Saint MAXIMILIEN KOLBE
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Zèle apostolique pour le salut et la sanctification des âmes
Cher frère, j’éprouve une grande joie à cause du zèle brûlant qui t’enflamme pour promouvoir la gloire de Dieu. À notre époque, ce n’est pas sans douleur que nous voyons comme une épidémie, ce qu’on appelle l’indifférentisme, se propager de diverses manières non seulement chez les laïcs mais même dans les communautés religieuses. Et pourtant, puisque Dieu est digne d’une gloire infinie, il nous importe d’abord et au plus haut point de lui rendre la plus grande gloire, à la mesure de nos pauvres forces, même si nous ne pouvons lui donner que celle qu’il nous accorde lui-même, créatures en exil que nous sommes.
Puisque la gloire de Dieu resplendit surtout dans le salut des âmes que le Christ a rachetées de son propre sang, le zèle de la vie apostolique doit consister avant tout et par-dessus tout à procurer le salut, et même la plus grande sanctification du plus grand nombre d’âmes possible. Quel est le meilleur chemin pour arriver à cette fin, c’est-à-dire obtenir la gloire divine et la sanctification du plus grand nombre d’âmes, je le dirai d’un mot. Dieu qui est la science et la sagesse infinies, et qui sait donc fort bien ce que nous devons faire pour augmenter sa gloire, nous manifeste sa volonté surtout par ceux qui sont ses représentants sur terre.
C’est donc l’obéissance, et elle seule, qui nous manifeste sûrement la volonté divine. Un supérieur peut bien tomber dans l’erreur ; il ne peut arriver que nous, en observant l’obéissance, nous soyons menés à l’erreur. La seule exception qui soit au devoir d’obéir, c’est le cas où le supérieur ordonnerait quelque chose qui entraînerait manifestement, même sur un point minime, une violation de la loi divine : en ce cas, il ne serait pas lui-même un fidèle interprète de la volonté de Dieu.
Ce Dieu, seul infini, très sage, très clément, est le Seigneur, le Créateur et notre Père, principe et fin, sagesse, puissance et amour, Dieu est tout. Tout ce qui existe en dehors de Dieu n’a de valeur qu’en référence à lui, qui est Créateur de toutes choses et Rédempteur des hommes. C’est donc lui qui nous manifeste sa volonté adorable par ses représentants sur terre et nous attire ainsi à lui, dans le but d’attirer aussi à lui par nous d’autres âmes et de les unir à lui par une plus grande charité.
Tu vois, frère, quelle est la dignité de notre condition, grâce à la miséricorde de Dieu. Par l’obéissance, nous dépassons pour ainsi dire les limites de notre petitesse, et nous nous conformons à la volonté divine qui nous guide par sa sagesse et sa prudence infinie pour que notre action soit bonne. Bien plus, en adhérant à sa divine volonté, à laquelle aucune chose créée ne peut résister, nous devenons plus forts que tout.
Voilà le sentier de la sagesse et de la prudence, voilà l’unique voie par laquelle nous puissions rendre la plus haute gloire à Dieu. S’il y avait une autre voie meilleure, à coup sûr le Christ nous l’aurait montrée par sa parole et son exemple. Mais la sainte Écriture a résumé les longues années de sa vie à Nazareth en ces mots : Et il leur était soumis ; elle a placé le reste de son existence pour ainsi dire sous le signe de l’obéissance en montrant qu’il est descendu sur terre pour faire la volonté du Père.
Aimons donc, aimons suprêmement le Père céleste très aimant, et que notre obéissance soit la preuve de cette charité parfaite qui trouvera surtout à s’exercer lorsque nous sera demandé le sacrifice de notre volonté propre. Ne connaissons pas de livre plus sublime que Jésus Christ crucifié, pour progresser dans l’amour de Dieu.
Nous obtiendrons tout cela plus facilement par la Vierge immaculée, à qui Dieu a bien voulu confier la dispensation de sa miséricorde. Il ne fait aucun doute que la volonté de Marie ne soit pour nous exactement la volonté de Dieu. Si nous nous consacrons à Dieu, nous devenons entre ses mains des instruments de la miséricorde divine, tout comme elle-même entre les mains de Dieu. Laissons-nous donc diriger par elle, laissons-nous conduire par sa main, soyons sous sa conduite tranquilles et confiants : elle s’occupera de tout pour nous, elle pourvoira à tout, elle subviendra promptement aux besoins du corps et de l’âme, elle écartera elle-même les difficultés et les angoisses.
D’UNE LETTRE DE SAINT MAXIMILIEN-MARIE KOLBE
« Son cœur est loin de moi »
La vie intérieure est une chose primordiale... La vie active est la conséquence de la vie intérieure et n'a de valeur que si elle en dépend. On voudrait tout faire le mieux possible, avec perfection. Mais si ce n'est pas relié à la vie intérieure, cela ne sert de rien. Toute la valeur de notre vie et de notre activité relève de la vie intérieure, la vie de l'amour de Dieu et de la Vierge Marie, l'Immaculée, pas de théories ni de douceurs, mais la pratique d'un amour qui consiste dans l'union de notre volonté à la volonté de l'Immaculée.
Avant tout et par-dessus tout, nous devons approfondir cette vie intérieure. S'il s'agit vraiment de la vie spirituelle, les moyens surnaturels sont nécessaires. La prière, la prière et seulement la prière est nécessaire pour entretenir la vie intérieure et son épanouissement ; le recueillement intérieur est nécessaire.
Ne soyons pas inquiets pour des choses sans nécessité, mais doucement et dans la paix, essayons de garder le recueillement de l'esprit et d'être prêts à la grâce de Dieu. Voilà pourquoi le silence nous aide.
Entretiens spirituels inédits (trad. Eds. Lethielleux)
« Ma mère et mes frères, ce sont ceux qui écoutent la parole de Dieu et qui la mettent en pratique » (Lc 8,21)
Dieu, dans ses œuvres, veut toujours se servir d'instruments... Dieu, qui nous a donné la volonté libre, veut que nous le servions librement en qualité d'instruments, par l'accord de notre volonté à la sienne, de la même manière que la Mère très sainte lorsqu'elle a dit : « Voici la servante du Seigneur, qu'il me soit fait selon ta parole ». La parole « qu'il me soit fait » doit toujours résonner sur nos lèvres, car entre la volonté de l'Immaculée et la nôtre, il doit exister une harmonie complète. Alors, que convient-il de faire ? Laissons-nous conduire par Marie, et nous n'aurons rien à craindre.
Conférence du 13/06/1933 (trad. Villepélée, Mission, Lethielleux 2003, p. 47)
« Gardez vos lampes allumées »
Que faut-il faire pour vaincre la faiblesse de l'âme ? Il y a deux moyens pour cela : la prière et le détachement de soi. Le Seigneur Jésus nous recommande de veiller. Il faut veiller si nous voulons que notre cœur soit pur, mais il faut veiller dans la paix pour que notre cœur soit touché. Car il peut être touché par des choses bonnes ou par des choses mauvaises, intérieurement ou extérieurement. Donc, il faut bien veiller.
Ordinairement l'inspiration de Dieu est une grâce discrète : il ne faut pas la rejeter... ; si notre cœur n'est pas attentif, la grâce se retire. L'inspiration divine est très précise ; tout comme l'écrivain dirige sa plume, ainsi la grâce de Dieu dirige l'âme. Essayons donc de parvenir à un plus grand recueillement intérieur.
Le Seigneur veut que nous ayons le désir de l'aimer. L'âme qui reste vigilante se rend compte qu'elle tombe et que, par elle-même, elle ne peut pas y arriver ; c'est pourquoi elle ressent le besoin de la prière. La supplication est fondée sur la certitude que nous ne pouvons rien faire par nous-mêmes, mais que Dieu peut tout. La prière est nécessaire pour obtenir la lumière et la force.
Conférence du 13/2/1941 (trad. Villepelée, Mission, Lethielleux 2003, rev)
« Voici ta mère » (Jn 19,27)
Efforçons-nous d'aimer le Seigneur Jésus avec le coeur de l'Immaculée, de le recevoir avec son coeur, de le louer avec ses attitudes à elle, de réparer, remercier, même si nous ne le comprenons pas, cependant c'est la réalité. C'est par son coeur, par ses attitudes que nous louons le Seigneur Jésus. Si vraiment c'est elle qui aime et glorifie Jésus par nous, alors nous sommes ses instruments.
Elle seule va nous apprendre comment aimer le Seigneur Jésus, bien mieux, sans comparaison, que tous les livres et tous les maîtres. Elle nous apprend à l'aimer comme elle l'aime. Et tout notre effort doit tendre à ce qu'elle seule aime le Seigneur Jésus avec notre coeur.
Seule l'âme possédée par l'amour de Dieu retire d'elle tout ce qui l'encombre. Tout se concentre sur l'amour de Dieu. Et maintenant qui donc aime plus Jésus pauvre et crucifié, dans la crèche, que la Mère très sainte ! Personne au monde, même parmi les anges, n'a aimé et n'aime aussi ardemment le Seigneur Jésus que la Mère de Dieu... L'Immaculée est l'épanouissement de l'amour divin dans nos âmes et le moyen de nous approcher du coeur de Jésus.
Conférences du 5/7/1936, 3 et 4/9/1937, 14/5/1936 (trad. Entretiens spirituels inédits, Lethieulleux 1974, p. 88)