Passioniste de Polynésie

Homélies diverses 2em siècle

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« C'est maintenant le temps favorable, c'est maintenant le jour du salut... »

Je ne pense pas avoir donné, sur la continence, un conseil sans importance. Celui qui le suivra n'aura pas à le regretter, mais il se sauvera lui-même, et moi avec lui, pour l'avoir ainsi conseillé. Car ce n'est pas un mince mérite, de ramener au salut une âme égarée qui va se perdre. C'est ainsi que nous pouvons payer de retour Dieu qui nous a créés. Si celui qui parle comme celui qui écoute le font avec foi et charité.

Demeurons donc fidèles à ce que nous avons cru, comme des hommes justes et saints, afin de pouvoir prier hardiment Dieu qui nous dit : Alors que tu parlais encore, je t'ai répondu : Me voici. Cette parole exprime une grande promesse, puisque le Seigneur se déclare plus prompt à donner qu'on ne l'est à lui demander. Puisque nous participons à une si grande bonté, ne nous refusons pas à nous-mêmes d'obtenir de si grands bienfaits. Car si ces paroles apportent un tel bonheur à ceux qui les mettent en pratique, elles impliquent une sévère condamnation pour ceux qui leur désobéissent.

Ainsi, mes frères, saisissons une bonne occasion de nous convertir, nous en avons encore le temps ; tournons-nous vers Dieu qui nous a appelés, puisqu'il est disposé à nous accueillir. Car, si nous renonçons au plaisir et si nous sommes victorieux de notre âme en refusant d'accomplir ses désirs mauvais, nous aurons part à la miséricorde de Jésus. Sachez-le : déjà vient le jour du jugement, comme une fournaise brûlante. Alors toute parure des cieux disparaîtra, toute la terre se liquéfiera comme du plomb sous l'action du feu, et alors se manifesteront les actions des hommes, qu'elles soient secrètes ou publiques. L'aumône est une excellente pénitence pour le péché ; le jeûne vaut mieux que la prière, mais l'aumône l'emporte sur l'un et l'autre ; la charité couvre la multitude de péchés, et la prière qui vient d'une bonne conscience délivre de la mort. Heureux l'homme qui est jugé parfait en tout cela, car l'aumône rend le péché moins lourd.

Convertissons-nous donc de tout notre cœur, afin que personne parmi vous ne vienne à périr. Car si nous avons reçu le commandement de travailler à nous détourner des idoles, et à enseigner la doctrine, à plus forte raison ne faut-il pas laisser se perdre une âme qui connaît déjà Dieu. Soutenons-nous mutuellement afin de conduire vers le bien les plus faibles, de façon que nous soyons tous sauvés. Convertissons-nous et avertissons-nous les uns les autres.

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« Dans sa miséricorde, Dieu nous a sauvés » 

Il faut que nous regardions Jésus Christ ainsi que nous regardons Dieu : comme le juge des vivants et des morts, et il ne faut pas que nous estimions médiocrement notre salut. Car si nous estimons médiocrement le Christ, c'est que nous espérons aussi des réalités médiocres. Ceux qui accordent peu de valeur à ce qu'ils ont appris là-dessus sont en état de péché ; et nous aussi, nous péchons, si nous ne savons pas à partir de quel lieu, par qui et pour quelle destination nous avons été appelés, si nous ne savons pas tout ce que le Christ a accepté de souffrir à cause de nous.

Que lui donnerions-nous en retour ? Quel fruit qui soit digne de celui qu'il nous a donné ? Quelle dette nous avons envers lui ! Il nous a gratifiés de la lumière, comme un père il nous a déclarés ses fils, il nous a sauvés quand nous périssions. Quelle louange assez grande pourrions-nous lui donner ? Comment le payer de retour pour toutes ses largesses ? Notre esprit était si débile que nous adorions des pierres, du bois, de l'or, de l'argent et du bronze façonnés par les hommes, et toute notre vie n'était rien d'autre qu'une mort. Nous étions donc plongés dans l'aveuglement, notre vue était remplie de ténèbres, et voilà que nous avons retrouvé la vue, nous avons écarté, par son bon vouloir, le nuage qui nous enveloppait.

Car il a eu pitié de nous, sa tendresse s'est émue et il nous a sauvés, lorsqu'il a vu que nous étions dans l'égarement, que nous allions à notre perte et que nous n'avions aucun espoir d'être sauvés en dehors de lui. Car il nous a appelés alors que nous n'existions pas et il a voulu nous faire passer du néant à l'être !

Réjouis-toi, stérile, toi qui n'enfantais pas ; éclate en cris de joie, toi qui n'as pas connu les douleurs ; car plus nombreux sont les enfants de la délaissée que les enfants de celle qui a un époux. Ces paroles : Réjouis-toi, stérile, toi qui n'enfantais pas, s'adressent à nous ; car c'est notre Église qui était stérile, avant que des enfants lui fussent donnés. Ces paroles : Pousse des cris de joie, toi qui n'as pas connu les douleurs, signifient les prières que nous devons, avec simplicité faire monter vers Dieu pour ne pas succomber, comme les femmes qui sont dans les douleurs. Ces paroles : car plus nombreux sont les enfants de la délaissée que les enfants de celle qui a un époux, voici ce qu'elles signifient : notre peuple paraissait délaissé par le Seigneur ; mais maintenant que nous sommes croyants, nous sommes plus nombreux que ceux qui semblaient posséder Dieu.

Il est dit, dans un autre passage de l'Écriture : Je ne suis pas venu appeler les justes, mais les pécheurs. Cela signifie : ceux qui se perdent, voilà ceux qu'il faut sauver. C'est en effet une œuvre grande et admirable d'affermir non pas les édifices solides, mais ceux qui s'écroulent. C'est ainsi que le Christ a voulu sauver ce qui était perdu, et qu'il a été le salut de beaucoup, lui qui est venu et qui nous a appelés alors que déjà nous étions perdus.

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« Soyez fermes, la venue du Seigneur est proche »

Voyons parmi ceux qui rendent grâce, qui sont les serviteurs de Dieu, et non parmi les impies qui sont condamnés. Car moi-même, qui suis entièrement plongé dans le péché, qui n'échappe pas encore à la tentation, et qui demeure empêtré dans les pièges du diable, je m'efforce d'atteindre à la justice, afin de pouvoir au moins m'en approcher ; car je crains le jugement futur.

Ainsi, mes frères et mes sœurs, après la parole du Dieu de vérité, je vous lis cette exhortation pour que vous prêtiez attention aux Écritures et que vous vous sauviez vous-mêmes, avec celui qui vous les a lues. Le salaire que je vous demande, c'est que vous vous convertissiez de tout cœur pour vous procurer le salut et la vie. En nous conduisant ainsi, nous proposerons un but à tous les jeunes gens qui veulent se dévouer à la piété et à la bonté de Dieu. Ne soyons pas mécontents, ne nous indignons pas, nous qui ne sommes pas des sages, si l'on nous avertit, si l'on veut nous amener de l'iniquité à la justice. Parfois, en effet, nous agissons mal sans nous en apercevoir, parce que nous avons des cœurs partagés et incrédules et que notre esprit est la proie des ténèbres par suite de nos vains désirs.

Pratiquons donc la justice pour être sauvés quand la fin viendra. Heureux ceux qui obéissent à ces préceptes ! Même s'ils ont à souffrir un peu de temps en ce monde, ils récolteront le fruit impérissable de la résurrection. Que l'homme religieux ne s'attriste donc pas si, pour le temps présent, il souffre misère : le temps du bonheur lui est réservé. Là-haut, après être revenu à la vie, il se réjouira avec ses pères, dans l'éternité où il n'y a plus de tristesse.

Il ne faut pas non plus laisser troubler notre esprit parce que nous voyons les méchants dans la richesse, et les serviteurs de Dieu dans l'angoisse. Ayons la foi, mes frères et mes sœurs : le combat que nous menons est l'épreuve que nous impose le Dieu vivant, et nous luttons dans la vie présente pour être couronnés dans celle qui vient. Parmi les justes, aucun n'a recueilli un fruit précoce : il faut savoir attendre. Si Dieu donnait immédiatement aux hommes justes leur récompense, ce serait bientôt un marché que nous pratiquerions, et non le culte de Dieu. Nous aurions l'apparence de la justice en recherchant non pas la religion, mais notre profit. Et c'est pourquoi le jugement divin frappe l'esprit qui n'est pas vraiment juste et l'accable d'entraves.

Au Dieu unique et invisible, au Père de vérité qui nous a envoyé le Sauveur pour nous conduire vers l'immortalité, qui nous a manifesté par lui la vérité et la vie céleste, à lui la gloire pour les siècles des siècles. Amen.

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L'Église vivante, c'est le corps du Christ

Le Seigneur a dit : Sans cesse mon nom est blasphémé parmi les nations. Et encore : Malheur à celui qui fait blasphémer mon nom ! En quoi consiste ce blasphème ? En ce que vous ne faites pas ma volonté. En effet, lorsque les païens entendent de notre bouche les paroles de Dieu, ils admirent leur beauté et leur noblesse. Mais ensuite, lorsqu'ils découvrent que notre conduite n'est pas en accord avec les paroles que nous disons, ils passent au blasphème en disant qu'il n'y a là que fable et folie.

En effet, lorsqu'ils nous entendent dire, comme une parole de Dieu : Quelle reconnaissance pouvez-vous attendre, si vous aimez ceux qui vous aiment ? Mais on vous sera reconnaissant si vous aimez vos ennemis et ceux qui vous détestent. Oui, lorsqu'ils entendent ces paroles, ils admirent cette extrême bonté. Mais lorsqu'ils voient que nous n'aimons pas ceux qui nous détestent et même pas ceux qui nous aiment, ils se moquent de nous, et le nom de Dieu est blasphémé.

Ainsi donc, mes frères, si nous faisons la volonté de Dieu notre Père, nous appartiendrons à l'Église primordiale, à l'Église spirituelle, qui fut créée avant le soleil et la lune. Mais si nous ne faisons pas la volonté du Seigneur, nous relèverons de ce passage de l'Écriture : Ma maison est devenue une caverne de bandits. Préférons donc appartenir à l'Église de la vie, afin d'être sauvés.

Je ne pense pas, en effet, que vous l'ignoriez : L'Église vivante, c'est le corps du Christ. Car il est dit dans l'Écriture : Dieu créa l'homme. Il le créa homme et femme. L'homme, c'est le Christ. La femme, c'est l'Église. Or, les livres des prophètes et les Apôtres disent aussi que l'Église n'est pas de ce temps, mais qu'elle vient d'en haut ; elle était spirituelle, comme notre Jésus, et elle s'est manifestée dans les derniers temps pour nous sauver.

Or, cette Église, qui est spirituelle, s'est manifestée dans la chair du Christ pour nous montrer que, si nous la gardons fidèlement dans notre chair, nous la recevrons dans le Saint-Esprit car cette chair est l'image de l'esprit. Nul ne peut, après avoir gâché l'image, participer au modèle. Voilà ce que cela signifie, mes frères : gardez la chair, pour participer à l'esprit. Or, si nous disons que la chair, c’est l'Église, et que l'Esprit, c'est le Christ, il s'ensuit donc qu'outrager la chair, c'est outrager l'Église. Celui qui agit ainsi, ne participera pas à l'Esprit, c'est-à-dire au Christ. C'est à une telle vie, à une telle immortalité, que la chair peut participer. Si elle est unie au Saint-Esprit, et nul ne peut expliquer, nul ne peut dire tout ce que le Seigneur a préparé pour ses élus.

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« En attendant le bonheur que nous espérons quand se manifestera la gloire de Jésus Christ »

Mes frères, faisons la volonté du Père : il nous a appelés afin que nous vivions et que nous recherchions la vertu avec plus d'ardeur. Rejetons la malice qui marche en tête de tous les péchés et fuyons l'impiété pour ne pas nous laisser assaillir par toutes sortes de maux. Car si nous cherchons à faire le bien, c'est la paix qui nous escortera. Voilà pourquoi elle ne peut être rencontrée par les hommes qui se laissent égarer par des craintes humaines et qui préfèrent la jouissance d'ici-bas à la promesse future. Ils ignorent en effet quels tourments implique la jouissance d'ici-bas, et quelles délices implique la promesse future. Si encore ils étaient seuls à se conduire ainsi, on pourrait le supporter, mais ils s'obstinent à enseigner le mal à des âmes innocentes, sans savoir qu'ils recevront un double châtiment : pour eux et pour leurs disciples.

Quant à nous, servons Dieu avec un cœur pur, et nous serons justes ; mais si nous ne le servons pas, parce que nous ne croyons pas à sa promesse, nous serons misérables. Comme dit un prophète : Misérables, ceux dont l'âme est partagée, dont le cœur est hésitant et qui disent : Nous avons entendu dire tout cela au temps de nos pères, mais nous avons attendu jour après jour, et nous n'avons rien vu. Insensés ! comparez-vous à un arbre, la vigne par exemple : tout d'abord elle perd ses feuilles, puis le bourgeon apparaît, ensuite le raisin vert, enfin la grappe mûre. C'est ainsi que notre peuple subit des troubles et des épreuves, mais ensuite, il recevra le bonheur.

Ainsi, mes frères, n'ayons pas un cœur partagé, mais persévérons dans l'espérance afin de toucher notre salaire. Car il est fidèle celui qui a promis de rendre à chacun selon ses œuvres. Si nous avons pratiqué la justice devant Dieu, nous entrerons dans son Royaume et nous recevrons les biens promis, ceux que l'oreille n'a pas entendus, que l'œil n'a pas connus, que le cœur de l'homme ne peut concevoir.

Attendons à chaque instant le royaume de Dieu, dans la charité et la justice, puisque nous ignorons le jour de la manifestation de Dieu. ~

Dès maintenant donc, mes frères, convertissons-nous observons la sobriété qui favorise le bien, car nous sommes remplis de folie et de malice. Effaçons nos péchés anciens et faisons notre salut en nous convertissant du fond de l'âme. Ne soyons pas des flatteurs, ne cherchons pas à plaire seulement à nos frères, mais aussi à ceux du dehors, en vue de la justice, pour éviter que le Nom divin soit blasphémé à cause de nous.

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« Marchez, tant que vous avez la lumière »

Aussi longtemps que nous vivons sur terre, convertissons-nous. Nous sommes de l'argile dans la main de l'artisan. Le potier, s'il fait un vase qui se déforme ou qui se brise entre ses mains, le modèle de nouveau ; mais s'il l'a déjà mis au four, il ne pourra plus rien faire pour lui. Nous aussi, tandis que nous sommes en ce monde, convertissons-nous de tout notre cœur, en renonçant au mal que nous avons commis dans cette vie charnelle, afin d'être sauvés par le Seigneur, tandis que nous avons encore le temps de nous convertir.

Car lorsque nous serons sortis de ce monde, nous ne pourrons plus, là-bas, confesser nos fautes et nous convertir. Ainsi, mes frères, c'est en faisant la volonté du Père, en gardant la chasteté, et en observant les préceptes du Seigneur, que nous obtiendrons la vie éternelle. Le Seigneur dit, en effet, dans l'Évangile : Si vous n'avez pas gardé de petites choses, qui vous en confiera de grandes ? Je vous le dis donc : celui qui est digne de confiance en peu de choses l'est aussi pour beaucoup. Il veut donc dire ceci : Gardez la pureté dans votre chair, gardez sans tache le sceau de votre baptême, afin que nous recevions la vie éternelle.

Que personne d'entre vous ne dise que cette chair ne sera pas jugée, et qu'elle ne ressuscitera pas. Reconnaissez-le : comment avez-vous été sauvés, comment avez-vous retrouvé la vue, sinon tandis que vous viviez dans cette chair ? Il faut donc que nous gardions notre chair comme étant le temple de Dieu. De même que dans cette chair vous avez été appelés, de même est-ce dans cette chair que vous devez vous en aller. Si le Christ Seigneur, qui nous a sauvés, alors qu'il était d'abord esprit, s'est fait chair pour nous appeler, c'est aussi dans cette chair que nous recevrons la récompense.

Aimons-nous donc les uns les autres, afin de nous en aller tous ensemble dans le royaume de Dieu. Tandis que nous avons le temps de guérir, remettons-nous à Dieu pour qu'il nous soigne, et donnons-lui ses honoraires. Lesquels ? La conversion d'un cœur sincère. Car il sait toutes choses d'avance, et il connaît tout ce qu'il y a dans notre cœur. Donnons-lui donc la louange, non pas seulement celle de notre bouche, mais aussi celle de notre cœur, afin qu'il nous accueille comme des fils. Car le Seigneur a dit : Mes frères, ce sont ceux qui font la volonté de mon Père.

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« Mes petits enfants, n'aimons pas avec des paroles et des discours, mais par des actes »

Voici quelle grande miséricorde le Seigneur a exercée envers nous : d'abord nous, qui sommes vivants, que nous n'offrions pas de sacrifices à des dieux morts, et que nous ne les adorions pas, mais que, grâce à lui, nous connaissions le Père de vérité. En quoi consiste, en effet, la connaissance qui conduit vers le Père, sinon à refuser de renier celui par qui nous avons appris à le connaître ? Il le dit lui-même : Celui qui se prononcera pour moi devant les hommes, moi aussi je me prononcerai pour lui devant mon Père. Telle est par conséquent notre récompense, si nous confessons celui qui nous a sauvés. Et comment le confessons-nous ? En faisant ce qu'il dit, en ne désobéissant pas à ses commandements, en l'honorant non pas seulement des lèvres, mais de tout notre cœur et de tout notre esprit. Il dit, en effet, en Isaïe : Ce peuple m'honore des lèvres, mais son cœur est loin de moi.

Ne nous contentons pas de l'appeler Seigneur, car ce n'est pas cela qui nous sauvera. Il dit en effet : Ce n'est pas en me disant : Seigneur ! Seigneur ! qu'on sera sauvé, mais en pratiquant la justice. Ainsi donc, mes frères, confessons-le par notre conduite, en nous aimant les uns les autres, en évitant l'adultère, la médisance et la jalousie, mais en étant chastes, miséricordieux et bienfaisants. Nous devons être compatissants et ne pas aimer l'argent. C'est par une telle conduite que nous le confessons, et non par une conduite contraire. Ce n'est pas les hommes que nous devons craindre davantage, c’est Dieu. Autrement, le Seigneur vous dira : Même si vous êtes avec moi, rassemblés dans mes bras, et que vous ne pratiquiez pas mes commandements, je vous chasserai et je vous dirai : Écartez- vous de moi, je ne vous connais pas, je ne sais pas d'où vous êtes, vous qui faites le mal ! ~

Combattons, mes frères, car nous savons que déjà le combat s'engage. Dans les combats pour une couronne périssable, beaucoup touchent le but, mais tous n'obtiennent pas la couronne, à moins d'avoir pris beaucoup de peine et d'avoir brillamment combattu. Quant à nous, combattons d'une manière à être tous couronnés. Courons sur la bonne route, vers le combat impérissable, soyons nombreux à prendre la mer et à combattre afin de remporter la couronne ; et si nous ne pouvons pas tous l'obtenir, tâchons au moins d'en approcher. Nous devons savoir que, dans le combat périssable, celui qui est convaincu de fausser le combat est fouetté, exclu du concours et chassé du stade.

Qu'en pensez-vous ? Quel sera le châtiment pour celui qui aura faussé le combat impérissable ? Il est dit, en effet, de ceux qui n'ont pas gardé fidèlement le sceau du baptême : Leur ver ne mourra pas, leur feu ne s'éteindra pas, et ils seront donnés en spectacle à tout être vivant.

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Regarder Jésus-Christ comme nous regardons Dieu

I, 1. Frères, nous devons regarder Jésus-Christ comme nous regardons Dieu, comme " le juge des vivants et des morts" (Ac. 10, 42) ; et nous ne devons pas estimer peu notre salut. 2. Car si notre estime est médiocre, médiocre aussi est notre espérance. Ceux qui n'entendent là que de médiocres promesses sont en état de péché ; et nous péchons nous-mêmes si nous ne savons pas d'où nous avons été appelés, par qui, et pour quelle destinée, ni toutes les souffrances que le Christ a endurées pour nous. 3. Avec quoi le paierons-nous de retour, quel fruit lui offrirons-nous qui soit digne de lui ? Combien grande est envers lui notre dette ? 4. La lumière est un don de sa grâce ; comme un père il nous a appelés ses fils ; alors que nous périssions, il nous a sauvés. 5. Comment le louer dignement, comment lui payer de retour tous ses bienfaits ?
6. Notre esprit était si infirme que nous adorions des pierres, du bois, de l'or, de l'argent, du bronze, toutes oeuvres faites de main d'homme ; et notre vie tout entière n'était rien autre que mort. Nous étions enveloppés de ténèbres, un voile épais obscurcissait notre vue, et voilà que nos yeux se sont ouverts ; nous avons dissipé, par son libre vouloir, le nuage qui nous environnait. 7. Car il a eu miséricorde de nous, ses entrailles se sont émues et il nous a sauvés, ayant vu notre égarement et notre ruine ; et que nous n'avions d'espérance qu'en lui pour notre salut. 8. Il nous a appelés quand nous n'étions pas ; c'est son libre vouloir qui nous a faits passer du néant à l'être.

II, 1. " Réjouis-toi, stérile, qui n'enfantes pas, éclate en cris de joie et d'allégresse, toi qui ne connais pas les douleurs, car plus nombreux sont les fils de l'abandonnée que les fils de l'épouse, dit le Seigneur " (Is 54, 1). Ces paroles : " Réjouis-toi, stérile, qui n'enfantes pas" s'adressent à nous ; car notre Église était stérile avant que des enfants lui fussent donnés. 2. Ces mots : " Pousse des cris, toi qui ne connais pas les douleurs " signifient les prières que nous devons faire monter vers Dieu, en toute simplicité, et non pas avec un accent déchirant comme les femmes qui sont dans les douleurs. 3. Et ces mots : " Car les fils de l'abandonnée seront plus nombreux que ceux de l'épouse ", voici ce qu'ils signifient : Votre peuple semblait d'abord abandonné du Seigneur, mais maintenant que nous avons cru, nous sommes plus nombreux que celui qui semblait posséder Dieu.
4. Un autre passage de l'Écriture dit : " Je ne suis pas venu appeler les justes, mais les pécheurs " (Mt 9, 13 ; Mc 2, 17 ; cf. Lc 5, 32). 5. Ce qui veut dire : c'est ceux qui se perdent qu'il faut sauver. 6. C'est là, en effet, une oeuvre grande et admirable, d'affermir non les édifices solites, mais ceux qui croulent. C'est ainsi que le Christ a voulu sauver ce qui périssait, et il a été le salut te beaucoup, lui qui est venu et qui nous a appelés alors que déjà nous périssions.

III, 1. Voici quelle grande miséricorde il a eue envers nous. D'abord, en nous donnant, à nous vivants, de ne pas sacrifier à des dieux morts ; de ne pas les adorer, mais de connaître grâce à lui le Père de vérité. Qu'est-ce, en effet, que le connaître, sinon refuser de renier celui par qui nous l'avons connu ? 2. Lui-même dit : " Celui qui m'aura confessé parmi les hommes, je le confesserai devant mon Père " (Mt 10, 32; Lc 12, 8). 3. Voilà notre récompense, si nous confessons celui qui nous a sauvés.
4. Et comment le confessons-nous ? En faisant ce qu'il dit, en ne désobéissant pas à ses commandements, en l'honorant non pas des lèvres seulement, mais de toute notre pensée. 5. ll dit en effet dans Isaïe : " Ce peuple ne m'honore que des lèvres, tandis que leurs coeurs restent loin de moi " (Is 29,13).

IV, 1. Qu'il ne nous suffise pas de l'appeler : Seigneur ; car ce n'est pas cela qui nous sauvera. 2. Il dit en effet : " Ce n'est pas en me disant : Seigneur, Seigneur, qu'on sera sauvé, mais c'est en pratiquant la justice " (Mt 7, 21).
3. Aussi, frères, confessons-le par nos oeuvres, en nous aimant les uns les autres. Ne soyons pas adultères, fuyons la médisance et la jalousie ; soyons chastes, miséricordieux, faisons le bien. Nous devons aussi prendre part à la peine des autres et ne pas trop aimer l'argent. C'est en pratiquant ces oeuvres que nous confesserons le Seigneur, et non en pratiquant le contraire.
4. Ce n'est pas aux hommes, mais à Dieu que doit aller d'abord notre crainte. 5. Si nous prenons le premier parti, le Seigneur nous dit : " Même si vous êtes avec moi rassemblés sur mon sein, et que vous n'observiez point mes commandements, je vous repousserai et vous dirai : Éloignez-vous de moi, je ne vous connais pas et ne sais d'où vous êtes, ouvriers d'iniquité" (Aut. inconnu).

V, 1. C'est pourquoi, frères, laissant le séjour de ce monde, accomplissons la volonté de ce Dieu qui nous a appelés et ne craignons point de sortir de ce monde, 2. Le Seigneur dit en effet : " Vous serez comme des agneaux au milieu des loups" (Lc 10, 3). 3. Pierre, alors : " Et si les loups déchirent les agneaux ? " (Aut. inc.). 4. Jésus répondit à Pierre : " Les agneaux après leur mort n'ont plus à redouter les loups ; vous non plus, ne redoutez pas ceux qui veulent vous mettre à mort et ensuite ne peuvent rien vous faire ; mais craignez celui qui a la puissance, après votre mort, de jeter votre âme et votre corps dans la géhenne de feu" (Aut. Inc.).
5. Et vous savez, frères, que le séjour de cette chair en ce monde est bref et de peu de durée ; tandis que la promesse du Christ est grande et merveilleuse, comme aussi le repos du royaume à venir et de la vie éternelle. 6. Quel est donc le moyen de l'obtenir, sinon de mener une vie sainte et juste, de considérer les biens de ce monde comme nous étant étrangers et de ne point les désirer ? 7. Car, dès que nous désirons les acquérir, nous quittons la voie de justice.

VI, 1. Le Seigneur dit : " Nul serviteur ne peut servir deux maîtres" (Lc 16, 13 ; Mt 6, 24). Si nous voulons à la fois servir Dieu et Mammon, nous ne faisons qu'y perdre. 2. " Que sert-il de gagner le monde entier si l'on ruine son âme ?" (Mt 16, 26; cf. Mc 8, 9 ; Lc 9, 25).
3. Oui, ce siècle présent et le siècle à venir sont ennemis. 4. Le premier ne parle que d'adultère, de corruption, d'avarice, de tromperie ; le second rompt avec toutes ces choses. 5. Nous ne pouvons donc être ami de tous les deux, mais il nous faut rompre avec le premier et tenir avec le second. 6. Nous estimons qu'il vaut mieux haïr les biens d'ici-bas, parce qu'ils sont médiocres, éphémères et corruptibles, et aimer les autres, les biens qui ne peuvent périr. 7. Si nous faisons la volonté du Christ, nous trouverons le repos ; autrement, rien ne nous préservera du châtiment éternel, si nous désobéissons à ces commandements.
8. Car l'Écriture dit dans Ézéchiel que " même si Noé, Job et Daniel ressuscitaient, ils ne délivreraient point leurs fils de la captivité" (Ez 14, 14, 18, 20). 9. Si des hommes aussi justes ne peuvent, par leur propre justice, secourir leurs enfants, que dire alors de nous, si nous ne gardons pas pur et immaculé notre baptême ; comment pourrons-nous entrer avec confiance dans le Royaume des Cieux ? Qui plaidera pour nous, si nous ne sommes pas trouvés avec des oeuvres saintes et justes ?

VII, 1. C'est pourquoi, frères, luttons, sachant que déjà le combat s'engage. Or, pour les combats périssables bien des participants traversent les mers, toutes voiles déployées ; cependant tous ne sont pas couronnés ; au contraire, on réserve les couronnes à ceux qui ont pris de la peine et glorieusement combattu. 2. Eh bien ! nous, combattons de façon à être tous couronnés. 3. Courons dans la voie droite au combat impérissable, embarquons-nous en grand nombre, et, alors, combattons de façon à remporter la couronne ; ou du moins, si nous ne pouvons tous y parvenir tout à fait, tâchons d'en approcher.
4. Il nous faut savoir en effet qu'aux combats périssables celui qui s'avère tricheur est battu de verges, exclu du jeu et chassé du stade. 5. Qu'en pensez-vous ? Quel sera alors le châtiment que devra subir celui qui n'aura pas été loyal dans le combat impérissable ? 6. En effet, il est dit à propos de qui n'a pas gardé le sceau : " Leur ver ne mourra point, leur feu ne s'éteindra point, ils seront en spectacle à toute chair " (Is 66, 24).

VIII, 1. Tant que nous sommes encore sur terre, faisons pénitence. 2. Nous sommes de l'argile dans la main de l'artisan. Le potier, quand le vase qu'il fabrique se déforme ou se brise entre ses mains, le façonne de nouveau ; mais si le vase a déjà passé dans le four embrasé, il ne pourra plus le mettre en état Nous aussi, pendant que nous sommes en ce monde, faisons de tout coeur pénitence du mal que nous avons commis en cette chair, tant que nous avons le temps pour nous repentir. 3. Car une fois que nous serons sortis de ce monde, nous ne pourrons plus, là-bas, confesser nos fautes et faire pénitence.
4. Ainsi, frères, c'est en faisant la volonté du Père, en conservant pure notre chair, en gardant les commandements du Seigneur que nous obtiendrons la vie éternelle. 5. Le Seigneur dit en effet dans l'Évangile : " Si vous n'avez pas été fidèles pour des choses de peu, qui vous en confiera de grandes ? Je vous le dis, qui est fidèle pour très peu de choses est fidèle aussi pour beaucoup" (Lc 16, 10-12). 6. Or, ceci veut dire : Gardez votre chair pure, sans tache votre sceau, afin que nous recevions la vie éternelle.

IX, 1. Que nul d'entre vous ne dise que cette chair ne sera pas jugée et qu'elle ne ressuscitera pas. 2. Reconnaissez-le. Comment avez-vous été sauvés, comment avez-vous recouvré la vue sinon alors que vous étiez revêtus de cette chair ? 3. Il nous faut donc garder notre chair comme un temple de Dieu. 4. En cette chair, vous avez été appelés, en cette chair vous irez à qui vous appelle. 5. Si le Christ, le Seigneur, notre Sauveur, d'esprit qu'il était s'est fait chair pour nous appeler, c'est que c'est dans cette chair que nous recevrons notre récompense. 6. Aimons-nous donc les uns les autres afin d'entrer tous ensemble dans le Royaume des Cieux. 7. Pendant que nous avons le temps de guérir, remettons-nous à Dieu pour qu'il nous soigne, et donnons-lui ses honoraires. 8. Quels honoraires ? La pénitence faite d'un coeur sincère. 9. Car il sait toutes choses d'avance et il pénètre les secrets des coeurs. 10. Donnons-lui donc les louanges, non seulement avec notre bouche, mais aussi de notre coeur, afin qu'il nous accueille comme des fils. 11. Car le Seigneur a dit : " Mes frères sont ceux qui font la volonté de mon Père" (Mt 12, 50 ; Mc 3, 36 ; Lc 8, 21).

X, 1. Aussi, frères, faisons la volonté du Père qui nous a appelés, afin de vivre et de pratiquer, avec plus de zèle, la vertu. Rejetons la malice qui marche en tête de tous les péchés et fuyons l'impiété de peur que tous les vices ne s'emparent de nous. 2. Mais si nous nous appliquons à faire le bien, c'est la paix qui s'attachera à nous. 3. Voilà pourquoi il n'y a point de bonheur pour qui nourrit des craintes humaines et préfère la jouissance ici-bas à la promesse à venir. 4. Ils ne savent pas quels tourments il y a dans la jouissance d'ici-bas ni quelle félicité dans la promesse à venir. 5. Si encore ils étaient seuls à agir de la sorte, on pourrait le supporter, mais ils persistent à enseigner le mal à des âmes innocentes, sans savoir qu'ils encourent ainsi un double châtiment, eux et ceux qui les écoutent !

XI, 1. Pour nous, servons Dieu avec un coeur pur, et nous serons justes. Mais si nous ne le servons pas parce que nous ne croyons pas à sa promesse, alors malheur à nous ! 2. Il est dit en effet dans les prophètes : " Malheur à ceux dont l'âme est partagée et le coeur hésitant, à ceux qui disent : il y a longtemps que nous entendons dire ces choses, depuis le temps de nos pères, nous avons attendu jour après jour et nous n'en avons vu se réaliser aucune. 3. Insensés, comparez-vous à un arbre: prenez la vigne, d'abord ses feuilles tombent, puis naît le bourgeon, puis le raisin vert et enfin la grappe mûre. 4. C'est ainsi que mon peuple supporte des troubles et des tribulations, mais ensuite lui viendra le bonheur" ( Aut. inc.).
5. Aussi, mes frères, ne soyons pas partagés, mais persévérons dans l'espérance afin de remporter la récompense. 6. Car il est fidèle celui qui a promis de rendre à chacun selon ses oeuvres. 7. Si nous pratiquons la justice sous le regard de Dieu, nous entrerons dans le Royaume des Cieux et nous recevrons ce qui a été promis et " ce que l'oreille n'a pas entendu, ni l'oeil cru, ce qui n'est pas monté au coeur de l'homme" (1 Co 2, 9).

XII, 1. Soyons tonc à toute heure dans l'attente du Royaume de Dieu, dans la charité et la justice, puisque nous ne savons pas le jour de la manifestation de Dieu. 2. En effet, en réponse à quelqu'un qui lui demandait quand viendrait son Royaume, le Seigneur lui-même a déclaré : " Lorsque les deux seront un, l'extérieur comme l'intérieur, et que l'homme sera avec la femme comme s'il n'y avait ni homme ni femme" (Aut. inc,). 3. " Les deux sont un" quand nous nous disons la vérité et qu'en deux corps habite une seule âme, sans aucune hypocrisie. 4. " L'extérieur est l'intérieur" signifie ceci : l'intérieur, c'est l'âme, l'extérieur, le corps, et de même que l'on peut voir ton corps, il faut que ton âme se montre dans tes bonnes oeuvres. 5. " L'homme avec la femme, mais ni homme ni femme", c'est-à-dire qu'un frère voyant une soeur ne pense point qu'elle est une femme, ni la soeur que son frère est un homme. 6. C'est quand vous agirez ainsi, veut-il dire, que le Royaume de mon Père viendra.

XIII, 1. Dès aujourd'hui, frères, faisons pénitence : jeûnons pour faire le bien, car nous sommes repus de déraison et de malice. Effaçons nos péchés passés, et sauvons-nous en nous repentant du fond de l'âme. Ne soyons pas des flatteurs, cherchons à plaire non seulement aux nôtres, mais encore à ceux du dehors, en vue de la justice, pour éviter que le nom de Dieu ne soit blasphémé, à cause de nous. 2. Le Seigneur dit en effet : " Sans cesse mon nom est blasphémé parmi toutes les nations" (Is 52, 5). Et ailleurs : " Malheur à celui par qui mon nom est blasphémé" (Aut. inc.).
En quoi est-il blasphémé ? En ce que vous ne faites pas ce que je veux. 3. Les païens, en effet, lorsqu'ils entendent de notre bouche la parole de Dieu, en admirent la beauté et l'élévation ; mais lorsque, par la suite, ils apprennent que nos oeuvres ne répondent pas à nos paroles, ils se mettent à blasphémer et à dire qu'il n'y avait là que fable et aberration.
4. Lorsqu'ils nous entendent dire : " A aimer vos amis, vous n'avez pas de mérite, mais si vous aimez vos ennemis et ceux qui vous haïssent, alors on vous en saura gré..." (Lc 6, 32-35). Oui, lorsqu'ils écoutent ces paroles, ils sont pleins d'admiration pour cette extrême bonté. Mais lorsqu'ils voient que nous n'aimons pas ceux qui nous haïssent, et pis encore, que nous n'aimons pas même nos amis, ils se moquent de nous et le nom de Dieu est blasphémé.

XIV, 1. Ainsi donc, frères, si nous faisons la volonté de Dieu, nous appartiendrons à la première Église, à celle qui est spirituelle, et qui fut créée avant le soleil et la lune. Mais si nous ne faisons pas la volonté du Seigneur, notre part sera ce passage de l'Écriture qui dit : " Ma maison est devenue une caverne de voleurs" (Jr 7, 11). Préférons donc appartenir à l'Église de Vie, afin d'être sauvés. 2. Je ne pense pas, en effet, que vous ignoriez que " l'Église" vivante " est le corps du Christ" (Ep 1, 22-23). L'Écriture dit en effet : " Dieu créa l'homme, homme et femme il le créa" (Gn 1, 27). L'homme, c'est le Christ la femme, c'est l'Église. Or, les écrits des prophètes et des Apôtres portent aussi que l'Église n'est pas de ce siècle, mais qu'elle est née au commencement ; elle était spirituelle comme notre Jésus et elle s'est manifestée dans les derniers jours pour nous sauver. 3. Or, cette Église qui était spirituelle est devenue visible dans la chair du Christ, nous montrant que si nous la gardons intacte dans notre chair, nous la recevrons dans le Saint-Esprit, car la chair est l'image de l'esprit. Nul ne peut, après avoir corrompu l'image, participer à l'original.
Et tout ceci veut dire, frères : Gardez intacte la chair, pour avoir part à l'Esprit. 4. Or, si nous disons que la chair est l'Église et que l'Esprit est le Christ, c'est donc qu'à outrager la chair, on outrage l'Église. Commettre une telle action, c'est s'exclure de l'Esprit, c'est-à-dire du Christ. 5. Oui, c'est à une telle vie, à une telle incorruptibilité que cette chair peut avoir part lorsqu'elle est unie à l'Esprit-Saint, et nul ne peut expliquer, nul ne peut dire les biens " que le Seigneur a préparés " pour ses élus (1 Co 2, 9).

XV, 1. Je ne pense pas avoir donné là un conseil négligeable sur la continence, Celui qui le suivra n'aura pas à s'en repentir, mais il sera sauvé, et moi avec lui pour le lui avoir donné. Car il n'y a pas peu de mérite à ramener au salut une âme égarée. 2. Et c'est ainsi que nous pouvons payer de retour celui qui nous a fait, en mettant toute notre foi et notre charité à prêcher si notre rôle est de prêcher, à écouter s'il est d'écouter.
3. Ne cessons donc de nous appuyer sur les promesses que nous avons crues, et de pratiquer la justice et la sainteté afin de pouvoir prier sans contrainte le Dieu qui dit : " Tu parlais encore que je t'ai répondu : Me voici" (Is 58, 9). 4. Cette parole est une grande promesse puisque le Seigneur se dédare plus prêt à donner qu'on ne l'est à le supplier.
5. Recevons donc notre part de cette libéralité si grande, et ne nous envions pas les uns aux autres les biens que nous en recevons. Car si ces paroles sont joie pour qui les met en pratique, elles sont tout aussi bien condamnation pour les insoumis.

XVI, 1. Ainsi, frères, saisissons une bonne occasion de faire pénitence ; il en est temps encore, convertissons-nous au Dieu qui nous a appelés, tandis qu'il est disposé à nous accueillir. 2. Car si nous renonçons aux plaisirs, et si nous savons vaincre notre âme en refusant d'accomplir ses mauvais désirs, nous aurons part à la miséricorde de Jésus. 3. Sache que déjà " vient le jour" (Ml 4, 1) du Jugement, pareil " à une fournaise ardente" (Is 34, 4). Alors les cieux, pour une part, seront dissous, et toute la terre, comme le plomb, se liquéfiera sous le feu ; alors paraîtront au grand jour, qu'elles soient secrètes ou publiques, les actions des hommes.
4. L'aumône est une excellente pénitence pour le péché ; le jeûne vaut mieux que la prière, mais l'aumône l'emporte sur l'un et sur l'autre. " La charité couvre une multitude de péchés" (1 P 4, 8), et la prière qui vient d'une bonne conscience délivre de la mort. Heureux l'homme qui est trouvé riche en toutes ces choses ; car grâce à l'aumône, le péché pèse moins lourd.

XVII, 1. Faisons donc pénitence de tout notre coeur, afin qu'aucun d'entre nous ne périsse. Car si nous avons reçu l'ordre de travailler à détourner des idoles et à enseigner la vérité, à plus forte raison ne faut-il pas laisser périr une âme qui connaît déjà Dieu. 2. Aidons-nous les uns les autres à entraîner même les faibles vers le bien de façon à ce que nous soyons tous sauvés ; convertissons-nous et reprenons-nous les uns les autres.
3. Ne nous contentons pas de sembler attentifs et croyants lorsque les presbytres nous exhortent, mais une fois retournés à la maison, souvenons-nous des commandements du Seigneur et ne nous laissons pas à nouveau entraîner par les désirs du monde ; mais, par une prière plus assidue, tâchons de progresser dans les commandements du Seigneur, afin qu' " ayant les mêmes sentiments " (Rm 12, 16), nous soyons unis pour la vie. 4. Le Seigneur a dit en effet : " Je viens rassembler toutes les nations, toutes les tribus, toutes les langues" (Is 66, 18).
Ceci est une allusion au jour de son épiphanie, où il viendra nous racheter, chacun selon ses oeuvres. 5. Et " ils verront sa gloire" (Is 66, 18) et sa face, ceux qui n'ont pas cru, et ils seront tout étonnés en découvrant en Jésus le Roi du monde et ils diront : Malheur à nous, c'est Toi, et nous ne l'avons pas su, nous n'avons pas cru, nous ne nous sommes pas soumis aux presbytres qui nous annonçaient notre salut. " Leur ver ne mourra pas, leur feu ne s'éteindra pas, et ils seront en spectacle à toute chair " (Is 66, 24). 6. C'est une allusion au jour du jugement où l'on verra qui, parmi nous, s'est conduit en impie, qui a mal estimé les préceptes de Jésus-Christ.
7. Quant aux justes qui auront fait le bien, supporté tes tourments, haï les plaisirs de leur âme, quand ils verront les égarés, les renégats de Jésus en paroles ou en oeuvres, subir leur châtiment par de terribles supplices, ils rendront gloire à leur Dieu, proclamant qu'il y a une espérance pour qui a servi Dieu de tout son coeur !

XVIII, 1. Nous aussi, soyons de ceux qui rendent à Dieu un culte d'action de grâces, de ceux qui se sont faits ses serviteurs, et non pas de ces impies qui sont condamnés. 2. Moi-même qui suis pécheur en toute ma personne, et qui, loin d'être déjà à l'abri de la tentation, suis en plein dans les filets du diable, je m'efforce de poursuivre la justice, tâchant de pouvoir au moins m'en approcher, car je crains le jugement à venir.

XIX, 1. Ainsi, frères et soeurs, après vous avoir lu la parole du Dieu de vérité, je vous lis cette exhortation afin que vous prêtiez attention aux Écritures, et que vous vous sauviez vous-mêmes et le prédicateur qui vous les a lues. Le salaire que je vous demande, c'est que, vous convertissant de tout votre coeur, vous vous empariez du salut et de la vie. Et cette manière d'agir, nous la proposons comme un but à tous les jeunes gens qui veulent employer leur zèle pour prêcher la piété et la bonté de Dieu.
2. Ne prenons pas mal, nous qui ne sommes pas des sages, qu'on nous avertisse, et qu'on nous ramène de l'iniquité à la justice, ne nous en indignons pas. Parfois, en effet, nous agissons mal à notre insu, parce que nous avons des " coeurs partagés et incrédules " (Ep 4, 18), et que notre esprit est obscurci par les vains désirs.
3. Pratiquons donc la justice pour que nous soyons sauvés quand viendra la fin. Heureux ceux qui obéissent à ces préceptes ! Oui, même s'ils ont à souffrir un peu de temps en ce monde, car ils vendangeront le fruit impérissable de la résurrection. 4. Que l'homme pieux ne s'attriste donc pas, si pour ce temps présent il est dans le malheur : une double félicité l'attend ; oui, là-haut, après sa résurretion, il partagera la joie de ses pères, pour l'éternité où il n'y a plus de peine.

XX, 1. Il ne faut pas non plus que votre esprit se trouble à voir les méchants dans la richesse, et les serviteurs de Dieu dans l'angoisse. 2. Ayons donc la foi, frères et soeurs ; ce combat que nous menons est l'épreuve que nous impose le Dieu vivant, et nous luttons dans la vie présente pour être couronnés dans celle qui vient. 3. Aucun juste n'a cueilli son fruit avant maturité; ils savent attendre. 4. Si Dieu donnait sans retard aux justes leur récompense, ce serait bientôt un commerce, et non le service de Dieu que nous pratiquerions. Nous aurions l'apparence de la justice, alors que nous rechercherions non l'honneur de Dieu, mais notre avantage. C'est pour cette raison que le jugement de Dieu frappe l'esprit qui n'est pas droit, et l'accable de liens.
5. Au Dieu unique et invisible, au Père de vérité, qui nous a envoyé le Sauveur, la source de l'incorruptibilité, et nous a manifesté par lui la vérité et la vie céleste, à Lui soit la gloire dans les siècles des siècles. Amen.

 

Date de dernière mise à jour : 2018-11-16