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Passioniste de Polynésie

Tertullien quelques écrits

TertullienTertullien (v. 155-v. 220), théologien 

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« Voici mon serviteur… Il ne protestera pas, il ne criera pas »

      Dieu ne pouvait pas vivre avec les hommes, à moins de prendre une manière humaine de penser et de réagir. C’est pourquoi il a voilé sous l'humilité l'éclat de sa majesté, que la faiblesse humaine n'aurait pas pu supporter. Tout cela n'était pas digne de lui, mais c'était nécessaire à l'homme, et du coup cela devenait digne de Dieu, car rien n'est aussi digne de Dieu que le salut de l'homme...

      Tout ce que Dieu perd, l'homme le gagne, si bien que tous les abaissements que mon Dieu a soufferts pour être près de nous sont le sacrement du salut des hommes. Dieu agissait avec les hommes, pour que l'homme apprenne à agir sur le plan divin. Dieu traitait d'égal à égal avec l'homme, pour que l'homme puisse agir d’égal à égal avec Dieu. Dieu s’est fait petit pour que l'homme devienne grand. 

Contre Marcion, 2, 27 ; PL II, 316-317

separ ecrit biblio« Je crois en l'Église...apostolique »

      Par qui nous vient la foi qui découle des Écritures ? Par qui, par quel intermédiaire, quand et à qui la doctrine qui nous fait chrétiens nous est-elle parvenue ?... Le Christ Jésus notre Seigneur...a déclaré lui-même pendant son séjour sur la terre qui il était, ce qu'il avait été, quelles étaient les volontés de son Père dont il était chargé, quels devoirs il prescrivait aux hommes. Jésus a déclaré tout cela en public, devant le peuple, ou bien dans des entretiens privés avec ses disciples, parmi lesquels il en avait choisi douze pour vivre avec lui et ensuite pour enseigner les nations (Mc 3,14). L'un d'eux ayant été destitué, il a ordonné aux onze autres, au moment de retourner vers son Père, d'aller enseigner les nations et de les baptiser au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit (Mt 28,19). Les apôtres — ce terme signifie « envoyés » —...ont tous reçu la force promise de l'Esprit Saint qui leur a donné le don des miracles et des langues.

      Ils ont établi la foi en Jésus Christ d'abord en Judée et ils y ont institué des églises, puis ils sont partis à travers le monde et ont annoncé aux nations la même doctrine et la même foi. Dans chaque ville ils ont fondé des églises, et dès ce moment, toutes les autres églises ont pris d'elles la bouture de la foi et la semence de la doctrine et continuent jour après jour à s'en alimenter pour devenir elles-mêmes des églises. C'est pourquoi elles sont regardées comme apostoliques, en tant que rejetons des églises fondées par les apôtres... Si nombreuses et si grandes qu'elles soient à présent, ces églises ne sont que cette primitive Église des apôtres dont toutes procèdent. Elles sont toutes primitives, toutes apostoliques, puisque toutes sont une. 

La Prescription contre les hérétiques, 19-21 ; SC 46 (trad cf SC p. 111s et bréviaire 03/05)

separ ecrit biblioLà où deux sont réunis, le Christ est présent 

      Où trouver des paroles pour exprimer toute l'excellence et le bonheur d'un mariage chrétien ? L'Église en dresse le contrat, l'offrande eucharistique le confirme, la bénédiction y met le sceau, les anges qui en sont témoins l'enregistrent, et le Père des cieux le ratifie. Quelle alliance douce et sainte que celle de deux fidèles portant le même joug (Mt 11,29), réunis dans la même espérance, dans le même désir, dans la même discipline, dans le même service ! Tous deux sont enfants d'un même Père, serviteurs du même maître..., ne forment qu'une seule chair (Mt 19,5), qu'un seul esprit. Ils prient ensemble, ils adorent ensemble, ils jeûnent ensemble, s'enseignant l'un l'autre, s'encourageant l'un l'autre, se supportant l'un l'autre.

      Vous les rencontrez ensemble à l'église, ensemble au banquet divin. Ils partagent également la pauvreté et l'abondance, les persécutions ou les consolations. Entre eux aucun secret, aucun faux-fuyant : confiance inviolable, empressement réciproque, aucun sujet de peine. Ils n'ont pas à se cacher l'un de l'autre pour visiter les malades, pour assister les indigents ; leur aumône est sans disputes, leurs sacrifices sans scrupules, l'observance de leurs devoirs quotidiens sans entraves. Chez eux pas de signes de croix furtifs, de salutations inquiètes, d'actions de grâces muettes. De leurs bouches, libres comme leurs cœurs, s'élancent des hymnes et des cantiques ; leur unique rivalité, c'est à qui célébrera le mieux les louanges du Seigneur. Le Christ se réjouit de cette union ; à de tels époux il envoie sa paix. « Là où deux sont réunis », il est présent lui aussi (Mt 18,20) ; et là où il est présent, l'ennemi de notre salut ne trouve pas de place. 

À son épouse, II, 9 (trad. Genoude rev. ; cf SC 273)

separ ecrit biblio« Quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là, au milieu d'eux »

      Vivant parmi les frères, serviteurs du même maître, et pour qui tout est en commun, l'espérance, la crainte, la joie, la peine, la souffrance (puisqu'ils n'ont qu'une même âme venue du même Seigneur et du même Père), pourquoi les crois-tu différents de toi ? Pourquoi redoutes-tu ceux qui ont connu les mêmes chutes, comme s'ils allaient s'applaudir de tes chutes à toi ? Le corps ne peut pas se réjouir du mal qui arrive à un de ses membres ; il faut bien qu'il s'afflige tout entier et qu'il travaille tout entier à le guérir.

      Là où deux fidèles sont unis, là est l'Eglise, mais l'Eglise c'est le Christ. Donc, lorsque tu embrasses les genoux de tes frères, c'est le Christ que tu touches, c'est le Christ que tu implores. Et quand, de leur côté, tes frères versent des larmes sur toi, c'est le Christ que souffre, c'est le Christ qui supplie son Père. Ce que le Fils demande est vite accordé.

La Pénitence, 10

separ ecrit biblioSaint Matthias, apôtre, une des douze pierres de fondation de l'Eglise (Ap 21,14)

      Le Christ Jésus notre Seigneur, pendant son séjour sur terre, déclarait lui-même ce qu'il était, ce qu'il avait été, de quelle volonté du Père il était le serviteur, quel devoir il prescrivait à l'homme. Il disait tout cela soit ouvertement à la foule, soit à part en s'adressant à ses disciples dont il avait choisi douze principaux pour vivre à ses côtés, et qu'il destinait à enseigner aux nations. Après la chute de l'un d'entre eux, il a ordonné aux onze autres, au moment de partir chez son Père après la résurrection, d'aller enseigner aux nations et de les baptiser dans le Père, le Fils et l'Esprit Saint (Mt 28,19).

      Aussitôt donc, les apôtres -- ce mot signifie « envoyés » -- se sont adjoints par le sort un douzième, Matthias, pour remplacer Judas, en s'appuyant sur la prophétie d'un psaume de David. Ils ont reçu la force de l'Esprit Saint qui leur avait été promise pour accomplir des miracles et parler en langues. Ils ont attesté la foi en Jésus Christ d'abord à travers la Judée et y ont institué des Églises. Puis ils sont partis à travers le monde et ont promulgué pour les nations le même enseignement de la foi.

      Puis ils ont fondé des Églises dans chaque cité, auxquelles, par la suite, d'autres Églises ont emprunté la bouture de la foi et les semences de la doctrine... Ce qui prouve leur unité, c'est qu'elles communient dans la paix, que leurs membres s'appellent frères, et qu'elles pratiquent réciproquement l'hospitalité. Cette construction n'a pas d'autre fondement que la tradition unique d'un même mystère. Ce que les apôtres ont prêché, c'est ce que le Christ leur avait révélé, et cela ne doit pas être garanti autrement que par ces mêmes Églises, que les apôtres ont fondées eux-mêmes, en leur prêchant de vive voix, comme on dit, et ensuite par lettres. 

La Prescription contre les hérétiques, 20-22 ; CCL I, 201s (trad. bréviaire rev.)

separ ecrit biblioPrédication apostolique

Le Christ Jésus notre Seigneur, pendant son séjour sur terre, déclarait lui-même ce qu'il était, ce qu'il avait été, de quelle volonté du Père il était chargé, quel devoir il prescrivait à l'homme, soit ouvertement à la foule, soit à part, à ses disciples dont il avait choisi douze pour vivre à ses côtés et être plus tard les docteurs des nations. 

Après la chute de l'un d'eux, il ordonna aux onze autres au moment de retourner chez son Père, après la résurrection, d'aller et d'enseigner les nations, et de les baptiser dans le Père, le Fils et l'Esprit Saint. 

Aussitôt donc les Apôtres — ce terme signifie « envoyés » — choisirent par le sort le douzième apôtre, Matthias, en remplacement de Judas, selon l'autorité de la prophétie du psaume de David. Ils reçurent la force promise de l'Esprit Saint, pour faire des miracles et parler en langues. Ils établirent d'abord en Judée la foi en Jésus Christ et instituèrent les Églises, puis ils partirent de par le monde, et annoncèrent aux nations la même doctrine et la même foi. 

Et dans chaque cité ils fondèrent des Églises, auxquelles dès lors les autres Églises empruntèrent la bouture de la foi et la semence de l'enseignement, et l'empruntent tous les jours pour devenir elles-mêmes des Églises. Et par cela, elles aussi sont considérées comme apostoliques, en tant que rejetons des Églises apostoliques. 

Tout doit nécessairement être caractérisé par l'origine. Voilà pourquoi tant de si grandes Églises ne sont que l'Église primitive dont toutes procèdent. Elles sont toutes primitives, toutes apostoliques, puisque toutes sont une. Pour attester cette unité, elles se communiquent la paix, elles échangent le nom de frères, et se rendent les devoirs de l'hospitalité. Ces lois n'existent par nulle autre raison que la tradition unique d'un même mystère. 

Qu'ont prêché les Apôtres : c'est-à-dire : que leur a révélé le Christ ? Cela ne doit pas être prouvé autrement que par ces mêmes Églises que les Apôtres ont eux-mêmes fondées, qu'eux-mêmes ils ont instruites, tant de vive voix, comme on dit, que plus tard par des lettres. 

Le Seigneur avait vraiment dit un jour : J'ai encore beaucoup de choses à vous dire, mais vous ne pourriez les supporter maintenant ;en ajoutant toutefois : Quand sera venu l'Esprit de vérité, il vous conduira à toute vérité. Par là-même, il montre qu'ils n'ont rien ignoré, ceux à qui il avait promis la possession de toute vérité par l'Esprit de vérité. Et il accomplit sa promesse puisque les Actes des Apôtres attestent la descente de l'Esprit Saint.

TRAITÉ  sur la prédication apostolique

separ ecrit biblioL'offrande spirituelle

La prière est le sacrifice spirituel qui a supprimé les anciens sacrifices.  À quoi bon , dit le Seigneur, m'offrir tant de sacrifices ? Les holocaustes de béliers, la graisse des veaux, j'en suis rassasié. Le sang des taureaux, des agneaux et des boucs, je n'en veux plus. Qui donc vous a demandé de m'apporter tout cela ?

Ce que Dieu réclame, l'Évangile nous l'enseigne. L'heure vient , dit Jésus, où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et vérité. En effet, Dieu est Esprit, et c'est pourquoi il cherche de tels adorateurs.

Nous sommes les vrais adorateurs et les vrais sacrificateurs. En priant dans l'Esprit, c'est par l'Esprit que nous offrons en sacrifice la prière, victime qui revient à Dieu, qui lui plaît, qu'il a recherchée, qu'il s'est destinée.

C'est elle, offerte de tout cœur, nourrie de la foi, guérie par la vérité, gardée parfaite par l'innocence, purifiée par la chasteté, couronnée par l'amour, — c'est elle, la prière, que nous devons conduire jusqu'à l'autel de Dieu, avec la procession des bonnes œuvres, parmi les psaumes et les hymnes ; c'est elle qui obtiendra tout de Dieu en notre faveur.

En effet, qu'est-ce que Dieu peut refuser à la prière qui procède de l'esprit et de la vérité, lui qui l'exige ? Les grandes preuves de son efficacité, nous les lisons, nous les entendons, nous les croyons !

La prière de jadis délivrait du feu, des bêtes, de la famine, et pourtant elle n'avait pas reçu du Christ sa perfection.

D'ailleurs combien la prière chrétienne est plus amplement efficace ! Elle ne place pas au milieu de la fournaise un ange porteur de rosée ; elle ne ferme pas les gueules des lions ; elle n'apporte pas aux affamés le repas des moissonneurs. Elle n'écarte aucune souffrance par un bienfait particulier : elle forme par la patience ceux qui pâtissent, qui souffrent et qui s'affligent, elle développe la grâce par son efficacité pour que la foi sache ce qu'elle peut obtenir du Seigneur, en comprenant qu'elle souffre pour le nom de Dieu.

Autrefois la prière infligeait des calamités, mettait en déroute les armées ennemies, arrêtait les bienfaits de la pluie, mais maintenant la prière de justice détourne toute colère divine, monte la garde en faveur des ennemis, supplie pour les persécuteurs. Est-il étonnant qu'elle ait su obtenir de force les eaux du ciel, puisqu'elle a pu en faire tomber le feu ? C'est la prière seule qui triomphe de Dieu ; mais le Christ n'a pas voulu qu'elle produise aucun mal, toute la vertu qu'il lui a conférée est pour le bien.

Aussi tout ce qu'elle sait faire, c'est rappeler les âmes des défunts du chemin qui conduit droit à la mort, fortifier les faibles, guérir les malades, délivrer les possédés, ouvrir les prisons, défaire les chaînes des innocents. C'est elle encore qui lave les fautes, repousse les tentations, arrête les persécutions, réconforte les timides, adoucit les magnanimes, guide les voyageurs, apaise les flots, paralyse les bandits, nourrit les pauvres, modère les riches, relève ceux qui sont tombés, retient ceux qui trébuchent, raffermit ceux qui restent debout.

Tous les anges prient, toutes les créatures prient ; les bêtes domestiques et les bêtes sauvages fléchissent les genoux, et, lorsqu'elles sortent de leurs étables ou de leurs repaires, elles regardent vers le ciel, non sans motif, en faisant frémir leur souffle, chacune à sa manière. Quant aux oiseaux, lorsqu'ils se lèvent, ils se dirigent vers le ciel et ils étendent leurs ailes, comme nous étendons les mains, en forme de croix, et ils font entendre ce qui apparaît comme une prière.

Que dire encore sur la fonction de la prière ? Le Seigneur lui-même a prié, à qui soient honneur et puissance pour les siècles des siècles.

TRAITÉ DE TERTULLIEN SUR LA PRIÈRE

 

 

 

 

 

Date de dernière mise à jour : 2021-07-05

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