Passioniste de Polynésie

Thérèse-Bénédicte de la Croix quelques écrits

Therese benedicte de la croixSainte Thérèse-Bénédicte de la Croix [Édith Stein] (1891-1942), carmélite, martyre, copatronne de l'Europe 

Liste des lectures 

 Il ne suffit pas de me dire : ' Seigneur, Seigneur '... mais il faut faire la volonté de mon Père 

Pour que, par lui, le monde soit sauvé

Il marchait avec eux 

C’est moi. Soyez sans crainte 

Les temps sont accomplis… Venez derrière moi

Ton Père voit ce que tu fais en secret 

Afin que tout homme qui croit obtienne par lui la vie éternelle

Moi, je suis la vigne, et vous, les sarments

La paix du Christ

 Voici l'époux ! Sortez à sa rencontre 

« Suis-moi »

Tu ne sais pas d'où il vient ni où il va

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Où veux-tu que nous fassions les préparatifs de ton repas pascal ? 

Le Notre Père et l'Eucharistie

Nous savons que son témoignage est vrai

Les Saints Innocents, pauvres comme le Christ pauvre

Saint Etienne offre sa vie, comme de l'or, à l'enfant Jésus

Ma mère et mes frères

Qu'il prenne sa croix, et qu'il me suive

Grand prêtre de la nouvelle Alliance

La lumière brille dans les ténèbres et les ténèbres ne l'ont pas arrêtée 

L'Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde

Quand tu pries, retire-toi au fond de ta maison

Le Défenseur que je vous enverrai d'auprès du Père, l'Esprit de vérité

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.......

 Père, Seigneur du ciel et de la terre, je proclame ta louange 

Si quelqu'un veut marcher derrière moi, qu'il renonce à lui-même, qu'il prenne sa croix et qu'il me suive

Obéissants au Père, à la suite du Fils

Jésus s'en alla dans la montagne pour prier Dieu

Seigneur, que je voie

Heureux est l'homme... qui se plaît dans la loi du Seigneur et médite sa loi jour et nuit

Me voici, je viens pour faire ta volonté

Therese benedicte de la croixSainte Thérèse-Bénédicte de la Croix [Édith Stein] (1891-1942), carmélite, martyre, copatronne de l'Europe 

« Il ne suffit pas de me dire : ' Seigneur, Seigneur '... mais il faut faire la volonté de mon Père »

« Que ta volonté soit faite. » Pris dans toute sa plénitude, cet acte d'abandon doit être la règle de la vie chrétienne. Il doit régir la journée, du matin au soir, le cours de l'année, la vie entière. Tel doit être l'unique souci du chrétien ; tous les autres sont pris en charge par le Seigneur, mais celui-là reste le nôtre jusqu'à notre dernier jour. C'est un fait objectif ; nous ne sommes pas définitivement assurés de toujours rester dans les voies du Seigneur...

Dans l'enfance de la vie spirituelle, quand nous avons juste commencé à nous laisser conduire par Dieu, nous sentons, forte et ferme, sa main qui nous guide ; nous voyons de façon évidente ce que nous devons faire et ce que nous devons laisser. Mais il n'en ira pas toujours de même. Celui qui appartient au Christ doit vivre toute la vie du Christ. Il doit mûrir jusqu'à atteindre l'âge adulte du Christ, et un jour entamer son chemin de croix... Ainsi uni au Christ, le chrétien tiendra bon, même dans la nuit obscure... C'est pourquoi, encore, et précisément au cœur de la nuit la plus obscure, « que ta volonté soit faite ».

Das Weihnachtsgeheimnis, 31/1/1931 (trad. La crèche, Ad Solem 1995, p.42)

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« Pour que, par lui, le monde soit sauvé »

…Devenu homme par amour des hommes, 
Il fit don de la plénitude de sa vie humaine 
aux âmes qu’Il s’est choisies. 
Lui qui a formé chaque cœur humain 
veut un jour manifester 

le sens secret de l’être de chacun 
par un nom nouveau que seul comprend celui qui le reçoit (Ap 2,17). 
Il s’est uni chacun des élus 
d’une manière mystérieuse et unique. 
Puisant de la plénitude de sa vie humaine, 
Il nous fit don 
de la croix. 

Qu’est-ce que la croix ? 
Le signe du plus grand opprobre. 
Celui qui entre en contact avec elle 
est rejeté d’entre les hommes. 
Ceux qui un jour L’ont acclamé 
se détournent de Lui avec effroi et ne Le connaissent plus. 
Il est livré sans défense à ses ennemis. 
Sur terre il ne lui reste rien d’autre 
que les souffrances, les tourments et la mort. 

Qu’est-ce que la croix ? 
Le signe qui indique le ciel. 
Bien au-dessus de la poussière et des brumes d’ici-bas 
elle se dresse haut, jusqu’en la pure lumière. 
Abandonne donc ce que les hommes peuvent prendre, 
ouvre les mains, serre-toi contre la croix : 
elle te porte alors 
jusqu’en la lumière éternelle. 

Lève les yeux vers la croix : 
elle étend ses poutres 
à la manière d’un homme qui ouvre les bras 
pour accueillir le monde entier. 
Venez tous, vous qui peinez sous le poids du fardeau (Mt 11,28) 
et vous aussi qui n’avez qu’un cri, sur la croix avec Lui. 
Elle est l’image du Dieu qui, crucifié, devint livide. 
Elle s’élève de la terre jusqu’au ciel, 
comme Celui qui est monté au ciel 
et voudrait nous y emporter tous ensemble avec Lui. 

Enlace seulement la croix, et tu le possèdes, Lui, 
le Chemin, la Vérité, la Vie (Jn 14,6). 
Si tu portes ta croix, c’est elle qui te portera, 
elle te sera béatitude.

Poésie « Signum Crucis », 16/11/1937 (trad. Malgré la nuit, Ad Solem 2002, p. 65) 

separ ecrit biblio« Il marchait avec eux »

      Le même Sauveur, que la Parole de l'Écriture nous met sous les yeux dans son humanité en nous le montrant sur tous les chemins qu'il a parcourus sur la terre, habite parmi nous caché sous l'apparence du pain eucharistique, il vient à nous tous les jours comme Pain de Vie. Dans ces deux aspects, il se fait proche de nous et sous ces deux aspects il désire que nous le cherchions et que nous le trouvions. L'un appelle l'autre. Lorsque nous voyons avec les yeux de la foi le Sauveur devant nous, comme l'Ecriture nous le dépeint, alors grandit notre désir de l'accueillir en nous dans le Pain de Vie. Le pain eucharistique à son tour avive notre désir de faire toujours plus profondément connaissance avec le Seigneur à partir de la Parole de l'Écriture, et donne des forces à notre esprit pour une meilleure compréhension.

Pour le 6 janvier 1941 (trad. Source cachée, Cerf 1999, p. 279)

separ ecrit biblio« C’est moi. Soyez sans crainte »

-- Seigneur, que les vagues sont hautes,
que la nuit est obscure !
Ne voudrais-tu pas l'éclairer
pour moi qui veille solitaire?

-- Tiens fermement le gouvernail,
garde confiance et reste calme.
Ta barque a du prix à mes yeux,
je veux la mener à bon port.

Garde bien sans défaillance
les yeux fixés sur le compas.
Il aide à parvenir au but
à travers nuits et tempêtes

L’aiguille du compas de bord
frémit mais se maintient.
Elle te montrera le cap
que je veux te voir prendre.

Garde confiance et reste calme :
à travers nuits et tempêtes
la volonté de Dieu, fidèle,
te guide, si ton coeur veille.

Poésie « Am Steuer » / « La Tempête », 1940 (trad. Malgré la nuit, Ad Solem 2002, p. 49)

separ ecrit biblio« Les temps sont accomplis… Venez derrière moi »

      L’enfant de la crèche est le Roi des rois, celui qui règne sur la vie et la mort. Il dit : « Suis-moi », et qui n’est pas pour lui est contre lui (Lc 11,23). Il le dit aussi pour nous et nous place devant le choix entre lumière et ténèbres. Nous ignorons où l'Enfant divin veut nous conduire sur cette terre, et nous n'avons pas à le demander avant le temps. Tout ce que nous savons, c'est que pour ceux qui aiment le Seigneur toute chose aboutit au bien (Rm 8,28), et que les chemins tracés par le Seigneur mènent au-delà de cette terre.

      En prenant un corps, le Créateur du genre humain nous offre sa divinité. Dieu s'est fait homme pour que les hommes puissent devenir fils de Dieu. « O admirable échange ! » C'est pour cette oeuvre que le Sauveur est venu dans le monde. Un d'entre nous avait rompu le lien de notre filiation à Dieu ; l'un d'entre nous devait le renouer et expier la faute. Aucun rejeton de la vieille souche, malade et dégénérée, n'aurait pu le faire ; il fallait que sur ce tronc soit greffé un plant nouveau, sain et noble. Il est ainsi devenu l'un de nous et en même temps plus que cela : un avec nous. C'est bien là ce qu'il y a de merveilleux dans le genre humain : que nous soyons tous un… Il est venu pour former avec nous un corps mystérieux : lui le Chef, la tête, et nous ses membres (Ep 5,23.30).

      Si nous acceptons de mettre nos mains dans celles de l'Enfant divin, si nous répondons « Oui » à son « Suis-moi », alors nous sommes siens et la voie est libre pour que passe en nous sa vie divine. Tel est le commencement de la vie éternelle en nous. Ce n'est pas encore la vision béatifique dans la lumière de gloire, c'est encore l'obscurité de la foi ; mais ce n’est plus l'obscurité de ce monde -- c'est être déjà dans le Royaume de Dieu. 

Das Weihnachtsgeheimnis (trad. La Crèche et la croix, Ad Solem 1995, p. 35)

separ ecrit biblio« Ton Père voit ce que tu fais en secret »

      Il n'est pas question de concevoir la prière intérieure, libre de toutes formes traditionnelles, comme une piété simplement subjective et de l'opposer à la liturgie, qui serait la prière objective de l'Église. Toute prière véritable est prière de l'Eglise ; à travers toute prière véritable, il se passe quelque chose dans l'Eglise et c'est l'Eglise elle-même qui prie car c'est l'Esprit Saint vivant en elle qui, en chaque âme unique, « intervient pour nous par des cris inexprimables » (Rm 8,26). Et voilà justement la prière véritable, car « sans le Saint Esprit, personne n'est capable de dire ‘ Jésus est le Seigneur ’ » (1Co 12,3). Que serait la prière de l'Église si elle n'était pas l'offrande de ceux qui, brûlant d'un grand amour, se donnent au Dieu qui est amour ?

      Le don de soi à Dieu, par amour et sans limite, et le don divin en retour, l'union pleine et constante, est la plus haute élévation du coeur qui nous soit accessible, le plus haut degré de la prière. Les âmes qui l'ont atteint sont en vérité le coeur de l’Eglise ; en elles vit l'amour de Jésus grand prêtre. Cachées en Dieu avec le Christ (Col 3,3), elles ne peuvent que rayonner dans d'autres coeurs l'amour divin dont elles sont remplies et concourir ainsi à l'accomplissement de l'unité parfaite de Jésus tous en Dieu, ce qui était et demeure le grand désir de Jésus.

La Prière de l’Eglise (trad. Source cachée, Cerf 1999, p. 70)

separ ecrit biblio« Afin que tout homme qui croit obtienne par lui la vie éternelle »

Mon Seigneur et mon Dieu,
tu m'as guidée sur un long chemin obscur, pierreux et dur.
Mes forces semblaient souvent vouloir m'abandonner,
je n'espérais presque plus voir un jour la lumière.
Mon coeur se pétrifiait dans une souffrance profonde
quand la clarté d'une douce étoile se leva à mes yeux.
Fidèle, elle me guida et je la suivis
d'un pas d'abord timide, plus assuré ensuite.
J'arrivai enfin devant la porte de l’Eglise.
Elle s'ouvrit. Je demandai à entrer.
Ta bénédiction m'accueille par la bouche de ton prêtre.
A l'intérieur des étoiles se succèdent,
des étoiles de fleurs rouges qui me montrent le chemin jusqu'à toi…
Et ta bonté permet qu'elles m'éclairent dans mon chemin vers toi.
Le mystère qu'il me fallait garder caché au profond de mon coeur,
je peux désormais l'annoncer à haute voix :
Je crois, je confesse ma foi !
Le prêtre me conduit aux marches de l'autel,
j'incline le front,
l'eau sainte coule sur ma tête.

Seigneur, est-il possible à quelqu'un de renaître
une fois écoulée la moitié de sa vie ? (Jn 3,4)
Tu l'as dit, et c'est pour moi devenu réalité.
Le poids des fautes et des peines de ma longue vie m'a quittée.
Debout, j'ai reçu le manteau blanc placé sur mes épaules,
symbole lumineux de la pureté !
J'ai porté à la main le cierge dont la flamme annonce
qu'en moi brûle ta vie sainte.
Mon coeur est désormais devenu la crèche qui attend ta présence.
Pour peu de temps !
Marie, ta mère, qui est aussi la mienne, m'a donné son nom.
A minuit elle dépose en mon coeur son enfant nouveau-né.
Oh! nul coeur humain ne peut concevoir
ce que tu prépares à ceux qui t'aiment (1Co 2,9).
Tu es à moi désormais et jamais plus je ne te quitterai.
Où que puisse aller la route de ma vie, tu es auprès de moi.
Rien jamais ne pourra me séparer de ton amour (Rm 8,39). 

Poésie « Heilige Nacht » (trad. Malgré la nuit, Ad Solem 2002, p.21)

separ ecrit biblio« Moi, je suis la vigne, et vous, les sarments »

      En ce qui concerne l’Eglise, la conception la plus accessible à l'esprit humain est celle d'une communauté de croyants. Quiconque croit en Jésus Christ et en son Évangile et espère en l'accomplissement de ses promesses, quiconque lui est attaché par un sentiment d'amour et obéit à ses commandements, doit être uni à tous ceux qui partagent le même esprit par une profonde communion spirituelle et un attachement d'amour. Ceux qui ont suivi le Seigneur pendant son séjour sur terre étaient les jeunes premières pousses de la communauté chrétienne ; ce sont eux qui l’ont répandue et qui ont transmis en héritage dans la suite des temps et jusqu'à nos jours les richesses de foi d'où ils tiraient leur cohésion.

      Mais même une communauté humaine naturelle peut être déjà bien plus qu’une simple association d'individus distincts, elle peut être une entente étroite allant jusqu'à l’unité organique ; ceci est encore plus vrai de la communauté surnaturelle de l’Église. L’union de l'âme avec le Christ est autre chose que la communion entre deux personnes terrestres ; cette union, commencée par le baptême et constamment renforcée par les autres sacrements, est une intégration et une poussée de sève -- comme nous le dit le symbole de la vigne et du cep. Cet acte d'union avec le Christ entraîne un rapprochement de membre à membre entre tous les chrétiens. Ainsi l’Église prend la figure du corps mystique du Christ. Ce corps est un corps vivant et l'esprit qui l'anime est l’Esprit du Christ qui, partant de la tête, s'écoule vers tous les membres (Ep 5,23.30); l'esprit qui émane du Christ est le Saint Esprit et l'Église est donc le temple du Saint Esprit (Ep 2,21-22).

La Femme et sa destinée, recueil de six conférences (trad. Amiot, Paris 1956, p. 124 ; cf Orval)

separ ecrit biblioLa paix du Christ

« La paix soit avec vous » (Lc 24,36) : 
C’est la salutation pascale du Ressuscité : « Pax vobis. » 
Pour apporter la paix au monde il s’est fait homme, 
Elle a été annoncée par les anges sur la campagne de Bethléem. 


La paix, abri très sûr dans le sein du Père éternel : 
Tu l’avais, Seigneur, quand tu étais pèlerin sur la terre, 
Et ta mère aussi, puisque son cœur ne faisait qu'un avec le tien. 
Tu as glorifié ton Père au plus haut des cieux 
Pour qu’il dirige à nouveau son regard vers la terre 
Et que la paix advienne aussi pour ceux qui en sont dépourvus. 
Mais cela s’est accompli seulement par ta mort. 
Quand au prix de ton sang tu as accompli l’œuvre de la réconciliation 
Et remis ton esprit dans les mains du Père, 
Alors il s’est penché vers les tiens 
Et les a emportés avec toi en son sein. 
Le fleuve de paix jaillit, pour ne jamais tarir, 
Son chemin passe par le cœur de ta mère : 
Elle le dirige de ses douces mains vers les hommes. 


C’est toi, Reine de la paix, qui as bâti notre maison 
Pour qu'elle devienne un lieu de paix. 
Les cœurs de tes enfants doivent devenir des coupes 
Qui débordent de la rosée du ciel 
Et donner fécondité aux terres arides.

 Poésie « Pax vobis », 13/04/1941 (trad. composite) 

separ ecrit biblio« Voici l'époux ! Sortez à sa rencontre »

            L'union de l'âme avec le Christ est autre chose que la communion entre deux personnes terrestres : commencée par le baptême et constamment renforcée les autres sacrements, elle est une intégration et une poussée de sève –- comme nous le dit déjà le symbole de la vigne et du cep (Jn 15). Cet acte d'union avec le Christ entraîne un rapprochement de membre à membre entre tous les chrétiens. Ainsi l'Eglise prend la figure du corps mystique du Christ. Ce corps est un corps vivant et l'esprit qui l'anime est l'esprit du Christ qui, partant de la tête, s'écoule vers tous les membres ; l'esprit qui émane du Christ est le Saint Esprit et l'Eglise est donc le temple du Saint Esprit (cf 1Co 6,19).

            Mais, malgré la réelle unité organique de la tête et du corps, l'Eglise se tient à côté de Christ comme une personne indépendante. Et tant que Fils du Père éternel, le Christ vivait avant le commencement des temps et avant toute existence humaine. Par l'acte de la création, l'humanité vivait avant que le Christ ne prenne sa nature et ne soit intégré à elle. Par son incarnation, il lui a apporté sa vie divine. Par son œuvre de rédemption, il l'a rendu capable de recevoir la grâce... La cellule primitive de cette humanité rachetée, c'est Marie : c'est en elle que s'accomplit pour la première fois la purification et la sanctification par le Christ, c'est elle la première qui a été remplie de l'Esprit Saint. Avant que le Fils de Dieu soit né de Sainte Vierge, il a créé cette Vierge pleine de grâce et, en elle et avec elle, l'Eglise. C'est pourquoi, créature distincte de lui, elle se tient à ses côtés bien qu'indissolublement liée à lui.

            Toute âme purifiée par le baptême et élevée à l'état de grâce est, par là même, créée par le Christ et née pour le Christ. Mais elle est créée dans l'Eglise et elle naît par l'Eglise... Ainsi l'Eglise est la mère de tous ceux à qui s'adresse la rédemption. Elle l'est par son union intime avec le Christ, et parce qu'elle se tient à ses côtés en qualité de Sponsa Christi, Epouse du Christ, pour collaborer à son œuvre de rédemption. 

La Femme et sa destinée (trad. Amiot-Dumont 1956, p. 124)

separ ecrit biblio« Suis-moi »

            Le Sauveur nous a précédés sur le chemin de la pauvreté. Tous les biens du ciel et de la terre lui appartenaient. Ils ne présentaient pour lui aucun danger ; il pouvait en faire usage tout en gardant son cœur entièrement libre. Mais il savait qu'il est presque impossible à un être humain de posséder des biens sans s'y subordonner et en devenir esclave. C'est pourquoi il a tout abandonné et nous a montré ainsi par son exemple plus encore que par ses paroles que seul possède tout celui qui ne possède rien. Sa naissance dans une étable et sa fuite en Egypte montraient déjà que le Fils de l'homme ne devait pas avoir d'endroit où reposer la tête. Qui veut le suivre doit savoir que nous n'avons pas ici-bas de demeure permanente. Plus vivement nous en prendrons conscience, plus ardemment nous tendrons vers notre demeure future et nous exulterons à la pensée que nous avons droit de cité au ciel. 

Méditation pour la fête de l'Exaltation de la croix (trad. Source cachée, Cerf 1999, p. 277)

separ ecrit biblio« Tu ne sais pas d'où il vient ni où il va »

Qui es-tu, douce lumière qui me combles
et illumines les ténèbres de mon coeur ?
Tu me guides comme la main d'une mère,
et si tu me lâchais,
je ne pourrais plus faire un seul pas.
Tu es l'espace
qui enveloppe mon être et l'abrite en toi.
Abandonné de toi, il sombrerait dans le gouffre du néant
d'où tu l'as tiré pour l'élever vers la lumière.
Toi, plus proche de moi
que je ne le suis de moi-même,
plus intime que le tréfonds de mon âme,
et cependant insaisissable et ineffable,
au-delà de tout nom,
Esprit Saint, Amour éternel!

N'es-tu pas la douce manne
qui du coeur du Fils
déborde dans le mien,
la nourriture des anges et des bienheureux ?
Lui qui s'est relevé de la mort à la vie
m'a éveillée moi aussi du sommeil de la mort à une vie nouvelle.
Et jour après jour
il continue de me donner une nouvelle vie,
dont un jour la plénitude m'inondera tout entière,
vie issue de ta vie, oui, toi-même,
Esprit Saint, Vie éternelle! 

Poésie Pentecôte 1942 (trad. Malgré la nuit, Ad solem 2002, p. 121)

 

 

Therese benedicte de la croixSainte Thérèse-Bénédicte de la Croix [Édith Stein] (1891-1942), carmélite, martyre, copatronne de l'Europe
 

« Où veux-tu que nous fassions les préparatifs de ton repas pascal ? »

      Nous savons par les récits évangéliques que le Christ a prié comme un juif croyant et fidèle à la Loi... Il prononça les vieilles prières de bénédiction, que l'on récite encore aujourd'hui, pour le pain, le vin et les fruits de la terre, comme en témoignent les récits de la dernière Cène, toute consacrée à l'accomplissement d'une des plus saintes obligations religieuses : le solennel repas de la Pâque, qui commémorait la délivrance de la servitude d'Égypte. Peut-être est-ce là que nous est donnée la vision la plus profonde de la prière du Christ, et comme la clef qui nous introduit dans la prière de toute l'Église...

      La bénédiction et le partage du pain et du vin faisaient partie du rite du repas pascal. Mais l'un et l'autre reçoivent ici un sens entièrement nouveau. Là prend naissance la vie de l'Église. Sans doute est-ce seulement à la Pentecôte qu'elle naît comme communauté spirituelle et visible. Mais ici, à la Cène, s'accomplit la greffe du sarment sur le cep qui rend possible l'effusion de l'Esprit. Les anciennes prières de bénédiction sont devenues dans la bouche du Christ paroles créatrices de vie. Les fruits de la terre sont devenus sa chair et son sang, remplis de sa vie... La Pâque de l'ancienne Alliance est devenue la Pâque de l'Alliance nouvelle.

La Prière de l'Église (trad. Paris 1955, p. 19-22; cf Source cachée, p. 54)

separ ecrit biblioLe Notre Père et l'Eucharistie

      Tout ce dont nous avons besoin pour être reçus dans la communion des esprits bienheureux est résumé dans les sept demandes du Notre Père que le Seigneur a prié non pas en son nom propre mais pour nous servir d'exemple. Nous le disons avant la sainte communion et, chaque fois que nous le prions en toute sincérité et de tout notre coeur et que nous recevons la sainte communion dans la disposition d'une âme droite, elle nous apporte alors l'exaucement de toutes nos demandes.

      Cette communion nous délivre du mal parce qu'elle nous purifie de toute offense commise et qu'elle nous donne la paix du coeur qui ôte à tous les autres maux leur aiguillon. Elle nous apporte le pardon des péchés commis et nous affermit contre les tentations. Elle est elle-même le pain de la vie, dont nous avons besoin chaque jour, pour croître jusqu'à notre entrée dans la vie éternelle. Elle fait de notre volonté un instrument docile de la volonté de Dieu. Par là, elle pose les fondations du Royaume de Dieu en nous et purifie nos lèvres et notre coeur pour que nous puissions glorifier le saint Nom de Dieu. 

La Prière de l'Église (trad. Source cachée, Cerf 1999, p. 60)

separ ecrit biblio« Nous savons que son témoignage est vrai »

      Près de sa crèche, le Sauveur désire également la présence de celui qui lui était particulièrement cher pendant sa vie : Jean, le disciple que Jésus aimait (Jn 13,23). Nous le connaissons bien comme figure de la pureté virginale. Parce qu'il était pur, il a plu au Seigneur. Il a pu reposer sur le Cœur de Jésus et y être initié aux mystères du Cœur divin (Jn 13,25). Comme le Père céleste a rendu témoignage à son Fils en proclamant : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, écoutez-le » (Mc 9,7), de même l'Enfant divin semble aussi nous désigner son disciple bien-aimé et nous dire : « Nul encens ne m'est plus agréable qu'un cœur pur qui se donne avec amour. Écoutez celui qui a pu voir Dieu parce qu'il avait un cœur pur » (Mt 5,8).

      Nul n'a pu plonger plus profondément que lui dans la contemplation des abîmes cachés de la vie divine. C'est pourquoi il nous annonce le mystère de l'engendrement éternel du Verbe divin... Il a partagé les combats de son Seigneur comme seule peut le faire une âme qui aime d'un amour sponsal... Il nous a fidèlement conservé et transmis les témoignages que le Sauveur rendait lui-même à sa propre divinité devant ses amis et ses ennemis... Par lui nous savons à quelle participation à la vie du Christ et à la vie du Dieu-Trinité nous sommes destinés...

      La présence de Jean à la crèche du Seigneur nous dit : voyez ce qui est préparé pour ceux qui s'offrent à Dieu d'un cœur pur. Toute la plénitude inépuisable de la vie à la fois humaine et divine de Jésus leur est royalement accordée en échange. Venez et buvez aux sources de l'eau de la vie, que le Seigneur fait couler pour les assoiffés et qui jaillissent en vie éternelle (Jn 7,37; 4,14). Le Verbe est devenu chair et il est couché devant nous sous l'aspect d'un enfant nouveau-né.

Méditation pour le 6 janvier 1941 (trad. Source cachée, Cerf 1999, p. 272-3)

separ ecrit biblioLes Saints Innocents, pauvres comme le Christ pauvre

      Non loin d'Etienne, le premier des martyrs, se tiennent les « flores martyrum », les fleurs des martyrs, les tendres bourgeons arrachés avant d'être mûrs pour s'offrir eux-mêmes. Selon une pieuse tradition, la grâce a devancé le développement naturel de ces enfants innocents et leur a donné la compréhension de ce qui leur arrivait afin de les rendre capables d'un don libre d'eux-mêmes et de leur assurer la récompense réservée aux martyrs. Mais même ainsi, ils ne ressemblent guère au confesseur de la foi parvenu à l'âge d'homme qui s'engage avec un courage héroïque pour la cause du Christ. Livrés sans défense, ils ressemblent bien plus aux « agneaux conduits à l'abattoir » (Is 53,7; Ac 8,32).

      C'est ainsi qu'ils sont l'image de la plus extrême pauvreté. Ils ne possèdent nul autre bien que leur vie. Et maintenant elle leur est prise aussi et cela s'accomplit sans qu'ils résistent. Ils entourent la crèche pour nous montrer de quelle nature est la myrrhe que nous devons offrir à l'Enfant divin : celui qui veut lui appartenir totalement doit se livrer à lui dans un total dessaisissement de soi-même et s'abandonner au bon vouloir divin comme ces enfants

Méditation pour le 6 janvier 1941 (trad. Source cachée, p. 271)

separ ecrit biblioSaint Etienne offre sa vie, comme de l'or, à l'enfant Jésus

      Tout près du Sauveur nouveau-né, nous voyons saint Étienne. Qu'est-ce qui a valu cette place d'honneur à celui qui le premier a rendu au Crucifié le témoignage du sang ? Il a accompli dans son ardeur juvénile ce que le Seigneur a déclaré en entrant dans le monde : « Tu m'as donné un corps. Me voici, je viens faire ta volonté » (He 10,5-7). Il a pratiqué l'obéissance parfaite, qui plonge ses racines dans l'amour et s'extériorise dans l'amour.

      Il a marché sur les traces du Seigneur en ce qui, selon la nature, est peut-être pour le coeur humain le plus difficile, qui semble même impossible : comme le Sauveur lui-même, il a accompli le commandement de l'amour des ennemis. L'Enfant dans la crèche, qui est venu pour accomplir la volonté de son Père jusqu'à la mort sur la croix, voit en esprit devant lui tous ceux qui le suivront sur cette voie. Il aime ce jeune homme qu'il attendra un jour pour le placer le premier près du trône du Père, une palme à la main. Sa petite main nous le désigne comme modèle, comme s'il nous disait : Voyez l'or que j'attends de vous.

Méditation pour le 6 janvier 1941 (trad. Source cachée, p. 271)

separ ecrit biblio« Ma mère et mes frères »

      Malgré l'unité organique réelle de la tête et du corps, l'Église se tient à côté du Christ comme une personne indépendante. En tant que Fils du Père éternel, le Christ vivait avant le commencement des temps et avant toute existence humaine. Ensuite, par l'acte de la création, l'humanité vivait avant que le Christ n'ait pris sa nature et ne se soit intégré à elle. Mais par son Incarnation, il lui a apporté sa vie divine ; par son oeuvre de rédemption, il l'a rendu capable de recevoir la grâce si bien qu'il l'a recréé une deuxième fois... L'Église est l'humanité rachetée, nouvellement créée de la substance même du Christ.

      La cellule primitive de cette humanité rachetée, c'est Marie ; c'est en elle que s'est accompli pour la première fois la purification et la sanctification par le Christ, c'est elle la première qui a été remplie de l'Esprit Saint. Avant que le Fils de Dieu soit né de la Sainte Vierge, il a créé cette Vierge pleine de grâce et, en elle et avec elle, l'Église...

      Toute âme purifiée par le baptême et élevée à l'état de grâce est, par là même, créée par le Christ et née pour le Christ. Mais elle est créée dans l'Église et elle naît par l'Église... Ainsi l'Église est la mère de tous ceux à qui s'adresse la rédemption. Elle l'est par son union intime avec le Christ, et parce qu'elle se tient à ses côtés en qualité d'Épouse du Christ pour collaborer à son oeuvre de rédemption. 

La Femme et sa destinée (trad. Amiot-Dumont, 1956, p. 126 ; cf  Orval)

separ ecrit biblio« Qu'il prenne sa croix, et qu'il me suive »

      L'union avec le Christ est notre béatitude et l'approfondissement de notre union avec lui fait notre bonheur ici-bas. L'amour de la croix ne se trouve donc nullement en contradiction avec notre joie d'être enfants de Dieu. Aider à porter la croix du Christ donne une allégresse forte et pure à ceux qui y sont appelés et qui le peuvent ; ceux qui participent ainsi à l'édification du Royaume de Dieu sont vraiment les enfants de Dieu. Ainsi, une prédilection pour le chemin de la croix ne signifie pas non plus que l'on répugne à voir le Vendredi saint passé et l'oeuvre de la Rédemption accomplie. Seuls des rachetés, seuls des enfants de la grâce peuvent vraiment porter la croix du Christ. Ce n'est que de l'union avec la Tête divine que la souffrance humaine reçoit sa puissance rédemptrice.

      Souffrir et être bienheureux dans la souffrance, se tenir debout sur la terre, aller de par les chemins poussiéreux et caillouteux de cette terre tout en siégeant avec le Christ à la droite du Père (cf Col 3,1), rire et pleurer avec les enfants de ce monde sans cesser de chanter avec les choeurs angéliques la louange de Dieu, voilà la vie du chrétien, jusqu'à ce que se lève l'aurore de l'éternité.

L'Expiation mystique / Amour de la Croix, 24/11/1934 (trad. Source cachée, 1999, p. 234)

separ ecrit biblioGrand prêtre de la nouvelle Alliance

      Toute âme humaine est en elle-même un temple de Dieu : voilà ce qui nous ouvre une perspective vaste et toute nouvelle. La vie de prière de Jésus est la clé pour comprendre la prière de l'Église. Le Christ a participé au service divin de son peuple, accompli [au Temple] de manière publique et suivant les prescriptions de la Loi... Il a établi la plus étroite relation entre cette liturgie et l'offrande de sa propre personne, et il lui a ainsi donné son sens plénier et véritable, celui d'un hommage d'action de grâce de la création envers son Créateur. Par là même, il a mené la liturgie de l'ancienne Alliance à s'accomplir en celle de la nouvelle Alliance.

      Mais Jésus n'a pas seulement pris part au service divin public prescrit par la Loi. Les évangiles font des références plus nombreuses encore à sa prière solitaire dans le silence de la nuit, sur les sommets sauvages des montagnes, dans les endroits déserts (Mt 14,23; Mc 1,35). Quarante jours et quarante nuits de prière ont précédé la vie publique de Jésus (Mt 4,1s). Il s'est retiré dans la solitude de la montagne pour prier avant de choisir ses douze apôtres (Lc 6,12) et de les envoyer en mission. À l'heure du mont des Oliviers, il s'est préparé à aller jusqu'au Golgotha. Le cri qu'il a poussé vers le Père en cette heure la plus pénible de sa vie nous est dévoilé en quelques brèves paroles. Là ses paroles...sont comme un éclair qui illumine pour nous un instant la vie la plus intime de l'âme de Jésus, le mystère insondable de son être d'homme-Dieu et de son dialogue avec le Père.

      Ce dialogue a certainement duré toute sa vie, sans jamais s'interrompre. Le Christ priait intérieurement non seulement lorsqu'il se retirait à l'écart de la foule mais aussi lorsqu'il demeurait parmi les hommes. 

La Prière de l'Église (trad. Source cachée, Cerf 1999, p. 61s)

separ ecrit biblio« La lumière brille dans les ténèbres et les ténèbres ne l'ont pas arrêtée » (Jn 1,5)

      L'enfant de la crèche tend ses petites mains, et son sourire semble déjà exprimer ce que les lèvres de l'homme prononceront plus tard : « Venez à moi, vous tous qui peinez et êtes accablés » (Mt 11,28)... « Suis-moi ! » disent les mains de l'enfant, comme le diront plus tard les lèvres de l'homme. Ainsi ont-elles appelé le jeune disciple que le Seigneur aimait et qui, lui aussi, fait maintenant partie du cortège de la crèche. Saint Jean, jeune homme au cœur pur, est parti sans demander : où ? ni pourquoi ? Il a abandonné la barque de son père (Mt 4,22) et a suivi le Maître sur tous ses chemins, jusqu'au Golgotha (Jn 19,26).

      « Suis-moi ! » Cet appel, le jeune Étienne l'a entendu aussi. Il a suivi le maître dans son combat contre les puissances des ténèbres, contre l'aveuglement et le refus obstiné de croire, et il a témoigné pour lui, par sa parole et par son sang. Il a marché selon son esprit, l'esprit d'amour qui combat le péché mais aime le pécheur, et qui, jusque dans la mort, défend le meurtrier en face de Dieu.

      Ceux qui s'agenouillent autour de la crèche sont des fils de lumière : frêles saints Innocents, bergers pleins de foi, rois humbles, Étienne, le disciple ardent, et Jean, l'apôtre de l'amour, eux tous qui ont suivi l'appel du Maître. En face d'eux, dans la nuit de l'endurcissement inconcevable et de l'aveuglement, se tiennent les docteurs de la Loi qui, sachant en quel temps et en quel lieu naîtrait le Sauveur (Mt 2,5), ne sont pourtant pas partis à Bethléem, et le roi Hérode qui a voulu faire mourir le Maître de la vie. Devant l'enfant de la crèche, les esprits se divisent. Il est le Roi des rois, le Maître de la vie et de la mort. Il dit : « Suis-moi » et qui n'est pas pour lui est contre lui (Mt 12,30). Il nous le dit à nous aussi et nous met en demeure de choisir entre la lumière et les ténèbres.

Das Weihnachtsgeheimnis (trad. Le Mystère de Noël, Orante 1955, p. 29-34 rev.)

separ ecrit biblio« L'Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde »

       Dans l'Apocalypse, l'apôtre Jean écrit : « Voici ce que j'ai vu : en face du trône...il y avait un Agneau, il se tenait debout et il était comme immolé » (Ap 5,6). Tandis qu'il contemplait cette vision, un souvenir demeurait encore bien vivant en lui : celui du jour inoubliable où, au bord du Jourdain, Jean le Baptiste avait désigné Jésus comme « l'Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde »... 

      Mais pourquoi le Seigneur lui-même avait-il choisi l'agneau pour être son symbole par excellence ? Pourquoi se montrait-il encore sous cette apparence sur le trône éternel de la gloire ? Parce qu'il était innocent comme un agneau et humble comme un agneau, et parce qu'il était venu pour « se laisser mener à l'abattoir comme un agneau » (Is 53,7). Cela aussi l'apôtre Jean l'avait contemplé, quand le Seigneur s'était laissé lier les mains au jardin des Oliviers et s'était laissé clouer sur la croix au Golgotha. Là, au Golgotha, le vrai sacrifice de la réconciliation avait été accompli. Les anciens sacrifices en avaient perdu leur force et, comme l'ancien sacerdoce, ils ont cessé bientôt lorsque le Temple a été détruit. Tout cela Jean l'avait vécu. C'est pourquoi il ne s'est pas étonné de voir l'Agneau sur le trône...

     Comme l'Agneau devait être tué pour être élevé sur le trône de la gloire, ainsi pour tous ceux qui sont choisis pour « le repas de noce de l'Agneau » (Ap 19,9) le chemin vers la gloire passe par la souffrance et par la croix. Ceux qui veulent s'unir à l'Agneau doivent se laisser fixer avec lui à la croix. Tous ceux qui sont marqués du sang de l'Agneau (cf Ex 12,7) y sont appelés, et ce sont tous les baptisés. Mais tous ne comprennent pas l'appel et tous ne le suivent pas. 

Les Noces de l'Agneau, 14/09/1940 (trad. Source cachée, Cerf 1999, p. 260)

separ ecrit biblio« Quand tu pries, retire-toi au fond de ta maison »

      Tout est un pour ceux qui sont parvenus à l'unité profonde de la vie divine : le repos et l'action, contempler et agir, se taire et parler, écouter et s'ouvrir, recevoir en soi le don de Dieu et rendre l'amour à flots dans l'action de grâces et la louange... Il nous faut pendant des heures écouter en silence, laisser la parole divine s'épanouir en nous jusqu'à ce qu'elle nous incite à louer Dieu dans la prière et le travail.

      Les formes traditionnelles nous sont nécessaires aussi et nous devons participer au culte public ainsi que l'ordonne l'Eglise, pour que notre vie intérieure s'éveille, reste dans la voie droite et trouve l'expression qui lui convient. La louange solennelle de Dieu doit avoir ses sanctuaires sur la terre afin d'être célébrée avec toute la perfection dont les hommes sont capables. De là, au nom de la sainte Eglise, elle peut monter vers le ciel, agir sur tous ses membres, éveiller leur vie intérieure et stimuler leur effort fraternel. Mais pour que ce chant de louange soit vivifié de l'intérieur, encore faut-il qu'il y ait dans ces lieux de prière des temps réservés à l'approfondissement spirituel dans le silence ; sinon, cette louange dégénérerait en un balbutiement des lèvres dépouillé de vie. C'est grâce à ces foyers de vie intérieure que ce danger est écarté ; les âmes peuvent y méditer devant Dieu dans le silence et la solitude, afin d'être au coeur de l'Eglise les chantres de l'amour qui vivifie tout. 

La Prière de l'Eglise (trad. Eds de l'Orante 1955, p. 55)

separ ecrit biblio« Le Défenseur que je vous enverrai d'auprès du Père, l'Esprit de vérité »

Qui es-tu, douce lumière ?...
Es-tu le rayon jaillissant comme l'éclair
depuis le trône élevé du Juge éternel,
pénétrant comme un voleur dans la nuit de l'âme
qui s'ignorait elle-même ? (Lc 12,39)
Miséricordieux, impitoyable aussi,
tu pénètres jusqu'en ses profondeurs cachées.
L'âme est effrayée de ce qu'elle voit d'elle-même
et se garde ainsi dans une crainte sacrée
devant le commencement de toute sagesse
qui vient d'en haut
et nous ancre solidement en haut,
devant ton action qui nous crée à nouveau,
Saint Esprit, rayon que rien n'arrête !

Es-tu la plénitude d'esprit et de puissance
qui permet à l'Agneau de rompre les scellés
du décret éternel de Dieu ? (Ap 5,7)
Sur ton ordre les messagers du jugement
chevauchent de par le monde entier et séparent,
du tranchant de l'épée, le Royaume de lumière
de celui de la nuit (Ap 6,2s).
Les cieux seront nouveaux et la terre nouvelle (Ap 21,1),
et tout retrouvera alors sa juste place
par ton souffle léger :
Saint Esprit, puissance victorieuse ! 

Poésie, Pentecôte 1937/1942 (trad. Malgré la nuit, Ad solem 2002, p. 123)

 

Therese benedicte de la croix

Sainte Thérèse-Bénédicte de la Croix [Édith Stein] (1891-1942), carmélite, martyre, copatronne de l'Europe

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« Père, Seigneur du ciel et de la terre, je proclame ta louange »

Lorsque le Seigneur a pris la coupe, il a rendu grâce (Mt 26,27) ; nous pouvons songer là aux paroles de bénédiction qui expriment certes une action de grâce envers le Créateur, mais nous savons aussi que le Christ avait coutume de rendre grâce chaque fois qu'avant d'accomplir un miracle il levait les yeux vers le Père des cieux (Jn 11,41). Il rend grâce parce que d'avance il se sait exaucé. Il rend grâce pour la puissance divine qu'il porte en lui et par laquelle il va manifester aux yeux des hommes la toute-puissance du Créateur. Il rend grâce pour l'œuvre de rédemption qu'il lui est donné d'opérer, et il rend grâce par cette œuvre qui est elle-même glorification du Dieu Trinité de qui elle renouvelle en sa pure beauté l'image défigurée. 

Ainsi, le sacrifice éternellement actuel du Christ, sur la croix, au cours de la sainte messe et dans la gloire éternelle du ciel, peut se comprendre comme une seule immense action de grâce — c'est le sens du mot « eucharistie » — comme action de grâce pour la création, la rédemption et l'achèvement final. Il s'offre lui-même au nom de tout l'univers créé dont il est le modèle originel et dans lequel il est descendu pour le renouveler de l'intérieur et le conduire à son achèvement. Mais il appelle aussi tout ce monde créé à présenter avec lui au Créateur l'hommage d'action de grâce qui lui revient.

La Prière de l'Église (trad. Source cachée, Cerf 1999, p. 57) 

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« Si quelqu'un veut marcher derrière moi, qu'il renonce à lui-même, qu'il prenne sa croix et qu'il me suive »

Sur le chemin de la croix, le Sauveur n'est pas seul, et il n'est pas entouré que d'ennemis qui le harcèlent. Il y a aussi la présence des êtres qui le soutiennent : la Mère de Dieu, modèle de ceux qui, en tout temps, suivent l'exemple de la croix ; Simon de Cyrène, symbole de ceux qui acceptent une souffrance imposée et qui, dans cette acceptation, sont bénis ; et Véronique, image de ceux que l'amour porte à servir le Seigneur. Chaque homme qui, dans la suite des temps, a porté un lourd destin en se souvenant de la souffrance du Sauveur ou qui a librement fait œuvre de pénitence a racheté un peu de l'énorme dette de l'humanité et a aidé le Seigneur à porter son fardeau. Bien plus, c'est le Christ, Tête du Corps mystique, qui accomplit son œuvre d'expiation dans les membres qui se prêtent de tout leur être, corps et âme, à son œuvre de rédemption.

On peut supposer que la vision des fidèles qui allaient le suivre sur son chemin de souffrance a soutenu le Sauveur au jardin des Oliviers. Et l'appui de ces porteurs de croix lui est un secours à chacune de ses chutes. Ce sont les justes de l'Ancienne Alliance qui l'accompagnent entre la première et la deuxième chute. Les disciples, hommes et femmes, qui se rallièrent à lui pendant sa vie terrestre sont ceux qui l'aident de la deuxième à la troisième station. Les amants de la Croix, qu'il a éveillés et qu'il éveillera encore tout au long des vicissitudes de l'Église combattante, sont ses alliés jusqu'à la fin des temps. C'est à cela que, nous aussi, nous sommes appelées.

Am Fuss des Kreuzes, 24/11/1934 (trad. La Crèche et la croix, Ad Solem 1995, p. 57)

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Obéissants au Père, à la suite du Fils

« Que ta volonté soit faite ! » (Mt 6,10) C'était bien là toute la vie du Sauveur. Il est venu dans le monde pour accomplir la volonté du Père, non seulement afin d'expier le péché de désobéissance par son obéissance (Rm 5,19), mais encore pour ramener les hommes vers leur vocation sur le chemin de l'obéissance. Il n'est pas donné à la volonté des êtres créés d'être libre en étant sa propre maître ; elle est appelée à s'accorder à la volonté de Dieu. Si elle s'y accorde par sa libre soumission, il lui est alors offert de participer librement à l'achèvement de la création. Si elle s'y refuse, la créature libre perd aussi sa liberté. La volonté de l'homme conserve encore le libre arbitre, mais il est séduit par les choses de ce monde ; elles le tirent et le poussent en des directions qui l'éloignent de l'épanouissement de sa nature tel que Dieu l'a voulu et elles l'écartent du but qu'il s'est fixé lui-même dans sa liberté originelle. En plus de cette liberté originelle, il perd la sûreté de sa résolution. Il devient changeant et indécis, tiraillé par des doutes et des scrupules ou endurci dans son égarement. Contre cela, il n'y a pas d'autre remède que le chemin à la suite du Christ, le Fils de l'homme qui non seulement obéissait directement au Père des cieux mais se soumettait aussi aux hommes qui lui signifiaient la volonté du Père. L'obéissance telle que Dieu l'a voulue libère notre volonté esclave de tous les liens des choses créées et la ramène vers la liberté. C'est donc aussi le chemin vers la pureté du cœur.

Méditation pour la fête de l'Exaltation de la croix (trad. Source cachée, Cerf 1991, p. 278 rev.)

separ ecrit biblio« Jésus s'en alla dans la montagne pour prier Dieu »

Toute âme humaine est en elle-même un temple de Dieu : voilà ce qui nous ouvre une perspective vaste et toute nouvelle. La vie de prière de Jésus est la clé pour comprendre la prière de l'Église. Nous voyons que le Christ a participé au service divin, à la liturgie de son peuple...; il a mené la liturgie de l'ancienne alliance à s'accomplir en celle de la nouvelle alliance. Mais Jésus n'a pas seulement pris part au service divin public prescrit par la Loi. Les évangiles font des références plus nombreuses encore à sa prière solitaire dans le silence de la nuit, sur les sommets sauvages des montagnes, dans les endroits déserts. Quarante jours et quarante nuits de prière ont précédé la vie publique de Jésus (Mt 4,1-2). Il s'est retiré dans la solitude de la montagne pour prier avant de choisir ses douze apôtres et de les envoyer en mission. À l'heure du mont des Oliviers, il s'est préparé à aller jusqu'au Golgotha. Le cri qu'il a poussé vers le Père en cette heure la plus pénible de sa vie nous est dévoilé en quelques brèves paroles qui brillent comme des étoiles dans nos propres heures au mont des Oliviers. « Père, si tu veux, éloigne de moi cette coupe ; cependant, que ce ne soit pas ma volonté qui se fasse, mais la tienne » (Lc 22,42). Elles sont comme un éclair qui illumine pour nous un instant la vie la plus intime de l'âme de Jésus, le mystère insondable de son être d'homme-Dieu et de son dialogue avec le Père. Ce dialogue a certainement duré toute sa vie, sans jamais s'interrompre.

La Prière de l'Église (trad. Source Cachée, Cerf 1999, p.62)

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« Seigneur, que je voie »

Souvent mes forces semblaient vouloir m'abandonner.
Plus souvent encore, je désespérais de voir la lumière.
Mais alors que mon cœur était saisi de douleur,
une étoile brillante se leva en moi.
Elle me conduisit, je la suivis,
d'abord d'un pas hésitant, puis avec assurance...

Ce que je devais dissimuler au plus profond de mon cœur,
à présent je peux le proclamer haut et fort :
« Je crois, je confesse ma foi »...
Seigneur, est-il possible que renaisse
celui qui a déjà vécu la moitié de sa vie ? (Jn 3,4)
Tu l'as dit, et pour moi cela s'est vérifié.
Le fardeau d'une longue vie de fautes et de souffrances
est tombé de mes épaules...

Ah ! aucun cœur humain ne peut comprendre
ce que tu réserves à ceux qui t'aiment (cf 1Co 2,9).
Maintenant que je t'ai saisi, je ne te lâcherai pas (Ct 3,4).
Quel que soit le chemin qu'emprunte ma vie,
tu es avec moi (cf Ps 22).
Rien ne pourra me séparer de ton amour (cf Rm 8,39).

Poésie « Heilige Nacht »

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« Heureux est l'homme... qui se plaît dans la loi du Seigneur et médite sa loi jour et nuit » (Ps 1,1-2)

Que signifie « la Loi du Seigneur » ? Le psaume 118...est tout empli du désir de connaître la Loi du Seigneur et de se laisser guider par elle tout au long de la vie. Il se peut bien que le psalmiste ait songé là à la Loi de l'Ancienne Alliance. Sa connaissance exigeait effectivement une étude à longueur de vie et son accomplissement un effort de volonté qui dure aussi toute la vie. Mais le Seigneur nous a libérés du joug de cette Loi. Nous pouvons considérer comme la Loi de la Nouvelle Alliance le grand précepte de l'amour qui renferme, ainsi qu'il l'a dit, toute la Loi et les prophètes ; le parfait amour de Dieu et du prochain serait certes un objet digne d'être médité une vie entière.

Mais mieux encore, nous entendons par la Loi de la Nouvelle Alliance le Seigneur Jésus lui-même, puisque sa vie constitue pour nous le modèle de la vie que nous devons vivre. Nous accomplissons donc notre règle si nous gardons sans cesse devant nos yeux l'image du Seigneur Jésus pour lui être configurés. L'Évangile est le livre que nous n'aurons jamais fini d'étudier. Mais nous ne trouvons pas le Sauveur dans les seuls récits des témoins de sa vie. Il nous est présent dans le très Saint Sacrement, et les heures d'adoration devant le Bien suprême, l'écoute attentive de la voix du Dieu de l'eucharistie sont à la fois « méditation de la Loi du Seigneur » et « veille dans la prière ». Cependant le plus haut degré est atteint lorsque « la Loi habite au milieu de notre cœur » (Ps 39,11).

L'Histoire et l'esprit du Carmel (trad. Source cachée, Cerf 1999, p. 221)

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« Me voici, je viens pour faire ta volonté » (He 10,7)

Nous nous agenouillons une fois encore devant la crèche... Tout près du Sauveur nouveau-né, nous voyons saint Étienne. Qu'est-ce qui a valu cette place d'honneur à celui qui le premier a rendu au Crucifié le témoignage du sang ? Il a accompli dans son ardeur juvénile ce que le Seigneur a déclaré en entrant dans le monde : « Tu m'as donné un corps. Me voici, je viens pour faire ta volonté » (He 10,5-7). Il a pratiqué l'obéissance parfaite, qui plonge ses racines dans l'amour et s'extériorise dans l'amour. Il a marché sur les traces du Seigneur en ce qui, selon la nature, est peut-être pour le cœur humain le plus difficile, qui semble même impossible : comme le Sauveur lui-même, il a accompli le commandement de l'amour des ennemis. L'Enfant dans la crèche, qui est venu pour accomplir la volonté de son Père jusqu'à la mort sur la croix (Ph 2,8), voit en esprit devant lui tous ceux qui le suivront sur cette voie. Il aime ce jeune homme qu'il attendra un jour pour le placer le premier près du trône du Père, une palme à la main. Sa petite main nous le désigne comme modèle, comme s'il nous disait : « Voyez l'or que j'attends de vous. »

Méditation pour le 6 janvier 1941 (trad. Source cachée, Cerf 1999, p. 271)

 

Date de dernière mise à jour : 2017-07-08