Passioniste de Polynésie

Maxime le Confesseur quelques écrits

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Saint Maxime le Confesseur (vers 580-662), moine et théologien
 

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« Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux »

Ne t'attache pas aux soupçons ou aux hommes qui te portent à te scandaliser de certaines choses. Car ceux qui, d'une manière ou d'une autre, se scandalisent des choses qui leur arrivent, qu'ils les aient voulues ou non, ignorent le chemin de la paix qui, par l'amour, mène à la connaissance de Dieu ceux qui en sont épris.

Il n'a pas encore l'amour parfait, celui qui est encore affecté par les caractères des hommes, qui, par exemple, aime l'un et déteste l'autre, ou qui tantôt aime tantôt déteste le même homme pour les mêmes raisons. L'amour parfait ne déchire pas l'unique et même nature des hommes parce que ceux-ci ont des caractères différents, mais, visant toujours cette nature, il aime tous les hommes également. Il aime les vertueux comme des amis, et les méchants comme des ennemis, leur faisant du bien, les supportant avec patience, endurant ce qui vient d'eux, ne considérant pas du tout la malice, allant même jusqu'à souffrir pour eux si l'occasion lui en est donnée. Ainsi fera-t-il d'eux des amis, si c'est possible. Au moins il sera fidèle à lui-même ; il montre toujours ses fruits à tous les hommes également. Notre Seigneur et Dieu Jésus Christ, montrant l'amour qu'il nous porte, a souffert pour l'humanité tout entière et a donné l'espérance de la résurrection à tous également, même si chacun, par ses œuvres, appelle sur lui la gloire ou le châtiment.

Centurie 1 sur l'amour, dans La Philocalie (trad. Bellefontaine 1985, t. 6, p. 27)

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« N'est-il pas le fils du charpentier ? »

      Le Verbe, la Parole de Dieu, est né une fois pour toutes selon la chair. Mais, à cause de son amour des hommes, il désire naître sans cesse selon l'esprit pour ceux qui le désirent : il se fait petit enfant et se forme en eux en même temps que les vertus ; il se manifeste dans la mesure où il sait que celui qui le reçoit en est capable. En agissant ainsi, ce n'est pas par revendication qu'il atténue l'éclat de sa propre grandeur, mais parce qu'il jauge et mesure la capacité de ceux qui désirent le voir.

      Ainsi le Verbe de Dieu se révèle toujours à nous de la manière qui nous convient et cependant demeure invisible pour tous, à cause de l'immensité de son mystère. C'est pourquoi l'apôtre par excellence, considérant la force de ce mystère, dit avec sagesse : « Jésus Christ est le même hier et aujourd'hui, et il le sera à jamais » (He 13,8) ; il contemplait ce mystère toujours neuf que l'intelligence n'aura jamais fini de scruter. Le Christ, qui est Dieu, devient enfant…, lui qui avait donné à tout ce qui existe de sortir du néant… Dieu devient parfaitement homme, sans rien rejeter de la nature humaine, excepté le péché, qui d'ailleurs n'est pas inhérent à cette nature… Oui, l'incarnation de Dieu est un grand mystère et elle demeure un mystère… La foi seule peut saisir ce mystère, elle qui est au fond de tout ce qui dépasse notre compréhension et qui est au-delà de ce que nous pouvons exprimer.

Capita theologica, 1, 8-13; PG 90, 1182 (trad. Orval rev.)

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« Une lampe pour mes pas, ta parole, une lumière sur ma route » (Ps 118,105)

      La lampe sur le lampadaire, c'est notre Seigneur Jésus Christ, la vraie lumière du Père « qui éclaire tout homme venant au monde » (Jn 1,9). Autrement dit, c'est la Sagesse et la Parole du Père ; ayant accepté notre chair, il est réellement devenu et il a été appelé la « lampe » du monde. Il est célébré et exalté dans l'Église par notre foi et notre piété. Il se rend ainsi visible à toutes les nations et il brille pour « tous les gens de la maison », c'est-à-dire pour le monde entier, selon sa parole : « On n'allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau, mais sur le chandelier, où elle brille pour tous dans la maison » (Mt 5,15).

      Comme on le voit, le Christ se nomme lui-même une lampe. Dieu par nature, il est devenu chair dans le plan du salut, une lumière contenue dans la chair comme dans un vase... C'est à cela que David pensait lorsqu'il disait : « Une lampe sur mes pas, ta parole, une lumière sur ma route ». Comme il fait disparaître les ténèbres de l'ignorance et du mal des hommes, mon Sauveur et Dieu est appelé une lampe dans l'Écriture. Comme il est le seul à pouvoir anéantir les ténèbres de l'ignorance et à dissiper l'obscurité du péché, il est devenu pour tous la voie du salut. Il conduit auprès du Père ceux qui, par la connaissance et la vertu, marchent avec lui sur le chemin des commandements comme sur une voie de justice.

      Le lampadaire, c'est la sainte Église parce que le Verbe de Dieu brille par sa prédication. C'est ainsi que les rayons de sa vérité peuvent éclairer le monde entier... Mais à une condition : ne pas la cacher sous la lettre de la Loi. Quiconque s'attache à la seule lettre de l'Écriture vit selon la chair : il met la lampe sous le boisseau. Placée au contraire sur le lampadaire, l'Église, elle éclaire tous les hommes

Question 63 à Thalassius ; PG 90, 667s (trad. Argyriou / Tournay rev)

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« La mesure dont vous vous servez pour les autres servira aussi pour vous »

      Ayant appris de l'Écriture ce qu'est la crainte du Seigneur et quels sont sa bonté et son amour, convertissons-nous à lui de tout notre coeur... Gardons ses commandements; aimons-nous les uns les autres de tout notre coeur. Appelons nos frères même ceux qui nous haïssent et nous détestent, afin que le nom du Seigneur soit glorifié et manifesté dans toute son allégresse. Nous qui nous éprouvons les uns les autres, pardonnons-nous mutuellement... Ne portons pas envie aux autres et si nous sommes en butte à la jalousie, ne devenons pas féroces. Montrons-nous plutôt pleins de compassion les uns pour les autres, et par notre humilité guérissons-nous les uns les autres. Ne médisons pas, ne nous moquons pas, car nous sommes membres les uns des autres.

      Aimons-nous les uns les autres et nous serons aimés de Dieu ; soyons patients les uns avec les autres et il se montrera patient avec nos péchés. Ne rendons pas le mal pour le mal et nous ne recevrons pas ce que nous méritons pour nos péchés. Car nous obtenons le pardon de nos péchés en pardonnant à nos frères, et la miséricorde de Dieu est cachée dans la miséricorde envers le prochain... Tu le vois, le Seigneur nous a donné le moyen de nous sauver et il nous a donné le pouvoir céleste de devenir fils de Dieu.

La vie ascétique, 40-42 ; PG 90, 912 (trad. Bouchet, Lectionnaire, p. 108)

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« Paraître debout devant le Fils de l'homme »

      Nous t'en supplions, Seigneur, Dieu de bonté, que le déroulement du mystère du salut accompli pour nous en ton Fils unique ne tourne pas à notre condamnation ; qu'il « ne nous rejette pas loin de ta face ». Ne prends pas en aversion notre condition misérable, mais aie compassion de nous à cause de ta grande pitié ; « selon ton infinie miséricorde, efface notre péché ». Ainsi, comparaissant devant ta gloire, bien loin de mériter condamnation, nous obtiendrons la protection de ton Fils unique, et nous ne serons pas réprouvés comme de mauvais serviteurs... Oui, Maître et Seigneur tout-puissant, entends notre supplication : « Nous ne connaissons nul autre que toi ». Nous invoquons ton nom, car tu es « celui qui opère tout en tous », et c'est près de toi que nous cherchons le secours.

      « Seigneur, regarde du ciel et vois depuis la demeure de ta sainte gloire. Où est ton amour jaloux et puissant ? Où sont ta pitié et ta miséricorde infinies ? Tu es notre Père : Abraham ne peut pas nous reconnaître... Toi, Seigneur, notre Père, libère-nous, car depuis l'origine ton nom est invoqué sur nous », ainsi que le nom de ton Fils unique, et celui de ton Saint Esprit. « Pourquoi nous laisses-tu errer loin de tes voies ?... Pourquoi nous as-tu abandonnés à notre sens propre, et nous as-tu laissés nous égarer ? » Fais revenir vers toi tes serviteurs, Seigneur, au nom de ta sainte Église, au nom de tous tes saints des temps passés...

      « Ah, si tu déchirais les cieux ! Les montagnes trembleraient devant toi, elles fondraient comme de la cire en présence du feu... Depuis les temps anciens, nous n'avons entendu et nos yeux n'ont contemplé d'autre Dieu que toi... Tu es notre Père..., nous sommes tous l'ouvrage de tes mains... Nous sommes tous ton peuple. »

(Références bibliques : Ps 50,13.3; Jdt 8,20; 1Co 12,6; Is 63,15-19 LXX; Ps 96,5; Is 64, 3.7-8) 

Dialogue sur la vie ascétique ; PG 90, 912 (trad. Deseille, Évangile au désert, p. 258 rev. cf Tournay)

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Le mystère toujours nouveau

La naissance dans la chair du Verbe de Dieu n'a eu lieu qu'une seule fois ; mais sa naissance selon l'esprit se produit sans cesse, ainsi qu'il le désire, chez ceux qui eux aussi le désirent, à cause de sa bonté envers les hommes. Il devient un enfant, qui s'adapte à leurs capacités, et il se manifeste dans la mesure où celui qui le reçoit est capable de lui faire place. C'est sans aucune amertume qu'il réduit l'apparence de sa véritable grandeur : il se conforme à la mesure dont ceux qui désirent le voir sont capables. Ainsi le Verbe de Dieu se manifeste toujours de façon adaptée à ceux qui participent à lui, mais il demeure toujours invisible à tous, parce que son mystère est au-delà de tout. C'est pourquoi le divin Apôtre parle avec sagesse lorsqu'il dit, en considérant la force du mystère : Jésus Christ est le même, hier et aujourd'hui ; il le sera pour l'éternité . Il veut dire que son mystère est toujours nouveau ; il ne vieillit jamais parce qu'il ne peut être embrassé par aucun esprit.

Le Christ Dieu, lorsqu'il naît, se fait homme en prenant une chair dotée d'une âme raisonnable. Lui qui avait accordé aux êtres créés de tirer leur être du néant, lorsqu'une Vierge l'a mis au monde d'une façon prodigieuse, il n'a aucunement détruit la preuve de sa virginité. ~

L'étoile venue de l'Orient apparaît et elle conduit les Mages à l'endroit où se trouve le Verbe incarné ; elle montre ainsi de façon mystérieuse, au-delà de son apparence, qu'elle dépasse la parole contenue dans la Loi et les Prophètes, et qu'elle conduit les nations vers la lumière d'une connaissance supérieure.

En effet, c'est vers la connaissance supérieure du Verbe incarné que conduit clairement la parole contenue dans la Loi et les Prophètes, de même que l'étoile, considérée avec piété, conduit ceux qui répondent volontiers à l'appel de la grâce. ~

Dieu se fait parfaitement homme, en n'omettant rien de ce qui appartient à notre nature, sauf le péché, lequel n'en faisait pas partie. Il voulait ainsi présenter notre chair comme un appât pour provoquer le dragon insatiable, prêt engloutir cette chair, devenue pour lui un poison capable de le détruire entièrement, par la puissance de la divinité cachée en elle. Et cette même chair deviendrait un remède pour la nature humaine en la ramenant à la grâce des origines, par la puissance de la divinité unie à elle.

De même en effet que l'homme avait corrompu sa nature en absorbant le venin répandu dans l'arbre de la connaissance, ainsi le démon, en cherchant à manger la chair du Seigneur, serait détruit par la puissance de la divinité qu'elle contient. Le grand mystère de Dieu fait homme demeure toujours un mystère. ~

Comment le Verbe incarné est-il essentiellement le Verbe en personne, en étant substantiellement la même personne demeurant tout entière dans le Père ? Comment lui-même, étant entièrement Dieu par nature, et devenant tout entier homme par nature, n'est-il aucunement privé d'aucune de ces deux natures : ni de la nature divine selon laquelle il est Dieu, ni de notre nature selon laquelle il s'est fait homme ?

La foi seule embrasse ces mystères, car elle est la manière de posséder déjà ces réalités qui sont au-delà de l'intelligence et de la parole.

CENTURIES SUR LA CHARITÉ

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Faire l’aumône

"Celui qui fait l'aumône à l'imitation de Dieu ne fait aucune différence entre bon et méchant, juste et injuste, lorsqu'ils sont dans la nécessité ; il distribue également à tous, selon leurs besoins, même s'il estime le vertueux, à cause de sa bonne intention, plus que le méchant."

(Centuries sur la Charité, 1, 26-28).

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Charité

"Non seulement l'amour se manifeste en distribuant les richesses, mais bien davantage en distribuant la parole de Dieu et en se mettant personnellement au service d'autrui."

(Centuries sur la charité, 1, 39-40)

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« Je ne suis pas venu appeler les justes, mais les pécheurs »

Les prédicateurs de la vérité, ceux qui sont les officiants de la grâce divine, nous ont appris, depuis le commencement et chacun à son époque jusqu'à la nôtre, que Dieu veut notre salut. Et ils nous disent que Dieu n'aime, ne désire rien davantage que de voir les hommes se tourner vers lui par une véritable conversion.

Et le Verbe divin de Dieu le Père a voulu montrer qu'un tel désir était beaucoup plus divin que tout autre. Bien plus, il est lui-même le premier et incomparable témoignage de la bonté infinie. Par un abaissement en notre faveur qui défie toute expression, il a daigné partager notre vie par l'Incarnation. Par ses actes, ses souffrances, ses paroles, adaptés à notre condition, il nous a réconciliés avec Dieu le Père, alors que nous étions des ennemis en guerre avec lui ; et alors que nous étions exilés de la vie bienheureuse, il nous y a ramenés.

En effet, il ne s'est pas contenté de guérir nos maladies par ses miracles, en prenant sur lui nos souffrances et nos faiblesses ; non seulement, en acceptant la mort comme s'il y était astreint, lui qui est sans péché, il a payé notre dette et nous a libérés de nos fautes nombreuses et redoutables. En outre, il nous a instruits de mille manières pour que nous ayons une bonté pareille à la sienne et il nous a invités à un parfait amour mutuel.

C'est pourquoi il s'écriait : Je ne suis pas venu appeler les justes, mais les pécheurs, pour qu'ils se convertissent. Et aussi : Ce ne sont pas les bien-portants qui ont besoin du médecin, mais les malades . Il a dit aussi qu'il était venu chercher et sauver ce qui était perdu . Et aussi qu'il avait été envoyé aux brebis perdues de la maison d'Israël. Il a encore suggéré par la parabole de la drachme perdue qu'il était venu récupérer l'effigie royale souillée par l'ordure des vices. Et il a dit encore : Vraiment, je vous le dis, on se réjouira dans le ciel pour un seul pécheur qui se convertit.

C'est pourquoi l'homme qui était tombé sur des bandits, qui avait été dépouillé de tous ses vêtements, et qui avait été abandonné à demi-mort, du fait de ses blessures, il l'a réconforté avec du vin, de l'huile, et lui a fait des pansements ; après l'avoir mis sur sa monture, il l'a confié à une auberge et, après avoir pourvu à ses besoins, il lui promit de régler à son retour les dépenses supplémentaires.

C'est pour cela encore qu'il nous montre le Père très bon se penchant vers son fils prodigue de retour, l'embrassant alors qu'il revient vers lui par la conversion, pour lui rendre toutes les parures de la gloire paternelle, sans lui faire aucun reproche pour le passé.

C'est pour cela qu'il a ramené au bercail la brebis qui avait abandonné le troupeau divin, après l'avoir trouvée errante par les montagnes et les collines ; sans la chasser devant lui, sans l'épuiser de fatigue, mais en la mettant sur ses épaules, il la réintroduit miséricordieusement parmi ses pareilles.

C'est pourquoi il a crié : Venez à moi, vous tous qui peinez sous le fardeau, dont le cœur est accablé, et moi, je vous procurerai le repos. Prenez sur vous mon joug . Ce qu'il appelle joug , ce sont les commandements, c'est une vie conforme à l'Évangile ; il appelle fardeau ce qui semble pesant dans la pénitence : Oui , dit-il, mon joug est facile à porter, et mon fardeau léger.

En outre, en montrant la justice et la bonté divines, Il prescrit : Soyez saints, soyez parfaits, soyez miséricordieux comme votre Père des cieux . Et aussi : Pardonnez, et vous serez pardonnés. Et enfin : Tout ce que vous voulez que les autres fassent pour vous, faites-le aussi pour eux.

LETTRE DE SAINT MAXIME LE CONFESSEUR

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En dehors de l'amour, tout est vain

L'amour de Dieu est une excellente disposition de l'âme qui lui fait estimer plus que tout la connaissance de Dieu. Et il est impossible de parvenir à la possession habituelle de cet amour si l'on demeure attaché à n'importe quel bien terrestre. ~

Celui qui aime Dieu estime sa connaissance plus que toutes ses créatures et, dans son désir, il ne cesse de la poursuivre.

Puisque tout ce qui existe n'est créé que par Dieu et pour Dieu, et puisque Dieu est supérieur à ce qui a été créé par lui, l'homme qui abandonne Dieu, l'être incomparablement meilleur, pour s'adonner à ce qui est en dessous de lui, celui-là montre qu'il estime les créatures de Dieu plus que Dieu même. ~

Celui qui m'aime , dit le Seigneur, restera fidèle à mes commandements. Et mon commandement , dit-il, c'est que vous vous aimiez les uns les autres. Donc celui qui n'aime pas son prochain ne reste pas fidèle au commandement. Et celui qui ne reste pas fidèle au commandement ne peut pas aimer le Seigneur.

Heureux l'homme capable d'aimer tous les hommes également. ~

Celui qui aime Dieu aime aussi pleinement son prochain. Un tel homme ne peut garder ses richesses, mais il les répartit à la manière de Dieu, en les donnant à chacun de ceux qui en ont besoin.

Celui qui fait l'aumône à l'imitation de Dieu ne fait aucune différence entre bon et méchant, juste et injuste, lorsqu'ils sont dans la nécessité ; il distribue également à tous, selon leurs besoins, même s'il estime le vertueux, à cause de sa bonne intention, plus que le méchant. ~

Non seulement l'amour se manifeste en distribuant les richesses, mais bien davantage en distribuant la parole de Dieu et en se mettant personnellement au service d'autrui.

Celui qui a réellement renoncé aux biens de ce monde et se fait serviteur de son prochain sincèrement, par amour, bientôt délivré de toute passion, devient participant de l'amour et de la connaissance divines.

Celui qui possède en soi l'amour divin n'a aucune peine à suivre de près le Seigneur son Dieu, selon Jérémie, mais supporte généreusement labeur, injures et mauvais traitements, sans vouloir aucun mal à personne. ~

Ne dites pas , conseille Jérémie : Nous sommes le temple du Seigneur . Quant à toi, ne dis pas : La foi seule en notre Seigneur Jésus Christ peut me sauver, car cela est impossible si, par tes œuvres, tu n'acquiers pas l'amour envers lui. Croire seulement ? Mais les démons ont la foi, et ils tremblent !

L'œuvre de l'amour, c'est d'être disposé envers le prochain à la bienfaisance, à la patience, à l'endurance ; et c'est d'employer ses biens selon la droite raison.

CENTURIES  SUR LA CHARITÉ

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« Le Royaume des cieux est semblable à un trésor caché dans un champ »

      Certains pensent qu'ils n'ont aucune part aux dons du Saint Esprit. A cause de leur négligence à mettre en oeuvre les commandements, ils ne savent pas que celui qui garde inaltérée la foi dans le Christ réunit en lui-même tous les dons divins. Dès lors que, par inertie, nous sommes loin de l'amour actif que nous devrions lui porter, cet amour qui nous montre les trésors de Dieu cachés en nous, il va de soi que nous pensions ne pas avoir part aux dons divins.

      Si « le Christ demeure dans nos coeurs par la foi », selon l'apôtre Paul (Ep 3,17), et si « tous les trésors de la sagesse et de la connaissance sont cachés en lui » (Col 2,3), c'est donc que tous les trésors de la sagesse et de la connaissance sont cachés dans nos coeurs. Mais ils se révèlent au coeur dans la mesure de la purification de chacun, cette purification que suscitent les commandements. Tel est le trésor caché dans le champ de ton coeur et que tu n'as pas encore trouvé, à cause de ta paresse. Car, si tu l'avais trouvé, tu aurais tout vendu et tu aurais acquis ce champ. Mais maintenant tu as laissé le champ et tu cherches autour de lui, là où ne se trouve rien d'autre que des épines et des ronces. C'est pourquoi le Sauveur dit : « Bienheureux les coeurs purs, car ils verront Dieu » (Mt 5,8). Ils le verront, et ils verront les trésors qui sont en lui, quand, par l'amour et la tempérance, ils se seront purifiés. Et ils le verront d'autant plus qu'ils se seront purifiés davantage.

Centuries sur l’amour, 4, 69s (trad. Philocalie t. 6, Bellefontaine 1985, p.72)

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La lampe sur le chandelier

     La lampe placée sur le chandelier, dont parle l'Écriture, c'est notre Seigneur Jésus Christ, lumière véritable du Père qui éclaire tout homme venant au monde (Jn 1,9). Quant au chandelier, c'est la sainte Église. C'est sur sa prédication que repose la Parole lumineuse de Dieu, qui éclaire les hommes du monde entier comme les habitants de sa maison, et qui remplit tous les esprits de la connaissance de Dieu...

     La Parole ne veut nullement demeurer sous le boisseau ; elle désire être mise bien en évidence, au sommet de l'Église. Dissimulée sous la lettre de la Loi comme sous le boisseau, la Parole aurait privé tous les hommes de la lumière éternelle. Elle n'aurait pas pu donner la contemplation spirituelle à ceux qui cherchent à se dégager de la séduction des sens, capables d'illusion et prompts à percevoir seulement les choses matérielles et passagères. Mais placée sur le chandelier qu'est l'Église, c'est-à-dire fondée sur le culte en esprit et en vérité (Jn 4,24), elle éclaire tous les hommes... Car la lettre, si elle n'est pas comprise selon l'esprit, n'a qu'une valeur matérielle et limitée ; à elle seule, elle ne permet pas à l'intelligence de saisir la portée de ce qui est écrit...

     Ne plaçons donc pas sous le boisseau, par nos pensées et nos actions, la lampe allumée, c'est-à-dire la Parole de Dieu qui éclaire l'intelligence. Ne soyons pas coupables de dissimuler sous la lettre la force incompréhensible de la Sagesse divine. Plaçons la Parole plutôt sur le chandelier qu'est l'Église, au sommet de la vraie contemplation qui fait luire pour tous la lumière de la révélation divine.

Question 63 à Thalassius : PG 90, 667-670 (trad. Orval rev.)

 

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Saint Maxime le Confesseur (vers 580-662), moine et théologien

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« La vraie lumière qui éclaire tout homme »

La lampe placée sur le lampadaire, c'est la lumière du Père, la vraie lumière qui éclaire tout homme venant dans ce monde , notre Seigneur Jésus Christ. C'est à cause de notre chair, qu'il a prise de nous, qu'il s'est fait et qu'il a été appelé une lampe ; c'est-à-dire qu'étant par nature la Sagesse et la Parole du Père, il est proclamé dans l'Église de Dieu par la piété des croyants ; il est exalté et manifesté devant les nations par la vie conforme à la vertu et fidèle aux commandements. C'est ainsi qu' il brille pour tous ceux qui sont dans la maison , autant dire dans le monde, comme lui-même, la Parole qui est Dieu, nous le dit dans l'Évangile : On n'allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau, mais on la met sur le lampadaire, et elle brille pour tous ceux qui sont dans la maison . Il est évident que lui-même s'appelle une lampe, étant Dieu par nature, et devenu chair selon l'économie du salut. ~

C'est là, je crois, ce que le grand David a compris lorsqu'il appelle le Seigneur une lampe, en disant : Ta Parole est une lampe pour mes pas, une lumière sur mon chemin . Notre Sauveur et notre Dieu est celui qui dissipe les ténèbres de l'ignorance et du mal : voilà pourquoi il est appelé lampe dans l'Écriture. Lui seul, en détruisant l'obscurité de l'ignorance et les ténèbres du mal, à la manière d'une lampe, est devenu pour tous le chemin du salut. Par la vertu et la connaissance, il mène vers le Père ceux qui veulent marcher grâce à lui sur le chemin de la justice, en observant les commandements divins.

Quant au lampadaire , c'est la sainte Église. C'est sur sa prédication que repose la Parole lumineuse de Dieu, qui éclaire tous ceux qui sont dans le monde comme dans une maison, par les rayons de la vérité, en remplissant tous les esprits de la parfaite connaissance de Dieu. ~

La Parole ne supporte aucunement d'être gardée sous le boisseau . Elle veut être placée au sommet, sur la beauté grandiose de l'Église. En effet, si la Parole avait été gardée sous la lettre de la Loi, comme sous le boisseau, elle aurait privé tous les hommes de la lumière éternelle. Elle n'aurait pas procuré la contemplation spirituelle à ceux qui s'efforcent de se dépouiller de la connaissance sensible comme mensongère et favorisant l'erreur, capable seulement de percevoir la corruption naturelle aux réalités du corps. Mais la Parole est placée sur le lampadaire, lequel est l'Église, autrement dit le culte en esprit et vérité, pour éclairer tous les hommes. ~

La lettre, en effet, si elle n'est pas comprise selon l'esprit, n'a pas d'autre sens que celui qui est enfermé dans son expression, et elle ne permet pas à l'esprit d'atteindre le sens de ce qui est écrit. ~

La lampe, c'est-à-dire la parole qui allume la flamme de la connaissance, ne la plaçons pas sous le boisseau, par notre pensée et notre pratique. Alors nous ne serons pas condamnés pour avoir étouffé sous la lettre la force incompréhensible de la Sagesse. Plaçons-la sur le lampadaire qu'est l'Église, au sommet de la véritable contemplation qui fait flamboyer pour tous la lumière des vérités divines.

DES QUESTIONS DE SAINT MAXIME LE CONFESSEUR À THALASSIUS

Date de dernière mise à jour : 2021-07-04