Passioniste de Polynésie

Paul VI quelques écrits

Paul vipape de 1963-1978 

Considérant les rapports étroits entre Marie et l’Église

Considérant les rapports étroits entre Marie et l’Église, c’est pour sa gloire et pour notre réconfort que nous proclamons la Très Sainte Vierge Marie Mère de l’Église, c’est-à-dire de tout le peuple de Dieu, aussi bien des fidèles que des pasteurs, que nous l’appelons Mère très aimante ; et nous voulons que, dorénavant, avec ce titre si doux, la Vierge soit encore davantage honorée et invoquée par tout le peuple chrétien.

Il s’agit d’un titre, Vénérables Frères, qui n’est pas nouveau pour la piété des chrétiens – c’est même de préférence sous ce nom de Mère que les chrétiens et toute l’Église aiment invoquer Marie. Ce titre, en vérité, appartient à l’authentique substance de la dévotion à Marie, trouvant sa justification dans la dignité même de la Mère du Verbe incarné.

De même que la maternité divine est le fondement de la relation spéciale de Marie avec le Christ et de sa présence dans l’économie du salut opéré par le Christ Jésus, de même elle constitue le fondement principal des rapports entre Marie et l’Église, car elle est Mère de Celui qui, depuis le premier instant de l’Incarnation dans son sein virginal, s’est uni, en tant que chef, son Corps mystique qui est l’Église. Marie, donc, en tant que Mère du Christ, est Mère aussi de tous les pasteurs et fidèles, c’est-à-dire de l’Église.

C’est donc l’âme pleine de confiance et d’amour filial que nous levons les yeux vers elle, malgré notre indignité et notre faiblesse. Elle, qui nous a donné avec Jésus la source de la grâce, ne manquera pas de secourir l’Église alors que, dans l’abondance des dons du Saint-Esprit, l’Épouse du Christ s’adonne avec un nouvel élan à sa mission de salut.

Et notre confiance est encore ravivée et renforcée lorsque nous considérons les liens très étroits qui lient notre Mère du ciel au genre humain. Dans toute la richesse des prérogatives admirables dont Dieu l’a dotée pour la rendre digne d’être la Mère du Verbe incarné, elle n’en est pas moins toute proche de nous. Fille d’Adam comme nous, et donc notre sœur par le lien de la nature, elle est cependant la créature préservée du péché originel à cause des futurs mérites du Sauveur, et qui, aux privilèges qu’elle a obtenus, joint la vertu personnelle d’une foi totale et exemplaire, méritant l’éloge évangélique : « Bienheureuse, toi qui as cru. »

Durant sa vie terrestre, elle a réalisé la figure parfaite du disciple du Christ, miroir de toutes les vertus, et elle a incarné les béatitudes évangéliques proclamées par le Christ. C’est pourquoi en elle toute l’Église, dans son incomparable variété de vie et d’œuvres, atteint la plus authentique forme de l’imitation parfaite du Christ.

Paul VI, lors de la clôture de la troisième session du concile Vatican II

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« Sur cette pierre je bâtirai mon Église »

En cette Année Sainte nous vous avons invités à accomplir, matériellement ou en esprit et intention, un pèlerinage à Rome, au cœur de l'Église catholique. Mais, c'est trop évident, Rome ne constitue pas le terme de notre pèlerinage dans le temps. Aucune ville sainte d'ici-bas ne constitue ce terme ; celui-ci est caché au-delà de ce monde, au cœur du mystère de Dieu pour nous encore invisible... Ainsi en est-il de Rome, où les saints apôtres Pierre et Paul ont rendu par le sang leur ultime témoignage.

La vocation de Rome est de provenance apostolique ; le ministère qu'il nous revient d'y exercer est un service au bénéfice de l'Église entière et même de toute l'humanité. Mais c'est un service irremplaçable, car il a plu à la sagesse de Dieu de placer la Rome de Pierre et de Paul sur la route, pour ainsi dire, conduisant à la Cité éternelle, du fait qu'il a choisi de confier les clefs du Royaume des Cieux à Pierre, qui unifie en lui le collège de tous les évêques. Ce qui demeure ici à Rome, non par l'effet de la volonté de l'homme, mais par une bienveillance libre et miséricordieuse du Père, du Fils et de l'Esprit, c'est la « solidité de Pierre » telle que la définit le pape Saint Léon le Grand : « Pierre ne cesse pas de présider de son siège ; il conserve une participation sans fin avec le Christ Souverain Prêtre. La stabilité comme de la pierre qu'il a reçue de la pierre de fondation qu'est le Christ (1Co 3,11), lui, devenu Pierre (Mt 16,16), il la transmet à ses héritiers ».

Exhortation sur la joie chrétienne, 1975 (trad. DC 1677, p. 509)

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« Regardant ses disciples, Jésus dit : 'Heureux vous les pauvres : le Royaume de Dieu est à vous' »

Il importe de bien saisir le secret de la joie insondable qui habite Jésus et qui lui est propre... Si Jésus rayonne une telle paix, une telle assurance, une telle allégresse, une telle disponibilité, c'est à cause de l'amour ineffable dont il se sait aimé de son Père. Lors de son baptême sur les bords du Jourdain, cet amour, présent dès le premier instant de son incarnation, est manifesté : « Tu es mon Fils bien-aimé ; tu as toute ma faveur » (Lc 3,22). Cette certitude est inséparable de la conscience de Jésus. C'est une présence qui ne le laisse jamais seul (Jn 16,32). C'est une connaissance intime qui le comble : « Le Père me connaît et je connais le Père » (Jn 10,15). C'est un échange incessant et total : « Tout ce qui est à moi est à toi, et ce qui est à toi est à moi » (Jn 17,10)... « Tu m'as aimé avant la fondation du monde » (Jn 17,24). Il y a là une relation incommunicable d'amour, qui se confond avec son existence de Fils et qui est le secret de la vie trinitaire : le Père y apparaît comme celui qui se donne au Fils, sans réserve et sans intermittence, dans un élan de générosité joyeuse, et le Fils, celui qui se donne de la même façon au Père, avec un élan de gratitude joyeuse, dans l'Esprit Saint. 

Et voilà que les disciples, et tous ceux qui croient dans le Christ, sont appelés à participer à cette joie. Jésus veut qu'ils aient en eux-mêmes sa joie en plénitude (Jn 17,13) : « Je leur ai révélé ton nom et le leur révélerai, pour que l'amour dont tu m'as aimé soit en eux et moi aussi en eux » (Jn 17,26). 

La joie de demeurer dans l'amour de Dieu commence dès ici-bas. C'est celle du Royaume de Dieu. Mais elle est accordée sur un chemin escarpé, qui demande une confiance totale dans le Père et dans le Fils, et une préférence donnée au Royaume. Le message de Jésus promet avant tout la joie, cette joie exigeante ; ne s'ouvre-t-il pas par les Béatitudes ? « Heureux, vous les pauvres, car le royaume des cieux est à vous. Heureux vous qui avez faim maintenant, car vous serez rassasiés. Heureux vous qui pleurez maintenant, car vous rirez ».

Exhortation apostolique « Sur la joie chrétienne » (trad. DC 1677 1/6/75, p. 503) 

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« Il les appelle chacune par son nom »

Quand Jésus se présentait lui-même comme le Bon Pasteur, il se rattachait à une longue tradition biblique, déjà familière à ses disciples et aux autres auditeurs. Le Dieu d'Israël, en effet, s'était toujours manifesté comme le bon Pasteur de son peuple. Il en avait écouté la plainte, l'avait libéré de la terre d'esclavage, il avait guidé dans sa bonté le peuple sauvé par lui dans sa rude marche au désert vers la Terre promise... Siècle après siècle, le Seigneur avait continué à le guider, bien plus, à le porter dans ses bras comme le pasteur porte ses agneaux. Il l'avait aussi conduit depuis la punition de l'exil, l'appelant de nouveau et rassemblant les brebis dispersées pour les acheminer dans la terre de leurs pères.

C'est pour ces motifs que nos pères dans la foi se tournaient filialement vers Dieu, l'appelant leur Pasteur : « Le Seigneur est mon Berger, je ne manque de rien ; sur des prés d'herbe fraîche il me fait reposer, vers les eaux du repos il me mène, il y refait mon âme ; il me guide par le juste chemin » (Ps 22). Ils savaient que le Seigneur est un Pasteur bon, patient, parfois sévère, mais toujours miséricordieux envers son peuple et aussi envers tous les hommes...

Lorsque, dans la plénitude des temps, Jésus vint, il trouva son peuple « comme un troupeau sans pasteur » (Mc 6,34) et il en éprouva une peine profonde. En lui s'accomplissaient les prophéties et s'achevait l'attente. Avec les paroles mêmes de la tradition biblique, Jésus s'est présenté comme le Bon Pasteur qui connaît ses brebis, les appelle chacune par son nom, et donne sa vie pour elles. Et ainsi, « il y aura un seul troupeau et un seul pasteur » (Jn 10,16).

Message pour la Journée de prière pour les vocations 1971 (trad. DC, t. 68, p. 405)

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« Si ta main t'entraîne au péché » : la conversion du cœur

On ne peut parvenir au Royaume annoncé par le Christ que par la conversion, la « metanoia », c'est-à-dire par le changement et le renouvellement intime et total de l'homme tout entier, dans ses pensées, ses jugements et sa vie, changement et renouvellement qui s'opèrent en lui à la lumière de la sainteté et de l'amour de Dieu qui nous ont été manifestés et communiqués en plénitude dans le Fils.

L'invitation du Fils à la « metanoia » nous oblige d'autant plus qu'il ne l'a pas seulement prêchée, mais qu'il s'est offert lui-même en exemple. Le Christ est en effet le modèle suprême des pénitents. Il a voulu souffrir non pas pour ses péchés, mais pour ceux des autres.

Lorsqu'il se met devant le Christ, l'homme est éclairé d'une lumière nouvelle, il reconnaît la sainteté de Dieu et la gravité du péché. Par la parole du Christ, lui est transmis le message qui invite à la conversion et accorde le pardon des péchés. Ces dons, il les reçoit en plénitude dans le baptême, qui le configure à la Passion, à la mort et à la résurrection du Seigneur. C'est sous le signe de ce mystère que se place toute la vie à venir du baptisé.

Tout chrétien doit donc suivre le Maître en renonçant à lui-même, en portant sa croix et en participant aux souffrances du Christ (Mt 16,24). Ainsi, transfiguré en image de sa mort, il devient capable de méditer la gloire de la résurrection.

Constitution apostolique « Paenitemini » (trad. © Libreria Editrice Vaticana)

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« Ils retournèrent en Galilée, dans leur ville de Nazareth »

Nazareth est l'école où l'on commence à comprendre la vie de Jésus, l'école de l'Évangile. Ici on apprend à regarder, à écouter, à méditer et à pénétrer la signification, si profonde et si mystérieuse, de cette très simple, très humble et très belle manifestation du Fils de Dieu. Peut-être apprend-on même insensiblement à l'imiter... Comme nous voudrions redevenir enfant et nous remettre à cette école humble et sublime de Nazareth ; comme nous voudrions près de Marie recommencer à acquérir la vraie science de la vie et la sagesse supérieure des vérités divines !... Une leçon de silence d'abord. Que renaisse en nous l'estime du silence, cette admirable et indispensable condition de l'esprit, en nous qui sommes assaillis par tant de clameurs, de fracas et de cris dans notre vie moderne, bruyante et hypersensibilisée. Ô silence de Nazareth, enseigne-nous le recueillement, l'intériorité, la disposition à écouter les bonnes inspirations et les paroles des vrais maîtres ; enseigne-nous le besoin et la valeur des préparations, de l'étude, de la méditation, de la vie personnelle et intérieure, de la prière que Dieu seul voit dans le secret (Mt 6,6). Une leçon de vie familiale. Que Nazareth nous enseigne ce qu'est la famille, sa communion d'amour, son austère et simple beauté, son caractère sacré et inviolable ; apprenons de Nazareth comment la formation qu'on y reçoit est douce et irremplaçable ; apprenons quel est son rôle primordial sur le plan social. Une leçon de travail. Nazareth, maison du « fils du charpentier » (Mt 13,55) : c'est ici que nous voudrions comprendre et célébrer la loi sévère et rédemptrice du labeur humain ; ici, rétablir la conscience de la noblesse du travail ; ici, rappeler que le travail ne peut pas avoir une fin en lui-même, mais que sa liberté et sa noblesse lui viennent, en plus de sa valeur économique, des valeurs qui le finalisent. Comme nous voudrions saluer ici tous les travailleurs du monde entier et leur montrer leur grand modèle, leur frère divin, le prophète de toutes leurs justes causes, le Christ notre Seigneur

Homélie à Nazareth du 05/01/64 (bréviaire Sainte Famille)

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« Si toi aussi, tu avais reconnu ce qui peut te donner la paix »

Jamais plus la guerre, jamais plus la guerre ! C'est la paix, la paix, qui doit guider le destin des peuples et de toute l'humanité ! ...

La paix, vous le savez, ne se construit pas seulement au moyen de la politique et de l'équilibre des forces et des intérêts. Elle se construit avec l'esprit, les idées, les œuvres de la paix. Vous travaillez à cette grande œuvre.

Mais vous n'êtes encore qu'au début de vos peines. Le monde arrivera-t-il jamais à changer la mentalité particulariste et belliqueuse qui a tissé jusqu'ici une si grande partie de son histoire ? Il est difficile de le prévoir ; mais il est facile d'affirmer qu'il faut se mettre résolument en route vers la nouvelle histoire, l'histoire pacifique, celle qui sera vraiment et pleinement humaine, celle-là même que Dieu a promise aux hommes de bonne volonté.

Discours à l'O.N.U., 4 octobre 1965. « La Documentation Catholique » du 17 oct. 1965, col. 1733 1735.

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« Et vous, que dites-vous? Pour vous, qui suis-je »

Le Christ ! Je sens la nécessité de l'annoncer, je ne peux pas le taire : « Malheur à moi, si je n'annonçais pas l’Évangile ! » (1Co 9,16) Je suis envoyé par lui pour cela ; je suis apôtre, je suis témoin. Plus est loin le but et difficile la mission, plus est pressant l'amour qui m'y pousse (2Co 5,14). Je dois proclamer son nom : Jésus est le Christ, Fils du Dieu vivant (Mt 16,16). Il est celui qui nous a révélé le Dieu invisible, il est le premier-né de toute créature, il est le fondement de toute chose (Col 1,15s). Il est le Maître de l'humanité et le Rédempteur : il est né, il est mort, il est ressuscité pour nous ; il est le centre de l'histoire et du monde. Il est celui qui nous connaît et qui nous aime ; il est le compagnon et l'ami de notre vie. Il est l'homme de la douleur et de l'espérance ; il est celui qui doit venir et qui sera un jour notre juge et aussi, nous l'espérons, la plénitude éternelle de notre existence, notre béatitude.

Je n'en finirais plus de parler de lui : il est la lumière, il est la vérité ; bien plus, il est « le Chemin, la Vérité et la Vie » (Jn 14,6). Il est le Pain, la Source d'eau vive répondant à notre faim et à notre soif (Jn 6,35 ;7,38) ; il est le Pasteur, notre guide, notre exemple, notre réconfort, notre frère. Comme nous, et plus que nous, il a été petit, pauvre, humilié, travailleur, malheureux et patient. Pour nous, il a parlé, il a accompli des miracles, il a fondé un Royaume nouveau où les pauvres sont bienheureux, où la paix est le principe de la vie ensemble, où ceux qui ont le cœur pur et ceux qui pleurent sont exaltés et consolés, où ceux qui aspirent à la justice sont exaucés, où les pécheurs peuvent être pardonnés, où tous sont frères.

Jésus Christ : vous en avez entendu parler, et même, pour la plupart, vous êtes déjà des siens, vous êtes chrétiens. Eh bien ! À vous, chrétiens, je répète son nom, à tous je l'annonce : Jésus Christ est « le commencement et la fin, l'alpha et l'oméga » (Ap 21,6). Il est le roi du monde nouveau ; il est le secret de l'histoire, la clé de notre destin ; il est le Médiateur, le pont entre la terre et le ciel... ; le Fils de l'homme, le Fils de Dieu..., le Fils de Marie... Jésus Christ ! Souvenez-vous : c'est l'annonce que nous faisons pour l'éternité, c'est la voix que nous faisons résonner par toute la terre (Rm 10,18) et pour toute la suite des siècles.

Homélie à Manille, 29/11/70 (trad. DC 1576, p.1115 © copyright Libreria Editrice Vaticana)

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Jésus Christ

Malheur à moi si je n'annonçais pas l'Évangile ! Car c'est par lui, par le Christ lui-même, que j'ai été envoyé pour cela. Je suis apôtre, je suis témoin. Plus le but est éloigné, plus la mission est difficile, plus est vif l'amour qui nous pousse . Je dois proclamer son nom : Jésus est le Christ, le Fils du Dieu vivant. C'est lui qui nous a révélé le Dieu invisible, c'est lui qui est le premier-né de toute créature , c'est en lui que tout subsiste . Il est le maître de l'humanité et son rédempteur ; il est né, il est mort, il est ressuscité pour nous.

Il est le centre de l'histoire du monde ; il nous connaît et nous aime ; il est le compagnon et l'ami de notre vie, l'homme de la douleur et de l'espérance ; c'est lui qui doit venir, qui sera finalement notre juge et aussi, nous en avons la confiance, notre vie plénière et notre béatitude.

Je n'en finirais jamais de parler de lui ; il est la lumière, il est la vérité ; bien plus, il est le chemin, la vérité et la vie . Il est le pain, la source d'eau vive qui comble notre faim et notre soif. Il est notre berger, notre chef, notre modèle, notre réconfort, notre frère. Comme nous et plus que nous, il a été petit, pauvre, humilié, travailleur, opprimé, souffrant. C'est pour nous qu'il a parlé, accompli ses miracles, fondé un royaume nouveau où les pauvres sont bienheureux, où la paix est le principe de la vie commune, où ceux qui ont le cœur pur et ceux qui pleurent sont relevés et consolés, où les affamés de justice sont rassasiés, où les pécheurs peuvent obtenir le pardon, où tous découvrent qu'ils sont frères.

Voilà Jésus Christ dont vous avez au moins entendu parler et déjà certainement pour la plupart, à qui vous appartenez, puisque vous êtes chrétiens. C'est donc à vous, chrétiens, que je répète son nom, et je l'annonce à tous les hommes : le Christ Jésus est le principe et la fin, l'alpha et l'oméga, le roi du monde nouveau, l'explication mystérieuse et ultime de l'histoire humaine et de notre destinée ; il est le médiateur et pour ainsi dire le pont entre la terre et le ciel. Il est, de la façon la plus haute et la plus parfaite, le Fils de l'homme, parce qu'il est le Fils de Dieu, éternel, infini, et il est le fils de Marie, bénie entre toutes les femmes, sa mère selon la chair, notre mère par notre participation à l'Esprit du Corps mystique.

Jésus Christ ! Souvenez-vous : c'est lui que nous proclamons devant vous pour l'éternité ; nous voulons que son nom résonne jusqu'au bout du monde et pour tous les siècles des siècles.

HOMÉLIE DE PAUL VI À MANILLE. (29 NOVEMBRE 1970)

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Le Christ nous appelle tous à la conversion

      Le Christ, qui pendant sa vie a toujours fait ce qu'il enseignait, a passé quarante jours et quarante nuits dans le jeûne et la prière avant de commencer son ministère. Il a inauguré sa mission publique par ce message joyeux : « Le Royaume de Dieu est proche », ajoutant tout de suite ce commandement : « Repentez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle » (Mc 1,15). D'une certaine manière, c'est toute la vie chrétienne qui se trouve résumée dans ces paroles. On ne peut parvenir au Royaume annoncé par le Christ que par la « metanoia », c'est-à-dire par le changement et le renouvellement intime et total de l'homme tout entier... L'invitation du Fils de Dieu à la metanoia nous oblige d'autant plus qu'il ne l'a pas seulement prêchée, mais qu'il s'est offert lui-même en exemple. Le Christ est en effet le modèle suprême des pénitents. Il a voulu souffrir non pas pour ses péchés, mais pour ceux des autres.

      Lorsqu'il se met devant le Christ, l'homme est éclairé d'une lumière nouvelle : il reconnaît la sainteté de Dieu et la gravité du péché. Par la parole du Christ le message qui invite à la conversion et accorde le pardon des péchés lui est transmis. Ces dons, il les reçoit en plénitude dans le baptême, qui le configure à la Passion, à la mort et à la résurrection du Seigneur. Toute la vie à venir du baptisé est placé sous le signe de ce mystère. Tout chrétien doit donc suivre le Maître en renonçant à lui-même, en portant sa croix et en participant aux souffrances du Christ. Ainsi, transfiguré en image de sa mort, il devient capable de méditer la gloire de la résurrection. Il suivra également le Maître en vivant non plus pour lui, mais pour celui qui l'a aimé et s'est donné lui-même pour lui (Ga 2,20), et en vivant aussi pour ses frères, en complétant « dans sa chair ce qui manque aux épreuves du Christ pour son Corps qui est l'Eglise » (Col 1,24). 

Constitution apostolique « Paenitemini » du 18/02/1966 (trad. DC 1466, p. 386 rev.© copyright Libreria Editrice Vaticana)

separ ecrit biblioL'éternelle jeunesse de l'Église

            Aujourd'hui, nous portons notre pensée sur un effet propre à la Pentecôte : l'animation surnaturelle produite par l'effusion de l'Esprit Saint dans le corps visible, social et humain des disciples du Christ. Cet effet, c'est l'éternelle jeunesse de l'Église... L'humanité qui compose l'Église subit le sort du temps, elle est ensevelie dans la mort ; mais cela ne suspend ni n'interrompt le témoignage de l'Église dans l'histoire tout au long des siècles. Jésus l'a annoncé et promis : « Je suis avec vous tous les jours jusqu'à la fin des temps » (Mt 28,20). Il l'avait également laissé entendre à Simon en lui donnant un nom nouveau : « Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Église, et la puissance de la mort n'aura pas de force contre elle » (Mt 16,18).

            On peut tout de suite faire cette objection avec tant de gens aujourd'hui : que l'Église soit permanente, peut-être, elle dure depuis vingt siècles ; mais c'est justement parce qu'elle dure depuis si longtemps qu'elle est vieille... L'Église, disent-ils, est vénérable du fait de son ancienneté..., mais elle ne vit pas de ce souffle actuel qui est toujours nouveau : elle n'est plus jeune. Cette objection est forte...; il faudrait un long traité pour y répondre. Mais pour les esprits ouverts à la vérité, il pourrait suffire de dire que cette pérennité de l'Église est synonyme de jeunesse. « C'est une chose admirable à nos yeux » (Mt 21,42) : l'Église est jeune.

            Ce qui est le plus étonnant, c'est que le secret de sa jeunesse c'est sa persistance inaltérable dans le temps. Le temps ne fait pas vieillir l'Église ; il la fait grandir, il stimule sa vie et sa plénitude... Certes, tous ses membres meurent comme tous les mortels ; mais l'Église, elle, non seulement a un principe invincible d'immortalité au-delà de l'histoire ; elle possède aussi une force incalculable de renouveau. 

Audience générale du 12/6/1974 (trad. DC 1657, p. 602)

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L'exemple de Nazareth.

Nazareth est l'école où l'on commence à comprendre la vie de Jésus : l'école de l'Évangile. Ici, on apprend à regarder, à écouter, à méditer et à pénétrer la signification, si profonde et si mystérieuse, de cette très simple, très humble et très belle manifestation du Fils de Dieu. Peut-être apprend-on même insensiblement à imiter. Ici, on apprend la méthode qui nous permettra de comprendre qui est le Christ. Ici, on découvre le besoin d'observer le cadre de son séjour parmi nous : les lieux, les temps, les coutumes, le langage, les pratiques religieuses, tout ce dont s'est servi Jésus pour se révéler au monde. Ici, tout parle, tout a un sens. Ici, à cette école, on comprend la nécessité d'avoir une discipline spirituelle, si l'on veut suivre l'enseignement de l'Évangile et devenir disciple du Christ. Oh, comme nous voudrions redevenir enfant et nous remettre à cette humble et sublime école de Nazareth, comme nous voudrions près de Marie recommencer à acquérir la vraie science de la vie et la sagesse supérieure des vérités divines !

Mais nous ne faisons que passer. Il nous faut laisser ce désir de poursuivre ici l'éducation, jamais achevée, à l'intelligence de l'Évangile. Nous ne partirons pas cependant sans avoir recueilli à la hâte, et comme à la dérobée, quelques brèves leçons de Nazareth.

Une leçon de silence d'abord. Que renaisse en nous l'estime du silence, cette admirable et indispensable condition de l'esprit, en nous qui sommes assaillis par tant de clameurs, de fracas et de cris dans notre vie moderne, bruyante et hyper sensibilisée. O silence de Nazareth, enseigne-nous le recueillement, l'intériorité, la disposition à écouter les bonnes inspirations et les paroles des vrais maîtres ; enseigne-nous le besoin et la valeur des préparations, de l'étude, de la méditation, de la vie personnelle et intérieure, de la prière que Dieu seul voit dans le secret.

Une leçon de vie familiale. Que Nazareth nous enseigne ce qu'est la famille, sa communion d'amour, son austère et simple beauté, son caractère sacré et inviolable ; apprenons de Nazareth comment la formation qu'on y reçoit est douce et irremplaçable ; apprenons quel est son rôle primordial sur le plan social.

Une leçon de travail. Nazareth, maison du fils du charpentier , c'est ici que nous voudrions comprendre et célébrer la loi sévère et rédemptrice du labeur humain ; ici, rétablir la conscience de la noblesse du travail ; ici, rappeler que le travail ne peut pas avoir une fin en lui-même, mais que sa liberté et sa noblesse lui viennent, en plus de sa valeur économique, des valeurs qui le finalisent ; comme nous voudrions enfin saluer ici tous les travailleurs du monde entier et leur montrer leur grand modèle, leur frère divin, le prophète de toutes leurs justes causes, le Christ notre Seigneur.

HOMÉLIE DE PAUL VI À NAZARETH (5 janvier 1964)

separ ecrit biblio« Mon âme exalte le Seigneur »

      Depuis vingt siècles, la source de la joie chrétienne n'a cessé de jaillir dans l'Église, et spécialement au coeur des saints... Au premier rang vient la Vierge Marie, pleine de grâces, la Mère du Sauveur. Accueillante à l'annonce d'en haut, servante du Seigneur, épouse de l'Esprit Saint, mère du Fils éternel, elle laisse éclater sa joie devant sa cousine Elisabeth qui célèbre sa foi : « Mon âme exalte le Seigneur, et mon esprit exulte de joie en Dieu mon Sauveur... Désormais, toutes les générations me diront bienheureuse ».

      Elle a saisi, mieux que toutes les autres créatures, que Dieu fait des merveilles : son nom est saint, il montre sa miséricorde, il élève les humbles, il est fidèle à ses promesses. Non que pour Marie le déroulement apparent de sa vie sorte de la trame ordinaire, mais elle médite les moindres signes de Dieu, les repassant en son coeur (Lc 2,19.51). Non point que les souffrances lui soient épargnées : elle est debout au pied de la croix, associée éminemment au sacrifice du Serviteur innocent, mère des douleurs. Mais elle est aussi ouverte sans mesure à la joie de la Résurrection ; elle est aussi élevée, corps et âme, dans la gloire du ciel. Première rachetée, immaculée dès le moment de sa conception, incomparable demeure de l'Esprit,  habitacle très pur du Rédempteur des hommes, elle est en même temps la Fille bien-aimée de Dieu et, dans le Christ, la Mère universelle. Elle est le symbole parfait de l'Eglise terrestre et glorifiée.

      En son existence singulière de Vierge d'Israël, quelle résonance merveilleuse acquièrent les paroles prophétiques concernant la nouvelle Jérusalem : « J'exulte de joie dans le Seigneur, mon âme jubile en mon Dieu, car il m'a revêtu des vêtements du salut, il m'a drapée dans le manteau de justice, comme un jeune époux se met un diadème, comme une mariée se pare de ses bijoux » (Is 61,10). 

Exhortation apostolique sur la joie chrétienne « Gaudete in Domino »
(trad. DC n° 1677, 1/6/1975, p. 505 © Libreria Editrice Vaticane)

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Date de dernière mise à jour : 2019-06-12