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Antoine de Padoue quelques écrits
Saint Antoine de Padoue (vers 1195-1231), franciscain, docteur de l’Eglise
Liste des lectures
Il descendit avec eux pour rentrer à Nazareth, et il leur était soumis
Celui qui est rempli du Saint-Esprit parle diverses langues.
Je suis au milieu de vous comme celui qui sert
L’Esprit de vérité…rendra témoignage en ma faveur
Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton coeur
Il vous guidera vers la vérité tout entière
Si je ne m’en vais pas, le Défenseur ne viendra pas à vous ; mais si je pars, je vous l’enverrai
Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique
......
Aimer Dieu, son prochain et soi-même
Les deux avènements du Seigneur
Un seul Dieu, un seul Seigneur, dans la trinité des personnes et l'unité de leur nature
Le vrai berger donne sa vie pour ses brebis
Vous aussi vous rendrez témoignage
Jésus étendit la main, le toucha et lui dit : ' Je le veux, sois purifié '
Fais lever sur nous la lumière de ta face
Sois sans crainte, désormais ce sont des hommes que tu prendras
Saint Antoine de Padoue (vers 1195-1231), franciscain, docteur de l’Eglise
« Il descendit avec eux pour rentrer à Nazareth, et il leur était soumis »
« Il leur était soumis. » A ces mots, que tout orgueil se fonde, que toute raideur s'écroule, que toute désobéissance se soumette. « Il était soumis. » Qui ? Celui qui, d'un seul mot, a tout créé de rien. Celui qui, comme dit Isaïe, « de sa main mesura la mer ; qui sur sa paume pesa les cieux ; qui de trois doigts souleva la terre ; celui qui place dans sa balance collines et montagnes » (40,12). Celui qui, comme dit Job, « ébranle la terre et secoue les colonnes du ciel ; celui qui commande au soleil et fait rentrer les étoiles ; celui qui étend les cieux et marche sur les flots de la mer ; celui qui fit les constellations ; celui qui opère des merveilles prodigieuses et sans nombre » (9,6-10)... C'est lui, si grand, si puissant, qui est soumis. Et soumis à qui ? A un ouvrier et à une toute pauvre vierge.
O « premier et dernier » ! (Ap 1,17) O chef des anges, soumis à des hommes ! Le Créateur du ciel, soumis à un ouvrier ; le Dieu d'éternelle gloire soumis à une petite pauvre vierge ! A-t-on jamais rien vu de pareil ? A-t-on jamais entendu chose semblable ?
Alors, n'hésitez plus à obéir, à vous soumettre... Descendre, venir à Nazareth, être soumis, obéir parfaitement : c'est là toute la sagesse... C'est là être sage avec sobriété. La pure simplicité est « comme l'eau de Siloé, qui coule en silence » (Is 8,6). Il y a des sages dans les ordres religieux ; mais c'est par des hommes simples que Dieu les y a rassemblés. Dieu « a choisi ceux qui étaient fous et infirmes, faibles et ignorants », pour rassembler par eux « ceux qui étaient sages, puissants et de haute naissance », « afin que toute chair ne se glorifie pas en elle-même » (1Co 1,26-29) mais en celui qui est descendu, qui est venu à Nazareth, et qui a été soumis.
Sermons pour le dimanche et les fêtes des saints (trad. Eds. Franciscaines 1944, p. 66)
« Il se tient au milieu de vous »
« Le Seigneur est proche, ne soyez inquiets de rien » (Ph 4,5-6). Chez le prophète Isaïe, Dieu le Père parle ainsi : « Je fais approcher ma justice » — c'est-à-dire son Fils ; « il n'est pas loin, et mon salut ne se fera pas attendre. Je donnerai à Sion le salut, et ma gloire à Israël » (46,13). C'est ce qui est dit dans l'évangile de ce jour : « Au milieu de vous se tient celui que vous ne connaissez pas ». Médiateur entre Dieu et les hommes, un homme (1Tm 2,5), le Christ Jésus se lève dans le camp du monde pour combattre le diable ; vainqueur, il délivre l'homme et le réconcilie avec Dieu le Père. Mais vous ne le connaissez pas.
« J'ai nourri et élevé des enfants, mais ils m'ont méprisé. Le bœuf connaît son maître, l'âne connaît la crèche de son maître, mais Israël ne m'a pas connu, et mon peuple ne m'a pas compris » (Is 1,2-3). Que le Seigneur est près de nous ! Et nous ne le connaissons pas ! « J'ai nourri mes fils de mon sang, nous dit-il, comme une mère nourrit ses enfants de son lait. J'ai élevé au-dessus des chœurs des anges la nature humaine que j'ai prise, que je me suis unie.» Pouvait-il nous faire plus d'honneur ? « Et ils m'ont méprisé. Voyez s'il est une douleur comparable à la mienne » (Lm 1,12)...
Alors, « ne soyez inquiets de rien », car c'est le souci des choses matérielles qui nous fait oublier le Seigneur.
Sermons pour le dimanche et les fêtes des saints, 3ème dimanche Avent (trad. Éds Franciscaines 1944, p. 44)
Celui qui est rempli du Saint-Esprit parle diverses langues.
Ces diverses langues sont les divers témoignages rendus au Christ, comme l'humilité, la pauvreté, la patience et l'obéissance. Nous les parlons quand, en les pratiquant nous-mêmes, nous les montrons aux autres. La parole est vivante, lorsque ce sont les actions qui parlent. Je vous en prie, que les paroles se taisent, et que les actions parlent. Nous sommes pleins de paroles mais vides d'actions ; à cause de cela, le Seigneur nous maudit, lui qui a maudit le figuier où il n'a pas trouvé de fruits mais seulement des feuilles. « La loi, dit saint Grégoire, a été présentée au prédicateur pour qu'il pratique ce qu'il prêche. » Il perd son temps à répandre la connaissance de la loi, celui qui détruit son enseignement par ses actions.
Mais les Apôtres parlaient selon le don de l'Esprit . Heureux celui qui parle selon le don de l'Esprit, et non selon son propre sentiment. Car il y en a qui parlent selon leur propre esprit, dérobent les paroles d'autrui, les proposent comme si elles étaient à eux et se les attribuent. C'est de ces gens-là et de leurs pareils que le Seigneur dit en Jérémie : Je vais m'en prendre aux prophètes — parole du Seigneur — qui se dérobent mutuellement mes paroles. Je vais m'en prendre aux prophètes parole du Seigneur — qui mettent leur langue en mouvement pour dire : Parole du Seigneur. Je vais m'en prendre aux prophètes qui ont des songes fallacieux — parole du Seigneur —, qui les racontent et qui égarent mon peuple par leurs mensonges et leurs prodiges. Moi, je ne les ai ni envoyés, ni chargés de mes ordres, et ils ne sont d'aucune utilité à ce peuple, parole du Seigneur .
Parlons donc selon ce que l'Esprit Saint nous donnera de dire. Demandons-lui humblement et pieusement de répandre en vous sa grâce, pour que nous atteignions le chiffre de la Pentecôte (cinquante) en multipliant la connaissance naturelle des cinq sens par l'observation des Dix Commandements ; pour que nous soyons remplis d'un violent esprit de contrition, que nous soyons embrasés par les langues de feu de la profession de notre foi ; pour qu'enfin, ainsi embrasés et illuminés, nous puissions, dans les splendeurs des saints , voir le Dieu unique en trois Personnes.
HOMÉLIE
« Je suis au milieu de vous comme celui qui sert » (Lc 22,27)
« Se levant de table, Jésus quitte son vêtement, prend un linge et s’en ceint. Puis il met de l’eau dans un bassin et commence à laver les pieds de ses disciples. » On lit dans la Genèse un récit du même genre. Abraham dit aux messagers, aux trois anges qui le visitent : « Je vais vous apporter un peu d’eau ; vous vous laverez les pieds et vous vous reposerez sous cet arbre ; je placerai devant vous une bouchée de pain, et vous reprendrez des forces » (18,4-5). Ce qu’Abraham a fait pour les trois anges, le Christ l’a fait pour ses apôtres, ces messagers de la vérité, qui allaient annoncer au monde entier la foi de la Trinité Sainte.
Il s’incline devant eux comme un enfant ; il s’incline et leur lave les pieds. Quelle humilité incompréhensible, quelle bonté inexprimable ! Lui que les anges adorent dans le ciel, il est aux pieds de ces pêcheurs ! Cette face qui fait trembler les anges se penche sur les pieds de ces pauvres ! C’est pourquoi Pierre est saisi de crainte... Après leur avoir lavé les pieds, il les fait « se reposer sous l’arbre », comme il est dit dans le Cantique des Cantiques : « Je me suis assis à l’ombre de celui que j’ai désiré, et son fruit est doux à mon palais » (2,3). Ce fruit, c’est son Corps et son Sang, qu’il leur a donnés en ce jour. C’est la « bouchée de pain » qu’il a placée devant eux, et qui les a réconfortés pour les travaux qu’ils devaient entreprendre…
Voilà « le festin de viandes grasses et de moelle que le Seigneur de l'univers prépare pour tous les peuples sur cette montagne » (Is 25,6)... Dans la chambre haute, là où les apôtres recevront le Saint Esprit au jour de la Pentecôte, aujourd’hui le Seigneur de l'univers fait un festin pour tous les peuples qui croient en lui… C’est ce que fait l’Église aujourd’hui dans le monde entier. C’est pour elle que le Christ a préparé ce festin sur le mont Sion, cette nourriture qui nous restaure, son vrai Corps, riche de toute vertu spirituelle et de toute charité. Il l’a donné à ses apôtres, et il leur a commandé de le donner à ceux qui croient en lui.
Sermons pour le dimanche et les fêtes, Jeudi saint (trad. Bayart, Éds. franciscaines 1944, p. 120 rev.)
« L’Esprit de vérité…rendra témoignage en ma faveur »
L'Esprit Saint est un « fleuve de feu » (Dn 7,10), un feu divin. Comme le feu agit sur le fer, ainsi ce feu divin agit sur les coeurs souillés, froids et durs. Au contact de ce feu, l'âme perd peu à peu sa noirceur, sa froideur, sa dureté. Elle se transforme toute à la ressemblance du feu qui l’embrase. Car si l’Esprit est donné à l'homme, s'il lui est insufflé, c'est pour le transformer à sa ressemblance, autant que c'est possible. Sous l'action du feu divin, l'homme se purifie, il s'échauffe, il se liquéfie, il arrive à l'amour de Dieu, selon ce que dit l'apôtre Paul : « L’amour de Dieu a été répandu dans nos coeurs par l'Esprit Saint qui nous a été donné » (Rm 5,5).
Sermons pour le dimanche et les fêtes des saints (trad. Bayart, Eds. franciscaines 1944, p. 169)
« Et il se fit un grand calme »
« Jésus monta dans une barque. » Dès que quelqu'un monte dans la barque de la pénitence, il se fait un grand trouble sur
« Alors Jésus commanda aux vents et à la mer. » Dieu dit à Job : « Qui donc a fixé des limites à la mer ?... Je lui ai dit : Tu viendras jusqu'ici, sans aller plus loin ; ici, tu briseras tes flots tumultueux » (38,8-11). Seul le Seigneur peut fixer des limites à l'amertume de la persécution et de
« Et il se fit un grand calme. » C'est ce que nous lisons au livre de Tobie : « Je le sais, Seigneur : celui qui t'honore, après avoir été éprouvé en cette vie, sera couronné ; s'il subit la tentation, il sera délivré ; s'il a à souffrir, il rencontrera ta miséricorde, car tu ne mets pas ta joie dans notre perte. Après la tempête, tu nous rends le calme ; après les larmes et les pleurs, tu nous verses la joie » (3,21-22 Vlg).
Sermons pour le dimanche et les fêtes des saints (trad. Eds. Franciscaines 1944, p.74)
« Voici ton roi » (Za 9,9). De ce roi, Jérémie nous parle en ces termes : « Nul n'est semblable à toi, Seigneur ; tu es grand, et grand est ton nom. Tu as la force ; qui ne te craindrait, ô Roi des nations ? » (10,6) Ce roi, nous dit l'Apocalypse, « porte sur son vêtement et sur son côté cette inscription : Roi des rois et Seigneur des seigneurs » (19,16). Son vêtement, ce sont des langes ; son côté, c'est sa chair. A Nazareth, où il a pris chair, il a été couronné comme d'un diadème ; à Bethléem il a été enveloppé de langes comme d'une pourpre royale. Tels ont été les premiers insignes de sa royauté. Et c'est contre ces insignes que ses ennemis se sont acharnés, pour marquer leur volonté de lui enlever sa royauté ; au cours de sa Passion, ils l'ont dépouillé de ses vêtements, et sa chair a été transpercée de clous. Ou plutôt, c'est alors que lui a été donné le complément de ses insignes royaux : il avait la couronne et la pourpre, il a reçu le sceptre quand, « chargé de sa croix, il s'en alla vers le Calvaire » (Jn 19,17). Alors, selon le mot d'Isaïe, « la dignité royale a reposé sur ses épaules » (9,5) ; comme le dit la lettre aux Hébreux : « Nous voyons Jésus couronné de gloire et d'honneur dans ses souffrances et dans sa mort » (2,9).
Voici donc ton roi, qui vient à toi, pour ton bonheur. Il vient dans la douceur, pour se faire aimer, et non dans la puissance, pour se faire craindre. Il vient assis sur une ânesse... Les vertus propres aux rois sont la justice et
Adam, au paradis terrestre, a refusé de servir le Seigneur ; alors le Seigneur a pris la forme de l'esclave, il s'est fait le serviteur de l'esclave, afin que l'esclave ne rougisse plus de servir le Seigneur. Il s'est fait pareil aux hommes ; « il s'est présenté à nous comme un homme » (Ph 2,7)... Il est pauvre, lui qui « n'a pas d'endroit où reposer sa tête » (Mt 8,20) jusqu'au moment où « inclinant la tête » sur la croix, « il remit l'esprit » (Jn 19,30).
Sermons pour le dimanche et les fêtes des saints (trad. Bayart, Eds. franciscaines 1944, p. 118)
« Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton coeur »
« Tu aimeras le Seigneur ton Dieu. » ' Ton ' Dieu est-il dit, et c'est une raison pour l'aimer davantage ; nous aimons bien plus ce qui est à nous que ce qui nous est étranger. C'est certain, le Seigneur ton Dieu mérite d'être aimé ; il s'est fait ton serviteur, pour que tu lui appartiennes et que tu ne rougisses pas de le servir... Trente années durant, ton Dieu s'est fait ton serviteur, à cause de tes péchés, pour t'arracher à la servitude du diable. Tu aimeras donc le Seigneur ton Dieu. Lui qui t'a fait, il s'est fait ton serviteur, à cause de toi ; il s'est donné tout entier à toi, afin que tu te donnes à toi-même. Alors que tu étais malheureux, il a refait ton bonheur, s'est donné à toi pour te rendre à toi-même.
Tu aimeras donc le Seigneur ton Dieu « de tout ton coeur. » ' Tout ': tu ne peux garder pour toi aucune partie de toi. Il veut l'offrande de tout toi-même. Il t'a acheté tout entier de tout lui-même, pour te posséder, lui seul, toi tout entier. Tu aimeras donc le Seigneur ton Dieu de tout ton coeur. Ne va pas, comme Ananie et Saphire, garder pour toi une partie de toi-même, car alors tu pourrais périr comme eux (Ac 5,1s). Aime donc totalement et non en partie. Car Dieu n'a pas de parties ; il est tout entier partout. Il ne veut pas de partage en ton être, lui qui est tout entier en son Etre. Si tu te réserves une partie de toi-même, tu es à toi, et non pas à lui.
Veux-tu donc tout posséder ? Donne-lui ce que tu es, et il te donnera ce qu'il est. Tu n'auras plus rien de toi ; mais tu auras tout lui-même avec tout toi-même.
Sermons pour le dimanche et les fêtes des saints (trad. Bayart, Eds. franciscaines 1944, p. 212))
Celui qui est rempli du Saint Esprit parle diverses langues (Ac 2,4). Ces diverses langues sont les divers témoignages rendus au Christ, comme l'humilité, la pauvreté, la patience et l'obéissance. Nous les parlons quand, en les pratiquant nous-mêmes, nous les montrons aux autres. La parole est vivante lorsque ce sont les actions qui parlent. Je vous en prie, que les paroles se taisent et que les actions parlent. Nous sommes pleins de paroles mais vides d'actions ; à cause de cela le Seigneur nous maudit, lui qui a maudit le figuier où il n'a pas trouvé de fruits mais seulement des feuilles (Mc 11,13s). « La loi, dit saint Grégoire, a été présentée au prédicateur pour qu'il pratique ce qu'il prêche. » Il perd son temps à répandre la connaissance de la loi, celui qui détruit son enseignement par ses actions.
Mais les apôtres parlaient selon le don de l'Esprit. Heureux celui qui parle selon le don de l'Esprit, et non selon son propre sentiment… Parlons donc selon ce que l'Esprit Saint nous donnera de dire. Demandons-lui humblement et pieusement de répandre en nous sa grâce.
Sermons
« Il vous guidera vers la vérité tout entière »
L'Esprit Saint, le Paraclet, le Défenseur, est celui que le Père et le Fils envoient dans l'âme des justes comme un souffle. C'est par lui que nous sommes sanctifiés et méritons d'être saints. Le souffle humain est la vie des corps ; le souffle divin est la vie des esprits. Le souffle humain nous rend sensibles ; le souffle divin nous rend saints. Cet Esprit est Saint, parce que sans lui nul esprit, ni angélique, ni humain, ne peut être saint.
« Le Père, dit Jésus, vous l'enverra en mon nom » (Jn 14,26), c'est-à-dire en ma gloire, pour manifester ma gloire ; ou encore, parce qu'il a le même nom que le Fils : il est Dieu. « Il me glorifiera » parce qu'il vous rendra spirituels, et il vous fera comprendre comment le Fils est égal au Père et non pas seulement un homme comme vous le voyez, ou parce qu'il vous enlèvera votre crainte et vous fera annoncer ma gloire au monde entier. Ainsi, ma gloire, c'est le salut des hommes.
« Il vous enseignera toutes choses. » « Fils de Sion, dit le prophète Joël, réjouissez-vous, car le Seigneur votre Dieu vous a donné celui qui enseigne la justice » (2,23 Vulg), qui vous enseignera tout ce qui regarde le salut.
Sermons pour le dimanche et les fêtes des saints (trad. Bayart, Eds. franciscaines 1944, p170)
« Si je ne m’en vais pas, le Défenseur ne viendra pas à vous ; mais si je pars, je vous l’enverrai »
Le Saint Esprit est le froment qui nous réconforte sur le chemin de la patrie, il est le vin qui nous réjouit dans la tribulation, l'huile qui adoucit les amertumes de
L'Esprit Saint « vous enseignera » (Jn 16,13), pour que vous sachiez ; il vous suggèrera, pour que vous vouliez. Il donne le savoir et le vouloir ; ajoutons notre « pouvoir », dans la mesure de nos forces, et nous serons les temples du Saint Esprit (1Co 6,19).
Sermons pour le dimanche et les fêtes des saints (trad. Bayart, Eds. franciscaines 1944, p169)
« Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique »
Le Père nous a envoyé son Fils, qui est « le don le meilleur, le don parfait » (Jc 1,17). Le don le meilleur, que rien ne surpasse ; le don parfait, auquel on ne peut rien ajouter. Le Christ est le don le meilleur parce que celui que le Père nous donne ainsi est son Fils, souverain, éternel comme lui. Le Christ est le don parfait ; comme le dit l'apôtre Paul, « Avec lui, Dieu nous a tout donné » (Rm 8,32)... Il nous a donné celui « qui est la tête de l'Eglise » (Ep 5,23). Il ne pouvait pas nous donner davantage. Le Christ est le don parfait parce que, en nous le donnant, le Père a porté par lui toutes choses à leur perfection.
« Le Fils de l'homme, dit saint Matthieu, est venu sauver ce qui était perdu » (18,11). C’est pourquoi l'Eglise s'écrie : « Chantez au Seigneur un chant nouveau » (Ps 97,1), comme pour nous dire : O fidèles, vous que le Fils de l’homme a sauvés et renouvelés, chantez un chant nouveau, car vous devez « rejeter tout ce qui est ancien, maintenant que les fruits nouveaux vous sont donnés » (Lv 26,10). Chantez, parce que le Père « a fait des merveilles » (Ps 97,1) lorsqu'il nous a envoyé tout don parfait, son Fils. « Devant les yeux des nations il a révélé sa justice » (Ps 97,2) quand il nous a donné tout don parfait, son Fils unique, qui justifie les nations et achève la perfection de toutes choses.
Sermons pour le dimanche et les fêtes des saints (trad. Bayart, Eds. franciscaines 1944, p147)
Saint Antoine de Padoue (vers 1195-1231), franciscain, docteur de l’Eglise
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Aimer Dieu, son prochain et soi-même
Aime-toi, tel que Celui qui t'a aimé t'a fait. Méprise-toi, tel que toi tu t'es fait. Soumets-toi à ce qui est au-dessus de toi ; méprise ce qui est au-dessous de toi. Aime-toi de la même manière que t'a aimé Celui qui s'est livré pour toi. Méprise-toi, pour avoir méprisé ce que Dieu a fait et a aimé en toi...
Veux-tu garder Dieu toujours en ton esprit ? Regarde-toi tel que Dieu t'a fait. Ne va pas chercher un autre toi-même, ne te rends pas autre que ce que Dieu t'a fait. Ainsi tu auras toujours Dieu dans ton esprit.
Sermons pour le dimanche et les fêtes (trad. Bayart, Eds. franciscaines 1944, p. 222)
Les deux avènements du Seigneur
« Réjouissez-vous dans le Seigneur, je vous le redis : réjouissez-vous » (Ph 4,4). Double joie motivée par un double bienfait : le premier et le second avènement. Nous devons nous réjouir parce que le Seigneur, à son premier avènement, nous a apporté richesses et gloire. Nous devons nous réjouir encore parce que, à son second avènement, il nous donnera « la longueur des jours sans fin » (Ps 20,5). Comme le disent les Proverbes : « La longueur des jours est dans sa droite, et sa gauche tient les richesses et la gloire » (3,16). La gauche, c'est le premier avènement, avec ses richesses glorieuses, l'humilité et la pauvreté, la patience et l'obéissance. La droite, c'est le second avènement, avec la vie éternelle.
Du premier avènement, Isaïe parle en ces termes : « Lève-toi, lève-toi ; revêts-toi de force, ô bras du Seigneur ; lève-toi comme aux jours antiques des siècles lointains. N'as-tu pas frappé l'orgueilleux, blessé le serpent ? N'as-tu pas desséché la mer et l'eau de l'abîme agité ? N'as-tu pas fait du fond de la mer une route, où devaient passer les délivrés ? » (51,9-10). Le bras du Seigneur, c'est Jésus Christ, Fils de Dieu, par qui et en qui Dieu a fait toutes choses... Ô bras du Seigneur, ô Fils de Dieu, lève-toi ; viens à nous de la gloire de ton Père, en prenant notre chair. Revêts-toi de la force de la divinité, pour lutter contre « le prince de ce monde » (Jn 12,31) et pour « chasser le fort », toi qui es « plus fort que lui » (Lc 11,21-22). Lève-toi, pour racheter le genre humain, comme tu as délivré, aux jours antiques, le peuple d'Israël de la servitude d'Egypte... Tu as séché la mer Rouge ; ce que tu as fait, tu le feras encore..., comme tu as tracé au fond de l'enfer la route où passent les rachetés.
Du second avènement, le Seigneur parle en ces termes dans Isaïe : « Voici que je crée Jérusalem » — la Jérusalem céleste, formée des anges et des hommes — « dans l'allégresse, et son peuple dans la joie. Et je tressaillirai dans Jérusalem, je me réjouirai dans mon peuple, et il n'y aura plus ni pleurs ni cris » (65,18-19), parce que, comme il est dit ailleurs : « Le Seigneur essuiera les larmes de tous les visages » (25,8).
Sermons pour le dimanche et les fêtes des saints, 3e dimanche Avent (trad. Bayart, Eds. Franciscaines 1944, p. 42)
« Un seul Dieu, un seul Seigneur, dans la trinité des personnes et l'unité de leur nature » (Préface)
Le Père, le Fils et le Saint Esprit sont d'une seule substance et d'une inséparable égalité. L'unité est dans l'essence, la pluralité dans les personnes. Le Seigneur indique ouvertement l'unité de la divine essence et la trinité des personnes quand il dit : « Baptisez-les au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit ». Il ne dit pas « dans les noms » mais « dans le nom », par où il montre l'unité de l'essence. Mais il emploie ensuite trois noms, pour montrer qu'il y a trois personnes.
Dans cette Trinité se trouvent la suprême origine de toutes choses, la beauté très parfaite, la joie très bienheureuse. La suprême origine, comme le dit saint Augustin dans son livre sur la vraie religion, c'est Dieu le Père, de qui viennent toutes choses, de qui procèdent le Fils et le Saint Esprit. La beauté très parfaite, c'est le Fils, la vérité du Père, qui ne lui est dissemblable en aucun point, que nous vénérons avec le Père et dans le Père, qui est le modèle de toutes choses, parce que tout a été fait par lui et que tout se rapporte à lui. La joie très bienheureuse, la souveraine bonté, c'est le Saint Esprit, qui est le don du Père et du Fils ; et ce don, nous devons croire et tenir qu'il est exactement pareil au Père et au Fils.
En regardant la création, nous aboutissons à la Trinité d'une seule substance. Nous saisissons un seul Dieu : Père, de qui nous sommes, Fils, par qui nous sommes, Esprit Saint, en qui nous sommes. Principe, à qui nous recourons ; modèle, que nous suivons ; grâce, qui nous réconcilie.
Sermons pour le dimanche et les fêtes des saints (trad. Bayart, Eds. franciscaines 1944, p. 160)
« Je suis le bon pasteur. » Le Christ peut dire à bon droit : « Je suis. » Pour lui, rien n'est passé ni futur ; tout lui est présent. C'est ce qu'il dit de lui-même dans l'Apocalypse : « Je suis l'alpha et l'oméga, le principe et la fin ; celui qui est, qui était et qui viendra, le Tout-Puissant » (Ap 1,8). Et dans l'Exode : « Je suis celui qui est. Tu diras aux fils d'Israël : ' Celui qui est m'a envoyé vers vous ' » (Ex 3,14).
« Je suis le bon pasteur. » Le mot « pasteur » vient du mot « paître ». Le Christ nous repaît de sa chair et de son sang, chaque jour, dans le sacrement de l'autel. Jessé, le père de David, a dit à Samuel : « Mon dernier fils est un enfant et il paît les brebis » (1S 16,11). Notre David à nous, petit et humble, comme un bon pasteur, paît aussi ses brebis...
On lit aussi dans Isaïe : « Comme un pasteur, il paîtra son troupeau ; dans ses bras il rassemblera les agneaux, il les portera dans son sein ; il portera lui-même les brebis mères (Is 40,11)... Le bon berger, en effet, quand il mène son troupeau au pâturage, ou qu'il l'en ramène, rassemble les tout petits agneaux qui ne peuvent pas encore marcher ; il les prend en ses bras, les porte en son sein ; il porte aussi les mères, celles qui doivent mettre bas ou celles qui viennent d'être délivrées. Ainsi fait Jésus Christ : chaque jour, il nous nourrit des enseignements de l'Évangile et des sacrements de l'Église. Il nous rassemble dans ses bras, qu'il a étendus sur la croix « pour réunir en un seul corps les enfants de Dieu qui étaient dispersés » (Jn 11,52). Il nous a recueillis dans le sein de sa miséricorde, comme une mère recueille son enfant.
Sermons pour le dimanche et les fêtes des saints (trad. Bayart, Eds. franciscaines 1944, p. 140)
« Voici l'Époux ! »
Entre Dieu et nous régnait une grave discorde. Pour l'apaiser, pour ramener la bonne entente, il a fallu que le Fils de Dieu épouse notre nature... Le Père a consenti et a envoyé son Fils. Celui-ci, dans le lit nuptial de la Bienheureuse Vierge, a uni notre nature à la sienne. Telles ont été les noces que le Père a fait alors pour son Fils. Le Verbe de Dieu, dit Jean Damascène, a pris tout ce que Dieu avait mis en notre nature : un corps et une âme raisonnable. Il a tout pris pour me sauver tout entier par sa grâce. La Divinité s'est abaissée jusqu'à ce mariage ; la chair ne pouvait conclure un mariage plus glorieux. Des noces se célèbrent encore, quand survient la grâce du Saint Esprit, pour opérer la conversion de l'âme pécheresse. On lit dans le prophète Osée : « Je reviendrai à ma première épouse ; alors je me trouverai mieux qu'à présent » (cf 2,9). Et plus loin : « Elle m'appellera : mon époux, et non plus : mon maître. Et j'enlèverai de sa bouche les noms des idoles... Je ferai alliance avec eux... » (v. 18-20). L'époux de l'âme c'est le Saint Esprit, par sa grâce. Quand son inspiration intérieure invite l'âme à la pénitence, tous les appels des vices sont vains. Le maître qui dominait et ravageait l'âme, c'est l'orgueil qui veut commander, c'est la gourmandise et la luxure qui dévorent tout. Leurs noms mêmes sont enlevés de la bouche du pénitent... Quand la grâce se répand dans l'âme et l'illumine, Dieu fait alliance avec les pécheurs. Il se réconcilie avec eux... Alors se célèbrent les noces de l'époux et de l'épouse, dans la paix d'une conscience pure. Enfin, des noces se célèbrent au jour du jugement, quand viendra l'Époux, Jésus Christ. « Voici que vient l'Époux, est-il dit ; allez au-devant de lui. » Alors il prendra avec lui l'Église, son épouse. « Viens, dit saint Jean dans l'Apocalypse, je te montrerai l'épouse de l'Agneau. Et il me montra la sainte cité de Jérusalem, descendant du ciel. » (21,9-10)... À présent, nous ne vivrons dans le ciel que par la foi et par l'espérance ; mais après peu de temps, l'Église célèbrera ses noces avec son Époux : « Bienheureux ceux qui ont été appelés au festin des noces de l'Agneau. » (Ap 19,9)
Sermons pour le dimanche et les fêtes des saints (trad. Bayart, Eds. franciscaines 1944, p. 238)
Vous aussi vous rendrez témoignage
Pentecôte est le mot grec qui veut dire « cinquantième ». Ce cinquantième jour, que fêtait le peuple juif, se comptait à partir du jour où on avait immolé l'agneau pascal ; et cela parce que, cinquante jours après la sortie d'Egypte, la Loi fut donnée sur le sommet embrasé du mont Sinaï. De même, dans le Nouveau Testament, cinquante jours après la pâque du Christ, le Saint Esprit descendit sur les apôtres et leur apparut sous la forme de feu. La Loi est donnée sur le mont Sinaï, l'Esprit sur le mont Sion ; la Loi sur le sommet de la montagne, l'Esprit au Cénacle. « Tous les disciples étaient réunis au même endroit. Soudain il se fit un grand bruit »... Comme le dit un psaume, « l'élan du fleuve réjouit la cité de Dieu » (45,5). Un grand bruit accompagne l'arrivée de celui qui venait enseigner les fidèles. Remarquez comme cela s'accorde avec ce que nous lisons dans l'Exode : « Le troisième jour, on entendit le tonnerre, on vit briller des éclairs, une épaisse nuée couvrit la montagne, des trompettes sonnaient avec force, et tout le peuple fut saisi de crainte » (19,16). Le premier jour fut l'Incarnation du Christ ; le deuxième jour fut sa Passion ; le troisième jour, c'est la mission du Saint Esprit. Ce jour arrive : on entend le tonnerre, il se fait un grand bruit ; des éclairs brillent -- les miracles des apôtres --; une épaisse nuée -- la componction du coeur et la pénitence -- couvre la montagne, le peuple de Jérusalem (Ac 2,37-38)... « Il leur apparut alors comme des langues de feu. » Des langues, celles du serpent, d'Eve et d'Adam, avaient ouvert à la mort l'accès de ce monde... C'est pourquoi l'Esprit apparaît sous la forme de langues, opposant langues à langues, guérissant par le feu le venin mortel... « Ils se mirent à parler. » Voilà le signe de la plénitude ; le vase plein déborde ; le feu ne peut pas se contenir... Ces langues diverses sont les différentes leçons que nous a laissées le Christ, telles que l'humilité, la pauvreté, la patience, l'obéissance. Nous parlons ces langues diverses quand nous donnons au prochain l'exemple de ces vertus. Vive est la parole, quand parlent les oeuvres. Faisons parler nos oeuvres !
Sermons pour le dimanche et les fêtes des saints (trad. Bayart, Eds. franciscaines 1944, p. 170)
« Voyez mes mains et mes pieds : c'est bien moi. » Il y a, je pense, quatre raisons pour lesquelles le Seigneur montre aux apôtres son côté, ses mains et ses pieds. Premièrement, pour prouver qu'il était vraiment ressuscité et nous enlever tout sujet de doute. Deuxièmement, pour que « la colombe », c'est-à-dire l'Église ou l'âme fidèle, établisse son nid dans ces plaies, comme « au creux du rocher » (Ct 2,14) et y trouve un abri contre l'épervier qui la guette. Troisièmement, pour imprimer dans nos coeurs, comme des insignes, les marques de sa Passion. Quatrièmement, pour nous avertir et nous demander d'avoir pitié de lui et de ne pas le transpercer de nouveau des clous de nos péchés Il nous montre ses mains et ses pieds : « Voici, dit-il, les mains qui vous ont façonnés (cf Ps 118,73) ; voyez comme les clous les ont transpercés. Voici mon coeur, où vous êtes nés, vous les fidèles, vous mon Église, comme Eve est née du côté d'Adam ; voyez comme la lance l'a ouvert, afin que vous soit ouverte la porte du Paradis, que tenait fermée le Chérubin de feu. Le sang qui a coulé de mon côté a écarté cet ange, a émoussé son glaive ; l'eau a éteint le feu (cf Jn 19,34)... Écoutez avec soin, recueillez ces paroles, et vous aurez la paix avec vous. »
Sermons pour le dimanche et les fêtes des saints (trad. Eds. Franciscaines 1944, p. 139
« Jésus étendit la main, le toucha et lui dit : ' Je le veux, sois purifié ' »
Oh, que j'admire cette main ! Cette « main de mon Bien-Aimé, d'or rehaussé de pierreries » (Ct 5,14). Cette main dont le contact délie la langue du muet, ressuscite la fille de Jaïre (Mc 7,33 ;5,41) et purifie le lépreux. Cette main dont le prophète Isaïe nous dit : « Elle seule a fait tous ces prodiges ! » (66,2)
Étendre la main, c'est donner un présent. Ô Seigneur, étends ta main — cette main que le bourreau étendra sur la croix. Touche le lépreux et fais-lui largesse. Tout ce que ta main touchera sera purifié et guéri. « Il toucha l'oreille de Malchus, dit saint Luc, et le guérit » (22,51). Il étend la main pour accorder au lépreux le don de la santé. Il dit : « Je le veux, sois guéri » et aussitôt la lèpre est guérie ; « tout ce qu'il veut il le fait » (Ps 113B,3). En lui, rien ne sépare vouloir et accomplir.
Or, cette guérison instantanée, Dieu l'opère chaque jour dans l'âme du pécheur par le ministère du prêtre. Le prêtre a un triple office : il doit étendre la main, c'est-à-dire prier pour le pécheur et avoir pitié de lui ; il doit le toucher, le consoler, lui promettre le pardon ; il doit vouloir ce pardon et le donner par l'absolution. Tel est le triple ministère pastoral que le Seigneur confie à Pierre quand il lui dit par trois fois : « Sois le pasteur de mes brebis » (Jn 21,15s).
Sermons pour le dimanche et les fêtes des saints (trad. Bayart, Eds. franciscaines 1944, p. 71)
« Fais lever sur nous la lumière de ta face » (Ps 4,7)
De même que cette pièce d'argent porte l'image de César, ainsi notre âme est à l'image de la Sainte Trinité, selon ce qui est dit dans un psaume : « La lumière de ta face est empreinte en nous, Seigneur » (4,7 Vulg)... Seigneur, la lumière de ta face, c'est-à-dire la lumière de ta grâce qui établit en nous ton image et nous rend semblables à toi, est empreinte en nous, c'est-à-dire imprimée dans notre raison, qui est la plus haute puissance de notre âme et qui reçoit cette lumière comme la cire reçoit la marque d'un sceau. La face de Dieu, c'est notre raison ; car de même qu'on connaît quelqu'un à son visage, ainsi Dieu nous est connu par le miroir de la raison. Mais cette raison a été déformée par le péché de l'homme, car le péché rend l'homme opposé à Dieu. La grâce du Christ a réparé notre raison. C'est pourquoi l'apôtre Paul dit aux Éphésiens : « Renouvelez votre esprit » (4,23). La lumière dont il est question dans ce psaume c'est donc la grâce, qui restaure l'image de Dieu empreinte en notre nature...
Toute la Trinité a marqué l'homme à sa ressemblance. Par la mémoire, il ressemble au Père ; par l'intelligence, il ressemble au Fils ; par l'amour, il ressemble au Saint Esprit... Lors de la création, l'homme a été fait « à l'image et à la ressemblance de Dieu » (Gn 1,26). Image dans la connaissance de la vérité ; ressemblance dans l'amour de la vertu. La lumière de la face de Dieu c'est donc la grâce qui nous justifie et qui révèle de nouveau l'image créée. Cette lumière constitue tout le bien de l'homme, son vrai bien ; elle le marque, comme l'image de l'empereur marque la pièce d'argent. C'est pourquoi le Seigneur ajoute : « Rendez à César ce qui est à César. » Comme s'il disait : De même que vous rendez à César son image, ainsi rendez à Dieu votre âme, ornée et marquée de la lumière de sa face.
Sermons pour le dimanche et les fêtes des saints (trad. Bayart, Eds. franciscaines 1944, p. 249)
« Sois sans crainte, désormais ce sont des hommes que tu prendras »
« Sur ta parole, je jetterai le filet. » C'est sur l'ordre de la grâce céleste, de l'inspiration surnaturelle, qu'il faut tendre le filet de la prédication. Sinon, le prédicateur jette en vain les lignes de ses paroles. La foi des peuples est obtenue non par des discours savamment composés, mais par la grâce de la vocation divine... O fructueuse humilité ! Quand ceux qui jusque là n'avaient rien pris se fient à la parole du Christ, ils ramènent une multitude de poissons...
« Sur ta parole, je jetterai le filet. » Chaque fois que je l'ai jeté de moi-même, j'ai voulu garder pour moi ce qui t'appartient. C'est moi que j'ai prêché, et non toi ; mes paroles et non les tiennes. C'est pourquoi je n'ai rien pris. Ou, si j'ai pris quelque chose, ce n'est pas du poisson, mais des grenouilles, bonnes à bavarder mes louanges...
« Sur ta parole, je jetterai le filet. » Lâcher le filet sur la parole de Jésus Christ, c'est ne s'attribuer rien à soi-même mais attribuer tout à lui ; c'est vivre conformément à ce qu'on prêche. Alors on prend une énorme quantité de poissons
Sermons pour le dimanche et les fêtes des saints (trad. Bayart, Eds. franciscaines 1944, p. 187 rev.)
Date de dernière mise à jour : 2017-08-26
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