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Basile de Césarée quelques écrits
Saint Basile (v. 330-379), moine et évêque de Césarée en Cappadoce, docteur de l'Église
Liste des lectures
Pouvez-vous boire à la coupe que je vais boire ?
Que vais-je faire ? Je ne sais pas où mettre ma récolte
Il lui restait encore quelqu'un : son fils bien-aimé. Il le leur envoya en dernier
Il leur a donné de pouvoir devenir enfants de Dieu
Amasser pour soi-même ou être riche en vue de Dieu ?
Comme le soleil brille sur les corps…
Esprit de Dieu, Esprit de vérité
L’amour envers Dieu n’est pas matière d’enseignement
Le baptême alliance du Seigneur
L'Esprit éclaire tous les hommes
Il va vendre tout ce qu’il possède
Donne-nous de professer la vraie foi en reconnaissant la gloire de l'éternelle Trinité
Dieu nous appelle inlassablement à nous convertir
C'est Dieu qui a mis en nous le désir de l'aimer
Renaître de l'eau et de l'Esprit
C'est dans sa mort que nous avons été baptisés
Notre fierté, c'est la croix du Christ
Les deux commandements de l’amour
Inlassablement, Dieu nous appelle à la conversion
Et les neuf autres, où sont-ils ?
Si quelqu'un veut être le premier, qu'il soit le dernier de tous et le serviteur de tous
Voilà le premier commandement... Le second lui est semblable
Faites-vous des semailles de justice, moissonnez pour vous une récolte de bonté
« Le Fils de l'homme va être livré aux mains des hommes »
Ne vous faites pas de trésor sur la terre
La naissance du sauveur, mort de la mort
Il a porté du fruit au centuple
..............
Nous avons vu sa gloire, la gloire qu'il tient de son Père comme Fils unique
Jésus disait...qu'il faut toujours prier
Saint Basile (v. 330-379), moine et évêque de Césarée en Cappadoce, docteur de l'Église
Porter du fruit
Le Seigneur ne cesse de comparer les âmes humaines à des vignes : « Mon bien-aimé avait une vigne sur un coteau, en un lieu fertile » (Is 5,1) ; « J'ai planté une vigne, je l'ai entourée d'une haie » (cf Mt 21,33). Ce sont évidemment les âmes humaines que Jésus appelle sa vigne, elles qu'il a entourées, comme d'une clôture, de la sécurité que donnent ses commandements et de la garde de ses anges, car « l'ange du Seigneur campera autour de ceux qui le craignent » (Ps 33,8). Ensuite il a planté autour de nous une sorte de palissade en établissant dans l'Église, « premièrement des apôtres, deuxièmement des prophètes, troisièmement ceux qui sont chargés d'enseigner » (1Co 12,28). En outre, par les exemples des saints hommes d'autrefois, il élève nos pensées sans les laisser tomber à terre où elles mériteraient d'être foulées aux pieds. Il veut que les embrassements de la charité, comme les vrilles d'une vigne, nous attachent à notre prochain et nous fassent reposer sur lui. Ainsi gardant constamment notre élan vers le ciel, nous nous élèverons comme des vignes grimpantes, jusqu'aux plus hautes cimes.
Il nous demande encore de consentir à être sarclés. Or une âme est sarclée quand elle écarte d'elle les soucis du monde qui sont un fardeau pour nos cœurs. Ainsi celui qui écarte de lui-même l'amour de ce monde et l'attachement aux richesses ou qui tient pour détestable et méprisable la passion pour cette misérable gloriole a pour ainsi dire été sarclé, et il respire de nouveau, débarrassé du fardeau inutile des soucis de ce monde.
Mais, pour rester dans la ligne de la parabole, il ne faut pas que nous produisions seulement du bois, c'est-à-dire vivre avec ostentation, ni rechercher la louange de ceux du dehors. Il nous faut porter du fruit en réservant nos œuvres pour les montrer au vrai vigneron (Jn 15,1).
Homélie 5 sur l'Hexaéméron, 6 ; SC 26 (trad. SC p. 304 rev. Delhougne)
« Pouvez-vous boire à la coupe que je vais boire ? »
« Que rendrai-je au Seigneur ? » (Ps 115,12). Non pas des sacrifices, ni des holocaustes, ni les observances du culte légal, mais ma vie elle-même tout entière. Et c’est pourquoi, dit le psalmiste, « j’élèverai la coupe du salut » (v. 13). Le labeur qu’il a enduré dans les combats de sa dévotion filiale envers Dieu et la constance par laquelle, jusqu’à en mourir, il a résisté au péché, le psalmiste appelle cela sa coupe.
C’est à propos de cette coupe que le Seigneur lui-même s’exprime dans les évangiles : « Père, s’il est possible, que cette coupe passe loin de moi » (Mt 26,39). Et encore aux disciples : « Pouvez-vous boire la coupe que je vais boire ? » Il voulait parler de cette mort qu’il voulait souffrir pour le salut du monde. C’est pourquoi, dit-il, « j’élèverai la coupe du salut », c’est-à-dire, je suis tendu de tout mon être, assoiffé, vers la consommation du martyre, au point que je tiens les tourments endurés dans les combats de l’amour filial pour un repos de l’âme et du corps, et non une souffrance. Moi-même donc, dit-il, je m’offrirai au Seigneur, comme un sacrifice et une oblation… Et je suis prêt à témoigner de ces promesses devant tout le peuple, car « je tiendrai mes promesses au Seigneur, oui, devant tout son peuple ! » (v. 14).
Homélie sur le psaume 115, §4 (trad. Solesmes, t. 3, p. 731)
« Que vais-je faire ? Je ne sais pas où mettre ma récolte »
« Que vais-je faire ? » Il y avait une réponse toute prête : « Je comblerai les âmes des affamés ; j'ouvrirai mes greniers et j'inviterai tous ceux qui sont dans le besoin... Je ferai entendre une parole généreuse : Vous tous qui manquez de pain, venez à moi ; chacun selon ses besoins, prenez votre part des dons accordés par Dieu qui coulent comme d'une fontaine publique ». Mais toi, homme riche insensé, tu es bien loin de là ! Pour quelle raison ? Jaloux de voir les autres jouir de richesses, tu te livres à des calculs misérables, tu t'inquiètes de savoir non pas comment distribuer à chacun l'indispensable, mais comment ramasser le tout et priver tous les autres de l'avantage qu'ils pouvaient en tirer...
Et vous, mes frères, prenez garde de ne pas connaître le même sort que cet homme ! Si l'Écriture nous offre cet exemple, c'est pour que nous évitions de nous comporter pareillement. Imite la terre : comme elle, porte des fruits et ne te montre pas plus mauvais qu'elle, elle qui est pourtant dépourvue d'âme. Elle donne ses récoltes non pour sa propre jouissance, mais pour te rendre service, à toi. Au contraire, tout le fruit de la bienveillance que tu montres, tu le recueilles pour toi-même, puisque les grâces que font naître les oeuvres bienfaisantes retournent à ceux qui en sont les dispensateurs. Tu as donné à celui qui avait faim, et ce que tu as donné reste à toi, et même te revient avec un supplément. Comme le grain de blé tombé dans la terre profite à celui qui l'a semé, le pain donné à celui qui a faim sera d'un profit surabondant pour toi plus tard. Que la fin de tes labours soit pour toi le commencement de semailles dans le ciel.
Homélie 6, sur la richesse ; PG 31, 261s (trad. Luc commenté, DDB 1987, p. 110 rev.)
« Il lui restait encore quelqu'un : son fils bien-aimé. Il le leur envoya en dernier »
Dieu avait créé l'homme à son image et à sa ressemblance (Gn 1,26), il l'avait jugé digne de le connaître lui-même, mis par le don d'intelligence au-dessus de tous les animaux, établi dans la jouissance des délices incomparables du Paradis, et enfin constitué maître de tout ce qui se trouvait sur la terre. Cependant, lorsqu'il l'a vu, dévoyé par le serpent, tomber dans le péché et, par le péché, dans la mort et les souffrances qui y conduisent, il ne l'a pas rejeté. Au contraire, il lui a donné d'abord le secours de sa Loi ; il a désigné des anges pour le garder et prendre soin de lui ; il a envoyé des prophètes pour lui reprocher sa méchanceté et lui enseigner la vertu...
Lorsque, malgré ces grâces et bien d'autres encore, les hommes ont persisté dans la désobéissance, il ne s'est pas détourné d'eux. Après avoir offensé notre bienfaiteur par notre indifférence devant les marques de sa bienveillance, nous n'avons pas été abandonnés par la bonté du Seigneur ni retranchés de son amour, mais nous avons été tirés de la mort et rendus à la vie par notre Seigneur Jésus Christ, et la manière dont nous avons été sauvés est digne d'une admiration plus grande encore. « Bien qu'il ait été Dieu, il n'a pas jugé bon de garder jalousement son égalité avec Dieu, mais il s'est abaissé jusqu'à prendre la condition d'esclave » (Ph 2,6-7). « Il a pris nos faiblesses, il a porté nos souffrances, il a été meurtri pour nous », afin de nous sauver par ses blessures (Is 53,4-5). Il « nous a rachetés de la malédiction en se faisant malédiction pour nous » (Ga 3,13) ; il a souffert la mort la plus infamante pour nous conduire à la vie de la gloire.
Et il ne lui a pas suffi de rendre la vie à ceux qui étaient dans la mort, il les a revêtus de la dignité divine et leur a préparé dans le repos éternel un bonheur qui dépasse toute imagination humaine. « Que rendrons-nous donc au Seigneur » pour tout ce qu'il nous a donné ? (Ps 115,12) Il est si bon qu'il ne demande rien en compensation de ses bienfaits : il se contente d'être aimé.
Grandes Règles monastiques, § 2 (trad. Lèbe, Maredsous 1969, p. 53-54 rev.)
« Il leur a donné de pouvoir devenir enfants de Dieu »
Dieu sur terre, Dieu parmi les hommes ! Cette fois il ne promulgue pas sa Loi au milieu des éclairs, au son de la trompette, sur la montagne fumante, dans l'obscurité d'un orage terrifiant (Ex 19,16s), mais il s'entretient d'une façon douce et paisible, dans un corps humain, avec ses frères de race. Dieu dans la chair !... Comment la divinité peut-elle habiter la chair ? Comme le feu habite le fer, non pas en quittant le lieu où il brûle, mais en se communiquant. En effet, le feu ne se jette pas sur le fer, mais en demeurant à sa place, il lui communique sa puissance. En cela il n'est nullement diminué, mais il remplit entièrement le fer auquel il se communique. De la même manière, Dieu, le Verbe, qui « a habité parmi nous », n'est pas sorti de lui-même. « Le Verbe qui s'est fait chair » n'a pas été soumis au changement ; le ciel n'a pas été dépouillé de celui qu'il contenait, et pourtant la terre a accueilli dans son sein celui qui est dans les cieux.
Pénètre-toi de ce mystère : Dieu est dans la chair afin de tuer la mort qui s'y cache... « Quand la grâce de Dieu s'est manifestée pour notre salut » (Tt 2,11), quand « s'est levé le Soleil de justice » (Ml 3,20), « la mort a été engloutie dans la victoire » (1Co 15,54) parce qu'elle ne pouvait pas coexister avec la vie véritable. Ô profondeur de la bonté et de l'amour de Dieu pour les hommes ! Rendons gloire avec les bergers, dansons avec les chœurs des anges, car « aujourd'hui est né un Sauveur qui est le Messie, le Seigneur » (Lc 2,11-12).
« Dieu, le Seigneur, nous illumine » (Ps 117,27), non sous son aspect de Dieu, pour ne pas épouvanter notre faiblesse, mais sous son aspect de serviteur, afin de conférer la liberté à ceux qui étaient condamnés à la servitude. Qui aurait le cœur assez endormi et assez indifférent pour ne pas se réjouir, exulter d'allégresse, rayonner de joie devant cet évènement ? C'est une fête commune à toute la création. Tous doivent y contribuer, nul ne doit se montrer ingrat. Nous aussi, élevons la voix pour chanter notre allégresse !
Homélie sur la sainte génération du Christ, 2.6 ; PG 31, 1459s (trad. Delhougne, Les Pères commentent, p. 172 rev.)
Amasser pour soi-même ou être riche en vue de Dieu ?
« Que vais-je faire ? Je vais agrandir mes greniers ! » Pourquoi avaient-elles tant rapporté, les terres de cet homme qui ne devait faire qu'un mauvais usage de sa richesse ? C'est pour qu'on voie se manifester avec plus d'éclat l'immense bonté d'un Dieu qui étend sa grâce sur tous, « car il fait tomber la pluie sur les justes et sur les injustes, et lever son soleil sur les méchants comme sur les bons » (Mt 5,45)... Tels étaient les bienfaits de Dieu à l'égard de ce riche : une terre féconde, un climat tempéré, d'abondantes semences, des bœufs pour le labour, et tout ce qui assure la prospérité. Et lui, que rendait-il en retour ? Mauvaise humeur, misanthropie et égoïsme. C'est ainsi qu'il remerciait son bienfaiteur.
Il oubliait que nous appartenons tous à la même nature humaine ; il n'a pas pensé qu'il fallait distribuer son superflu aux pauvres ; il n'a tenu aucun compte de ces préceptes divins : « Ne refuse pas un bienfait à qui est dans le besoin » (Pr 3,27), « Que la bienveillance et la fidélité ne te quittent jamais » (3,3), « Partage ton pain avec celui qui a faim » (Is 58,7). Tous les prophètes, tous les sages lui criaient ces préceptes, mais il faisait la sourde oreille. Ses greniers craquaient, trop étroits pour le blé qu'on y entassait, mais son cœur n'était pas rassasié... Il ne voulait se défaire de rien, tout en n'arrivant pas à tout stocker. Ce problème le harcelait : « Que vais-je faire ? » se répétait-il. Qui ne prendrait en pitié un homme aussi obsédé ? L'abondance le rend malheureux...; il se lamente tout comme les indigents : « Que vais-je faire ? Comment me nourrir, me vêtir ? »...
Considère, homme, celui qui t'a comblé de ses dons. Réfléchis un peu sur toi-même : Qui es-tu ? Qu'est-ce qui t'a été confié ? De qui as-tu reçu cette charge ? Pourquoi as-tu été choisi ? Tu es le serviteur du Dieu bon ; tu as la charge de tes compagnons de service... « Que vais-je faire ? » La réponse était simple : « Je rassasierai les affamés, j'inviterai les pauvres... Vous tous qui manquez de pain, venez puiser les dons accordés par Dieu qui coulent comme d'une fontaine ».
Homélie 6, sur la richesse ; PG 31, 261 (trad. cf Delhougne, p. 426 et Luc commenté, DDB 1987, p. 108)
Comme le soleil brille sur les corps…
"Comme le soleil brille sur les corps sans être amoindri par la part de lumière qu'ils reçoivent de mille façons, l'Esprit procure à tous sa grâce sans être diminué ni divisé.
Il illumine tous les êtres vers l'intelligence de Dieu, il inspire les prophètes, il donne la sagesse aux législateurs, la consécration aux prêtres, la force aux rois, le conseil aux justes, l'honneur aux gens de vertu, par sa grâce il opère les guérisons, il rend la vie aux morts, il libère les enchaînés, il adopte les enfants déshérités.
Il opère ces merveilles en faisant naître d'en haut. Un publicain a la foi ? Il en fait un évangéliste (Mt 9, 9). Il vient chez un pêcheur ? Il en fait un théologien (Mt 4, 19). Un persécuteur se repent ? Il en fait l'Apôtre des nations, le héraut de la foi, l'instrument qu'il s'est choisi (Ac 9, 15). Par lui, les faibles sont forts, les pauvres sont riches, les gens sans esprit ni éloquence plus sages que les sages..."
(Homélie 15 sur la foi, 3 [traduction de Guillaume Bady pour Magnificat, n° 246, mai 2013, p. 412]).
Esprit de Dieu, Esprit de vérité
"Qui donc, en entendant les noms de l’Esprit, ne sent bondir son coeur et n’élève son esprit vers la nature qui surpasse tout ? On le dit Esprit de Dieu, Esprit de vérité, qui procède du Père, Esprit de rectitude, Esprit qui régit tout, Esprit Saint, enfin, son nom par excellence. Vers lui se tournent tous ceux qui cherchent la sanctification, vers lui s’élance le désir des saints qui sont comme rafraîchis par son souffle. Capable de parfaire les autres, lui-même ne manque de rien ; il n’est pas un vivant qui doit refaire ses forces mais le chorège de la vie. Il ne s’accroît pas, mais il est plénitude, parfait en lui-même et partout présent. Source de sanctification, lumière spirituelle, il fournit à tout esprit pour la découverte de la vérité un certain dévoilement lumineux. Inaccessible par nature, il se laisse comprendre à cause de sa bonté, il remplit tout de sa puissance, mais ne se communique qu’à ceux qui en sont dignes, non pas suivant une mesure unique, mais distribuant son opération à proportion de la foi."
(Traité du Saint-Esprit IX, 108-109 ; SC 17, pp. 145 sq).
L’amour envers Dieu n’est pas matière d’enseignement
"L’amour envers Dieu n’est pas matière d’enseignement. Car personne ne nous a enseigné à jouir de la lumière, à aimer la vie, à chérir ceux qui nous ont mis au monde ou qui nous ont élevés. De même, ou plutôt à plus forte raison, le désir de Dieu ne s’apprend pas par un enseignement venu de l’extérieur ; dès que cet être vivant (c’est l’homme que je veux dire) commence à exister, une sorte de germe est déposé en nous qui possède en lui-même le principe interne de l’amour. C’est à l’école des commandements de Dieu qu’il nous convient de l’accueillir, de le cultiver avec soin, de le nourrir avec intelligence et, par la grâce de Dieu, de le conduire à sa perfection…"
(Grandes Règles monastiques, Quest. 2, réponse 1)
Si vous aviez cru en Moïse….
"Quant à ces paroles : Le peuple eut foi en Dieu et en Moïse son serviteur", il faut y remarquer que Moïse y est joint à Dieu parce qu'il était le type du Christ ; il préfigurait, en effet, en sa personne, par le ministère de la Loi, le véritable médiateur entre Dieu et les hommes ; aussi, la foi qu'on avait en lui se rapportait, à travers lui, au Seigneur qui a dit : "Si vous aviez cru en Moïse, vous croiriez en moi." Ainsi, par une sage économie, le Seigneur nous amène à la pleine lumière de la vérité en y accoutumant progressivement nos yeux habitués aux ténèbres. Par ménagement pour notre faiblesse, le Dieu dont la sagesse est insondable et les jugements inscrutables nous apprend à regarder le soleil d'abord dans l'eau où il se mire, de peur qu'en fixant nos regards d'un seul coup sur la pure lumière nous ne soyons aveuglés. De même la Loi, "ombre des choses à venir", prophétie, présentation en figures de la vérité, prépare les yeux de notre coeur à passer de la contemplation des ombres à celle de la Sagesse cachée dans le mystère."
(Traité du St-Esprit, 128 ; SC 17, p. 167).
Le baptême alliance du Seigneur
"Le Seigneur, qui nous dispense la vie, a établi une alliance avec nous, le baptême, qui comporte une figure de la mort et une figure de la vie ; l'image de la mort est accomplie par l'eau ; et quant à la vie, c'est l'Esprit qui nous en fournit le premier don. Ainsi apparaît en pleine lumière l'objet de notre recherche : pourquoi l'eau est-elle jointe à l'Esprit ? C'est que le baptême vise un double but : réduire à l'impuissance l'être de péché afin de ne plus porter des fruits pour la mort ; mais aussi vivre de l'Esprit et porter des fruits qui conduisent à la sanctification. L'eau offre l'image de la mort en recevant le corps comme dans un tombeau ; l'Esprit infuse la force vivifiante en renouvelant nos âmes, qu'il fait passer de la mort du péché à la vie originelle. C'est donc cela, renaître de l'eau et de l'Esprit : la mort s'accomplit dans l'eau, et c'est l'Esprit qui produit notre vie.
(Traité sur le Saint-Esprit, 15,35)
L'Esprit éclaire tous les hommes
"L'Esprit éclaire tous les hommes pour leur faire connaître Dieu. Il donne aux Prophètes l'inspiration, aux législateurs la sagesse... c'est lui qui opère les guérisons miraculeuses, ressuscite les morts, fait sauter les chaînes des prisonniers, c'est par lui que les étrangers sont adoptés comme des fils. Il accomplit cela par son opération divine. Il prend un publicatin qui croit et en fait un évangéliste. Il vient dans un pécheur et en fait un docteur de la divinité. Trouve-t-il un persécuteur qui se repent, il le fait Apôtre des gentils, prédicateur de la foi, vase d'élection. Par lui, les faibles deviennent forts, les pauvres deviennent riches et les ignorants plus savants que les savants..."
(Homélie De Fide)
Saint Basile (v. 330-379), moine et évêque de Césarée en Cappadoce, docteur de l'Église
« Il va vendre tout ce qu’il possède »
Notre Seigneur Jésus Christ a vivement et souvent insisté : « Si quelqu’un veut venir à moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive » (Mt 16,24)… Et ailleurs : « Si tu veux être parfait, va, vends tout ce que tu possèdes et donne-le aux pauvres », après quoi il ajoute : « puis viens et suis-moi » (Mt 19,21).
Pour celui qui sait comprendre, la parabole du marchand veut dire la même chose : « Le Royaume des cieux est semblable à un marchand qui recherche des pierres précieuses ; lorsqu’il en a trouvé une d’un grand prix, il court vendre tout ce qu’il a, afin de pouvoir l’acheter. » La pierre précieuse désigne certainement ici le Royaume des cieux, et le Seigneur nous montre qu’il est impossible de l’obtenir, si nous n’abandonnons pas tout ce que nous possédons : richesse, gloire, noblesse de naissance et tout ce que tant d’autres recherchent avidement.
Le Seigneur a aussi déclaré qu’il est impossible de s’occuper convenablement de ce que l’on fait quand l’esprit est sollicité par diverses choses : « Personne ne peut servir deux maîtres », a-t-il dit (Mt 6,24). C’est pourquoi « le trésor qui est dans le ciel » est le seul que nous puissions choisir pour y attacher notre cœur : « Car où est votre trésor, là est votre cœur » (Mt 6,20s)… Pour tout dire, il s’agit de transporter notre cœur dans la vie du ciel, en sorte qu’on puisse dire : « Notre patrie est dans les cieux » (Ph 3,20). Surtout c’est commencer à devenir semblable au Christ, « qui, de riche qu’il était, s’est fait pauvre pour nous » (2Co 8,9).
Grandes Règles monastiques, § 8 (trad. Lèbe, Maredsous 1969, p. 71 rev.)
« Donne-nous de professer la vraie foi en reconnaissant la gloire de l'éternelle Trinité » (collecte)
L'âme qui aime Dieu n'en est jamais rassasiée, mais parler de Dieu est audacieux : notre esprit est bien loin d'une si grande affaire... Plus on est avancé dans la connaissance de Dieu, plus on ressent profondément son impuissance. Tel était Abraham, tel aussi était Moïse : alors qu'ils pouvaient voir Dieu, autant du moins qu'il est possible à l'homme, l'un comme l'autre se faisait le plus petit de tous ; Abraham se nommait « terre et cendre », et Moïse se disait de parole malhabile et lente (Gn 18,27; Ex 4,11). Il constatait en effet, la faiblesse de sa langue à traduire la grandeur de Celui que son esprit saisissait. Nous parlons de Dieu non pas tel qu'il est, mais tel que nous pouvons le saisir.
Quant à toi, si tu veux dire ou entendre quelque chose de Dieu, laisse ta nature corporelle, laisse tes sens corporels... Élève ton esprit au-dessus de tout ce qui a été créé, contemple la nature divine : elle est là, immuable, indivise, lumière inaccessible, gloire éclatante, bonté désirable, beauté inégalable dont l'âme est blessée, mais qu'elle ne peut pas traduire en paroles adéquates.
Là est le Père, le Fils et le Saint Esprit... Le Père est le principe de tout, la cause de l'être de ce qui est, la racine des vivants. Il est celui dont coulent la Source de la vie, la Sagesse, la Puissance, l'Image parfaitement semblable du Dieu invisible : le Fils engendré du Père, Verbe vivant, qui est Dieu, et tourné vers le Père (1Co 1,24; He 1,3; Jn 1,1). Par ce nom de Fils, nous apprenons qu'il partage la même nature : il n'est pas créé par un ordre, mais il brille sans cesse à partir de sa substance, uni au Père de toute éternité, égal à lui en bonté, égal en puissance, partageant sa gloire... Et quand notre intelligence aura été purifiée des passions terrestres et qu'elle laisse de côté toute créature sensible, tel un poisson qui émerge des profondeurs à la surface, rendue à la pureté de sa création, elle verra alors l'Esprit Saint là où est le Fils et où est le Père. Cet Esprit, étant de même essence selon sa nature, possède lui aussi tous les biens : bonté, droiture, sainteté, vie... De même que brûler est lié au feu et resplendir à la lumière, ainsi on ne peut ôter à l'Esprit Saint le fait de sanctifier ou de faire vivre, pas plus que la bonté et la droiture.
Homélie sur la foi, 1-3 (trad. Brésard, 2000 ans C, p. 160 rev.)
Dieu nous appelle inlassablement à nous convertir
Frères, ne demeurons pas dans l'insouciance et le relâchement ; ne remettons pas toujours avec légèreté, à demain ou à plus tard, pour commencer à nous mettre à l'œuvre. « C'est maintenant l'heure favorable, dit l'apôtre Paul, c'est aujourd'hui le jour du salut » (2Co 6,2). Actuellement, c'est le temps de la pénitence, plus tard ce sera celui de la récompense ; à présent, c'est le temps de la persévérance, un jour viendra celui de la consolation. Maintenant Dieu vient en aide à ceux qui se détournent du mal ; plus tard il sera le juge des actes, des paroles et des pensées des hommes. Aujourd'hui nous profitons de sa patience ; nous connaîtrons la justice de ses jugements, à la résurrection, quand nous recevrons chacun selon ses œuvres.
Jusqu'à quand donc remettrons-nous d'obéir au Christ qui nous appelle dans son Royaume céleste ? Ne nous purifierons-nous pas ? Ne nous résoudrons-nous pas à abandonner notre genre de vie habituel pour suivre l'Évangile jusqu'au bout ?
Prologue aux Grandes Règles (trad. Lèbe, Maredsous 1969, rev.)
C'est Dieu qui a mis en nous le désir de l'aimer.
L'amour envers Dieu n'est pas matière d'enseignement. Car personne ne nous a enseigné à jouir de la lumière, à aimer la vie, à chérir ceux qui nous ont mis au monde ou qui nous ont élevés. De même, ou plutôt à plus forte raison, le désir de Dieu ne s'apprend pas par un enseignement venu de l'extérieur ; dès que cet être vivant (c'est l'homme que je veux dire) commence à exister, une sorte de germe est déposé en nous qui possède en lui-même le principe interne de l'amour. C'est à l'école des commandements de Dieu qu'il nous convient de l'accueillir, de le cultiver avec soin, de le nourrir avec intelligence et, par la grâce de Dieu, de le conduire à sa perfection.
J'approuve votre zèle, il est nécessaire pour atteindre ce but. Si Dieu nous l'accorde, et avec l'aide de vos prières, nous allons essayer, autant que l'Esprit Saint nous en donnera le pouvoir, d'exciter l'étincelle de l'amour divin qui se trouve en vous. ~
Nous devons dire d'abord que nous avons reçu de Dieu, préalablement à tous les commandements qu'il nous a donnés, la force et la capacité de les accomplir ; ainsi nous ne devons ni nous révolter comme si l'on exigeait de nous quelque chose d'inouï, ni être fiers comme si nous apportions plus que nous n'avons reçu. Si nous employons ces forces loyalement et comme il faut, nous vivons saintement selon la vertu ; mais, si nous en faisons un mauvais usage, nous tombons dans le vice.
C'est ainsi que le vice se définit : employer à faire le mal les facultés que Dieu nous a données pour faire le bien, contrairement à ses commandements. Au contraire, la vertu que Dieu attend de nous consiste à employer ces mêmes facultés, sous l'influence d'une conscience droite, selon le commandement de Dieu.
Cela étant, nous dirons la même chose de la charité. En recevant de Dieu l'ordre de l'aimer, nous avons reçu, dès notre origine, l'aptitude à l'aimer. Cela ne nous est pas démontré par des arguments extérieurs. Chacun peut l'apprendre par lui-même et en lui-même. Nous désirons par nature ce qui est bon et beau, bien que la même chose n'apparaisse pas bonne et belle à celui-ci et à celui-là. Nous n'avons pas besoin qu'on nous apprenne à aimer nos parents et nos proches, et c'est spontanément que nous accordons notre bienveillance à ceux qui nous font du bien.
Or, je vous le demande, y a-t-il rien de plus admirable que la beauté divine ? Que peut-on imaginer de plus digne de plaire et de plus agréable que la magnificence de Dieu ? Y a-t-il un désir fort et violent comme celui que Dieu inspire à l'âme purifiée de tout vice et qui s'écrie sincèrement : Je suis blessée d'amour ? Les splendeurs de la beauté divine sont inexprimables et indescriptibles.
LES GRANDES RÈGLES MONASTIOUES DE SAINT BASILE
« Renaître de l'eau et de l'Esprit »
Le Seigneur, qui nous dispense la vie, a établi une alliance avec nous, le baptême, qui comporte une figure de la mort et une figure de la vie ; l'image de la mort est accomplie par l'eau ; et quant à la vie, c'est l'Esprit qui nous en fournit le premier don. Ainsi apparaît en pleine lumière l'objet de notre recherche : pourquoi l'eau est-elle jointe à l'Esprit ? C'est que le baptême vise un double but : réduire à l'impuissance l'être de péché afin de ne plus porter des fruits pour la mort ; mais aussi vivre de l'Esprit et porter des fruits qui conduisent à la sanctification . L'eau offre l'image de la mort en recevant le corps comme dans un tombeau ; l'Esprit infuse la force vivifiante en renouvelant nos âmes, qu'il fait passer de la mort du péché à la vie originelle. C'est donc cela, renaître de l'eau et de l'Esprit: la mort s'accomplit dans l'eau, et c'est l'Esprit qui produit notre vie.
C'est en trois immersions avec autant d'invocations que s'accomplit le grand mystère du baptême, afin que soit représentée la figure de la mort et que l'âme des baptisés soit illuminée par la communication de la connaissance de Dieu. Aussi bien, s'il y a dans l'eau une grâce, elle ne vient pas de la nature de l'eau, mais de la présence de l'Esprit. Car le baptême n'est pas la suppression d'une souillure extérieure, mais l'engagement envers Dieu d'une conscience droite . C'est donc pour nous préparer à la vie de ressuscités que le Seigneur nous propose de vivre selon l'Évangile, lorsqu'il nous prescrit de renoncer à la colère, de supporter le mal avec patience, de nous détacher des plaisirs, de ne pas désirer la richesse. Ainsi nous fait-il suivre la voie droite, lorsque nous adoptons à l'avance, par libre choix, ce que nous posséderons comme naturellement dans cette vie future. ~
C'est par l'Esprit Saint que se fait la réintégration au paradis, la montée vers le royaume des cieux, le retour à la vie des fils adoptifs. Par lui nous avons l'audace d'appeler Dieu notre Père ; il nous donne d'être en communion avec la grâce du Christ, de nous nommer fils de lumière, de participer à la gloire éternelle et, pour tout dire en un mot, d'être comblés de toute bénédiction dans ce siècle et dans le siècle à venir ; de voir dans un miroir, comme s'ils étaient déjà présents, la grâce des biens promis, dont la foi nous fait attendre la jouissance. Car si le premier don est aussi riche, qu'en sera-t-il du versement complet ? Et si les prémices sont aussi belles, qu'en sera-t-il de la plénitude totale ?
TRAITÉ SUR LE SAINT-ESPRIT
« C'est dans sa mort que nous avons été baptisés »
Le dessein de Dieu notre Sauveur en faveur de l'homme consiste à le ramener de son exil, à le faire revenir dans l'intimité de Dieu en le tirant de l'éloignement causé par sa désobéissance. Telle est la raison de l'avènement du Christ dans la chair, de ses exemples de vie évangélique, de ses souffrances, de sa croix, de son ensevelissement, de sa résurrection : que l'homme, sauvé par l'imitation du Christ, recouvre l'adoption filiale des origines.
Il est donc nécessaire, pour une vie parfaite, d'imiter le Christ non seulement dans les exemples de douceur, d'humilité, de patience, que l'on trouve dans sa vie, mais aussi dans sa mort elle-même, comme le dit saint Paul, l'imitateur du Christ : Reproduire en moi sa mort, dans l'espoir de parvenir, moi aussi, à ressusciter d'entre les morts .
Comment donc lui ressembler dans sa mort ? En nous ensevelissant avec lui par le baptême . Mais de quelle manière s'ensevelir ? Et quel avantage tirer de cette imitation ? D'abord, il est nécessaire de briser le cours de la vie passée. Cela est impossible à moins de renaître , selon la parole du Seigneur. La seconde naissance, comme le mot l'indique, est le commencement d'une autre vie. Si bien que, pour commencer cette autre vie, il faut mettre fin à la précédente. Dans la double course du stade, un arrêt, un léger repos sépare l'aller du retour ; de même, lorsqu'on change de vie, il paraît nécessaire qu'une mort intervienne entre les deux vies pour mettre fin à ce qui précède et faire commencer ce qui vient ensuite.
Comment donc réussir à descendre au séjour des morts ? En mimant l'ensevelissement du Christ par le baptême. En effet, le corps du baptisé est en quelque sorte enseveli dans l'eau. Par conséquent, c'est l'abandon d'une vie selon la chair que le baptême suggère symboliquement. Comme dit l'Apôtre : Vous avez reçu une circoncision où la main des hommes n'est pour rien, et qui vous a dépouillés du corps charnel : c'est la circoncision venue du Christ ; vous avez été ensevelis avec lui par le baptême . Le baptême purifie l'âme, pour ainsi dire, de la souillure venue des pensées charnelles, ainsi qu'il est écrit : Tu me laveras, et je serai plus blanc que neige . ~ C'est pourquoi nous ne connaissons qu'un seul baptême qui donne le salut, puisqu'il n'y a qu'une seule mort pour le rachat du monde et une seule résurrection des morts, et que l'une et l'autre sont figurées par le baptême.
TRAITÉ SUR LE SAINT-ESPRIT
« Notre fierté, c'est la croix du Christ »
Que le sage ne se glorifie pas de sa sagesse, que le vaillant ne se glorifie pas de sa vaillance, que le riche ne se glorifie de sa richesse ! Alors, où est la vraie gloire et en quoi l'homme est-il vraiment grand ? Le prophète répond : Celui qui veut se glorifier trouvera sa gloire s'il reconnaît et comprend que je suis le Seigneur.
Voilà quelle est la noblesse de l'homme, voilà quelle est sa gloire et sa grandeur : connaître vraiment ce qui est grand et s'y unir, et rechercher sa gloire dans la gloire de Dieu. L'Apôtre dit en effet : Celui qui se glorifie, qu'il se glorifie dans le Seigneur , après avoir dit : Le Christ a été envoyé pour être notre sagesse, pour être notre justice, notre sanctification, notre rédemption . ~
Voilà quelle est en Dieu notre fierté parfaite et exacte : ne pas se flatter de sa propre justice, mais savoir qu'on est dépourvu de vraie justice et ne trouver sa justice que dans la foi au Christ. Et c'est en cela que Paul se glorifie, car il méprise sa propre justice : il recherche cette justice qui est donnée par le Christ, qui vient de Dieu et qui consiste en la foi, pour connaître le Christ, éprouver la puissance de sa résurrection, et communier aux souffrances de sa passion, en reproduisant sa mort dans l'espoir de parvenir à ressusciter d'entre les morts.
Alors, toute la prétention de l'orgueil s'écroule. Il ne te reste plus rien, pauvre homme, dont tu puisses te vanter, où tu puisses mettre ta fierté et ton espérance. Il ne te reste qu'à mortifier tout ce que tu possèdes, qu'à chercher dans le Christ ta vie future. Nous l'avons par avance, nous y sommes déjà, puisque nous vivons entièrement par la grâce que Dieu nous donne.
Et certes, c'est l'action de Dieu qui produit en nous la volonté et l'action, parce qu'il veut notre bien . En outre Dieu nous révèle par son Esprit sa sagesse qui a préparé notre gloire . Et c'est Dieu qui nous donne la force dont nous avons besoin dans nos labeurs. J'ai travaillé plus qu'eux tous, dit saint Paul ; non pas moi, mais la grâce de Dieu qui est avec moi.
Dieu nous a délivrés de tout danger au-delà de toute espérance humaine. Nous avions reçu en nous-mêmes notre arrêt de mort , dit saint Paul. Ainsi notre confiance ne pouvait plus se fonder sur nous-mêmes, mais sur Dieu qui ressuscite les morts. C'est lui qui nous a arrachés à une telle mort et nous en arrachera ; en lui nous avons mis notre espérance : il nous en arrachera encore .
HOMÉLIE DE SAINT BASILE SUR L'HUMILITÉ
Les deux commandements de l’amour
Question : Nous vous prions d'abord de nous dire si les commandements de Dieu se suivent dans un certain ordre. Y a-t-il un premier, un deuxième, un troisième et ainsi de suite ?…
Réponse : Le Seigneur en personne a déterminé l'ordre à garder dans ses commandements. Le premier et le plus grand est celui qui regarde la charité envers Dieu, et le second, qui lui est semblable, ou plutôt en est l'accomplissement et la conséquence, concerne l'amour du prochain...
Question : Parlez-nous d'abord de l'amour de Dieu. Il est entendu qu'il faut aimer Dieu, mais comment faut-il l'aimer ?...
Réponse : L'amour envers Dieu ne s'enseigne pas. Personne ne nous a appris à jouir de la lumière ni à tenir à la vie par-dessus tout ; personne non plus ne nous a enseigné à aimer ceux qui nous ont mis au monde ou nous ont élevés. De la même façon, ou plutôt à plus forte raison, ce n'est pas un enseignement extérieur qui nous apprend à aimer Dieu. Dans la nature même de l'être vivant -- je veux dire de l'homme -- est déposé une sorte de germe qui contient en lui le principe de cette aptitude à aimer. C'est à l'école des commandements de Dieu qu'il appartient de recueillir ce germe, de le cultiver diligemment, de le nourrir avec soin, et de le porter à son épanouissement moyennant la grâce divine. J'approuve votre zèle, il est indispensable au but…
Il faut savoir que cette vertu de charité est une, mais qu'en puissance elle embrasse tous les commandements : « Car celui qui m'aime, dit le Seigneur, accomplit mes commandements » (Jn 14,23), et encore : « Dans ces deux commandements sont contenus toute la loi et les prophètes » (Mt 22,40).
Grandes Règles monastiques, Q 1-2 (trad. Eds Maredsous 1969, p. 48s)
Ne rien préférer au Christ
Notre Seigneur Jésus Christ a dit à tous, à plusieurs reprises et en donnant diverses preuves : « Si quelqu'un veut venir après moi, qu'il se renonce à lui-même, qu'il prenne sa croix et qu'il me suive » ; et encore : « Celui d'entre vous qui ne renonce pas à tout ce qu'il a ne peut être mon disciple ». Il nous paraît donc exiger le renoncement le plus complet... « Où est ton trésor, dit-il ailleurs, là est ton coeur » (Mt 6,21). Si donc nous nous réservons des biens terrestres ou quelque provision périssable, notre esprit y demeure enlisé comme dans de
Se renoncer, c'est donc délier les liens qui nous attachent à cette vie terrestre et passagère, se libérer des contingences humaines, afin d'être plus à même de marcher dans la voie qui conduit à Dieu. C'est se libérer des entraves afin de posséder et user de biens qui sont « beaucoup plus précieux que l'or et que l'argent » (Ps 18,11). Et pour tout dire, se renoncer, c'est transporter le coeur humain dans la vie du ciel, en sorte qu'on puisse dire : « Notre patrie est dans les cieux » (Ph 3,20). Et surtout, c'est commencer à devenir semblable au Christ, qui pour nous s'est fait pauvre, de riche qu'il était (2Co 8,9). Nous devons lui ressembler si nous voulons vivre conformément à l'Évangile.
Grandes Règles monastiques ; question 8 (trad. Brésard, 2000 ans C, p. 224 et Lèbe, Maredsous)
Inlassablement, Dieu nous appelle à la conversion
Jusqu’à quand remettrons-nous d'obéir au Christ qui nous appelle dans son Royaume céleste ? Ne nous purifierons-nous pas ? Ne nous résoudrons-nous pas à abandonner notre genre de vie habituel pour suivre à fond l'Évangile ?… Nous prétendons désirer le Royaume de Dieu, mais sans trop nous préoccuper des moyens de l'obtenir.
Bien mieux, dans la vanité de notre esprit, sans nous donner la moindre peine pour observer les commandements du Seigneur, nous croyons être dignes de recevoir les mêmes récompenses que ceux qui ont résisté au péché jusqu'à
Dieu est bon, mais il est juste aussi…: « Le Seigneur aime la miséricorde et la justice » (Ps 32,5) ; « c'est pourquoi, Seigneur, je chanterai ta miséricorde et ta justice » (Ps 100,1)… Vois avec quel discernement le Seigneur use de
Grandes Règles monastiques, prologue (trad. Brésard, 2000 ans C, p. 20)
Construire d'autres greniers
« Insensé, cette nuit même, on te redemandera ta vie, et ce que tu as préparé, qui donc l'aura ? » La conduite du riche de l'Évangile est plus dérisoire que le châtiment éternel n'est rigoureux. En effet, cet homme qui va être enlevé de ce monde dans si peu de temps, quels projets agite-t-il dans son esprit ? « Je vais démolir mes greniers et j'en rebâtirai de plus grands. » Moi, je lui dirais volontiers : Tu fais bien, car ils ne méritent que trop d'être démolis, les greniers de l'injustice. De tes propres mains, détruis de fond en comble ce que tu as bâti malhonnêtement. Laisse s'écrouler tes réserves de blé dont personne n'est jamais parti réconforté. Fais disparaître tout bâtiment refuge de ton avarice, enlève les toits, abats les murs, expose au soleil le blé qui moisit, sors de leur prison les richesses qui y étaient captives...
« Je vais démolir mes greniers et j'en rebâtirai de plus grands. » Une fois que tu les auras remplis à leur tour eux aussi, quel parti prendras-tu ? Les démoliras-tu pour en rebâtir d'autres une fois encore ? Est-il pire folie que de se tourmenter sans fin, de construire avec acharnement et de s'acharner à détruire ? Tu as pour greniers, si tu le veux, les demeures des indigents. « Amasse-toi des trésors dans le ciel. » Ce qui est entreposé là « les vers ne le mangent pas, la rouille ne le ronge pas, les voleurs ne le dérobent pas » (Mt 6,20).
Homélie 31 (trad. Luc commenté, DDB 1987, p. 116 rev.)
« Et les neuf autres, où sont-ils ? »
Après avoir offensé notre bienfaiteur par notre indifférence devant les marques de sa bienveillance, nous n'avons cependant pas été abandonnés par la bonté du Seigneur ni retranchés de son amour, mais nous avons été tirés de la mort et rendus à la vie par notre Seigneur Jésus Christ. Et la manière dont nous avons été sauvés est digne d'une admiration plus grande encore. « Bien qu'il soit Dieu, il n'a pas estimé devoir garder jalousement son égalité avec Dieu, mais il s'est abaissé lui-même jusqu'à prendre la condition d'esclave » (Ph 2,6-7).
Il a pris nos faiblesses, il a porté nos souffrances, il a été meurtri pour nous afin de nous sauver par ses blessures, il nous a rachetés de la malédiction en se faisant malédiction pour nous (Is 53,4-5; Ga 3,13) ; il a souffert la mort la plus infamante pour nous conduire à la vie de la gloire. Et il ne lui a pas suffi de rendre à la vie ceux qui étaient dans la mort, il les a revêtus de la dignité divine et leur a préparé dans le repos éternel un bonheur qui dépasse toute imagination humaine.
Que rendrons-nous donc au Seigneur pour tout ce qu'il nous a donné ? Il est si bon qu'il ne demande rien en compensation de ses bienfaits : il se contente d'être aimé.
Grandes Règles monastiques, § 2 (trad. Lèbe, Maredsous 1969, p. 52-54)
Saint Basile (v. 330-379), moine et évêque de Césarée en Cappadoce, docteur de l'Église
Se montrer habile
Considère, homme, celui qui t'a comblé de ses dons. Réfléchis sur toi-même. Rappelle-toi qui tu es, quelles affaires tu conduis, qui te les a confiées, pour quelle raison tu as été préféré à beaucoup. Tu es le serviteur du Dieu bon ; tu as la charge de tes compagnons de service. Ne crois pas que tous ces biens sont destinés à ton ventre. Dispose des biens que tu as entre les mains comme s'ils appartenaient à autrui ; ils te donneront du plaisir pendant quelque temps, puis s'évanouiront et disparaîtront. Mais il t'en sera demandé un compte détaillé...
« Que vais-je faire ? » La réponse était simple : « Je rassasierai les affamés ; j'ouvrirai mes greniers et j'inviterai les pauvres... Vous tous qui manquez de pain, venez à moi. Que chacun prenne une part suffisante des dons que Dieu m'a accordés. Venez y puiser comme à la fontaine publique ».
Homélie 6, sur la richesse ; PG 31,261s (trad. Luc commenté, DDB 1987, p. 108)
La sainteté des anges
« Les cieux ont été affermis par la parole du Seigneur, et toute leur armée par le souffle de sa bouche » (Ps 32,6)... Comment ne pas penser à la Trinité : le Seigneur qui ordonne, la Parole qui crée, le Souffle qui affermit ? Que veut dire « affermir », sinon parfaire en sainteté, ce mot désignant sûrement le fait d'être solidement fixé dans le bien ? Mais sans l'Esprit Saint, pas de sainteté, car les puissances des cieux ne sont pas saintes par leur propre nature, autrement elles ne diffèreraient pas de l'Esprit Saint ; elles tiennent de l'Esprit la mesure de leur sainteté chacune à son rang...
La substance des anges est peut-être un souffle aérien ou un feu immatériel. Un psaume dit : « Tu prends les vents pour messagers, pour serviteurs un feu de flamme » (Ps 103,4). C'est pourquoi, ils peuvent être dans un lieu et ensuite devenir visibles sous un aspect corporel à ceux qui en sont dignes. Mais la sainteté...leur est communiquée par l'Esprit. Et les anges se maintiennent dans leur dignité en persévérant dans le bien, en gardant leur choix ; ils choisissent de ne jamais s'écarter du vrai bien...
Comment les anges diraient-ils : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux » (Lc 2,14) sinon par l'Esprit ? En effet, « personne ne peut dire : ' Jésus est le Seigneur, ' sinon dans l'Esprit Saint, et personne, s'il parle dans l'Esprit de Dieu, ne dit : ' Maudit soit Jésus ' » (1Co 12,3). Voilà ce qu'auront dit précisément les esprits mauvais, adversaires de Dieu...dans leur libre-arbitre... Toutes les puissances invisibles (Col 1,16), pourraient-elles mener une vie bienheureuse si elles ne voyaient pas sans cesse la face du Père qui est dans les cieux ? (Mt 18,10) Or, cette vision-là, on ne peut pas l'avoir sans l'Esprit... Les séraphins diraient-ils : « Saint, Saint, Saint » (Is 6,3) si l'Esprit ne leur avait pas appris cette louange ? Si tous ses anges et toutes ses puissances célestes louent Dieu (Ps 148,2), si des milliers de milliers d'anges et d'innombrables myriades de ministres se tiennent près de lui, c'est dans la force de l'Esprit Saint qui régit toute cette harmonie céleste et indicible dans le service de Dieu et dans l'accord mutuel.
Traité du Saint Esprit, ch 16 (trad. SC 17, pp. 177s rev)
« Si quelqu'un veut être le premier, qu'il soit le dernier de tous et le serviteur de tous »
Souviens-toi de ce proverbe : « Dieu résiste aux superbes et donne sa grâce aux humbles » (Jc 4,6). Aie présente la parole du Seigneur : « qui s'humilie sera élevé, et qui s'élève sera abaissé » (Mt 23,12)... S'il te semble avoir quelque chose de bon, mets-le à ton compte, mais sans oublier tes fautes ; ne t'enfle pas de ce que tu as fait de bien aujourd'hui, n'écarte pas le mal récent et passé ; si le présent te donne sujet de gloriole, rappelle-toi le passé ; c'est ainsi que tu perceras le stupide abcès ! Et si tu vois ton prochain pécher, garde-toi de ne considérer en lui que cette faute, mais pense aussi à ce qu'il fait ou à ce qu'il a fait de bien ; et souvent, tu le découvriras meilleur que toi, si tu examines l'ensemble de ta vie et ne fais pas le calcul de choses fragmentaires. Car Dieu n'examine pas l'homme de façon fragmentaire... Rappelons-nous souvent tout cela pour nous préserver de l'orgueil, nous abaissant pour être élevés.
Imitons le Seigneur qui est descendu du ciel jusqu'au dernier abaissement... Mais après un tel abaissement, il a fait éclater sa gloire, glorifiant avec lui ceux qui avaient été méprisés avec lui. Tels étaient bien en effet, ses bienheureux premiers disciples, eux qui, pauvres et nus, parcoururent l'univers, sans paroles de sagesse, sans escorte fastueuse, mais seuls, errants et dans la peine, vagabonds sur terre et sur mer, battus de verges, lapidés, poursuivis, et finalement mis à mort. Tels sont pour nous les enseignements divins de notre Père. Imitons-les pour arriver, nous aussi, à la gloire éternelle, ce don parfait et véritable du Christ.
Homélie sur l'humilité, 5-6 (trad. Brésard, 2000 ans B, p. 232)
« Voilà le premier commandement... Le second lui est semblable »
Nous avons reçu le précepte d'aimer notre prochain comme nous-mêmes. Mais Dieu ne nous a-t-il pas donné aussi une disposition naturelle à le faire ?… Rien n'est plus conforme à notre nature que de vivre ensemble, de nous rechercher mutuellement et d'aimer notre semblable. Le Seigneur demande donc les fruits de ce germe qu'il a déjà déposé en nous, en disant : « Je vous donne un commandement nouveau, c'est de vous aimer les uns les autres » (Jn 13,34).
Dans le but d'inciter notre âme à obéir à ce précepte, il n'a pas voulu qu'on trouve le signe distinctif de ses disciples dans des prodiges ou des œuvres extraordinaires, bien qu'ils en aient reçu le don dans l'Esprit Saint. Il dit au contraire : « On reconnaîtra que vous êtes mes disciples à cet amour que vous aurez les uns pour les autres » (Jn 13,35). Et il met un tel lien entre les deux commandements qu'il regarde comme faite à lui-même toute bonne action faite envers le prochain : « Car j'ai eu soif, dit-il, et vous m'avez donné à boire. » Et il ajoute : « Tout ce que vous avez fait au plus petit d'entre mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait » (Mt 25,35-40).
L'observance du premier commandement contient donc aussi l'observance du second, et par le second on retourne au premier. Celui qui aime Dieu aimera par conséquent son prochain : « Celui qui m'aime, dit le Seigneur, accomplira mes commandements. Mon commandement, le voici : c'est que vous vous aimiez les uns les autres comme je vous ai aimés » (Jn 14,23; 15,12). Je le répète donc : qui aime son prochain remplit son devoir d'amour envers Dieu, car Dieu considère ce don comme fait à lui-même
Grandes Règles monastiques, § 3 (trad. Lèbe, Maredsous 1969, p. 55 rev.)
Faites-vous des semailles de justice, moissonnez pour vous une récolte de bonté
Fais comme la terre, toi qui m'écoutes. Porte du fruit comme elle, ne te montre pas inférieur à la nature inanimée. Elle ne nourrit pas ses fruits pour en jouir elle-même, mais pour te rendre service. Toi, au contraire, tous les fruits de la bienfaisance que tu montres, tu les recueilles pour toi-même, car la récompense méritée par les bonnes œuvres revient aux bienfaiteurs. Tu as donné à celui qui avait faim, mais ce que tu as donné reste à toi et même te revient avec des intérêts. De même que le blé, lorsqu'il est tombé en terre, procure du bien à celui qui l'a semé, de même le pain présenté à celui qui a faim te procurera dans la suite beaucoup de profit. Lorsque tu auras achevé de travailler la terre, alors commenceront les semailles célestes. Comme dit l'Écriture : Faites-vous des semailles de justice . ~
Tu devras abandonner ton argent ici-bas, même si tu ne le veux pas. Au contraire, tu emporteras devant le Maître l'honneur mérité par tes bonnes œuvres, lorsque tout un peuple réuni autour de toi, devant le Juge commun, t'appellera nourricier, bienfaiteur, et te donnera tous les titres qui qualifient la bonté envers les hommes.
Ne vois-tu pas, au théâtre, des gens qui jettent leur fortune à des champions de boxe, à des comédiens, à des hommes qui luttent avec les bêtes fauves et dont le seul aspect inspire le dégoût ? Ils font ces prodigalités pour la gloriole d'un moment, pour recevoir les acclamations et les applaudissements de la foule. Et toi, tu restreins les dépenses dont tu vas retirer une si grande gloire ? Dieu t'approuvera, les anges t'acclameront, tous les hommes, depuis la création du monde, te proclameront bienheureux. Tu recevras la gloire éternelle, la couronne de justice, le Royaume des cieux, pour te récompenser d'avoir bien géré des richesses périssables. Mais tout cela te laisse indifférent, et tu méprises les biens que tu devrais espérer, par attachement à ceux qui sont ici. Allons ! Distribue ta richesse de mille manières, sois généreux et magnifique dans tes dépenses pour les malheureux. Alors, on pourra dire de toi : À pleine main, il donne aux pauvres ; sa justice demeurera toujours . ~
Toi qui es riche et qui repousses le pauvre, comme tu devrais être reconnaissant envers le pauvre, ton bienfaiteur, comme tu devrais être joyeux et fier de l'honneur qui t'est fait, car tu n'as pas besoin d'aller réclamer à la porte d'autrui, puisque ce sont les autres qui assiègent la tienne. Mais tu es maussade et inabordable ; tu évites les rencontres pour ne pas être obligé de laisser échapper la moindre aumône. Tu ne connais qu'une parole : « Je n'ai rien, je ne donnerai rien, car je suis pauvre. » Oui, tu es pauvre, tu ne possèdes aucun bien : tu es pauvre d'amour, pauvre de bonté, pauvre de foi en Dieu, pauvre d'espérance éternelle.
HOMÉLIE DE SAINT BASILIE DE CÉSAREE SUR LA RICHESSE
« Heureux est l'homme qui prend pitié et prête, ...qui donne aux pauvres ; sa justice demeure à jamais » (Ps 111)
Que répondras-tu au souverain juge, toi qui habilles tes murs et n'habilles pas ton semblable ? toi qui pares tes chevaux et n'as pas même un regard pour ton frère dans la détresse ?... toi qui enfouis ton or et ne viens pas en aide à l'opprimé ?... Dis-moi, qu'est-ce qui t'appartient ? De qui as-tu reçu tout ce que tu portes à travers cette vie ?... N'es-tu pas sorti nu du sein de ta mère ? Et ne retourneras-tu pas à la terre également nu ? (Jb 1,21) Les biens présents, de qui les tiens-tu ? Si tu réponds : du hasard, tu es un impie qui refuse de connaître son créateur et de remercier son bienfaiteur. Si tu conviens que c'est de Dieu, dis-moi donc pour quelle raison tu les as reçus. Est-ce que Dieu serait injuste en répartissant inégalement les biens nécessaires à la vie ? Pourquoi es-tu dans l'abondance et celui-là dans la misère ? N'est-ce pas uniquement pour qu'un jour, par ta bonté et ta gestion désintéressée, tu reçoives la récompense, alors que le pauvre obtiendra la couronne promise à la patience ?... A l'affamé appartient le pain que tu gardes ; à l'homme nu le manteau que tu recèles dans tes coffres... Ainsi tu commets autant d'injustices qu'il y a de gens que tu pouvais aider.
Homélie 6 contre la richesse ; PG 31, 275-278
« Le Fils de l'homme va être livré aux mains des hommes »
« Qui s'élève sera humilié, et qui s'abaisse sera élevé » (Mt 23,12)... Imitons le Seigneur qui est descendu du ciel jusqu'au dernier abaissement, et qui, en retour, a été élevé du dernier rang jusqu'à la hauteur qui lui convenait. Découvrons tout ce que nous enseigne le Seigneur pour nous conduire à l'humilité. Petit bébé, le voici déjà dans une grotte, couché non dans un berceau, mais dans une mangeoire. Dans la maison d'un artisan et d'une mère sans ressources, il est soumis à sa mère et à son époux. Se laissant enseigner, écoutant ceux dont il n'avait nul besoin, il interrogeait, mais pourtant de telle sorte que par ses interrogations, on s'étonnait de sa sagesse. Il se soumet à Jean, et le Maître reçoit de son serviteur le baptême. Jamais il n'a résisté à ceux qui se dressaient contre lui, et n'a pas fait preuve de sa puissance invincible pour se libérer des mains qui l'enchaînaient, mais il s'est laissé faire, comme impuissant, et dans la mesure où il l'a jugé bon, il a donné prise sur lui à un pouvoir éphémère. Il a comparu devant le grand prêtre en qualité d'accusé ; conduit devant le gouverneur, il s'est soumis à son jugement, et alors qu'il pouvait répondre aux calomniateurs, il a subi en silence leurs calomnies. Couvert de crachats par des esclaves et des servants indignes, il a été enfin livré à la mort, à une mort infamante aux yeux des hommes. Voilà comment s'est déroulé sa vie d'homme depuis sa naissance jusqu'à sa fin. Mais après un tel abaissement, il a fait éclater sa gloire... Imitons-le pour arriver, nous aussi, à la gloire éternelle.
Homélie sur l'humilité, 5-6 (trad? Brésard, 2000 ans B, p. 232 rev.)
« Celui qui est digne de confiance dans une petite affaire est digne de confiance aussi dans une grande »
Tu dois savoir d'où vient pour toi l'existence, le souffle, l'intelligence et ce qu'il y a de plus précieux, la connaissance de Dieu, d'où vient l'espérance du Royaume de cieux et celle de contempler la gloire que tu vois aujourd'hui de manière obscure, comme dans un miroir, mais que tu verras demain dans toute sa pureté et son éclat (1Co 13,12). D'où vient que tu sois fils de Dieu, héritier avec le Christ (Rm 8,16-17) et, j'oserai dire, que tu sois toi-même un dieu ? D'où vient tout cela et par qui ? Ou encore, pour parler de choses moins importantes, celles qui se voient : qui t'a donné de voir la beauté du ciel, la course du soleil, le cycle de la lune, les étoiles innombrables et, en tout cela, l'harmonie et l'ordre qui les conduisent ?... Qui t'a donné la pluie, l'agriculture, les aliments, les arts, les lois, la cité, une vie civilisée, des relations familières avec tes semblables ? N'est-ce pas de Celui qui, avant toute chose et en retour de tous ses dons, te demande d'aimer les hommes ?... Alors que lui, notre Dieu et notre Seigneur, n'a pas honte d'être appelé notre Père, allons-nous renier nos frères ? Non, mes frères et mes amis, ne soyons pas des gérants malhonnêtes des biens qui nous sont confiés.
Homélie 14, sur l'amour des pauvres, § 23-25 ; PG 35,887 (trad. Solesmes, Lectionnaire, t. 2, p. 161 rev.)
« Être riche en vue de Dieu »
« Que vais-je faire ? Où trouver de quoi manger ? De quoi m'habiller ? » Voilà ce que dit ce riche. Son cœur souffre, l'inquiétude le dévore, car ce qui réjouit les autres accable l'avare. Que tous ses greniers soient remplis n'est pas pour lui un bonheur. Ce qui tourmente douloureusement son âme, c'est ce trop-plein de richesses débordant de ses greniers Considère, homme, celui qui t'a comblé de ses largesses. Réfléchis un peu sur toi-même : Qui es-tu ? Qu'est-ce qui t'a été confié ? De qui as-tu reçu cette charge ? Pourquoi as-tu été choisi de préférence à bien d'autres ? Le Dieu de bonté a fait de toi son intendant ; tu as la charge de tes compagnons de service : ne va pas croire que tout est préparé pour ton seul estomac ! Les biens que tu as entre les mains, disposes-en comme s'ils appartenaient à d'autres. Le plaisir qu'ils te procurent dure peu, bientôt ils vont t'échapper et disparaître, mais il t'en sera demandé un compte rigoureux. Or toi, tu gardes tout, portes et serrures verrouillés ; et bien que tu aies tout enfermé, l'anxiété t'empêche de dormir... « Que vais-je faire ? » Il y avait une réponse toute prête : « Je comblerai les âmes des affamés ; j'ouvrirai mes greniers et j'inviterai tous ceux qui sont dans le besoin... Je ferai entendre une parole généreuse : Vous tous qui manquez de pain, venez à moi, prenez votre part des dons accordés par Dieu, chacun à sa suffisance. »
Homélie 6, sur les richesses ; PG 31, 261s (trad. Luc commenté, DDB 1987, p. 109 rev.)
Ne vous faites pas de trésor sur la terre
Pourquoi te tourmenter et faire tant d'efforts pour mettre ta richesse à l'abri derrière le mortier et les briques ? « Le bon renom l'emporte sur de grandes richesses. » (Pr 22,1) Tu aimes l'argent à cause de la considération qu'il te procure. Songe combien plus grande sera ta renommée si l'on peut t'appeler le père, le protecteur de milliers d'enfants, plutôt que de garder dans tes sacs des milliers de pièces d'or. Que tu le veuilles ou non, tu devras bien un jour laisser là ton argent ; au contraire, la gloire de tout le bien que tu auras fait, tu l'emporteras avec toi jusque devant le souverain Maître, quand tout un peuple, se pressant pour te défendre auprès du juge commun, t'appellera des noms qui diront que tu l'as nourri, que tu l'as assisté, que tu as été bon. Combien tu devrais être reconnaissant, heureux et fier de l'honneur qui t'est fait : ce n'est pas toi qui dois aller importuner les autres à leur porte, ce sont les autres qui se pressent à la tienne. Mais à ce moment tu t'assombris, tu deviens inabordable, tu fuis les rencontres de peur de devoir lâcher un peu de ce que tu gardes si jalousement. Et tu ne connais qu'un seul mot : « Je n'ai rien, je ne vous donnerai rien, car je suis pauvre. » Pauvre, tu l'es en réalité, et pauvre de tout bien : pauvre d'amour, pauvre de bonté, pauvre de confiance en Dieu, pauvre d'espérance éternelle.
Homélie sur la charité : PG 31, 266 - 267; 275
La naissance du sauveur, mort de la mort
Dieu sur terre, Dieu parmi les hommes ! Ce n'est plus celui qui donne sa Loi au milieu des éclairs, au son de la trompette sur la montagne fumante, au sein de l'obscurité d'un orage terrifiant (Ex 19,18), mais celui qui s'entretient avec douceur et bonté, dans un corps humain, avec ses frères. Dieu dans notre chair ! Ce n'est plus celui qui n'agit que par moments, comme chez les prophètes, mais celui qui assume pleinement la nature humaine et qui, par sa chair qui est notre chair, élève à lui toute l'humanité.
Comment la lumière est-elle venue en tous par un seul ? De quelle manière la divinité est-elle dans la chair ? Comme le feu dans le fer... : tout en demeurant à sa place, le feu communique au fer sa propre ardeur ; il n'est pas du tout diminué par cela mais il remplit entièrement le fer auquel il se communique. De la même manière Dieu, le Verbe qui « a demeuré parmi nous », n'est pas sorti hors de lui-même ; le Verbe qui s'est fait chair ne s'est pas soumis au changement ; le ciel n'a pas été privé de celui qui le contenait et la terre a accueilli celui qui est dans les cieux...
Entre pleinement dans ce mystère : Dieu est venu dans la chair afin de tuer la mort qui s'y cachait. De même que les médicaments nous guérissent lorsqu'ils sont assimilés par le corps, de même que l'obscurité qui règne dans une maison est dissipée quand la lumière y entre, ainsi la mort qui nous tenait en son pouvoir a été anéantie par la venue de notre Dieu. De même que la glace formée pendant la nuit fond sous la chaleur des rayons du soleil, ainsi la mort a régné jusqu'à l'avènement du Christ. Mais lorsque le Soleil de justice s'est levé (Ml 3,20), « la mort a été engloutie dans la victoire » (1 Co 15,54), elle ne pouvait pas supporter cette présence de la vraie vie... Rendons gloire avec les bergers, dansons en chœur avec les anges, « car aujourd'hui nous est né un Sauveur, qui est le Messie, le Seigneur » (Lc 2,11)... Fêtons le salut du monde, le jour de la naissance de toute l'humanité.
Homélie pour la Nativité du Christ, 2,6 ; PG 31, 1459 (trad. cf Orval)
« Il a porté du fruit au centuple »
Tu es le serviteur du Dieu saint, un gérant en faveur de tes compagnons de service. Ne crois pas que tous les biens que tu possèdes sont destinés à ta propre consommation… Imite la terre, homme ; porte des fruits comme elle ; ne te montre pas plus dur qu’une matière inanimée. La terre ne mûrit pas ses fruits pour en jouir elle-même, mais pour être utile à ton service. Et toi, c’est toi en fait qui recueilles les fruits de ta générosité, puisque la récompense des bonnes actions retombe sur ceux qui les accomplissent. Tu as donné à manger à l’affamé ; ce que tu as donné revient vers toi, avec des intérêts.
Comme le grain jeté dans le sillon profite au semeur, de même le pain tendu à l’affamé te rapporte un gain immense, plus tard. Quand donc le temps des moissons arrive sur la terre, c’est le moment pour toi de semer là-haut dans le ciel : « Faites-vous des semailles selon la justice » (Os 10,12). Pourquoi tant d'inquiétude ? Pourquoi ces soucis et cet empressement à enfermer ton trésor derrière le mortier et les briques ? « Le bon renom est plus désirable que de grandes richesses » (Pr 22,1).
Homélie 6, sur la richesse ; PG 31, 262s (trad. coll. Icthus, t. 6, p. 70 rev.)
Saint Basile (v. 330-379), moine et évêque de Césarée en Cappadoce, docteur de l'Église
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Le plus grand don de Dieu
Quelles paroles pourraient exposer dignement les bienfaits de Dieu ? Leur nombre est incalculable. Quant à leur grandeur, elle est telle qu'un seul d'entre eux suffit pour faire de nous des débiteurs obligés à manifester toute leur reconnaissance envers celui dont nous l'avons reçu. ~
Voici le bienfait qu'il est absolument impossible d'oublier, que tout homme, doué d'intelligence et de saine raison, ne peut passer sous silence, et dont cependant personne ne peut parler comme il faudrait. Dieu avait créé l'homme à son image et ressemblance ; il l'avait rendu digne de le connaître lui-même ; il l'avait mis au-dessus des autres animaux en le dotant de la raison ; il lui avait donné la jouissance des incomparables beautés du Paradis et avait fait de lui le souverain de tout ce qu'il y a sur la terre. Puis l'homme se laissa tromper par le serpent, tomba dans le péché et, par le péché, dans la mort et dans tous les maux qui y conduisent. Cependant, Dieu ne l'abandonna pas. Il lui donna d'abord le secours de la Loi ; il désigna des anges pour le garder et prendre soin de lui ; il envoya des prophètes pour lui reprocher sa méchanceté et lui enseigner la vertu ; il brisa par des menaces ses tendances au mal, et excita par des promesses son attrait pour le bien, en montrant continuellement, par des exemples divers, l'aboutissement de ces deux chemins. Et, alors qu'après tous ces bienfaits et beaucoup d'autres, nous nous obstinions dans la désobéissance, Dieu ne s'est pas détourné de nous. Non, la bonté du Seigneur ne nous a pas abandonnés et nous n'avons pas découragé son amour envers nous, bien que nous ayons outragé notre bienfaiteur en demeurant insensibles à toutes ses attentions. Bien au contraire, nous avons été tirés de la mort et rendus à la vie par notre Seigneur Jésus Christ. Ici, la manière dont il nous a comblés de bienfaits est plus admirable encore : Lui qui était dans la condition de Dieu, il n'a pas jugé bon de revendiquer son droit d'être traité à l'égal de Dieu ; mais au contraire, il se dépouilla lui-même en prenant la condition de serviteur.
En outre, il a porté nos souffrances, il s'est chargé de nos maladies, il a été blessé pour nous afin que nous soyons guéris par ses plaies. Il nous a rachetés de la malédiction en devenant lui-même malédiction pour nous. Il a subi la mort la plus déshonorante pour nous ramener à la vie de la gloire.
Et il ne lui a pas suffi de rendre à la vie ceux qui étaient morts : il leur a donné gracieusement la dignité divine et leur a préparé dans l'éternel repos un bonheur qui surpasse tout ce que l'homme peut imaginer.
Que rendrons-nous donc au Seigneur pour tout ce qu'il nous a donné ? Il est si bon qu'il ne demande rien en échange de tout ce qu'il nous a donné : il se contente d'être aimé. Quant à moi, pour dire ce que je ressens, lorsque je me rappelle tout cela, je suis saisi d'épouvante et d'une stupeur terrible : je redoute que par la négligence ou, à force de m'occuper de futilités, je ne perde l'amour de Dieu et ne devienne pour le Christ un sujet de honte.
LES GRANDES RÈGLES MONASTIQUES DE SAINT BASILE
Les dons de l'Esprit
Qui donc, en entendant les noms que l'on donne à l'Esprit, n'élève pas sa pensée, ne hausse pas sa réflexion vers ce qu'il y a de plus sublime ? Car on dit : l'Esprit de Dieu, l'Esprit de vérité qui procède du Père, l'Esprit ferme, l'Esprit qui dirige. « Esprit Saint » est son appellation propre et particulière. ~
Vers lui se tournent tous les êtres qui ont besoin de sanctification ; c'est lui que désirent tous ceux qui vivent selon la vertu, pour être rafraîchis par son haleine et secourus dans la recherche de la fin propre qui convient à leur nature. ~
Source de sanctification, lumière intelligible, il fournit par lui-même comme une sorte de clarté à toute puissance rationnelle qui veut découvrir la vérité.
Il est inaccessible de sa nature, mais on peut saisir sa bonté. Il remplit tout par sa puissance, mais il se communique seulement à ceux qui en sont dignes, et non pas dans une mesure uniforme mais en distribuant son activité en proportion de la foi.
Il est simple par son essence, mais se manifeste par des miracles variés. Il est tout entier présent à chacun, mais tout entier partout. Il se divise, mais sans subir aucune atteinte. Il se donne en partage, mais garde son intégrité : à l'image d'un rayon de soleil, dont la grâce est présente à celui qui en jouit comme s'il était seul, mais qui brille sur la terre et la mer, et s'est mélangé à l'air.
C'est ainsi que l'Esprit, présent à chacun de ceux qui peuvent le recevoir comme si celui-ci était seul, répand sur tous la grâce en plénitude. Ceux qui y participent en jouissent autant qu'il est possible à leur nature, mais non pas autant que lui-même peut se donner. ~
Par lui les cœurs s'élèvent, les faibles sont conduits par la main, ceux qui progressent deviennent parfaits. C'est lui, en brillant chez ceux qui se sont purifiés de toute souillure, qui les rend spirituels par leur communion avec lui.
Comme les objets nets et transparents, lorsqu'un rayon les frappe, deviennent eux-mêmes resplendissants et tirent d'eux-mêmes une autre lumière ; de même les âmes qui portent l'Esprit, illuminées par l'Esprit, deviennent elles-mêmes spirituelles et renvoient la grâce sur les autres.
De là viennent la prévision de l'avenir, l'intelligence des mystères, la compréhension des choses cachées, la distribution des dons spirituels, la citoyenneté céleste, la danse avec les anges, la joie sans fin, la demeure en Dieu, la ressemblance avec Dieu. et le comble de ce que l'on peut désirer : devenir Dieu.
TRAITÉ DE SAINT BASILE SUR LE SAINT-ESPRIT
« Nous avons vu sa gloire, la gloire qu'il tient de son Père comme Fils unique »
« En voyant l'étoile, les mages se sont réjouis d'une grande joie » (Mt 2,10). Aujourd'hui, nous aussi, accueillons cette grande joie en nos cœurs, joie que les anges annoncent aux bergers. Adorons avec les mages, rendons gloire avec les bergers, chantons avec les anges : « Il nous est né aujourd'hui un sauveur qui est le Christ Seigneur ; le Seigneur Dieu qui nous est apparu »...
Cette fête est commune à la création tout entière : les étoiles courent dans le ciel, les mages arrivent des pays païens, la terre reçoit dans une grotte. Il n'est rien qui ne contribue à cette fête, rien qui n'y vienne les mains pleines. Faisons éclater nous-mêmes un chant de joie... ; fêtons le salut du monde, le jour de la naissance de l'humanité. Aujourd'hui est abolie la condamnation qui frappait Adam. Que l'on ne dise plus jamais : « Tu es terre et tu retourneras à la terre » (Gn 3,19) mais : « Uni à celui qui descend du ciel, tu seras exalté dans le ciel »...
« Un enfant nous est né, un fils nous est donné, éternelle est sa puissance » (Is 9,5)... Quel abîme de bonté et d'amour pour les hommes ! Unis-toi donc à ceux qui, dans la joie, reçoivent leur Seigneur qui descend du ciel et qui adorent le Grand Dieu dans ce petit enfant. La puissance de Dieu se manifeste dans ce corps comme la lumière par les fenêtres, et resplendit aux yeux de ceux dont le cœur est pur (Mt 5,8). Avec eux, nous pourrons alors « le visage découvert, contempler comme en un miroir la gloire du Seigneur, et être nous-mêmes transfigurés de gloire en gloire » (2Co 3,18), par la grâce de notre Seigneur Jésus Christ et son amour pour les hommes.
Homélie sur la naissance du Christ ; PG 31, 1471s (trad. Bouchet, Lectionnaire, p. 62)
« Jésus disait...qu'il faut toujours prier »
Il ne faut pas restreindre ta prière à la seule demande en paroles. Dieu, en effet, n'a pas besoin qu'on lui tienne de discours ; il sait, même si nous ne demandons rien, ce qui nous est utile. Qu'est-ce à dire ? La prière ne consiste pas en formules ; elle englobe toute la vie. « Soit que vous mangiez, soit que vous buviez, dit l'apôtre Paul, quoi que vous fassiez, faites tout pour la gloire de Dieu » (1Co 10,31). Es-tu à table ? Prie : en prenant ton pain, remercie celui qui te l'accorde ; en buvant ton vin, souviens-toi de celui qui t'a fait ce don pour te réjouir le cœur et soulager tes misères. Le repas terminé, n'oublie pas pour autant le souvenir de ton bienfaiteur. Quand tu mets ta tunique, remercie celui qui te la donne ; quand tu mets ton manteau, témoigne de l'affection à Dieu qui nous fournit des vêtements appropriés pour l'hiver et l'été, et pour protéger notre vie.
Le jour terminé, remercie celui qui t'a donné le soleil pour les travaux de la journée et le feu pour éclairer la nuit et pour pourvoir à nos besoins. La nuit te fournit des motifs d'actions de grâces ; en regardant le ciel et en contemplant la beauté des étoiles, prie le Maître de l'univers qui a fait toutes choses avec tant de sagesse. Lorsque tu vois toute la nature endormie, adore encore celui qui nous soulage par le sommeil de toutes nos fatigues et nous rend par un peu de repos la vigueur de nos forces.
Ainsi tu prieras sans relâche, si ta prière ne se contente pas de formules et si au contraire tu te tiens uni à Dieu tout au long de ton existence, de manière à faire de ta vie une prière incessante.
Homélie 5 (trad. Eds. Ouvrières rev.)
Date de dernière mise à jour : 2019-01-29
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