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Passioniste de Polynésie

Ephrem quelques écrits

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Saint Ephrem (vers 306-373), diacre en Syrie, docteur de l'Église

 Liste des lectures

Veillez donc, car vous ne savez ni le jour ni l'heure

La multiplication des pains

Pourquoi votre maître mange-t-il avec les publicains et les pécheurs?

Si cette maison en est digne, que votre paix vienne sur elle 

Le signe de Jonas

Aujourd'hui, le salut est arrivé pour cette maison 

Zacharie repartit chez lui; quelque temps plus tard, sa femme Elisabeth devint enceinte

Il lui mit les doigts dans les oreilles et...lui toucha la langue 

 Élie sur le Mont Horeb

 Et cependant le plus petit dans le royaume de Dieu est plus grand que lui 

Toute la création gémit en travail d'enfantement... Nous gémissons nous aussi dans l'attente de la rédemption de nos corps

 Tel fut le commencement des signes que Jésus accomplit 

 Ils glorifiaient et louaient Dieu pour tout ce qu'ils avaient entendu et vu

« Un seul Dieu, un seul Seigneur, dans la trinité des personnes et l’unité de leur nature » (Préface)

 

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Alors tu verras clair 

Je le veux, sois purifié

La piscine du baptême nous donne la guérison

Il y eut un homme envoyé par Dieu ; son nom était Jean... Il était venu pour témoigner, pour rendre témoignage à la lumière

La Vigne nouvelle

Le Fils de l'homme est maître du sabbat 

Paroles et silence

Comprendre la parole du Seigneur

La parole de Dieu est un arbre de vie

Victoire de la vie sur la mort 

Moi, je suis la résurrection et la vie 

La parole de Dieu est une source inépuisable. 

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Je suis là, au milieu d'eux 

Vous scrutez les Écritures... ; or ce sont elles qui me rendent témoignage

Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j'ai mis tout mon amour

Marie immaculée, comblée d'une grâce particulière venant des mérites de son fils

Le Fils de l'homme est venu... pour donner sa vie

Le Christ vient au secours de l'humanité blessée

 C'est à l'heure où vous n'y pensez pas que le Fils de l'homme viendra 

Le maître de l'ancien et du nouveau

La foi de l'Église

Venez derrière moi. Je ferai de vous des pêcheurs d'hommes 

Le peuple qui habitait dans les ténèbres a vu paraître une grande lumière

 Veillez...

N'ai-je pas le droit de disposer de mes biens comme il me plaît ?

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Saint Ephrem (vers 306-373), diacre en Syrie, docteur de l'Église

« Veillez donc, car vous ne savez ni le jour ni l'heure »

      Le Seigneur nous a dit : « Cette heure-là, personne ne la connaît, ni les anges, ni le Fils », pour empêcher toute question sur le moment de son avènement : « ce n'est pas votre affaire de connaître les jours et les temps » (Mt 24,36; Ac 1,7). Il nous a caché cela pour que nous veillions, et que chacun d'entre nous puisse penser que cet avènement se produira pendant sa vie...

      Veillez, car lorsque le corps sommeille, c'est la nature qui nous domine, et notre action est alors dirigée non par notre volonté, mais par la force de la nature. Et lorsque règne sur l'âme une lourde torpeur de faiblesse et de tristesse, c'est l'ennemi qui la domine et la mène contre son propre gré... C'est pourquoi notre Seigneur a parlé de la vigilance de l'âme et de celle du corps, afin que le corps ne sombre pas dans un lourd sommeil ni l'âme dans l'engourdissement. Comme le dit l'Écriture : « Réveillez-vous dans la droiture » (1Co 15,34) et « Je m'éveille et je suis avec toi » (Ps 138,18) et « Ne faiblissez pas » (cf Ep 3,13)...

      « Cinq d'entre elles, dit le Seigneur, étaient insensées et cinq étaient sages. » Ce n'est pas leur virginité qu'il a qualifiée de sagesse, puisqu'elles étaient toutes vierges, mais bien leurs bonnes œuvres. Si ta chasteté égale la sainteté des anges, remarque que la sainteté des anges est pure de l'envie et de tout autre mal. Si donc tu ne seras pas réprimandé pour l'impureté, veille à ne pas l'être non plus pour l'emportement et la colère... « Que vos ceintures soient serrées autour de vos reins », pour que la chasteté nous allège. « Et vos lampes allumées » (Lc 12,35), parce que le monde est comme la nuit : il a besoin de la lumière des justes. « Que votre lumière brille devant les hommes, pour qu'ils voient vos bonnes œuvres et glorifient votre Père qui est dans les cieux » (Mt 5,16). 

Commentaire de l'Évangile concordant, §18, 15s ; SC 121 (trad. SC p. 325 rev. ; cf bréviaire 1er jeu. Avent)

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La multiplication des pains

      Au désert, notre Seigneur a multiplié le pain, et à Cana il a changé l'eau en vin. Il a habitué ainsi la bouche de ses disciples à son pain et à son vin, jusqu'au temps où il leur donnerait son corps et son sang. Il leur a fait goûter un pain et un vin transitoires pour exciter en eux le désir de son corps et de son sang vivifiants. Il leur a donné ces petites choses généreusement, pour qu'ils sachent que son don suprême serait gratuit. Il les leur a données gratuitement, bien qu'ils auraient pu les lui acheter, afin qu'ils sachent qu'on ne leur demanderait pas de payer une chose inestimable : car, s'ils pouvaient payer le prix du pain et du vin, ils ne pourraient pas payer son corps et son sang.

      Non seulement il nous a comblés gratuitement de ses dons, mais encore il nous a traités avec affection. Car il nous a donné ces petites choses gratuitement pour nous attirer, afin que nous venions à lui et recevions gratuitement ce bien si grand qu'est l'eucharistie. Ces petites portions de pain et de vin qu'il a données étaient douces à la bouche, mais le don de son corps et de son sang est utile à l'esprit. Il nous a attirés par ces aliments agréables au palais afin de nous entraîner vers ce qui donne la vie à nos âmes...

      L'œuvre du Seigneur atteint tout : en un clin d'œil, il a multiplié un peu de pain. Ce que les hommes font et transforment en dix mois de travail, ses dix doigts l'ont fait en un instant... D'une petite quantité de pain est née une multitude de pains ; il en a été comme lors de la première bénédiction : « Soyez féconds, multipliez-vous, remplissez la terre » (Gn 1,28).     

Commentaire de l'Évangile concordant, 12, 1-4 ; SC 121 (trad SC, p. 213 rev.)

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« Pourquoi votre maître mange-t-il avec les publicains et les pécheurs? »

    Notre Seigneur a choisi Matthieu, le collecteur d'impôts, pour encourager ses collègues à venir avec lui. Il a vu des pécheurs, il les a appelés et les a fait asseoir auprès de lui. Quel spectacle admirable : les anges sont debout et tremblants, alors que les publicains, assis, se réjouissent. Les anges sont frappés de crainte à cause de la grandeur du Seigneur, et les pécheurs mangent et boivent avec lui. Les scribes suffoquent de haine et de dépit, et les publicains exultent à cause de sa miséricorde. Les cieux ont vu ce spectacle et ont été dans l'admiration ; les enfers l'ont vu et sont devenus fous. Satan l'a vu et s'est enragé ; la mort l'a vu et a dépéri ; les scribes l'ont vu et en ont été très troublés

      Il y avait de la joie dans les cieux et de l'allégresse chez les anges parce que les rebelles avaient été convaincus, les récalcitrants s'étaient assagis et les pécheurs amendés, et parce que ces publicains avaient été justifiés. Comme notre Seigneur n'a pas renoncé à l'ignominie de la croix malgré les exhortations de ses amis (Mt 16,22), il n'a pas renoncé à la compagnie des publicains malgré les moqueries de ses ennemis. Il a méprisé la moquerie et dédaigné la louange, faisant ainsi tout ce qui est le mieux pour les hommes.


Commentaire de l'Evangile ou Diatessaron, 5, 17 (trad. SC 121, p. 115 rev.)

separ ecrit biblio« Si cette maison en est digne, que votre paix vienne sur elle »

Cette salutation, avec sa puissance cachée..., suffit amplement pour tous les hommes. C'est pourquoi Notre Seigneur l'a envoyée avec ses disciples en avant-coureur, pour qu'elle réalise la paix et que, portée par la voix des apôtres, ses envoyés, elle prépare le chemin devant eux. Elle était semée dans toutes les maisons...; elle entrait dans tous ceux qui l'entendaient, pour séparer et mettre à part ses enfants qu'elle reconnaissait. Elle restait en eux, mais dénonçait ceux qui lui étaient étrangers, car ils ne l'accueillaient pas.  Cette salutation de paix ne tarissait pas, jaillissant des apôtres dans leurs frères, dévoilant les trésors inépuisables du Seigneur... Présente en ceux qui la donnaient et en ceux qui l'accueillaient, cette annonce de la paix n'en subissait ni diminution ni division. Du Père, elle annonçait qu'il est près de tous et en tous ; de la mission du Fils, elle révélait qu'il est tout entier auprès de tous, même si sa fin est auprès de son Père. Elle ne cessa pas de proclamer que les images sont désormais accomplies et que la vérité chasse enfin les ombres. 

Diatesseron 8, 3-4 (trad. cf SC 121, p. 159) 

separ ecrit biblioLe signe de Jonas

Après tous les signes que notre Seigneur avait donnés, ces aveugles qui ne voyaient rien lui disaient : « Nous voulons voir un signe venant de toi ». Notre Seigneur a laissé de côté les rois et les prophètes, ses témoins, et il en a appelé aux Ninivites... Jonas avait annoncé la destruction aux Ninivites ; il leur avait inspiré la crainte, il avait semé chez eux la consternation ; et eux lui ont donné en retour la gerbe de la contrition et des fruits de la pénitence. Les nations ont donc été élues, et les incirconcis se sont approchés de Dieu. Les païens ont reçu la vie, et les pécheurs ont été convertis... « Ils réclamaient de lui un signe venant du ciel » (Lc 11,16), par exemple du tonnerre, comme pour Samuel (cf 1Sm 7,10)... Ils avaient entendu une prédication venue d'en haut, et ils n'avaient pas cru. C'est pourquoi la prédication est montée des profondeurs...: « Le Fils de l'homme restera au coeur de la terre, comme Jonas est resté dans le ventre du monstre marin »... Jonas  est monté de la mer et a prêché aux Ninivites qui ont fait pénitence et ont été sauvés. De même notre Seigneur, après avoir ressuscité son corps du séjour des morts, a envoyé ses apôtres parmi les nations ; elles ont été parfaitement converties et ont reçu la plénitude de la vie.

Diatessaron 11, 1-3. (trad. SC 121, p. 195s rev.) 

separ ecrit biblio« Aujourd'hui, le salut est arrivé pour cette maison »

Zachée priait ainsi dans son coeur : « Bienheureux celui qui est digne de recevoir ce Juste dans sa demeure ». Notre Seigneur lui a dit : « Vite, descends, Zachée ! » Celui-ci, voyant que le Seigneur connaissait sa pensée, a dit : « Puisqu'il connaît cela, il connaît aussi tout ce que j'ai fait ». C'est pourquoi il a déclaré : « Tout ce que j'ai acquis injustement, je le rends au quadruple ». « Vite, descends du figuier, car je vais séjourner chez toi. » Grâce à ce second figuier, celui de ce chef des publicains, le premier figuier, celui d'Adam, tombe dans l'oubli, et le nom d'Adam est également oublié grâce au juste Zachée...: « Aujourd'hui, la vie a paru dans cette maison »... Par sa prompte obéissance celui qui hier n'était qu'un voleur, aujourd'hui est devenu un bienfaiteur ; celui qui hier était un collecteur d'impôts, aujourd'hui devient un disciple. Zachée a laissé la loi ancienne ; et il est monté sur un figuier inerte, symbole de la surdité de son esprit. Mais cette ascension est le symbole de son salut. Il a abandonné la bassesse ; il est monté pour voir la divinité dans les hauteurs. Notre Seigneur s'est hâté de lui faire quitter ce figuier desséché, son ancienne manière d'être, afin qu'il ne reste pas sourd. Pendant que flambait en lui l'amour de notre Seigneur, il a consumé en lui l'homme ancien pour façonner en lui un homme nouveau

Diatessaron, XV, 20-21 (trad. cf. SC 121, p. 277)

separ ecrit biblio« Zacharie repartit chez lui; quelque temps plus tard, sa femme Elisabeth devint enceinte »

L'ange lui dit : « Dieu a exaucé la voix de ta prière ». Si Zacharie croyait que sa prière serait exaucée, il priait bien ; s'il ne croyait pas, il priait mal. Sa prière était sur le point d'être exaucée ; pourtant, il en a douté. C'est donc à bon droit qu'à ce moment même la parole s'est éloignée de lui. Auparavant, il priait pour obtenir un fils ; au moment où sa prière a été exaucée, il a changé et a dit : « Comment cela se fera-t-il ? » Puisque sa bouche a douté de sa prière, il a perdu l'usage de la parole... Tant que Zacharie croyait, il parlait ; dès qu'il n'a plus cru, il s'est tu. Tant qu'il croyait, il parlait : « J'ai cru et c'est pourquoi j'ai parlé » (Ps 115,10). Parce qu'il a méprisé la parole de l'ange, cette parole l'a tourmenté, afin qu'il honore par son silence la parole qu'il avait méprisée. Il convenait que devienne muette la bouche qui avait dit : « Comment cela se fera-t-il ? », pour qu'elle apprenne la possibilité du miracle. La langue qui était déliée a été liée pour qu'elle apprenne que Celui qui avait lié la langue pouvait délier le sein. Ainsi donc, l'expérience a instruit celui qui n'avait pas accepté l'enseignement de la foi... Il a appris ainsi que celui qui avait fermé une bouche ouverte pouvait ouvrir un sein fermé. 

Diatessaron, 1, 11-13 (trad. SC 127, p. 49 rev.) 

separ ecrit biblio« Il lui mit les doigts dans les oreilles et...lui toucha la langue »

La force divine que l'homme ne peut pas toucher est descendue, elle s'est enveloppée dans un corps palpable, afin que les pauvres la touchent, et qu'en touchant l'humanité du Christ, ils perçoivent sa divinité. A travers des doigts de chair, le sourd-muet a senti qu'on touchait ses oreilles et sa langue. A travers des doigts palpables, il a perçu la divinité intouchable quand le lien de sa langue a été rompu et quand les portes closes de ses oreilles ont été ouvertes. Car l'architecte et l'artisan du corps est venu jusqu'à lui, et d'une parole douce, il a créé sans douleur des ouvertures dans des oreilles sourdes ; alors aussi, cette bouche fermée, jusqu'alors incapable de donner le jour à la parole, a mis au monde la louange de celui qui faisait ainsi porter du fruit à sa stérilité. De même, le Seigneur a formé de la boue avec sa salive et l'a étendue sur les yeux de l'aveugle-né (Jn 9,6) pour nous faire comprendre que quelque chose lui manquait, comme au sourd-muet. Une imperfection innée de notre pâte humaine a été supprimée grâce au levain qui vient de son corps parfait... Pour combler ce qui manquait à ces corps humains, il a donné quelque chose de lui-même, tout comme il se donne à manger [dans l'eucharistie]. C'est par ce moyen qu'il fait disparaître les défauts et ressuscite les morts, pour que nous puissions reconnaître que, grâce à son corps « où habite la plénitude de la divinité » (Col 2,9), les défauts de notre humanité sont comblés et que la vraie vie est donnée aux mortels par ce corps où habite la vraie vie

Sermon « Sur notre Seigneur », 10-11

separ ecrit biblio Élie sur le Mont Horeb

« Voici que le Seigneur passa. Il y eut un vent très violent, qui renversait les montagnes et brisait les rochers devant le Seigneur, mais le Seigneur n'était pas dans le vent. » (1R 19,11) Puis il y eut des tremblements de terre et des éclairs après l'ouragan ; Élie entendit que Dieu n'était pas là non plus. Ces phénomènes avaient pour but de contenir le zèle d'ailleurs louable du prophète dans les limites de sa charge et de lui enseigner, à l'exemple donné par les signes de l'autorité divine, que la sévérité devait se tempérer de miséricorde. Selon le sens caché, les tourbillons de vent qui précédaient la venue de Dieu, les tremblements de terre, les incendies attisés par les vents étaient les signes avant-coureurs du jugement universel... « Après le feu, il y eut un murmure léger. » Par ce symbole, Dieu retient le zèle immodéré d'Élie. Il veut ainsi lui dire : « Tu vois que les vents déchaînés ne me plaisent pas, ni les tremblements de terre horribles et que je n'aime ni les éclairs ni la foudre : pourquoi n'imites-tu pas la douceur de ton Dieu ? Pourquoi ne relâches-tu pas un peu ce zèle dont tu brûles, pour être plutôt le protecteur que l'accusateur des hommes de ton peuple ? » Le doux murmure représente la joie de la vie bienheureuse qui sera donnée aux justes, quand, à la fin des temps, sera rendu le jugement général redoutable... « Après avoir entendu ce murmure, Élie se couvrit le visage de son manteau. Il sortit, se tint debout à l'entrée de la grotte, et voici qu'une voix lui disait : ' Élie, que fais-tu ici ? ' Il répondit : ' J'éprouve un zèle ardent pour mon Seigneur le Dieu des armées, parce que les fils d'Israël ont abandonné ton alliance ' ». Le prophète se tint à l'entrée de la grotte, sans oser s'approcher de Dieu qui venait, et il se couvrit le visage, dans la pensée qu'il était indigne de voir Dieu... Il avait pourtant devant les yeux un signe de la clémence divine et, ce qui aurait dû le toucher plus encore, il faisait en personne l'expérience de la bonté merveilleuse de Dieu, dans les paroles qu'il lui adressait. Qui ne serait séduit par la bienveillance d'une si grande majesté, par une question si douce : « Élie, que fais-tu ici ? » 

 Œuvres, éd. Assemani, t. 1, p. 486 (trad. Thèmes et figures, DDB 1984, coll. Pères dans la foi 28-29, p. 285) 

separ ecrit biblio« Et cependant le plus petit dans le royaume de Dieu est plus grand que lui »

« Parmi les hommes, aucun n'est plus grand que Jean. » Si tous les saints, ces hommes justes, forts et sages étaient réunis et habitaient en un seul homme, ils ne pourraient pas égaler Jean Baptiste..., dont il a été déclaré qu'il dépasse les hommes de beaucoup et qu'il appartient aux catégories des anges (Mc 1,2 grec; Ml 3,1 hebr). « Mais celui qui est le plus petit dans le Royaume des cieux est plus grand que lui »... Par ce qu'il a dit de la grandeur de Jean, notre Seigneur a voulu nous annoncer l'abondante miséricorde de Dieu et sa générosité envers ses élus. Si grand et si célèbre que soit Jean, c'est moins que ce que sera le plus petit du Royaume, comme le dit l'apôtre Paul : « Notre connaissance est partielle... Quand viendra l'achèvement, ce qui est partiel disparaîtra » (1Co 13,9-10). Jean est grand, lui qui a dit par pressentiment : « Voici l'agneau de Dieu » (Jn 1,29), mais cette grandeur, comparée à la gloire qui doit être révélée à ceux qui en seront trouvés dignes, n'est qu'un mince avant-goût. En d'autres termes, toutes les choses grandes et admirables d'ici-bas, comparées aux béatitudes de l'au-delà, apparaissent dans leur petitesse et leur néant... Jean a été trouvé digne des grands dons d'ici-bas : la prophétie, le sacerdoce (cf Lc 1,5) et la justice... Jean est plus grand que Moïse et les prophètes, mais la Loi ancienne a besoin du Nouveau Testament, puisque celui qui est plus grand que les prophètes a dit au Seigneur : « J'ai besoin de me faire baptiser par toi » (Mt 3,14). Jean est également grand, parce que sa conception a été annoncée par un ange, parce que sa naissance a été entourée de miracles, parce qu'il a annoncé Celui qui donne la vie, parce qu'il a baptisé pour la rémission des péchés... Moïse a conduit le peule jusqu'au Jourdain et la Loi a conduit le genre humain jusqu'au baptême de Jean. Mais « si parmi les hommes, aucun n'est plus grand que Jean », le précurseur du Seigneur, combien plus grands seront ceux à qui notre Seigneur a lavé les pieds et insufflé son Esprit ? (Jn 13,4; 20,22). 

Commentaire du Diatessaron, 9, 7-13 ; SC 121 (trad. SC p. 174s rev.) 

separ ecrit biblio« Toute la création gémit en travail d'enfantement... Nous gémissons nous aussi dans l'attente de la rédemption de nos corps » (Rm 8, 22-23)

 La contemplation du Paradis m'a ravi par sa paix et sa beauté. Là demeure la beauté sans tache, là réside la paix sans tumulte. Heureux qui méritera de le recevoir, sinon par justice, du moins par bonté ; sinon à cause des œuvres, du moins par pitié... Quand mon esprit est revenu aux rives de la terre, mère des épines, se sont présentés à moi des douleurs et des maux de tous genres. J'ai appris ainsi que notre région est une prison. Et pourtant les captifs qui y sont enfermés pleurent quand ils en sortent. Je me suis étonné aussi de ce que les enfants pleurent quand ils sortent du sein ; ils pleurent alors qu'ils sortent des ténèbres vers la lumière, d'un espace étroit vers le vaste univers. De même la mort est pour les hommes une sorte d'enfantement. Ceux qui naissent pleurent en quittant l'univers, mère des douleurs, pour entrer dans le Paradis de délices. Ô toi, Seigneur du Paradis, prends-moi donc en pitié ! S'il n'est pas possible d'entrer dans ton Paradis, rends-moi digne du moins des pâturages à son entrée. Au centre du Paradis est la table des saints, mais à l'extérieur les fruits de son enclos tombent comme des miettes pour les pécheurs qui, même là, vivront par ta bonté.

Hymnes sur le Paradis, n°5 ( trad. SC 137, p. 76 rev.)

separ ecrit biblio« Tel fut le commencement des signes que Jésus accomplit »

Pourquoi, comme premier signe, notre Seigneur a-t-il changé l'eau en vin ? C'est pour montrer que Dieu, qui transforme la nature dans des outres, opère aussi sa transformation dans le sein de la Vierge. De la même manière, pour couronner ses miracles, Jésus a ouvert un tombeau afin de manifester son indépendance vis-à-vis de la mort avide de tout engloutir. Pour authentifier et pour confirmer le double bouleversement de la nature qu'apportent sa naissance et sa résurrection, Jésus change l'eau en vin, sans modifier en rien les cuves de pierre. C'était là le symbole de son propre corps, miraculeusement conçu et merveilleusement créé dans une vierge, sans l'œuvre d'un homme... Contrairement à leur usage, les cuves...ont mis au monde un vin nouveau, sans jamais renouveler ensuite cette merveille. C'est ainsi que la Vierge a conçu et a mis au monde l'Emmanuel (Is 7,14), pour ne plus concevoir ensuite. Le miracle des cuves de pierre, c'est que la petitesse devient grandeur, la parcimonie se change en surabondance, l'eau de source en vin doux... En Marie, au contraire, la grandeur et la gloire de la divinité changent d'aspect pour prendre une apparence de faiblesse et d'ignominie. Ces cuves servaient aux purifications des juifs ; notre Seigneur y verse sa doctrine : il manifeste qu'il est venu selon la Loi et les prophètes, mais en vue de tout changer par son enseignement, comme l'eau devenue vin... « La Loi a été donnée par Moïse ; la grâce et la vérité sont venues par Jésus » (Jn 1,17). L'époux qui habitait Cana a invité l'Époux venu du ciel ; et le Seigneur, prêt pour ces noces, a répondu à son invitation. Ceux qui étaient assis à table ont invité celui qui installe les mondes dans son Royaume, et il leur a envoyé un cadeau de noces qui puisse les réjouir... Ils n'avaient pas assez de vin, même ordinaire ; il leur a versé un peu de sa richesse : en retour de leur invitation, lui-même les a invités à ses noces. 

Commentaire du Diatessaron, 5, 6s ; SC 121 (trad. SC rev.) 

separ ecrit biblio« Ils glorifiaient et louaient Dieu pour tout ce qu'ils avaient entendu et vu »

Venez, sages, admirons la Vierge Mère, la fille de David, cette fleur de beauté qui a enfanté la merveille. Admirons la source d'où jaillit la fontaine, le navire tout chargé de joies qui nous apporte le message venu du Père. Dans son sein très pur, elle a reçu et porté ce grand Dieu qui gouverne la création, ce Dieu par qui la paix règne sur terre et dans les cieux. Venez, admirons la Vierge toute pure, merveilleuse en elle-même. Seule parmi les créatures,  elle a enfanté sans avoir connu d'homme. Son âme était pleine d'admiration, et chaque jour elle glorifiait Dieu dans la joie pour ces dons qui semblaient ne pouvoir s'unir : son intégrité virginale et son enfant bien-aimé. Oui, béni soit celui qui est né d'elle !... Elle le porte et elle chante ses louanges avec de doux cantiques... : « Ta place, mon fils, est au-dessus de tout ; mais, parce que tu l'as voulu, tu t'es fait une place en moi. Les cieux sont trop étroits pour ta majesté, et moi, la toute petite, je te porte ! Que vienne Ézéchiel, qu'il te voie sur mes genoux ; qu'il se prosterne et adore ; qu'il reconnaisse en toi celui qu'il a vu siéger sur le char des chérubins (Ez 1) et qu'il me proclame bienheureuse, grâce à celui que je porte !... Isaïe, qui as proclamé : ' Voici, la Vierge conçoit et enfante un fils ' (7,14), viens, contemple-moi, réjouis-toi avec moi... Voici que j'ai enfanté en gardant intact le sceau de ma virginité. Regarde l'Emmanuel qui, jadis, restait caché pour toi... « Venez à moi, sages, chantres de l'Esprit, prophètes qui dans vos visions avez eu la révélation des réalités cachées, cultivateurs qui, après avoir semé, vous êtes endormis dans l'espérance. Levez-vous, bondissez de joie en voyant la récolte des fruits. Voici en mes bras l'épi de vie qui donne le pain aux affamés, qui rassasie les miséreux. Réjouissez-vous avec moi : j'ai reçu la gerbe des joies ! » 

Hymne 7 sur la Vierge (trad. Brésard, 2000 an A, p. 40)

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« Un seul Dieu, un seul Seigneur, dans la trinité des personnes et l’unité de leur nature » (Préface)

Refrain : Que soit béni celui qui t’envoie !

Prends donc comme symboles le soleil pour le Père
pour le Fils, la lumière,
et pour le Saint Esprit, la chaleur.

Bien qu'il soit un seul être, c'est une trinité
que l'on perçoit en lui.
Saisir l'inexplicable, qui le peut ?

Cet unique est multiple : un est formé de trois,
et trois ne forment qu'un,
grand mystère et merveille manifeste !

Le soleil est distinct de son rayonnement
bien qu'il lui soit uni ;
son rayon est aussi le soleil.

Mais personne ne parle pourtant de deux soleils,
même si le rayon
est aussi le soleil ici-bas.

Pas plus nous ne disons qu'il y aurait deux Dieux.
Dieu, Notre Seigneur l'est ;
au-dessus du créé, lui aussi.

Qui peut montrer comment et où est attaché
le rayon du soleil,
ainsi que sa chaleur, bien que libres ?

Ils sont ni séparés ni confondus,
unis, quoique distincts,
libres, mais attachés, ô merveille !

Qui peut, en les scrutant, avoir prise sur eux ?
Pourtant ne sont-ils pas
apparemment si simples, si faciles ?…

Tandis que le soleil demeure tout là-haut,
sa clarté, son ardeur
sont, pour ceux d'ici-bas, un clair symbole.

Oui, son rayonnement est descendu sur terre
et demeure en nos yeux
comme s'il revêtait notre chair.

Quand se ferment les yeux à l'instant du sommeil,
tel des morts, il les quitte,
eux qui seront ensuite réveillés.

Et comment la lumière entre-t-elle dans l’oeil,
nul ne peut le comprendre.
Ainsi, Notre Seigneur dans le sein...

Ainsi, notre Sauveur a revêtu un corps
dans toute sa faiblesse,
pour venir sanctifier l'univers.

Mais, lorsque le rayon remonte vers sa source,
il n'a jamais été
séparé de celui qui l'engendre.

Il laisse sa chaleur pour ceux qui sont en-bas,
comme Notre Seigneur
a laissé l'Esprit Saint aux disciples.

Regarde ces images dans le monde créé,
et ne vas pas douter
quant aux Trois, car sinon tu te perds !

Ce qui était obscur, je te l'ai rendu clair:
comment les trois font un,
trinité qui ne forme qu'une essence !

Refrain : Que soit béni celui qui t'envoie !

Hymne sur la Trinité (trad. Bellefontaine 1991, coll. SO 50, p.334)

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Saint Ephrem (vers 306-373), diacre en Syrie, docteur de l'Église

« Alors tu verras clair »

Par le jour lumineux de ta connaissance, 
repousse, Seigneur, la nuit obscure, 
afin que notre intelligence éclairée 
te serve avec une pureté toute nouvelle… 
Le début de la course du soleil 
marque pour les mortels le commencement du travail : 
prépare dans nos âmes, Seigneur, 
une demeure pour ce jour qui ne connaît pas de fin. 

Donne-nous de voir en notre personne 
la vie de la résurrection 
et remplis nos cœurs de tes délices éternelles. 
Imprime en nous, Seigneur, par notre fidélité à te servir, 
le signe de ce Jour qui ne dépend ni du lever 
ni de la course du soleil. 

En tes sacrements, chaque jour, nous t’étreignons 
et nous te recevons dans notre corps : 
accorde-nous d’expérimenter en nous-mêmes 
la résurrection que nous espérons. 
Sois pour nos pensées, Seigneur, 
les ailes qui nous emmènent, légers, dans les hauteurs 
et nous transportent jusqu’à notre vraie demeure. 

Nous recelons ton trésor dans notre corps 
par la grâce du baptême… 
Puissions-nous le comprendre à quelle beauté 
nous sommes appelés par cette beauté spirituelle 
que ta volonté immortelle éveille en nous… 
Que ta résurrection, Jésus, 
fasse croître en nous l’homme spirituel (cf Ep 3,16), 
et que la contemplation de tes mystères 
soit le miroir où nous puissions te reconnaître (cf 1Co 13,12)… 

Donne-nous, Seigneur, de nous hâter vers notre sainte patrie, 
et de la posséder dès maintenant par la contemplation 
comme Moïse a vu la Terre promise 
du sommet de la montagne (Dt 34,1).

Sermon 3, 2.4-5 (trad. Orval ; cf bréviaire 09/06) 

separ ecrit biblio« Je le veux, sois purifié »

Dieu, dans le peuple hébreu, en donna la figure :
Quiconque dans le camp était atteint de lèpre
En était expulsé et banni au-dehors.
Mais si, guérie sa lèpre, il avait trouvé grâce,
Alors, avec l'hysope, avec le sang et l'eau purifié par le prêtre,
Il retournait chez lui, rentrant en héritage.

Adam était tout pur dans le Jardin splendide,
Mais il eut lèpre affreuse au souffle du Serpent.
Le Jardin pur le rejeta, le chassa de son sein,
Mais le Grand Prêtre alors (Hé 9,11) de là-haut le voyant
Jeté dehors, daigna descendre jusqu'à lui,
Le purifia par son hysope (cf. Jn 19,29), et le fit rentrer en Paradis.

Adam nu était beau : mais sa femme diligente
Peina à lui tisser un habit de souillures.
Le Jardin le voyant, et le trouvant hideux, dehors le repoussa.
Mais pour lui par Marie fut faite une tunique neuve.
Vêtu de cette parure et selon la promesse, le Larron resplendit :
Et le Jardin, revoyant en son image Adam, l'embrassa (Lc 23,42). 

Hymnes sur le paradis, IV, 3-5 (trad. SC 137, p. 64-65)

separ ecrit biblioLa piscine du baptême nous donne la guérison

Descendez, frères, et dans les eaux du baptême revêtez l'Esprit Saint ;
unissez-vous aux êtres spirituels qui servent notre Dieu.

Béni soit Celui qui a institué le baptême pour le pardon des enfants d'Adam !

Cette eau est le feu secret qui marque son troupeau d'un signe,
avec les trois noms spirituels qui épouvantent le Mauvais (cf Ap 3,12)...

Jean attesta de notre Sauveur : « Il vous baptisera dans l'Esprit saint et le feu » (Mt 3,11).
Voici ce feu et l'Esprit, mes frères, dans le baptême véritable.

Car le baptême est plus puissant que le Jourdain, ce petit ruisseau ;
il lave en ses flots d'eau et d'huile les péchés de tous les humains.

Élisée, s'y prenant sept fois, avait purifié Naaman de sa lèpre (2R 5,10);
le baptême, lui, nous purifie des péchés cachés en l'âme.

Moïse avait baptisé le peuple dans la mer (1Co 10,2),
sans pouvoir pourtant laver son coeur au-dedans,
souillé qu'il était par le péché.

Maintenant voici un prêtre, semblable à Moïse, lavant l'âme de ses taches,
et avec l'huile il marque d'un sceau les agneaux nouveaux pour le Royaume...

Par l'eau qui a coulé du rocher la soif du peuple a été calmée (Ex 17,1s) ;
voici, par le Christ et par sa fontaine, la soif des nations étanchée...

Voici que du côté du Christ coule une source qui donne la vie (Jn 19,34) ;
les peuples assoiffés y ont bu et en ont oublié leur peine.

Verse ta rosée sur ma faiblesse, Seigneur ;
par ton sang pardonne mes péchés.
Que je sois ajouté au nombre de tes saints, à ta droite

5e hymne pour l'Epiphanie (trad. cf coll. Spiritualité Orientale 70, Bellefontaine 1997, p. 49)

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« Il y eut un homme envoyé par Dieu ; son nom était Jean... Il était venu pour témoigner, pour rendre témoignage à la lumière » (Jn 1, 6-7)

      C'est toi, Jean, que nous reconnaissons comme un nouveau Moïse, car tu as vu Dieu, non plus en symbole, mais en toute clarté. C'est toi que nous regardons comme un nouveau Josué : tu n'as pas passé le Jourdain d'une rive à l'autre, mais, avec l'eau du Jourdain, tu as fait passer les hommes d'un monde à l'autre... C'est toi le nouveau Samuel qui n'as pas donné l'onction à David, mais qui as baptisé le Fils de David. C'est toi le nouveau David, qui n'as pas été persécuté par le mauvais roi Saül, mais qui as été tué par Hérode. C'est toi le nouvel Élie, nourri au désert non de pain par un corbeau, mais de sauterelles et de miel par Dieu. C'est toi le nouvel Isaïe, qui n'as pas dit : « Voici qu'une vierge va concevoir et enfanter » (7,14), mais qui as proclamé devant tous : « Voici qu'elle a enfanté l'Agneau de Dieu qui porte le péché du monde » (Jn 1,29)... 

      Bienheureux es-tu, Jean, élu de Dieu, toi qui as posé la main sur ton Maître, toi qui as saisi dans tes mains la flamme dont l'éclat fait trembler les anges ! Étoile du matin (cf Nb 24,17), tu as montré au monde le matin véritable ; aube joyeuse (cf Ps 29,6), tu as manifesté le jour de gloire ; lampe étincelante (Jn 5,35), tu as désigné la Lumière sans pareille. Messager de la grande réconciliation du Père (Is 9,5 LXX), l'archange Gabriel a été envoyé devant toi pour t'annoncer à Zacharie, comme un fruit bien au-delà de son attente... Le plus grand parmi les fils des hommes (Mt 11,11), tu viens au-devant de l'Emmanuel, de celui qui dépasse toute créature ; premier-né d'Elisabeth, tu précèdes le Premier-Né de toute la création (Col 1,15).

Hymne attribuée à Saint Ephrem (v. 306-373), diacre en Syrie, docteur de l'Église (trad. rev. Tournay) 

separ ecrit biblioLa Vigne nouvelle

"[Eve] était la vigne dont la mort avait ouvert la clôture, [...]. Ainsi Eve, la mère de tous les vivants, était-elle devenue source de mort pour tous les vivants.
Mais un surgeon a levé : Marie, la vigne nouvelle, a remplacé Eve, la vigne antique. Le Christ, la Vie nouvelle, a fait en elle sa demeure. Ainsi, lorsque la mort conduisant son troupeau viendrait comme d’habitude, sans méfiance, avec ses fruits mortels, la Vie qui détruit la mort serait cachée dans la Vigne nouvelle. Et lui, lorsque la mort l’eut englouti, sans rien craindre, il délivra la vie, et avec elle la multitude des hommes."

(Homélie de St Ephrem sur notre Seigneur, 3-4.9 in Livre des Jours, pp. 385 sq).

separ ecrit biblioLe Fils de l'homme est maître du sabbat 

"Comme les Juifs le mettaient en accusation parce qu'il avait guéri un jour de sabbat, Jésus ne s'est pas excusé en disant : Je n'ai pas transgressé la loi, mais : Je l'ai transgressée, comme le Père qui est dans les cieux. Car mon Père travaille, et moi aussi je travaille [Jn 5, 17].
En effet, les créatures : anges, luminaires, rosée, pluie, sources et fleuves fonctionnent le jour du sabbat ; car les anges ne reçoivent pas interdiction d'accomplir leur ministère le jour du sabbat, ni les cieux de donner la rosée et la pluie, ni les luminaires de poursuivre leur course, ni la terre de donner des fruits, ni les hommes de respirer et de donner des fils au monde, mais on met au monde le jour du sabbat sans qu'il y ait un précepte qui le défende, et on circoncit le huitième jour, en laissant de côté la loi ; et il en est ainsi pour d'innombrables choses.
Si les créatures ont cette liberté, combien plus le Créateur ? Aussi le Fils de l'homme est maître du sabbat [Mt 12, 8]."

(Ephrem de Nisibe : Commentaire sur l'Evangile concordant ou Diatessron XIII, 3-4)

separ ecrit biblioParoles et silence

"Notre Seigneur se présenta silencieux devant Pilate pour la défense de la vérité outragée. D’autres remportent la victoire par des apologies, mais notre Seigneur la remporta par son silence, parce que la récompense due au silence divin, c’était la victoire de la vraie doctrine. Il parlait pour enseigner, et il se tut au tribunal. Il ne tut pas ce qui nous exaltait, et il ne lutta pas contre ceux qui l’irritaient. Les paroles de ses calomniateurs faisaient comme une couronne à sa tête. Il se tut afin que son silence les fit hurler plus fort encore, et que toutes ces vociférations embellissent sa couronne. S’il avait parlé, ses paroles de vérité auraient imposé silence à ces connivences qui s’appliquaient à tresser sa couronne…"

(Commentaire de l’Evangile concordant ou Diatessaron, XX, 16, SC 121).

separ ecrit biblioComprendre la parole du Seigneur

"Qui donc est capable de comprendre toute la richesse d'une seule de tes paroles, Seigneur ? Ce que nous en comprenons est bien moindre que ce que nous en laissons, comme des gens assoiffés qui boivent à une source. Les perspectives de ta parole sont nombreuses, comme sont nombreuses les orientations de ceux qui l'étudient. Le Seigneur a coloré sa parole de multiples beautés, pour que chacun de ceux qui la scrutent puisse contempler ce qu'il aime. Et dans sa parole il a caché tous les trésors, pour que chacun de nous trouve une richesse dans ce qu'il médite."

(Diatessaron, 1, 18-19, Sources chrétiennes, 121).

separ ecrit biblioLa parole de Dieu est un arbre de vie

"La parole de Dieu est un arbre de vie qui, de tous côtés, te présente des fruits bénis ; elle est comme ce rocher qui s'est ouvert dans le désert pour offrir à tous les hommes une boisson spirituelle. Selon l'Apôtre, ils ont mangé un aliment spirituel, ils ont bu à une source spirituelle."

(Diatessaron, 1, 18-19)

separ ecrit biblioVictoire de la vie sur la mort 

Notre Seigneur a été piétiné par la mort, mais, en retour, il a frayé un chemin qui écrase la mort. Il s'est soumis à la mort et il l'a subie volontairement pour la détruire malgré elle. Car notre Seigneur est sorti en portant sa croix , sur l'ordre de la mort. Mais il a crié sur la croix et il a tiré les morts des enfers, quoique la mort s'y refusât.

Dans le corps qu'il avait, la mort l'a fait mourir ; et c'est par les mêmes armes qu'il a remporté la victoire sur la mort. Sa divinité, se dissimulant sous l'humanité, s'est ainsi approchée de la mort qui a tué et en est morte ; la mort a tué la vie naturelle, mais la vie surnaturelle à son tour a tué la mort.

Parce que la mort n'aurait pas pu le dévorer s'il n'avait pas eu de corps, parce que l'enfer n'aurait pas pu l'engloutir s'il n'avait pas eu de chair, il est venu jusqu'à la Vierge afin d'y trouver le chair qui le porterait aux enfers. ~ Mais, après avoir pris un corps, il est entré aux enfers, il leur a arraché leurs trésors qu'il a dispersés. 

Il est donc venu jusqu'à Ève, la mère de tous les vivants . Elle était la vigne dont la mort avait ouvert la clôture et il en goûta le fruit. Ainsi Ève, la mère de tous les vivants, était-elle devenue source de mort pour tous les vivants.

Mais un surgeon a levé : Marie, la vigne nouvelle, a remplacé Ève, la vigne antique. Le Christ, la Vie nouvelle, a fait en elle sa demeure. Ainsi, lorsque la mort conduisant son troupeau viendrait comme d'habitude, sans méfiance, avec ses fruits mortels, la Vie qui détruit la mort serait cachée dans la Vigne nouvelle. Et lui, lorsque la mort l'eut englouti, sans rien craindre, il délivra la vie, et avec elle la multitude des hommes.

Il est le glorieux fils du charpentier qui, sur le char de sa croix, vint au-dessus de la gueule vorace des enfers et transféra le genre humain dans la demeure de la vie. Et parce que, à cause de l'arbre du paradis, le genre humain était tombé dans les enfers, c'est par l'arbre de la croix qu'il est passé dans la demeure de la vie. Sur ce bois avait donc été greffée l'amertume ; mais sur celui-ci fut greffée la douceur, pour que nous reconnaissions en lui le chef auquel ne résiste nulle créature.

Gloire à toi ! tu as jeté ta croix comme un pont au-dessus de la mort, pour que les hommes y passent du pays de la mort à celui de la vie. ~ 

Gloire à toi ! tu as revêtu le corps de l'Adam mortel et en as fait la source de la vie pour tous les mortels.

Oui, tu vis ! Car tes meurtriers se sont comportés envers ta vie comme des semeurs : ils ont semé ta vie dans les profondeurs de la terre comme on sème le blé, pour qu'il lève lui-même et fasse lever avec lui beaucoup de grains.

Venez, faisons de notre amour comme un encensoir immense et universel, prodiguons cantiques et prières à celui qui a fait de sa croix un encensoir à la Divinité, et nous a tous comblés de richesses par son sang.

HOMÉLIE SUR NOTRE SEIGNEUR

separ ecrit biblio« Moi, je suis la résurrection et la vie » 

      Quand il a demandé : « Où l’avez-vous déposé ? », les larmes venaient aux yeux de notre Seigneur. Ses larmes ont été comme la pluie, Lazare comme le grain, et le sépulcre comme la terre. Il a crié d’une voix de tonnerre, la mort a tremblé à sa voix, Lazare a jailli comme le grain, est sorti et a adoré le Seigneur qui l’avait ressuscité. 

      Jésus…a rendu la vie à Lazare et est mort à sa place, car, lorsqu’il l’eut tiré du sépulcre et pris place à sa table, lui-même a été enseveli symboliquement par l’huile que Marie a versée sur sa tête (Mt 26,7). La force de la mort qui avait triomphé depuis quatre jours est écrasée…pour que la mort sache qu’il était facile au Seigneur de la vaincre le troisième jour…; sa promesse est véridique : il avait promis qu’il ressusciterait lui-même le troisième jour (Mt 16,21)… Le Seigneur a donc rendu leur joie à Marie et à Marthe en terrassant l’enfer pour montrer que lui-même ne serait pas retenu par la mort pour toujours… Maintenant, chaque fois qu’on dira que ressusciter le troisième jour est impossible, qu’on regarde celui qui a été ressuscité le quatrième jour... 

      « Approchez-vous et enlevez la pierre. » Quoi donc, celui qui a ressuscité un mort et lui a rendu la vie n’aurait-il pas pu ouvrir le sépulcre et renverser la pierre ? Lui qui disait à ses disciples : « Si vous avez la foi gros comme un grain de moutarde, vous direz à cette montagne : Déplace-toi, et elle se déplacera » (Mt 17,20), n’aurait-il pas pu par un mot déplacer la pierre qui fermait l’entrée du sépulcre ? Certes, il aurait pu aussi enlever la pierre par sa parole, lui dont la voix, alors qu'il était suspendu à la croix, a fendu les pierres et les sépulcres (Mt 27,51-52). Mais, parce qu’il était l’ami de Lazare, il dit : « Ouvrez, pour que l’odeur de la pourriture vous frappe, et déliez-le, vous qui l’avez enveloppé dans son suaire, pour que vous reconnaissiez bien celui que vous aviez enseveli. » 

Commentaire de l'Évangile concordant, 17, 7-10 ; SC 121 (trad. cf  SC p. 307)

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La parole de Dieu est une source inépuisable. 

Qui donc est capable de comprendre toute la richesse d'une seule de tes paroles, Seigneur ? Ce que nous en comprenons est bien moindre que ce que nous en laissons ; comme des gens assoiffés qui boivent à une source. Les perspectives de ta parole sont nombreuses, comme sont nombreuses les orientations de ceux qui l'étudient. Le Seigneur a coloré sa parole de multiples beautés, pour que chacun de ceux qui la scrutent puisse contempler ce qu'il aime. Et dans sa parole il a caché tous les trésors, pour que chacun de nous trouve une richesse dans ce qu'il médite.

La parole de Dieu est un arbre de vie qui, de tous côtés, te présente des fruits bénis ; elle est comme ce rocher qui s'est ouvert dans le désert pour offrir à tous les hommes une boisson spirituelle. Selon l'Apôtre, ils ont mangé un aliment spirituel, ils ont bu à une source spirituelle.

Celui qui obtient en partage une de ces richesses ne doit pas croire qu'il y a seulement, dans la parole de Dieu, ce qu'il y trouve. Il doit comprendre au contraire qu'il a été capable d'y découvrir une seule chose parmi bien d'autres. Enrichi par la parole, il ne doit pas croire que celle-ci est appauvrie ; incapable de l'épuiser, qu'il rende grâce pour sa richesse. Réjouis-toi parce que tu es rassasié, mais ne t'attriste pas de ce qui te dépasse. Celui qui a soif se réjouit de boire, mais il ne s'attriste pas de ne pouvoir épuiser la source. Que la source apaise ta soif, sans que ta soif épuise la source. Si ta soif est étanchée sans que la source soit tarie, tu pourras y boire à nouveau, chaque fois que tu auras soif. Si au contraire, en te rassasiant, tu épuisais la source, ta victoire deviendrait ton malheur.

Rends grâce pour ce que tu as reçu et ne regrette pas ce qui demeure inutilisé. Ce que tu as pris et emporté est ta part ; mais ce qui reste est aussi ton héritage. Ce que tu n'as pas pu recevoir aussitôt, à cause de ta faiblesse, tu le recevras une autre fois, si tu persévères. N'aie donc pas la mauvaise pensée de vouloir prendre d'un seul trait ce qui ne peut être pris en une seule fois ; et ne renonce pas, par négligence, à ce que tu es capable d'absorber peu à peu.

http://www.aelf.org/

 

ephrem-the-syrian.jpg Saint Ephrem (vers 306-373), diacre en Syrie, docteur de l'Église

« Je suis là, au milieu d'eux »

Celui qui célèbre tout seul au cœur du désert,
il est une assemblée nombreuse.
Si deux s'unissent pour célébrer parmi les rochers,
des milliers, des myriades sont là, présents.
S'il y en a trois qui se rassemblent,
un quatrième est parmi eux.
S'il y en a six ou sept,
douze mille milliers sont rassemblés.
S'ils se mettent en rang,
ils remplissent le firmament de prière.

Sont-ils crucifiés sur le roc, et marqués d'une croix de lumière,
l'Église est fondée.
Sont-ils réunis,
l'Esprit plane sur leurs têtes.
Et quand ils terminent leur prière,
le Seigneur se lève et sert ses serviteurs (Lc 12,37 ; Jn13,4).

Hymne inédite (citée dans A. Louf, « Apprends-nous à prier, Eds Foyer ND 1972, p. 158)

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 Vous scrutez les Écritures... ; or ce sont elles qui me rendent témoignage

La parole de Dieu est un arbre de vie qui, de toutes parts, te tend des fruits bénis ; elle est comme ce rocher ouvert dans le désert, qui devient pour tout homme, de toutes parts, une boisson spirituelle : « Ils ont mangé un aliment spirituel, et ils ont bu un breuvage spirituel » (1Co 10,3 ; Ex 17,1s). 

Que celui qui obtient en partage une de ces richesses n'aille pas croire qu'il n'y a dans la parole de Dieu que ce qu'il y trouve ; qu'il se rende compte plutôt qu'il n'a été capable d'y découvrir qu'une seule chose parmi bien d'autres. Enrichi par la parole, qu'il ne croie pas que celle-ci est appauvrie ; incapable d'épuiser sa richesse, qu'il rende grâces pour sa grandeur. Réjouis-toi, parce que tu es rassasié, mais ne t'attriste pas de ce que la richesse de la parole te dépasse. 

Celui qui a soif se réjouit de boire, mais il ne s'attriste pas de son impuissance à épuiser la source. Mieux vaut que la source apaise ta soif, plutôt que ta soif n'épuise la source. Si ta soif est étanchée sans que la source soit tarie, tu pourras y boire à nouveau, chaque fois que tu auras soif. Si, au contraire, en te rassasiant, tu épuisais la source, ta victoire deviendrait ton malheur. Rends grâces pour ce que tu as reçu et ne murmure pas pour ce qui demeure inutilisé. Ce que tu as pris et emporté est ta part ; mais ce qui reste est aussi ton héritage.

Commentaire de l'Évangile concordant, 1, 18-19 ; SC 121 (trad. SC, p. 52-53) 

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« Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j'ai mis tout mon amour »

Il les emmena sur la montagne pour leur montrer la gloire de sa divinité et leur faire connaître qu'il était le Rédempteur d'Israël, comme il l'avait montré par ses prophètes... Ils l'avaient vu manger et boire, se fatiguer et prendre du repos, s'assoupir et dormir, subir l'effroi jusqu'aux gouttes de sueur, toutes choses qui ne semblaient guère en harmonie avec sa nature divine et ne convenir qu'à son humanité. Voilà pourquoi il les emmena sur la montagne, afin que le Père l'appelle son Fils et leur montre qu'il était vraiment son Fils, et qu'il était Dieu.

Il les emmena sur la montagne et Il leur montra sa royauté avant de souffrir, sa puissance avant de mourir, sa gloire avant d'être outragé et son honneur avant de subir l'ignominie. Ainsi, lorsqu'Il serait pris et crucifié, ses apôtres comprendraient qu'il ne l'avait pas été par faiblesse, mais par consentement et de plein gré pour le salut du monde.

Il les emmena sur la montagne et leur montra, avant sa résurrection, la gloire de sa divinité. Ainsi, lorsqu'il ressusciterait d'entre les morts dans la gloire de sa divinité, ses disciples reconnaîtraient qu'il ne recevait pas cette gloire en récompense de sa peine, comme s'il en avait besoin, mais qu'elle lui appartenait bien avant les siècles, avec le Père et auprès du Père, ainsi que lui-même le dit à l'approche de sa Passion volontaire : « Père, glorifie-moi de la gloire que j'avais auprès de toi avant le commencement du monde » (Jn 17,5).

Sermon sur la Transfiguration (attrib.) 1,3-4 (trad. Delhougne, Les Pères commentent, p. 37)

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Marie immaculée, comblée d'une grâce particulière venant des mérites de son fils

Vous tous qui discernez,  venez, et admirons
la vierge qui est mère,  la fille de David...
Venez et admirons  la vierge toute pure,
merveille en elle-même,  seule dans le créé.

Elle a donné naissance  sans avoir connu d'homme,
l'âme pure remplie  par l'émerveillement.
Chaque jour son esprit s'adonnait aux louanges,
car il se réjouissait de la double merveille :
virginité gardée, enfant le plus aimé !

Elle, jeune colombe (Ct 6,8), elle a transporté cet aigle,
l'Ancien des jours (Dn 7,9), en chantant ses louanges :
« Mon fils, toi le plus riche, tu choisis de grandir
dans un nid misérable. Harpe mélodieuse,
tu restes silencieux comme un petit enfant.
Permets donc, s'il te plaît, que je chante pour toi...

Ta demeure, mon fils, est grande plus qu'aucune,
pourtant tu as voulu que je sois ta demeure.
Le ciel est trop petit pour contenir ta gloire,
moi, pourtant, la plus humble des êtres, je te porte.
Laisse Ézéchiel venir te voir sur mes genoux,
qu'il reconnaisse en toi celui que sur le char
portaient les chérubins (Ez 1)... ; aujourd'hui je te porte...
Dans un grand tremblement, les chérubins s'écrient :
'Bénie soit la splendeur du lieu où tu résides !' (Ez 3,12)
Ce lieu, il est en moi, mon sein est ta demeure ;
le trône de ta grandeur est tenu dans mes bras...

Viens me voir, Isaïe, vois, et réjouissons-nous !
Voici que j'ai conçu tout en demeurant vierge (Is 7,14).
Prophète de l'Esprit, riche de tes visions,
vois donc l'Emmanuel qui t'est resté caché...
Venez donc, ô vous tous qui savez discerner,
vous qui, par votre voix, témoignez pour l'Esprit...
Debout, réjouissez-vous, car voici la moisson !
Regardez : dans mes bras  je tiens l'épi de vie. »

Hymnes sur Marie, n° 7 (trad. Brock, Oeil de Lumière, Bellefontaine 1991, p. 292 rev)

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« Le Fils de l'homme est venu... pour donner sa vie »

      « Si c'est possible, que cette coupe s'éloigne de moi » (Mt 26,39). Pourquoi as-tu repris Simon-Pierre qui disait : « Que cela ne t'arrive pas, Seigneur ! » (Mt 16,22), toi qui dis maintenant : « Si c'est possible, que cette coupe s'éloigne de moi » ? Il savait bien ce qu'il disait à son Père, et qu'il était possible que cette coupe s'éloigne, mais il était venu la boire pour tous, afin d'acquitter par cette coupe la dette que la mort des prophètes et des martyrs ne pouvait pas payer... Celui qui avait décrit sa mise à mort dans les prophètes et qui avait préfiguré le mystère de sa mort par les justes, lorsque le temps est venu de consommer cette mort, il n'a pas refusé de la boire. S'il n'avait pas voulu la boire, mais la repousser, il n'aurait pas comparé son corps au Temple dans cette parole : « Détruisez ce Temple et, le troisième jour, je le relèverai » (Jn 2,19) ; il n'aurait pas dit aux fils de Zébédée : « Pouvez-vous boire à la coupe que je boirai ? » et encore : « Il y a pour moi un baptême dont je dois être baptisé » (Lc 12,50)...

      « Si c'est possible, que cette coupe s'éloigne de moi. » Il dit cela à cause de la faiblesse qu'il avait revêtue non en faisant semblant mais réellement. Puisqu'il s'était fait petit et avait réellement revêtu notre faiblesse, il devait craindre et être ébranlé dans sa faiblesse. Ayant pris chair, ayant revêtu la faiblesse, mangeant quand il avait faim, fatigué par le travail, vaincu par le sommeil, il fallait que soit accompli tout ce qui relève de la chair lorsque le temps de sa mort est venu...

      Pour apporter par sa Passion le réconfort à ses disciples, Jésus ressenti ce qu'ils ressentent. Il a pris en lui leur peur afin de leur montrer, par la ressemblance de son âme, qu'il ne faut pas se vanter au sujet de la mort avant de l'avoir subie. Si, en effet, celui qui ne craint rien a eu peur et a demandé d'être délivré alors qu'il savait que c'était impossible, combien plus faut-il que les autres persévèrent dans la prière avant la tentation afin d'en être délivrés lorsqu'elle se présentera... Pour donner courage à ceux qui craignent la mort, il n'a pas caché sa propre crainte, afin qu'ils sachent que cette peur ne les mène pas au péché, du moment qu'ils ne demeurent pas en elle. « Non, Père, dit Jésus, mais que ta volonté soit faite » : que je meure pour donner la vie à une multitude.

 

Commentaire de l'Évangile concordant, 20, 2-7 ; SC 121 (trad. SC, p. 344s)

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Le Christ vient au secours de l'humanité blessée

« ' Quel est le grand et le premier commandement de la Loi ? ' Jésus lui répond : ' Tu aimeras le Seigneur ton Dieu, et ton prochain comme toi-même ' » (Mt 22,36-39). L'amour de Dieu nous épargne la mort, et l'amour de l'homme le péché, car personne ne pèche contre celui qu'il aime. Mais quel est le cœur qui puisse posséder en plénitude l'amour pour ses proches ? Quelle est l'âme qui puisse faire fructifier en elle, à l'égard de tout le monde, l'amour semé en elle par ce précepte : « Aime ton prochain comme toi-même » ? Nos moyens sont incapables, par eux seuls, d'être les instruments de cette volonté rapide et riche de Dieu : seul y suffit le fruit de la charité semé par Dieu lui-même. Dieu peut, de par sa nature, accomplir tout ce qu'il veut ; or il veut donner la vie aux hommes. Les anges, les rois et prophètes...sont passés, mais les hommes n'ont pas été sauvés –- jusqu'à ce que descende des cieux Celui qui nous tient par la main et qui nous ressuscite.

Commentaire du Diatessaron, ch. 16, 9/23 ; SC 121

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« C'est à l'heure où vous n'y pensez pas que le Fils de l'homme viendra »

Pour empêcher toute question indiscrète sur le moment de son avènement, Jésus déclare : « Cette heure-là, nul ne la connaît, même pas le Fils » (Mt 24,36), et ailleurs : « Ce n'est pas votre affaire de connaître les jours et les temps » (Ac 1,7). Il nous a caché cela pour que nous veillions et que chacun de nous puisse penser que cet avènement se produira durant sa vie. Si le temps de sa venue avait été révélé, vain serait son avènement : les nations et les siècles où il se produira ne l'auraient pas désiré. Il a bien dit qu'il vient, mais il n'a pas précisé à quel moment ; de la sorte toutes les générations et tous les siècles ont soif de lui.

Certes, il a fait connaître les signes de son avènement ; mais on ne voit pas leur terme. Dans le changement constant où nous vivons, ces signes ont déjà eu lieu et ils sont passés et même ils durent toujours. Son ultime avènement est en effet semblable au premier : les justes et les prophètes le désiraient ; ils pensaient qu'il paraîtrait en leur temps. De même aujourd'hui, chacun des fidèles du Christ désire l'accueillir en son propre temps, d'autant plus que Jésus n'a pas dit clairement le jour où il paraîtrait. Ainsi personne ne pourra imaginer que le Christ soit soumis à une loi du temps, à une heure quelconque, lui qui domine les nombres et le temps.

Commentaire de l'Évangile concordant, 18,15 ; SC 121 (trad. SC, p. 325s ; cf bréviaire 1er jeu. Avent)

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Le maître de l'ancien et du nouveau

Au moment de la Transfiguration, le témoignage rendu au Fils a été scellé à la fois par la voix du Père et par Moïse et Élie, qui apparaissent auprès de Jésus comme ses serviteurs. Les prophètes regardent les apôtres Pierre, Jacques et Jean ; les apôtres contemplent les prophètes. En un même lieu se retrouvent les princes de l'ancienne alliance et ceux de la nouvelle. Le saint Moïse a vu Pierre le sanctifié, le passeur choisi par le Père a vu le pasteur choisi par le Fils. Le premier avait autrefois fendu la mer pour que le peuple de Dieu puisse passer au milieu des flots, le second a proposé de dresser une tente pour abriter l'Église. L'homme vierge de l'Ancien Testament a vu l'homme vierge du Nouveau : Élie a pu voir Jean. Celui qui a été enlevé dans un char de feu a vu celui qui a reposé sur la poitrine du Feu (Jn 13,23). Et la montagne est devenue alors le symbole de l'Église : à son sommet Jésus unifie les deux Testaments que cette Église recueille. Il a fait connaître qu'il est le Maître de l'un comme de l'autre, de l'Ancien qui a reçu ses mystères, du Nouveau qui a révélé la gloire de ses actions.

Opera omnia, p. 41 (trad. Brésard, 2000 ans C, p. 292 rév.)

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La foi de l'Église

L'Église, qui est répandue par toute la terre et jusqu'aux extrémités du monde, a reçu des Apôtres et des disciples la foi en un seul Dieu, le Père tout-puissant, qui a fait le ciel, la terre, la mer et tout ce qu'ils contiennent , en un seul Jésus Christ, le Fils de Dieu, incarné pour notre salut, et en l'Esprit Saint, qui a enseigné par les prophètes les desseins de Dieu, la venue de notre bien-aimé Jésus Christ notre Seigneur, sa naissance d'une vierge, sa passion et sa résurrection d'entre les morts, son ascension corporelle dans les cieux, sa venue dans la gloire du Père, pour récapituler toutes choses , et ressusciter toute chair du genre humain, afin que devant le Christ Jésus notre Seigneur, Dieu, Sauveur et Roi, tout genou fléchisse au ciel, sur terre et aux enfers, et que toute langue le confesse , et qu'il exerce sur tous son juste jugement. ~
 
Cette prédication, qu'elle a reçue, et cette foi que nous avons exposée, l'Église, tout en restant répandue dans le monde entier, la garde scrupuleusement, comme si elle vivait en une demeure unique ; et pareillement, elle croit en tous ces articles, comme si elle avait une seule âme et un seul cœur ; elle l'annonce de manière cohérente, l'enseigne et la transmet, comme si elle n'avait qu'une seule bouche.

Même si dans le monde les dialectes diffèrent, la vertu de la tradition n'en est pas moins une et identique.

Ni les Églises qui ont été fondées en Germanie, ou en Hibérie, ou chez les Celtes, ni celles de l'Orient, d'Égypte, ou de Libye, ni celles qui sont au centre du monde (à Jérusalem), ne diffèrent quant à la foi ou à la tradition. Mais ainsi que le soleil créé par Dieu est unique et le même dans le monde entier, la prédication de la Vérité resplendit partout, et elle illumine tous les hommes qui veulent parvenir à la connaissance de la vérité.

Et celui qui excelle dans les discours ne dit rien d'autre que ceux qui sont à la tête de l'Église : personne n'est en effet plus grand que le maître ; et celui qui s'exprime avec peine ne diminue en rien la tradition. On n'amplifie pas la foi en en parlant beaucoup, et on ne la diminue pas en en disant moins, car la foi est une et identique.

TRAITÉ DE St IRÉNÉE CONTRE LES HÉRÉSIES

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« Venez derrière moi. Je ferai de vous des pêcheurs d'hommes »

      Ils sont venus à lui pêcheurs de poissons et ils sont devenus pêcheurs d'hommes, comme il est dit : « Voici que maintenant j'envoie des preneurs d'hommes, et ils les prendront sur toutes les montagnes et sur tous les lieux élevés » (Jr 16,16). S'il avait envoyé des sages, on aurait dit qu'ils avaient persuadé le peuple et l'avaient ainsi gagné, ou qu'ils l'avaient trompé et ainsi saisi. S'il avait envoyé des riches, on aurait dit qu'ils avaient berné le peuple en le nourrissant, ou qu'ils l'avaient corrompu avec de l'argent et ainsi dominé. S'il avait envoyé des hommes forts, on aurait dit qu'ils les avaient séduits par la force ou contraints par la violence.

      Mais les apôtres n'avaient rien de tout cela. Le Seigneur l'a montré à tous par l'exemple de Simon Pierre. Il manquait de courage, car il a pris peur à la voix d'une servante ; il était pauvre, car il n'a même pas pu payer sa part de l'impôt (Mt 17,24s). « Je n'ai pas d'or, dit-il, et je n'ai pas d'argent » (Ac 3,6). Et il était sans culture puisque, lorsqu'il a renié le Seigneur, il n'a pas su s'en tirer par la ruse.

      Ils sont partis donc, ces pêcheurs de poissons, et ils ont remporté la victoire sur les forts, les riches et les sages. Grand miracle ! Faibles comme ils l'étaient, ils attiraient sans violence les forts à leur doctrine ; pauvres, ils enseignaient les riches ; ignorants, ils faisaient des sages et des prudents leurs disciples. La sagesse du monde a fait place à cette sagesse qui est elle-même la sagesse des sagesses. 

Commentaire de l'Évangile concordant, 4, 20 ;  SC 121 (trad. SC, p. 105)

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« Le peuple qui habitait dans les ténèbres a vu paraître une grande lumière »

Jésus, notre Seigneur, le Christ, 
nous est apparu du sein de son Père. 
Il est venu et nous a tirés des ténèbres 
et nous a illuminés de sa joyeuse lumière. 

Le jour s'est levé pour les hommes ; 
la puissance des ténèbres est chassée. 
De sa lumière s'est levée pour nous une lumière 
qui a éclairé nos yeux obscurcis. 

Il a fait lever sa gloire sur le monde
et a éclairé les plus profonds abîmes. 
La mort est anéantie, les ténèbres ont pris fin, 
les portes de l'enfer sont en pièces. 

Il a illuminé toutes les créatures, 
ténèbres depuis les temps anciens. 
Il a réalisé le salut et nous a donné la vie ; 
ensuite il viendra dans la gloire 
et il éclairera les yeux de tous ceux qui l'auront attendu. 

Notre Roi vient dans sa grande gloire : 
allumons nos lampes, sortons à sa rencontre (Mt 25,6); 
réjouissons-nous en lui comme il s'est réjoui en nous 
et nous réjouit par sa glorieuse lumière. 

Mes frères, levez-vous, préparez-vous 
pour rendre grâce à notre Roi et Sauveur 
qui viendra dans sa gloire et nous réjouira 
de sa joyeuse lumière dans le Royaume.

.Hymne I sur la Résurrection (trad. Bouchet, Lectionnaire, p.95) 

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« Veillez... » 


Le Christ a dit, pour empêcher les disciples de l'interroger sur le moment de son avènement : Quant à l'heure, personne ne la connaît, pas même les Anges, pas même le Fils. Il ne vous appartient pas de connaître les délais et les dates. Il nous a caché cela pour que nous veillions, et pour que chacun d'entre nous pense que cela pourra se produire pendant sa vie. Si le temps de sa venue avait été révélé, son avènement aurait été quelque chose de banal, et les nations et les siècles dans lesquels il se produira ne l'auraient pas désiré. Il a bien dit qu'il viendrait, mais il n'a pas précisé à quel moment, et ainsi toutes les générations et tous les siècles l'attendent ardemment. 

Bien que le Seigneur ait fait connaître les signes de son avènement, on ne voit pas clairement leur terme ; car ces signes, dans un changement constant, sont venus et sont passés, et ils durent toujours. Son ultime avènement est en effet semblable au premier. 

Les justes et les prophètes le désiraient, parce qu'ils estimaient qu'il paraîtrait de leur temps ; de même, aujourd'hui, chacun des fidèles désire le recevoir de son temps, et cela d'autant plus qu'il n'a pas dit clairement le jour de son apparition. Il voulait surtout, lui qui domine les nombres et le temps, qu'on ne le crût pas soumis à un commandement et à une heure. Ce qu'il a établi lui-même, comment cela lui serait-il caché, alors qu'il a décrit les signes de son avènement ? Il a mis ces signes en relief pour que, dès le premier jour, tous les peuples et les siècles pensent que l'avènement du Christ se ferait de leur temps. 

Veillez, car, lorsque le corps sommeille, c'est la nature qui nous domine et notre action est alors dirigée non par notre volonté, mais par l'impulsion de la nature. Et lorsque règne sur l'âme une lourde torpeur de faiblesse et de tristesse, c'est l'ennemi qui la domine et la mène contre son propre gré. La force domine la nature, et l'ennemi domine l'âme. 

C'est pourquoi notre Seigneur a parlé de la vigilance de l'âme et de celle du corps, afin que le corps ne sombre pas dans un lourd sommeil, ni l'âme dans l'engourdissement. Comme dit l'Écriture : Veillez, comme il est juste. Et encore : Je m'éveille, et je suis encore avec toi. Et enfin : Ne perdez pas courage. C'est pourquoi nous ne perdons pas courage dans le ministère qui nous est confié.

COMMENTAIRE DE SAINT ÉPHREM SUR L'ÉVANGILE CONCORDANT

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« N'ai-je pas le droit de disposer de mes biens comme il me plaît ? »

      Ces hommes étaient prêts à travailler mais « personne ne les avait embauchés » ; ils étaient laborieux, mais oisifs par manque de travail et de patron. Ensuite, une voix les a embauchés, une parole les a mis en route et, dans leur zèle, ils n’ont pas convenu d'avance du prix de leur travail comme les premiers. Le maître a évalué leurs travaux avec sagesse et les a payés autant que les autres. Notre Seigneur a prononcé cette parabole pour que personne ne dise : « Puisque je n'ai pas été appelé pendant ma jeunesse, je ne peux pas être reçu. » Il a montré que, quel que soit le moment de sa conversion, tout homme est accueilli… « Il sortit le matin, à la troisième, à la sixième, à la neuvième et à la onzième heure » : on peut comprendre cela du début de sa prédication, puis du cours de sa vie jusqu'à la croix, parce que c’est « à la onzième heure » que le larron est entré dans le Paradis (Lc 23,43). Pour qu'on n'incrimine pas le larron, notre Seigneur affirme sa bonne volonté ; si on l'avait embauché, il aurait travaillé, mais « personne ne nous a embauchés. » 

      Ce que nous donnons à Dieu est bien indigne de lui, et ce qu’il nous donne bien au-delà de ce que nous méritons. On nous embauche pour un travail proportionné à nos forces, mais on nous propose un salaire tout à fait disproportionné… Il agit de la même façon envers les premiers et les derniers ; « ils reçurent chacun une pièce d’argent » portant l'image du Roi. Tout cela signifie le pain de la vie (Jn 6,35), qui est le même pour tous ; le remède qui donne la vie est le même pour tous ceux qui le prennent. 

      Dans le travail de la vigne, on ne peut pas reprocher au maître sa bonté, et on ne trouve rien à redire de sa droiture. Dans sa droiture, il a donné comme il avait convenu, et dans sa bonté, il s'est montré miséricordieux comme il l'a voulu. C'est pour enseigner cela que notre Seigneur a prononcé cette parabole, et il a résumé tout cela par ces mots : « N'ai-je pas le droit de faire ce que je veux dans ma maison ? »

Commentaire de l'Évangile concordant, 15, 15-17 ; SC 121 (trad. SC, p.273 rev.) 

Date de dernière mise à jour : 2017-08-16

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