Passioniste de Polynésie

Bse Anne-Marie Taigi

beata-anna-maria-taigi-h.jpgÉpouse et mère, Tertiaire trinitaire 
(1769-1837)

 

Anna Maria Giannetti Taigi, née à Sienne le 29 mai 1969, suivit son père à Rome où des revers de fortune l'avait contraint d'aller se fixer. La petite passa à peine deux ans à l'école où elle n'apprit qu'à lire. Ses parents faisaient retomber leur amertume sur leur fillette, mais l'angélique pauvrette redoublait de douceur envers eux. Anna-Maria entra très tôt en service afin d'aider ses parents. Elle grandissait, pieuse, travailleuse et coquette, prenant plaisir à se parer. Domenico Taigi, qui travaillait au jour le jour au palais Chigi, homme honnête, rude et prompt à la colère, offrit de l'épouser ; Anna Maria accepta sa proposition de mariage. Dans les premiers temps de son ménage, elle conserva ses habitudes mondaines, aimant à fréquenter le théâtre des marionnettes et à porter des colliers de verroterie.

 Après trois ans de cette vie ainsi partagée entre l'amour de Dieu et l'amour du monde, Anna Maria se confessa au Père Angelo de l'Ordre des Servites, se convertit totalement et, avec l'assentiment de son mari, elle se fit recevoir dans le Tiers-Ordre des Trinitaires. Domenico ne demandait qu'une chose : que la maison soit bien tenue et paisible ! Or, les parents d'Anna-Maria vinrent partager la vie du jeune foyer. Depuis leur arrivée, les scènes de criailleries qu'elle apaise de son mieux se répètent tous les jours, car sa mère acariâtre cherche sans cesse querelle à son gendre qui s'emporte facilement. Atténuant les heurts le mieux possible, elle s'empresse auprès de son époux trop vif qui jette le dîner par terre avec la table quand un plat lui déplaît.

 Après la mort de sa mère, son père vit aux dépens de sa fille et multiplie disputes sur disputes. Lorsque la lèpre l'atteint, Anna Maria le soigne tendrement et l'aide à mourir chrétiennement. Pour leurs sept enfants, la maison risquait de devenir un enfer, mais elle demeurait si surnaturellement douce, que Domenico affirmera que c'était un vrai paradis chez lui, et que l'ordre et la propreté régnaient partout dans son pauvre gîte. Anna Maria se levait de grand matin pour se rendre à l'église, et communiait tous les jours. Lorsqu'un membre de la famille était malade, pour ne donner à personne l'occasion de se plaindre et de murmurer, elle se privait de la messe et de la communion. Pour suppléer à cette privation involontaire, elle se recueillait pendant les moments libres de la journée.

 Anna Maria tenait ses enfants toujours occupés. Après le souper, la famille récitait le rosaire et lisait une courte vie du Saint du jour, puis les enfants se mettaient au lit après avoir reçu la bénédiction. Le dimanche, ils visitaient les malades à l'hôpital. Sa tendresse maternelle ne l'empêchait pas d'appliquer fermement les sanctions méritées. Ses enfants profitèrent avantageusement de cette éducation si équilibrée et devinrent vite l'honneur de leur vertueuse mère et le modèle de leurs camarades.

 Sa délicatesse envers les humbles était exquise. Elle nourrissait sa servante mieux qu'elle-même; à une qui cassait la vaisselle par maladresse, elle disait gentiment : « Il faut bien faire gagner la vie aux fabricants de faïence. »

 Lors de sa réception comme membre du Tiers Ordre de la Sainte Trinité, Anna Maria s'était offerte comme victime expiatrice pour les péchés du monde. En retour de cette généreuse offrande, Dieu lui accorda la vision permanente d'un globe ou soleil lumineux dans lequel elle lisait les besoins des âmes, l'état des pécheurs et les périls de l'Église. Ce phénomène extraordinaire dura quarante-sept-ans. Surprise au milieu de ses occupations domestiques par les ravissements et les extases, Anna Maria s'efforçait vainement de s'y soustraire. Grâce à elle, les malades avertis de leur fin prochaine mouraient saintement. Comme le sort des défunts lui était révélé, sa compassion pour eux lui inspirait de multiplier ses pénitences afin de libérer au plus tôt ces pauvres âmes qui venaient la remercier de leur délivrance.

 Bien que la Anna Maria souhaitait ardemment rester ignorée de tous, une foule de visiteurs composée de pauvres, de princes, de prêtres, d'évêques, du pape même, accourait pour demander conseil à sa sagesse inspirée. Simple et humble, elle répondait tout bonnement en se dérobant aux louanges, refusant toujours le plus petit cadeau.

 Or, celle qui répandait ainsi la sérénité et la lumière autour d'elle, fut privée de consolation spirituelle pendant vingt ans, et éprouvait le sentiment très net d'être reléguée en enfer. Pendant sept mois, les angoisses et les ténèbres de son âme s'étant accrues, Anna Maria expérimenta une véritable agonie, n'en continuant pas moins à diriger sa maison comme si de rien n'était. Malgré ses doigts devenus si douloureux, elle cousait beaucoup afin d'assurer le pain quotidien de la maisonnée. La femme du gouverneur de Savoie qui avait obtenu tant de grâces par les prières de la servante de Dieu, voulut lui donner une forte somme d'argent, mais elle la refusa catégoriquement.

 Le Lundi Saint, dans une extase, Anna Maria apprit qu'elle mourrait le Vendredi saint, 09 juin 1837. Après avoir béni tous les siens, et les avoir remerciés, elle rendit l'âme dans un cri de bonheur et de délivrance. Il semble que Dieu ait voulu montrer, dans la personne de cette admirable femme, la possibilité d'allier des vertus éminentes et des dons surnaturels exceptionnels à la fidélité aux devoirs les plus humbles et les plus matériels de la vie commune.

 Anna Maria Giannetti Taigi fut beatifiée le 30 mai 1920 par le pape Benoît XV (Giacomo della Chiesa, 1914-1922).



Source principale : Marteau de Langle de Cary, 1959, tome II, p. 338-342 (« Rév. x gpm »).

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Avec l’aimable autorisation de Mr CLAUDE TURCOTTE

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Date de dernière mise à jour : 2021-07-04