ou plutôt, ce sera le Seigneur lui-même qui accomplira en lui ses propres préceptes et il produira en toute pureté les fruits de l'Esprit (cf Ga 5,22). 

Homélies spirituelles, n°19 (trad. coll. Spi. Or. n°40, Bellefontaine, p. 224)

separ ecrit biblioLe retour du fils prodigue

      Approchons-nous du Seigneur, de la porte spirituelle, et frappons pour qu'il nous ouvre. Demandons à le recevoir lui-même, lui le pain de la vie (Jn 6,34). Disons-lui : « Donne-moi, Seigneur, le pain de la vie afin que je vive, car je vais à ma perte, tenaillé par la famine du péché. Donne-moi le vêtement lumineux du salut afin que je cache la honte de mon âme, car je suis nu, privé de la puissance de ton Esprit et honteux de l'indécence de mes passions » (Gn 3,10).

      Et s'il te dit : « Tu avais un vêtement, qu'en as-tu fait ? » réponds-lui : « Je me suis heurté à des brigands, ils m'ont dépouillé et laissé à demi-mort, puis ils m'ont dévêtu et me l'ont pris (Lc 10,30s). Donne-moi des sandales spirituelles, car les pieds de mon esprit sont transpercés par les épines et les chardons (Gn 3,18) ; j'erre dans le désert et je ne peux plus avancer. Donne la vue à mon coeur, afin que je voie de nouveau ; ouvre les yeux de mon coeur, car mes ennemis invisibles m'ont aveuglé en me recouvrant du voile de la ténèbre, et je ne peux plus contempler ton visage céleste et tant désiré. Donne-moi l'ouïe spirituelle, car mon intelligence est sourde et je ne peux plus entendre tes entretiens si doux et agréables. Donne-moi l'huile d'allégresse (Ps 44,8) et le vin de la joie spirituelle, pour que je l'applique sur mes blessures et puisse reprendre vie. Guéris-moi et rends-moi la santé car mes ennemis, de redoutables brigands, m'ont laissé étendu à demi-mort ».

      Heureuse l'âme qui supplie avec persévérance et foi, comme indigente et blessée, parce qu'elle recevra ce qu'elle demande ; elle  obtiendra la guérison et le remède éternels et elle sera vengée de ses ennemis, les passions du péché.

Homélie 16 de la 3e collection (trad. SC 275, p.207)

separ ecrit biblio« Combien plus votre Père céleste donnera-t-il l’Esprit Saint ? »

      Pour obtenir le pain du corps, le mendiant n'éprouve aucune gêne à frapper à la porte et à réclamer ; et s'il ne reçoit pas, il entre plus avant et demande avec plus de sans-gêne du pain, un vêtement ou des sandales pour le soulagement de son corps. Tant qu'il n'a rien reçu, il ne s'en va pas, même si on le chasse. Nous qui cherchons à recevoir le pain céleste et véritable pour fortifier notre âme, nous qui désirons revêtir les vêtements célestes de lumière et aspirons à chausser les sandales immatérielles de l'Esprit pour le soulagement de l'âme immortelle, combien plus devons-nous, inlassablement et résolument, avec foi et amour, patienter toujours, frapper à la porte spirituelle de Dieu et demander avec une parfaite constance d'être jugés dignes de la vie éternelle.

      C'est ainsi que le Seigneur « prononçait une parabole sur ce qu'il faut toujours prier sans se lasser » (Lc 18,1), puis ajoutait ces mots : Combien plus notre Père céleste « rendra-t-il justice à ceux qui crient vers lui nuit et jour » (v.6). Et encore, au sujet de l'ami : « Même si ce n'est pas en qualité d'ami qu'il lui donne, il se lèvera à cause de son sans-gêne et lui donnera tout ce dont il a besoin ». Il ajoute alors : « Demandez, et l'on vous donnera ; cherchez, et vous trouverez; frappez, et l'on vous ouvrira. Car celui qui demande reçoit, celui qui cherche trouve, et à celui qui frappe on ouvrira. » Et il poursuit : « Si donc vous, qui êtes mauvais, savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus votre Père céleste donnera-t-il l'Esprit Saint à ceux qui l'en prient ! » C'est pour cela que le Seigneur nous exhorte à demander toujours, inlassablement et avec ténacité, à chercher et à frapper continuellement : car il a promis de donner à ceux qui demandent, cherchent et frappent, non à ceux qui ne demandent pas. C'est en étant prié, supplié et aimé qu'il veut nous donner la vie éternelle. 

Homélie n° 16, 3ème collection (trad. SC 275, p.205)

separ ecrit biblio« Demandez, cherchez, frappez »

      Efforce-toi de plaire au Seigneur, attends-le intérieurement sans te lasser, cherche-le au moyen de tes pensées, fais violence à ta volonté et à ses décisions, contrains-les pour qu'elles tendent continuellement vers lui. Et tu verras comment il vient auprès de toi et y établit sa demeure (Jn 14,23)... Il se tient là, observant ton raisonnement, tes pensées, tes réflexions, examinant comment tu le cherches, si c'est de toute ton âme, ou bien avec mollesse et négligence. Et quand il verra que tu le cherches avec ardeur, aussitôt il se manifestera à toi, il t'apparaîtra, t'accordera son secours, te donnera la victoire et te délivrera de tes ennemis. Quand il aura vu, en effet, comment tu le cherches, comment tu places continuellement toute ton espérance en lui, alors il t'instruira, t'apprendra la prière véritable, te donnera cette charité véritable qu'il est lui-même. Il deviendra alors pour toi toutes choses : paradis, arbre de vie, perle précieuse, couronne, architecte, cultivateur, un être soumis à la souffrance mais non atteint par la souffrance, homme, Dieu, vin, eau vive, brebis, époux, combattant, armure, le Christ « tout en tous » (1Co 15,28).

      De même qu'un enfant ne peut pas se nourrir lui-même ni prendre soin de lui-même, mais ne peut que regarder vers sa mère en pleurant, jusqu'à ce qu'elle soit touchée de compassion et s'occupe de lui, ainsi les âmes croyantes espèrent toujours dans le Christ et lui attribuent toute justice. Comme le sarment se dessèche s'il est séparé de la vigne (Jn 15,6), ainsi fait celui qui veut être juste sans le Christ. De même que « celui-là est un brigand et un voleur qui n'entre pas par la porte, mais pénètre par une autre voie » (Jn 10,1), ainsi en est-il de celui qui veut se rendre juste sans celui qui justifie.

Homélies spirituelles n° 30, 3-4 (trad. coll. SO 40, Bellefontaine, p. 286 rev.)

separ ecrit biblioNe pas réduire notre prière à une pratique corporelle

"Nous ne devons pas réduire notre prière à une pratique corporelle, que ce soit celle de crier, ou de garder le silence, ou de fléchir les genoux, mais prier avec sobriété, attentifs à notre pensée, en attendant que Dieu vienne et visite l'âme par toutes ses voies d'accès, tous ses sentiers et tous ses sens. Nous pourrons alors, selon ce qui conviendra, rester silencieux, élever la voix et même crier en priant, pourvu seulement que la pensée soit solidement fixée en Dieu. Quand le corps fait un travail il s'y adonne tout entier, ne s'occupe que de lui, et chacun de ses membres prête son concours aux autres.
Un homme d'affaires ne limite pas ses projets à un seul genre d'opérations, mais il s'active de tous les côtés pour accroître et multiplier son gain ; il passe d'un projet à l'autre, et de là court vers une nouvelle issue ; puis, toujours d'un bond, se précipite de ce qui ne rapporte pas vers ce qui est plus avantageux. C'est ainsi que nous devons nous aussi disposer notre âme, de façon variée et avec ingéniosité, pour obtenir le grand et véritable gain, Dieu, qui nous apprend à prier véritablement." 

(Homélie spirituelle 33, 1-2 (Trad. P. Deseille, "Spirituatlité orientale" 40,
Bellefontaine, 1984), pp. 295-296).

separ ecrit biblioS'adonner à la prière en grand repos

"Ceux qui s'approchent du Seigneur doivent s'adonner à la prière en grand repos, calmes et apaisés et non point par des cris inconvenants et confus. C'est le labeur de notre coeur, c'est la sobriété de nos pensées qui nous permettent d'approcher du Seigneur. Il ne convient pas à un serviteur de Dieu de s'établir dans l'agitation, mais dans une grande douceur et sagesse comme dit le Prophète : "Vers qui jetterai-je les yeux, c'est vers le doux et le paisible qui tremble à mes paroles." Aux temps de Moïse et d'Elie, nous trouvons que, dans leur rencontre avec Dieu, la manifestation du Seigneur était précédée du ministère des trompettes et des puissances, mais le Seigneur n'était point là et sa présence se manifestait dans le repos, la paix et la tranquillité du coeur. "Voici, dit l'Ecriture, la voix d'une brise légère, en elle était le Seigneur."

(Homélies spirituelles, 6)

separ ecrit biblio« C'est un ennemi qui a fait cela »

      Je vous écris, frères bien-aimés, pour que vous sachiez que depuis le jour où Adam a été créé jusqu'à la fin du monde, le Malin fera la guerre aux saints sans se donner de repos (Ap 13,7)... Ils sont cependant peu nombreux, ceux qui se rendent comptent que le ravageur des âmes cohabite avec eux dans leur corps, tout près de l'âme. Ils sont dans la tribulation, et il n'y a personne sur terre pour les réconforter. C'est pourquoi, ils regardent vers le ciel et y placent leur attente, afin d'en recevoir quelque chose au-dedans d'eux-mêmes. Et par cette force, et grâce à cette armure de l'Esprit (Ep 6,13), ils vaincront. C'est du ciel, en effet, qu'ils reçoivent une force, qui demeure cachée aux yeux de la chair. Tant qu'ils chercheront Dieu de tout leur coeur, la force de Dieu vient secrètement à leur aide à tout moment... C'est précisément parce qu'ils touchent du doigt leur faiblesse, parce qu'ils sont incapables de vaincre, qu'ils sollicitent ardemment l'armure de Dieu, et ainsi revêtus de l'équipement de l'Esprit pour le combat (Ep 6,13), ils deviennent victorieux...

      Sachez donc, frères bien-aimés, qu'en tous ceux qui ont préparé leur âme à devenir une bonne terre pour la semence céleste, l'ennemi se hâte de semer son ivraie... Sachez aussi que ceux qui ne cherchent pas le Seigneur de tout leur coeur ne sont pas tentés par Satan de façon aussi évidente ; c'est plutôt en cachette plus par des ruses qu'il essaie...de les écarter loin de Dieu.

      Mais maintenant, frères, prenez courage et ne craignez rien. Ne vous laissez pas effrayer par des imaginations suscitées par l'ennemi. Dans la prière, ne vous livrez pas à une agitation confuse, en multipliant des cris déplacés, mais accueillez la grâce du Seigneur dans la contrition et le repentir... Prenez courage, réconfortez-vous, tenez bon, souciez-vous de vos âmes, persévérez avec zèle dans la prière... Car tous ceux qui cherchent Dieu en vérité recevront une force divine en leur âme, et en recevant cette onction céleste, tous ceux-là sentiront en eux-mêmes le goût et la douceur du monde à venir. Que la paix du Seigneur, celle qui a été avec tous les saints pères et les a gardés de toute tentation, demeure aussi avec vous. 

Homélies spirituelles, n° 51 (trad. Bellefontaine 1984, coll. Spi. Or. 40, p.367 rev.)

separ ecrit biblio« Le Fils de l'Homme est maître du sabbat » 

      Dans la Loi donnée par Moïse..., Dieu ordonnait à tous de se reposer et de ne faire aucun travail le jour du sabbat. Mais celui-ci était « une image et une ombre » (He 8,5) du véritable sabbat, qui est accordé à l'âme par le Seigneur. En effet, l'âme qui a été jugée digne du véritable sabbat cesse de s'adonner à ses préoccupations honteuses et avilies et s'en repose ; elle célèbre le véritable sabbat et jouit du véritable repos, étant délivrée de toutes les œuvres des ténèbres...

      Jadis, il était prescrit que même les animaux dénués de raison devaient se reposer le jour du sabbat : le bœuf ne devait pas être soumis au joug, ni l'âne porter de fardeau, car les animaux eux-mêmes se reposaient des travaux pénibles. En venant parmi nous et en nous donnant le sabbat véritable et éternel, le Seigneur a apporté le repos à l'âme qui était chargée et accablée du fardeau du péché, et qui, sous la contrainte, accomplissait des œuvres de l'injustice, assujettie qu'elle était à des maîtres cruels. Il l'a soulagée du poids intolérable des idées vaines et ignobles ; il l'a affranchie du joug amer des œuvres d'injustice, et il lui a donné le repos.

      En effet, le Seigneur appelle l'homme au repos en lui disant : « Venez, vous tous qui peinez et êtes accablés, et je vous donnerai le repos » (Mt 11,28). Et toutes les âmes qui lui font confiance et s'approchent de lui...célèbrent un sabbat véritable, délicieux et saint, une fête de l'Esprit, dans une joie et une allégresse inexprimables. Elles rendent à Dieu un culte pur qui lui plaît, procédant d'un cœur pur. C'est là le sabbat véritable et saint.  

Homélie 35 (trad. coll. Spi. Or. 40, p. 301 rev.)

 

Date de dernière mise à jour : 2017-08-30

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