Passioniste de Polynésie

Athanase d'Alexandrie quelques écrits

Ikone athanasius von alexandria

Saint Athanase (295-373), évêque d'Alexandrie, docteur de l'Église 

Suivre le Christ sur la voie droite

Un jour, tous les moines sont venus voir Antoine et l'ont prié de leur adresser la parole. Il leur dit : ... Nous voilà commencés, nous nous sommes engagés sur la route de la vertu. Maintenant marchons toujours en avant afin d'atteindre le but (Ph 3,14). Que personne ne regarde en arrière comme la femme de Lot (Gn 19,26), car le Seigneur a dit : « Quiconque a mis la main à la charrue et regarde en arrière est inapte au Royaume des cieux ». Regarder en arrière n'est rien d'autre que changer son propos et reprendre goût aux choses de ce monde-ci. Ne craignez pas quand vous entendez parler de vertu et ne vous étonnez pas de ce mot. Car la vertu n'est pas loin de nous : elle ne prend pas naissance hors de nous ; c'est notre affaire à nous, et la chose est simple pourvu que nous le voulions.

Les païens quittent leur pays et traversent la mer pour étudier les lettres. Nous, nous n'avons pas besoin de quitter notre pays pour aller au Royaume des cieux, ni de passer la mer pour acquérir la vertu. Car le Seigneur a dit : « Le Royaume des cieux est au-dedans de vous » (Lc 17,21). La vertu n'a donc besoin que de notre vouloir, puisqu'elle est en nous et prend naissance de nous. Si l'âme conserve sa partie intelligente conforme à sa nature, la vertu prend naissance. L'âme est dans son état naturel quand elle demeure comme elle a été faite ; elle a été faite très belle et très droite. C'est pourquoi Josué, fils de Noun, disait au peuple en l'exhortant : « Rendez droit votre cœur devant le Seigneur, le Dieu d'Israël » (Jos 24,23). Et Jean Baptiste : « Rendez droits vos chemins » (Mt 3,3). Être droite, pour l'âme, c'est garder son intelligence, comme elle a été créée. Au contraire, quand elle dévie et se détourne de son état naturel, alors on parle de vice de l'âme. La chose n'est donc pas difficile... Si nous devions chercher la chose au dehors, ce serait vraiment difficile, mais puisqu'elle est en nous, gardons-nous des pensées impures et conservons notre âme pour le Seigneur, comme si nous avions reçu un dépôt, afin qu'il reconnaisse son œuvre, trouvant notre âme telle qu'il l'a faite.

Vie de saint Antoine, 19-20 (trad. Brésard, 2000 ans C, p. 184)

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« Quand vous aurez élevé le Fils de l'homme, alors vous comprendrez que moi, Je Suis »

Quelqu'un pourrait demander : si le Christ devait livrer pour tous son corps à la mort, pourquoi ne l'a-t-il pas quitté simplement comme un homme ; pourquoi est-il allé jusqu'à le faire crucifier ? Car on pourrait dire qu'il était plus convenable pour lui de déposer son corps dans la dignité, que de subir l'outrage d'une telle mort. Cette objection est trop humaine : ce qui est arrivé au Sauveur est vraiment divin et digne de sa divinité pour plusieurs raisons.

    D'abord parce que la mort qui survient aux hommes leur arrive à cause de la faiblesse de leur nature ; ne pouvant durer longtemps, ils se désagrègent avec le temps. Des maladies leur surviennent et, ayant perdu leurs forces, ils meurent. Mais le Seigneur n'est pas faible ; il est la Puissance de Dieu, il est le Verbe de Dieu et la Vie en soi. S'il avait déposé son corps en privé, dans un lit, à la manière des hommes, on aurait pensé... qu'il n'avait rien de plus que les autres hommes... Il ne convenait pas que le Seigneur soit malade, lui qui guérissait les maladies des autres...

    Pourquoi donc n'a-t-il pas écarté la mort comme il a écarté la maladie ? Parce qu'il possédait un corps justement pour cela, et pour ne pas entraver la résurrection... Mais, dira peut-être quelqu'un, il aurait dû esquiver le complot de ses ennemis, pour conserver son corps tout à fait immortel. Qu'il apprenne donc, celui-là, que cela non plus ne convenait pas au Seigneur. De même qu'il n'était pas digne du Verbe de Dieu, étant la Vie, de donner la mort à son corps par sa propre initiative, de même il ne lui convenait pas de fuir la mort donnée par d'autres... Une telle attitude ne signifiait aucunement la faiblesse du Verbe, mais elle le faisait connaître comme Sauveur et Vie... Le Sauveur ne venait pas consommer sa propre mort mais celle des hommes.

Sur l'incarnation du Verbe, 21-22 (trad. SC 199, p. 343s)

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Bienheureuse Trinité, un seul Dieu !

Étudions la tradition antique, la doctrine et la foi de l'Église catholique. Le Seigneur l'a donnée, les Apôtres l'ont annoncée, les Pères l'ont gardée. C'est sur elle, en effet, que l'Église a été fondée et, si quelqu'un s'en écarte, il ne peut plus être chrétien ni en porter le nom.

Il y a donc une Trinité sainte et parfaite, reconnue comme Dieu dans le Père, le Fils et le Saint-Esprit ; elle ne comporte rien d'étranger, rien qui lui soit mêlé de l'extérieur ; elle n'est pas constituée du Créateur et du créé, mais elle est tout entière puissance créatrice et productrice. Elle est semblable à elle-même, indivisible par sa nature, et son activité est unique. En effet, le Père fait toutes choses par le Verbe dans l'Esprit Saint, et c'est ainsi que l'unité de la sainte Trinité est sauvegardée. C'est ainsi que dans l'Église est annoncé un seul Dieu, qui règne au-dessus de tous, par tous et en tous. Au-dessus de tous , comme Père, comme principe et source ; par tous , par le Verbe ; en tous , dans l'Esprit Saint. ~ 

Saint Paul, ~ écrivant aux Corinthiens, à propos des dons spirituels, rapporte toutes choses à un seul Dieu, le Père, comme à un seul chef, lorsqu'il dit : Les dons de la grâce sont variés, mais c'est toujours le même Esprit ; les ministères dans l'Église sont variés, mais c'est toujours le même Seigneur, les activités sont variées, mais c'est toujours le même Dieu, qui fait tout en tous . Car les dons que l'Esprit distribué à chacun sont donnés de la part du Père par le Verbe. En effet, tout ce qui est au Père est au Fils ; c'est pourquoi les biens donnés par le Fils dans l'Esprit sont les dons spirituels du Père. Quand l'Esprit est en nous, le Verbe qui nous le donne est en nous, et dans le Verbe se trouve le Père. Et c'est ainsi que s'accomplit la parole : Nous viendrons chez lui et nous irons demeurer auprès de lui . Là où est la lumière, là aussi est son éclat ; là où est son éclat, là aussi est son activité et sa grâce resplendissante. 

C'est cela encore que Paul enseignait dans la seconde lettre aux Corinthiens : Que la grâce de Jésus Christ notre Seigneur, l'amour de Dieu et la communion de l'Esprit Saint soient avec vous tous . En effet, la grâce et le don accordés dans la Trinité sont donnés de la part du Père, par le Fils, dans l'Esprit Saint. De même que la grâce accordée vient du Père par le Fils, ainsi la communion au don ne peut se faire en nous sinon dans l'Esprit Saint. C'est en participant à lui que nous avons l'amour du Père, la grâce du Fils et la communion de l'Esprit Saint.

LETTRE À SÉRAPION, ÉVÊQUE DE THMUIS

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Le livre des psaumes

"Le livre des psaumes a une certaine grâce propre et réclame une attention toute spéciale. Outre ce qu'il possède de commun avec les autres ouvrages de la Bible, il a en propre de receler tous les mouvements de l'âme, ses changements et ses redressements, convenablement exprimés et montrés... A celui qui court après la vertu et veut savoir comment Notre Seigneur s'est conduit durant sa vie mortelle, ce livre divin rappelle en priorité ce que sont les mouvements de l'âme... Dans l'affliction, sa lecture apporte une grande consolation; dans la tentation et la persécution, on en tire une plus grande résistance et l'on est protégé par le Seigneur qui a protégé l'auteur du psaume... Dans le péché, on rentre en soi-même et l'on renonce; sans péché, on se trouve dans la joie parce qu'on tend vers les biens qui nous sont offerts. Dans la lutte, le chant des psaumes procure la force... Qu'ils soient aussi l'objet de ton occupation; lis-les avec sagesse et tu pourras, conduit par l'Esprit, comprendre le sens propre de chacun. Tu imiteras la vie des saints qui, portés par la vie de Dieu, ont écrit ces textes."

(Lettre à Marcellin)

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L'incarnation du Verbe

Le Verbe de Dieu, incorporel, incorruptible et immatériel, est arrivé dans notre région, bien qu'il n'en ait pas été loin auparavant. En effet, il n'avait laissé aucune partie de la création privée de sa présence, car il remplissait tout, lui qui demeure auprès de son Père. Mais il s'est rendu présent en s'abaissant à cause de son amour pour nous, et il s'est manifesté à nous. ~

Il a eu pitié de notre race, Il a eu compassion de notre faiblesse ; il a condescendu à notre corruption ; il n'a pas accepté que la mort domine sur nous ; il n'a pas voulu voir périr ce qui avait commencé, ni échouer ce que son Père avait accompli en créant les hommes. Il a donc pris un corps, et un corps qui n'est pas différent du nôtre. Car il ne voulait pas seulement être dans un corps, ou seulement se manifester. S'il avait voulu seulement se manifester, il aurait pu réaliser cette théophanie avec plus de puissance. Mais non : c'est notre corps qu'il a pris. ~

Dans le sein de la Vierge, il construisit pour lui-même le temple de son corps ; il en fit son instrument adapté, pour se faire connaître et pour y demeurer. Après avoir pris parmi nos corps un corps de même espèce, comme nous sommes tous soumis à la corruption de la mort, il le livra à la mort pour nous tous, et l'offrit à son père. Il a fait cela par amour pour les hommes. Ainsi, puisque tous mourraient en lui, la loi soumettant les hommes à la corruption serait annulée : en effet, elle déploierait toute sa force contre le corps du Seigneur, et elle n'aurait plus désormais le pouvoir de frapper ses pareils, les hommes. Le Verbe rendrait incorruptibles de nouveau les hommes revenus à la corruption ; il leur communiquerait la vie du fait de sa mort : par le corps qu'il s'était approprié et par la grâce de la résurrection, il écarterait la mort loin d'eux, comme une paille consumée par le feu. ~

Le Verbe prit un corps capable de mourir afin que ce corps, en participant au Verbe qui est au-dessus de tout, devienne capable de mourir pour tous, reste incorruptible grâce au Verbe qui y demeure, et enfin délivre de la corruption tous les hommes par la grâce de la résurrection. 

Le Verbe offrit donc à la mort le corps qu'il avait pris, comme un sacrifice et une victime sans aucune tache, et aussitôt il anéantit la mort en en délivrant tous les hommes ses pareils par l'offrande de ce corps qui leur ressemble. 

Il est juste que le Verbe de Dieu, supérieur à tous, qui offrait son propre temple, son corps, en rançon pour tous, ait payé notre dette par sa mort. Uni à tous les hommes par un corps semblable, il est juste que le Fils incorruptible de Dieu revête tous les hommes d'incorruptibilité, selon la promesse apportée par sa résurrection. Car la corruption elle-même, impliquée dans la mort, n'a plus aucun pouvoir sur les hommes à cause du Verbe qui demeure parmi eux dans un corps unique.

DISCOURS SUR L'INCARNATION DU VERBE

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La Pâque approche

Il est beau, mes frères, de passer d'une fête à une autre, d'une prière à une autre, d'une solennité à une autre. Voici en effet ce temps qui nous apporte un nouveau commencement et la connaissance de la bienheureuse Pâque, où le Seigneur fut immolé. Certes, nous mangeons l'aliment de vie et nous réjouissons notre âme en buvant à ce sang précieux comme à une source ; et pourtant nous avons toujours soif, nous sommes toujours brûlants. Lui-même s'offre à ceux qui sont altérés ; dans sa bonté il admet à la fête ceux dont les entrailles sont desséchées ; comme disait notre Sauveur : Si quelqu'un a soif; qu'il vienne à moi, et qu'il boive !

On n'étanche pas sa soif seulement quand on s'approche ; mais chaque fois qu'on demande, on obtient facilement d'approcher le Sauveur. La grâce de cette fête n'est pas limitée à une époque et son splendide rayon ne souffre pas du déclin ; il est toujours prêt à éclairer l'esprit de ceux qui le veulent. Sa puissance brille continuellement en ceux dont l'âme est éclairée et qui s'appliquent aux livres saints jour et nuit. Ainsi l'homme qui est appelé heureux dans le psaume : Heureux l'homme qui n'est pas allé à la réunion des impies, qui ne s'est pas arrêté sur le chemin des pécheurs, qui ne s'est pas assis dans l'assemblée des corrompus, mais qui s'attache à la loi du Seigneur, qui médite cette loi jour et nuit. ~

Ce grand Dieu, mes bien-aimés, qui au début institua cette fête, nous accorde de la célébrer chaque année. Lui-même, qui a livré son Fils à la mort pour notre salut, nous accorde pour le même motif cette sainte fête qui a sa place fixée dans le déroulement de l'année. ~ Cette fête nous dirige au milieu des épreuves qui nous assaillent en ce monde ; et maintenant Dieu nous procure la joie du salut qui émane de cette fête. En effet, il nous réunit en une seule assemblée, dans un rendez-vous spirituel qui se réalise partout ; il nous permet de prier en commun, d'offrir ensemble nos actions de grâce, comme il faut le faire un jour de fête. C'est le miracle de sa bonté : lui-même rassemble pour cette fête ceux qui sont au loin ; et ceux qui peuvent être distants corporellement, il les rapproche dans l'unité de la foi.

LETTRE PASCALE DE SAINT ATHANASE

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Le Christ, Sagesse du Père. 

La Sagesse personnelle de Dieu, son Fils unique, est créatrice et réalisatrice de toutes choses. En effet, dit le Psaume : Tu as tout fait avec sagesse, la terre est pleine de tes créatures . Afin que les créatures non seulement existent, mais existent bien, Dieu a décidé que sa propre Sagesse descendrait vers les créatures afin d'imprimer en toutes et en chacune une certaine empreinte et représentation de son image ; ainsi serait-il évident qu'elles ont été créées avec sagesse et qu'elles sont des œuvres dignes de Dieu.

De même, que notre verbe humain est l'image de ce Verbe qui est le Fils de Dieu, ainsi notre sagesse est, elle aussi, l'image de ce Verbe qui est la Sagesse en personne. Parce que nous possédons en elle la capacité de connaître et de penser, nous devenons capables d'accueillir la Sagesse créatrice, et par elle nous pouvons connaître son Père. Car celui qui a le Fils a aussi le Père , et encore : Celui qui m'accueille accueille celui qui m'a envoyé . Parce que l'empreinte de cette Sagesse existe en nous et en toutes ses œuvres, il est tout à fait juste que la Sagesse véritable et créatrice, appliquant à elle-même ce qui concerne son empreinte, dise : Le Seigneur m'a créée comme une de ses œuvres . ~

Puisque le monde, par le moyen de la sagesse, n'a pas reconnu Dieu dans la Sagesse de Dieu, c'est par la folie de la prédication que Dieu a jugé bon de sauver ceux qui croient . Désormais Dieu ne veut plus, comme dans les temps primitifs, être connu par l'image et l'ombre de la Sagesse : il a voulu que la véritable Sagesse en personne prenne chair, devienne homme, subisse la mort de la croix, afin qu'à l'avenir tous les croyants puissent être sauvés par la foi en cette Sagesse incarnée.

C'est donc elle qui est la Sagesse de Dieu. C'est elle qui, auparavant, par son image introduite dans les choses créées (et c'est en ce sens qu'on la disait créée), se faisait connaître et, par elle, faisait connaître le Père. Par la suite, elle-même, qui est le Verbe, est devenue chair, comme dit saint Jean ; après avoir détruit la mort et sauvé notre race, elle s'est manifestée plus clairement elle-même et, par elle-même, elle a manifesté son Père. Ce qui lui a fait dire : Donne-leur de te connaître, toi, le seul Dieu, le vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus Christ.

Toute la terre a donc été remplie de sa connaissance. Car il y a une seule connaissance : du Père par le Fils, et du Fils à partir du Père. Le Père met sa joie en lui, et le Fils se réjouit de la même joie dans le Père, ainsi qu'il le dit : J'y trouvais ma joie, je me réjouissais jour après jour en sa présence.

DISCOURS DE SAINT ATHANASE D'ALEXANDRIE CONTRE LES ARIENS

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Homélie sur la persécution

 La Loi avait ordonné d’établir des villes de refuge, où ceux qu’on rechercherait d’une manière ou d’une autre pour les faire mourir, pourraient être en sûreté. En outre, le Verbe du Père, qui avait précédemment parlé à Moïse, étant venu lorsque les temps furent accomplis, le Verbe fit lui-même à son tour ce commandement : « Lorsqu’on vous poursuivra dans une ville, fuyez dans une autre ». Et peu après il ajoute : « Quand vous verrez l’abomination de la désolation, prédite par le Prophète Daniel, établie dans le lieu saint (que celui qui lit entende) : alors que ceux qui sont dans la Judée s’enfuient sur les montagnes ; que celui qui sera sur le toit ne descende point pour emporter quelque chose de sa maison ; que celui qui sera dans les champs ne retourne pas pour prendre sa tunique. »

 Instruits de ces choses, les saints en ont toujours fait la règle de leur conduite. Car le Seigneur, avant même d’être venu s’incarner, avait déjà commandé par ses ministres ce qu’il enjoint ici par lui-même, et ses divins préceptes conduisent les hommes à la perfection ; car il faut absolument observer tout ce que Dieu ordonne. Et afin de nous donner l’exemple, le Verbe lui-même, fait homme pour notre salut, n’a pas cru indigne de lui de se cacher comme nous lorsqu’on le cherchait, de fuir et d’éviter les embûches lorsqu’on le persécutait. Mais quand il eut mené au terme fixé par lui le temps où il voulait souffrir en son corps il se livra spontanément à ceux qui lui dressaient des embûches.

. Quant aux saints, hommes qu’ils étaient, ils devaient eux-mêmes se conformer à la règle qu’ils tenaient du Sauveur (c’est lui en effet qui les a tous enseignés, et autrefois et depuis). En conséquence, ils fuyaient pour échapper légitimement aux persécuteurs, et cherchés par eux, ils demeuraient cachés. Ignorant combien de temps leur avait mesuré la divine Providence, ils ne voulaient pas se livrer témérairement à leurs perfides ennemis. D’un autre côté, sachant ce que dit l’Écriture, que Dieu tient dans ses mains le sort des hommes, qu’il est le maître de la mort et de la vie, ils trouvaient plus sage de persévérer jusqu’à la fin, s’en allant ça et là, comme dit l’Apôtre, couverts de peaux de brebis et de peaux de chèvre, dans l’indigence, dans l’angoisse, errant dans les solitudes et se cachant au fond des antres et des cavernes ; et cela, jusqu’à ce que le temps de mourir fût arrivé pour eux, ou que Dieu, qui avait déterminé ce temps, les consolât par sa parole et arrêtât les complots des méchants, ou enfin les livrât aux mains des persécuteurs, selon qu’il aurait plu à sa divine Providence.

http://www.introibo.fr/18-03-St-Cyrille-de-Jerusalem

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Le Christ est l'image du Dieu invisible ; par lui nous sommes rachetés et nos péchés pardonnés (Col 1,15.14)

      Puisque les hommes s'étaient rendus déraisonnables et que la tromperie des démons jetait son ombre de tous côtés et cachait la connaissance du vrai Dieu, que devait faire Dieu ? Se taire devant une pareille situation ? Accepter que les hommes soient égarés ainsi et ne connaissent pas Dieu ?... Dieu ne va-t-il pas épargner à ses créatures d'être égarées loin de lui et assujetties au néant, surtout si cet égarement devient pour elles cause de ruine et de perte, alors que les êtres qui ont participé à l'image de Dieu (Gn 1,26) ne doivent pas périr ? Que fallait-il donc que Dieu fasse ? Que faire, sinon renouveler en eux son image, afin que les hommes puissent de nouveau le connaître ?

      Mais comment cela se fera-t-il, sinon par la présence de l'image de Dieu elle-même (Col 1,15), notre Sauveur Jésus Christ ? Cela n'était pas réalisable par des hommes, puisqu'ils ne sont pas l'image mais ont été créés selon l'image ; ce n'était pas réalisable par des anges non plus, car même eux ne sont pas images. C'est pourquoi le Verbe de Dieu est venu lui-même, lui qui est l'image du Père, afin d'être en mesure de restaurer l'image au fond de l'être des hommes. Par ailleurs, cela ne pouvait pas se produire si la mort et la dégradation qui la suit n'étaient pas anéanties. C'est pourquoi il a pris un corps mortel, afin de pouvoir anéantir la mort et restaurer les hommes faits selon l'image de Dieu. L'image du Père, donc, son Fils très saint, est venue chez nous pour renouveler l'homme fait à sa ressemblance et pour le retrouver, alors qu'il était perdu, par la remise de ses péchés, comme il le dit lui-même : « Je suis venu chercher et sauver ce qui était perdu » (Lc 19,10).

Sur l'incarnation du Verbe, 13 (trad. cf SC 199, p.311s)

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« Qui t'a donné cette autorité ? »

      La sagesse personnelle de Dieu, son Fils unique, a créé et réalisé toute chose. En effet, un psaume dit : « Tu as tout fait avec sagesse » (103,24)... De même que notre parole humaine est l'image de cette Parole qui est le Fils de Dieu (cf Jn 1,1), ainsi notre sagesse est, elle aussi, l'image de ce Verbe qui est la Sagesse en personne. Parce que nous possédons en elle la capacité de connaître et de penser, nous devenons capables d'accueillir la Sagesse créatrice, et par elle nous pouvons connaître son Père. « Car celui qui a le Fils a aussi le Père » (1Jn 2,23), et encore : « Celui qui m'accueille accueille celui qui m'a envoyé » (Mt 10,40)...

      « Puisque le monde, avec le moyen de la sagesse, n'a pas su reconnaître Dieu à travers les œuvres de la sagesse de Dieu, il a plu à Dieu de sauver les croyants par cette folie qu'est la proclamation de l'Évangile » (1Co 1,21). Désormais Dieu ne veut plus, comme dans les temps anciens, être connu par des images et des ombres de la Sagesse : il a voulu que la véritable Sagesse en personne prenne chair, devienne homme, subisse la mort de la croix, afin qu'à l'avenir tous les croyants puissent être sauvés par la foi en cette Sagesse incarnée.

      C'est donc elle qui est la Sagesse de Dieu. Auparavant, elle se faisait connaître par son image introduite dans les choses créées...et de cette façon faisait connaître le Père. Par la suite, elle, qui est le Verbe, est devenue chair, comme dit saint Jean (1,14). Après avoir « détruit la mort » (1Co 15,26) et sauvé l'humanité, elle s'est manifestée plus clairement elle-même et, par elle-même, elle a manifesté son Père. Ce qui lui a fait dire : « Donne-leur de te connaître, toi, le seul Dieu, le vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus Christ » (Jn 17,3). Toute la terre a donc été remplie de sa connaissance. Car il y a une seule connaissance, du Père par le Fils, et du Fils à partir du Père. Le Père met sa joie en lui, et le Fils se réjouit de la même joie dans le Père, ainsi qu'il le dit : « J'y trouvais ma joie, je me réjouissais jour après jour en sa présence » (Pr 8,30). 

Discours contre les Ariens, 2, 78-79 (trad. bréviaire 6e mar. rev.)

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« Vous n'appartenez pas au monde, puisque je vous ai choisis en vous prenant dans le monde »

      La mort une fois vaincue par le Sauveur et fixée à la croix, comme à un pilori, tous ceux qui marchent dans le Christ la foulent aux pieds. Rendant témoignage au Christ, ils se moquent de la mort, se jouent d'elle et répètent ce qui est écrit à son sujet : « Mort, où est ta victoire ? Enfer, où est ton aiguillon ? » (1Co 15,55; Os 13,14)... Est-ce une pauvre démonstration de la victoire remportée sur elle par le Sauveur, lorsque les chrétiens, enfants et jeunes filles, méprisent la vie présente et se préparent à mourir plutôt que de renier leur foi ? L'homme craint naturellement la mort et la dissolution de son corps ; mais, chose tout à fait extraordinaire, celui qui a revêtu la foi en la croix méprise ce sentiment naturel et, pour le Christ, il ne craint plus la mort...

      Si la mort, autrefois si forte et pour cela si redoutable, est méprisée maintenant après la venue du Sauveur, après sa mort corporelle et sa résurrection, il est évident que c'est par le Christ monté sur la croix que la mort a été anéantie et vaincue. Lorsqu'après la nuit le soleil paraît et illumine toute la surface de la terre, il n'y a absolument pas à douter que le soleil qui répand partout sa lumière est le même qui a chassé les ténèbres et tout illuminé. Ainsi...il est évident que le Sauveur manifesté en son corps est celui-là même qui a détruit la mort et qui chaque jour démontre sa victoire sur elle en ses disciples... Lorsqu'on voit des hommes, de femmes et de jeunes enfants courir et s'élancer à la mort pour la foi au Christ, qui serait assez sot, qui serait assez incrédule, qui aurait l'esprit assez aveugle pour ne pas comprendre et penser que c'est le Christ, auquel ces hommes rendent témoignage, qui procure et donne à chacun la victoire sur la mort en détruisant la puissance de celle-ci en chacun de ceux qui ont foi en lui et portent le signe de sa croix ? 

Sur l'Incarnation du Verbe, 27-29 ; PG 25,143 ; SC 199 (trad. Orval rev.)

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« Tu auras un trésor dans le ciel »

      Après la mort de ses parents, alors qu'Antoine avait entre dix-huit et vingt ans..., un jour, il entre dans l'église au moment de la lecture de l'Évangile, et il entend le Seigneur qui disait à un riche : « Si tu veux être parfait, va, vends tout ce que tu possèdes et donne-le aux pauvres ; puis viens, suis-moi, et tu auras un trésor dans les cieux ». Antoine a eu l'impression que cette lecture avait été faite pour lui. Il est sorti aussitôt et a donné aux gens du village ses propriétés familiales. Après avoir vendu tous ses biens mobiliers, il a distribué aux pauvres tout l'argent qu'il en avait retiré, en ne mettant de côté qu'une petite part pour sa soeur.

      Une autre fois qu'il était entré à l'église, il a entendu le Seigneur dire dans l'Évangile : « Ne vous faites pas de souci pour demain » (Mt 6,34). Ne supportant plus d'avoir gardé quelque chose, il a distribué cela aussi aux plus pauvres. Il a confié sa soeur à des vierges connues et fidèles, qui vivaient ensemble dans une maison, pour y être éduquée. Et il s'est désormais consacré, près de sa maison, au labeur de la vie ascétique. Vigilant sur soi-même, il persévérait dans une vie austère...

      Il travaillait de ses mains, car il avait entendu cette parole : « Si quelqu'un ne veut pas travailler, qu'il ne mange pas non plus » (2Th 3,10). Il achetait son pain avec une part de ce qu'il gagnait et il distribuait le reste aux indigents. Il priait sans cesse, parce qu'il avait appris qu'il faut « prier sans relâche » (Lc 21,36) en privé. Il était si attentif à la lecture qu'il ne laissait rien perdre des Écritures mais en retenait tout ; dans la suite, sa mémoire pouvait remplacer les livres. Tous les habitants du village et les gens de bien qui le fréquentaient habituellement, en le voyant vivre ainsi, l'appelaient ami de Dieu. Les uns l'aimaient comme leur fils, et les autres comme leur frère.

La Vie de saint Antoine, père des moines, 2-4

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« Il entra et saisit la main de la jeune fille, qui se leva »         

    Le Verbe, la Parole de Dieu, incorporel, incorruptible et immatériel, est arrivé dans notre région, bien qu'il n'en ait pas été loin auparavant. En effet, il n'avait laissé aucune partie de la création privée de sa présence, car il remplissait tout, lui qui demeure auprès de son Père. Mais il s'est rendu présent en s'abaissant à cause de son amour pour nous, et il s'est manifesté à nous... Il a eu pitié de notre race, il a eu compassion de notre faiblesse, il a condescendu à notre condition périssable. Il n'a pas accepté que la mort domine sur nous ; il n'a pas voulu voir périr ce qui avait commencé, ni échouer ce que son Père avait accompli en créant les hommes. Il a donc pris un corps, et un corps qui n'est pas différent du nôtre. Car il ne voulait pas seulement être dans un corps ou seulement se manifester. S'il avait voulu seulement se manifester, il aurait pu réaliser cette théophanie avec plus de puissance. Mais non : c'est bien notre corps qu'il a pris...

      Le Verbe a pris un corps capable de mourir afin que ce corps, en participant au Verbe qui est au-dessus de tout..., reste impérissable grâce au Verbe qui y demeure, et afin de délivrer de la dégradation définitive tous les hommes par la grâce de la résurrection. Le Verbe a offert donc à la mort le corps qu'il avait pris, comme un sacrifice et une victime sans aucune tache ; et aussitôt il a anéanti la mort en délivrant de la mort tous les hommes ses semblables par l'offrande de ce corps qui leur ressemble.

      Il est juste que le Verbe de Dieu, supérieur à tous, qui offrait son propre temple, son corps, en rançon pour tous, ait payé notre dette par sa mort. Uni à tous les hommes par un corps semblable, il est juste que le Fils incorruptible de Dieu revête tous les hommes d'incorruptibilité, selon la promesse apportée par sa résurrection. Car la corruption elle-même, impliquée dans la mort, n'a plus aucun pouvoir sur les hommes à cause du Verbe qui demeure parmi eux dans un corps unique. 

Sur l'incarnation du Verbe, 8-9 (trad. bréviaire ; cf SC 190, p. 288s)

Ikone athanasius von alexandria

Saint Athanase (295-373), évêque d'Alexandrie, docteur de l'Église 

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« Notre Pâque, c'est le Christ »

Il est tout proche de nous, ce Verbe qui pour nous s'est fait toutes choses : je veux dire notre Seigneur Jésus Christ qui a promis de demeurer continuellement auprès de nous. Il s'écrie en effet : Voici que je suis avec vous tous les jours, jusqu'à la fin du monde. Il est lui-même pasteur, souverain prêtre, chemin et porte, et il est devenu pour nous tout cela en même temps. C'est ainsi encore que la fête et la solennité nous est apparue ; comme dit l'Apôtre : Notre Agneau pascal qui a été immolé, c'est le Christ que l'on attendait. Mais il avait déjà brillé pour le psalmiste en prière qui disait : Mon allégresse, délivre-moi des ennemis qui m'assiègent. Telle est la véritable allégresse, telle est l'authentique solennité : l'éloignement de nos malheurs. Pour que chacun y parvienne, il faut que sa conduite soit parfaitement droite, et qu'il médite intérieurement dans le repos que procure la crainte du Seigneur.

C'est ainsi que les saints, pendant leur vie, étaient continuellement dans la joie, et comme à une fête. L'un d'entre eux, le bienheureux David, se levait la nuit non pas une fois mais sept fois et se conciliait le Seigneur par la prière. Un autre, le grand Moïse, chantait son allégresse par des hymnes et louait Dieu pour la victoire remportée sur Pharaon et les Égyptiens qui accablaient de corvées les Hébreux. Enfin, d'autres exerçaient le culte divin avec une joie constante, comme le grand Samuel et le bienheureux Élie. Ils avaient acquis la liberté par la sainteté de leur vie, et maintenant ils célèbrent la fête dans le ciel ; ils se réjouissent du pèlerinage qu'ils accomplissaient jadis dans l'ombre des figures, dont ils voient maintenant la différence avec la vérité.

Et nous, qui célébrons maintenant la solennité, quels chemins prenons-nous ? Et en approchant de cette fête, quel guide suivrons-nous ? Absolument aucun, mes bien-aimés, sinon celui que vous appelez avec moi notre Seigneur Jésus Christ, lui qui a dit : Je suis le Chemin.

C'est lui, nous dit saint Jean, qui enlève le péché du monde. C'est lui qui purifie nos âmes, selon une parole du prophète Jérémie : Placez-vous sur les chemins, regardez, considérez quel est le bon chemin, et vous y trouverez la purification de vos âmes. 

Jadis le sang des boucs et la cendre de la génisse que l'on répandait sur les impurs n'étaient capables que de purifier le corps. Maintenant, par la grâce du Verbe de Dieu, chacun est pleinement purifié. Si nous le suivons sans tarder, nous pourrons, comme au seuil de la sainte Jérusalem, entrevoir la fête éternelle. Ainsi encore les bienheureux Apôtres, qui suivaient le Sauveur comme leur guide, étaient alors et sont encore maintenant les maîtres de cette grâce. Car ils disaient : Voici que nous avons tout quitté et que nous t'avons suivi. Nous-mêmes, nous suivons le Seigneur et nous accomplissons la fête du Seigneur non seulement en paroles, mais par nos actes.

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« N'est-il pas le charpentier, le fils de Marie ? »

Le Verbe, la Parole éternelle de Dieu, « a pris en charge la descendance d'Abraham ; c'est pourquoi il devait se faire en tous points semblable à ses frères » (He 2,16-17) et prendre un corps pareil au nôtre. C'est pourquoi Marie est vraiment nécessaire pour qu'il prenne ce corps en elle et l'offre en notre faveur comme étant le sien... Gabriel le lui avait annoncé en termes soigneusement choisis. Il n'a pas dit, de façon banale : « Celui qui va naître en toi »... ; il a dit : « Celui qui va naître de toi »...

Tout cela s'est fait ainsi pour que le Verbe, en assumant notre nature et en l'offrant en sacrifice, la fasse totalement sienne. Il a voulu nous revêtir ensuite de sa propre nature divine, ce qui permet à Saint Paul de dire : « Il faut que ce qui est périssable en nous devienne impérissable, que ce qui est mortel revête l'immortalité » (1Co 15,53). Cela ne s'est pas fait de façon simulée comme certains hérétiques l'ont imaginé : jamais de la vie ! Le Sauveur est devenu vraiment homme, et le salut de l'homme tout entier est venu de là... Notre salut n'est pas une apparence, il n'est pas pour le corps seul, mais pour l'homme tout entier, âme et corps, et ce salut est venu du Verbe lui-même.

Ce qui est venu de Marie était donc humain par nature, selon les Écritures, et le corps du Seigneur était un vrai corps ; oui, un vrai corps, puisqu'il était identique au nôtre, car Marie est notre sœur, puisque nous descendons tous d'Adam.

Lettre à Épictète, 5-9 (trad. bréviaire, 1er janvier ; rev.)

separ ecrit biblio« Tu ne nous as pas abandonnés au pouvoir de la mort »

Le Verbe qui est Dieu, la Parole du Père très bon, n'a pas abandonné le genre humain qu'il avait créé et qui tombait dans la corruption ; par l'offrande de son propre corps, il triompha de la mort qui était devenue leur héritage ; il remédia à leur insouciance par son enseignement ; il redressa par sa puissance toute la condition humaine.

Il suffit d'avoir lu les écrits des théologiens disciples du Sauveur pour le confirmer par leur autorité. Car ils disent : L'amour du Christ nous saisit quand nous pensons qu'un seul est mort pour tous, et qu'ainsi tous ont passé par la mort. Car le Christ est mort pour tous afin que nous ne vivions plus pour nous-mêmes, mais pour celui qui pour nous est mort et ressuscitéd'entre les morts, notre Seigneur Jésus Christ. Et encore : Jésus, qui avait été abaissé un peu au-dessous des anges, nous le voyons couronné de gloire et d'honneur à cause de sa passion et de sa mort, si bien qu'il a goûté la mort par la grâce de Dieu, pour le bien de tous. Ensuite le texte signale pour quel motif il fallait que le Verbe divin, et pas un autre, devienne un homme :Il convenait en effet que, voulant avoir une multitude de fils à conduire jusqu'à la gloire, celui qui est le créateur et le maître de tout rende parfait, par ses souffrances, le chef qui devait les guider vers leur salut. Cela signifie que relever les hommes de la corruption qui s'était produite ne revenait à nul autre qu'au Verbe divin qui les avait créés à l'origine.

Quant au fait que le Verbe lui-même a pris un corps en vue d'en offrir le sacrifice pour des corps de même nature, les Écritures l'indiquent aussi par ces mots : Puisque les enfants ont en commun le sang et la chair, lui-même y participa également, afin de réduire à l'impuissance, par sa mort, celui qui possédait le pouvoir de la mort, c'est-à-dire le démon, et d'affranchir tous ceux qui, toute leur vie, avaient vécu sous l'esclavage, par crainte de la mort. En effet, par l'immolation de son propre corps, il a mis fin à la loi portée contre nous, et il a renouvelé le principe de notre vie, en nous donnant l'espérance de la résurrection.

En effet, c'est à partir des hommes que la mort a dominé sur les hommes ; en retour, c'est par l'incarnation du Verbe divin que s'est produite la destruction de la mort et la résurrection de la vie, comme le dit l'Apôtre porte-Christ : La mort étant venue par un homme, c'est par un homme aussi que vient la résurrection. En effet, c'est en Adam que meurent tous les hommes : de même, c'est dans le Christ que tous revivront. ~

À présent, nous ne mourons plus comme destinés à la condamnation, mais comme devant nous réveiller ; nous attendons la résurrection générale de tous, que Dieu nous fera voir au temps fixé , car c'est lui qui la réalisera et nous en donnera la grâce.

TRAITE DE SAINT ATHANASE SUR L'INCARNATION DU VERBE

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« Tous ceux qui souffraient de quelque mal se précipitaient sur lui pour le toucher »

Le Verbe de Dieu, incorporel, incorruptible et immatériel, est arrivé dans notre région, bien qu'il n'en ait pas été loin auparavant. En effet, il n'avait laissé aucune partie de la création privée de sa présence, car il remplissait tout, lui qui demeure auprès de son Père. Mais il s'est rendu présent en s'abaissant à cause de son amour pour nous, et il s'est manifesté à nous... Il a eu pitié de notre race, il a eu compassion de notre faiblesse, il a condescendu à notre condition corruptible. 

Il n'a pas accepté que la mort domine sur nous ; il n'a pas voulu voir périr ce qui avait commencé, ni échouer ce que son Père avait accompli en créant les hommes. Il a donc pris un corps, et un corps qui n'est pas différent du nôtre... Dans le sein de la Vierge, il a construit pour lui-même le temple de son corps ; il en a fait son instrument adapté, pour se faire connaître et pour y demeurer. Après avoir pris parmi nos corps un corps de même espèce, comme nous sommes tous soumis à la corruption de la mort, il l'a livré à la mort pour nous tous, et l'a offert à son Père. Il a fait cela par amour pour les hommes.

Sur l'incarnation du Verbe, 8 (trad. bréviaire 02/05) 

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Suivre le Christ sur la voie droite

Un jour, tous les moines sont venus voir Antoine et l’ont prié de leur adresser la parole. Il leur dit: … Nous voilà commencés, nous nous sommes engagés sur la route de la vertu. Maintenant marchons toujours en avant afin d'atteindre le but (Ph 3,14). Que personne ne regarde en arrière comme la femme de Lot (Gn 19,26), car le Seigneur a dit : « Quiconque a mis la main à la charrue et regarde en arrière est inapte au Royaume des cieux ». Regarder en arrière n'est rien d'autre que changer son propos et reprendre goût aux choses de ce monde-ci. Ne craignez pas quand vous entendez parler de vertu et ne vous étonnez pas de ce mot. Car la vertu n'est pas loin de nous : elle ne prend pas naissance hors de nous ; c'est notre affaire à nous, et la chose est simple pourvu que nous le voulions.       Les païens quittent leur pays et traversent la mer pour étudier les lettres. Nous, nous n'avons pas besoin de quitter notre pays pour aller au Royaume des cieux, ni de passer la mer pour acquérir la vertu. Car le Seigneur a dit : « Le Royaume des cieux est au-dedans de vous » (Lc 17,21). La vertu n'a donc besoin que de notre vouloir, puisqu'elle est en nous et prend naissance de nous. Si l'âme conserve sa partie intelligente conforme à sa nature, la vertu prend naissance. L’âme est dans son état naturel quand elle demeure comme elle a été faite ; elle a été faite très belle et très droite. C'est pourquoi Josué, fils de Noun, disait au peuple en l'exhortant : « Rendez droit votre coeur devant le Seigneur, le Dieu d'Israël » (Jos 24,23). Et Jean Baptiste : « Rendez droits vos chemins » (Mt 3,3). Être droite, pour l'âme, c'est garder son intelligence, comme elle a été créée. Au contraire, quand elle dévie et se détourne de son état naturel, alors on parle de vice de l'âme. La chose n'est donc pas difficile... Si nous devions chercher la chose au dehors, ce serait vraiment difficile, mais puisqu'elle est en nous, gardons-nous des pensées impures et conservons notre âme pour le Seigneur, comme si nous avions reçu un dépôt, afin qu'il reconnaisse son oeuvre, trouvant notre âme telle qu'il l'a faite.

Vie de saint Antoine, 19-20 (trad. Brésard, 2000 ans C, p. 184)

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Le Verbe de Dieu réalise l'harmonie de l'univers. 

Il n'y a rien de ce qui existe et de ce qui prend naissance qui ne prenne naissance et ne subsiste dans le Verbe et par le Verbe, comme nous l'enseigne Jean le Théologien : Au commencement était le Verbe, et le Verbe était avec Dieu, et le Verbe était Dieu. Par lui tout s'est fait, et sans lui rien ne s'est fait. 

Comme un musicien qui vient d'accorder sa lyre assemble par son art les notes graves avec les notes aiguës, les notes moyennes avec les autres, pour exécuter une seule mélodie : ainsi la Sagesse de Dieu, le Verbe, tenant l'univers comme une lyre, unit les êtres de l'air avec ceux de la terre, et les êtres du ciel avec ceux de l'air ; il combine l'ensemble avec les parties, il conduit tout par son commandement et sa volonté ; il produit ainsi, dans la beauté et l'harmonie, un seul monde et un seul ordre du monde. Lui-même reste immuable auprès du Père, tandis qu'il meut toutes choses par l'ordonnance qui vient de lui, selon ce que son Père a décidé. ~ Tous les êtres qui, selon leur nature, reçoivent de lui la vie et la subsistance, composent, grâce à lui, une harmonie admirable et vraiment divine.

Pour faire comprendre une si grande chose par un exemple, prenons l'image d'un chœur composé de nombreux chanteurs. Ce chœur comporte des exécutants variés : hommes, enfants, femmes, vieillards et jeunes gens ; sous la direction d'un seul chef, chacun chante selon sa nature et ses possibilités : l'homme comme un homme, l'enfant comme un enfant, le vieillard comme un vieillard, le jeune homme comme un jeune homme ; mais tous exécutent une seule harmonie. Ou encore, notre âme met en mouvement à la fois nos différents sens ; selon l'activité de chacun en présence d'un même objet, elle les incite tous en même temps : l'œil à voir, l'oreille à entendre, la main à toucher, l'odorat à sentir, le goût à savourer, et souvent d'autres membres encore à se mouvoir, comme les pieds à marcher. ~ C'est ainsi que tout se passe dans la création ; ces comparaisons sont imparfaites, mais il faut savoir les appliquer à des réalités plus hautes.

Oui, par une seule impulsion, par le commandement du Verbe qui est Dieu, toutes choses sont organisées, chacune agit selon ce qui lui appartient en propre, et toutes ensemble réalisent un ordre unique.

TRAITÉ  CONTRE LES PAÏENS

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Toute sagesse procède du Christ, Sagesse incréée du Père 

Puisque l’empreinte créée de la Sagesse existe en nous et en toutes ses œuvres, il est tout à fait juste que la Sagesse véritable et créatrice, appliquant à elle-même ce qui concerne son empreinte, dise : Le Seigneur m’a créée en vue de ses œuvres . Cette parole dite par la Sagesse qui est en nous, le Seigneur se l’attribue à lui-même.

Bien entendu, il n’est pas créé, lui qui est le Créateur, mais il dit cela comme pour lui-même, à cause de son image créée qui se trouve dans ses œuvres. Le Seigneur Jésus a dit : Qui vous accueille m’accueille , parce que son empreinte est en nous ; de même, sans faire partie des choses créées, mais parce que son empreinte et son image sont imprimées dans ses œuvres par la création, il dit, comme si cela le concernait lui-même : Le Seigneur m’a créé au commencement de ses voies en vu de ses œuvres. 

C’est ainsi que l’empreinte de la Sagesse est apparue dans ses œuvres, afin que le monde y reconnaisse le Verbe, son Créateur et, par celui-ci, le Père. Saint Paul avait dit : Ce que l’on peut connaître de Dieu est manifesté en eux ; car Dieu le leur a manifesté. Depuis la création du monde, les hommes, avec leur intelligence, peuvent voir, à travers les œuvres de Dieu, ses perfections invisibles . Le Verbe n’est donc pas une créature par son essence, mais la parole des Proverbes concerne la sagesse qui est en nous.

Cependant, si les Ariens refusent de le croire, qu’ils répondent à cette question : Y a-t-il de la sagesse dans les choses créées, ou non ? S’il n’y en a pas, comment l’Apôtre peut-il faire ce reproche : Puisque le monde, par la sagesse, n’a pas reconnu Dieu dans la sagesse de Dieu ? Ou bien, s’il n’y a pas de sagesse, pourquoi l’Écriture mentionne-t-elle la multitude des sages , et dit-elle : Le sage, avec frayeur se détourne du mal, et encore : C’est par la sagesse qu’on bâtit une maison ? L’Ecclésiaste dit lui aussi : La sagesse de l’homme illumine son visage . Et il blâme ainsi les présomptueux : Ne dis pas : Comment se fait-il que le passé soit meilleur que le présent ? Ce n’est pas une question inspirée par la sagesse. 

Il y a de la sagesse dans les choses créées, comme dit le Siracide : Le Seigneur a diffusé la Sagesse sur toutes ses œuvres, sur toute chair, dans sa générosité, et il en a gratifié ceux qui l’aiment. Cette « diffusion » ne caractérise nullement l’essence de la Sagesse qui existe en elle-même et qui est son Fils unique, mais celle de la sagesse dont l’image est imprimée dans le monde créé. Qu’y a-t-il d’incroyable à ce que la Sagesse créatrice et véritable, dont l’image est diffusée dans le monde sous forme de sagesse et de connaissance, dise comme s’il s’agissait d’elle-même : Le Seigneur m’a créée en vue de ses œuvres ? En effet, la sagesse qui est dans le monde, n’est pas créatrice, elle est créée dans les œuvres de Dieu, et c’est par elle que les cieux racontent la gloire de Dieu, et que l’œuvre de ses mains, le firmament l’annonce .

DISCOURS  CONTRE LES ARIENS

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« Un endroit désert, à l’écart »

      Chacun des saints a dû fuir « la voie large et spacieuse » (Mt 7,13), pour demeurer seul, à part, et là, vivre dans la vertu : Élie, Élisée…, Jacob… Le désert et l’abandon des tumultes de la vie procurent à l’homme l’amitié de Dieu ; ainsi Abraham, quand il est sorti du pays des Chaldéens, a été appelé « ami de Dieu » (Jc 2,23). Le grand Moïse aussi, lors de son départ du pays d’Égypte…a parlé avec Dieu face à face, a été sauvé des mains de ses ennemis et a traversé le désert. Tous ceux-là sont l’image de la sortie des ténèbres vers la lumière admirable, et de la montée vers la ville qui est au ciel (He 11,16), la préfiguration du vrai bonheur et de la fête éternelle. 

      Quant à nous, nous avons auprès de nous la réalité que des ombres et des symboles annonçaient, je veux dire l’image du Père, notre Seigneur Jésus Christ (Col 2,17; 1,15). Si nous le recevons comme nourriture en tout temps, et si nous marquons de son sang les portes de nos âmes, nous serons libérés des travaux de Pharaon et de ses inspecteurs (Ex 12,7; 5,6s)… Maintenant nous avons trouvé le chemin pour passer de la terre au ciel… Autrefois, par l’intermédiaire de Moïse, le Seigneur précédait les fils d’Israël dans une colonne de feu et de nuée ; maintenant, il nous appelle lui-même en disant : « Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi et qu’il boive ; de celui qui croit en moi, sortiront des fleuves d’eau vive jaillissant jusqu’à la vie éternelle » (Jn 7,37s). 

      Que chacun se prépare donc avec un ardent désir à se rendre à cette fête ; qu’il écoute le Sauveur l’appeler, car c’est lui qui nous console tous et chacun en particulier. Que celui qui a faim vienne à lui : il est le vrai pain (Jn 6,32). Que celui qui a soif vienne à lui : il est la source d’eau vive (Jn 4,10). Que le malade vienne à lui : il est le Verbe, la Parole de Dieu, qui guérit les malades. Si quelqu’un est accablé par les fardeaux du péché et s’en repent, qu’il se réfugie à ses pieds : il est le repos et le port du salut. Que le pécheur ait confiance, car il a dit : « Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos » (Mt 11,28).

 24ème lettre festale pour Pâques (trad. Sr. Isabelle de la Source, Lire la Bible, t. 2, p. 31 rev.) 

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Une guérison le jour du sabbat, symbole de l'achèvement de la création 

      Ce monde est très bon, tel qu’il a été fait et tel que nous le voyons, parce que Dieu le veut ainsi : personne ne pourrait en douter. Si la création était désordonnée, si l’univers évoluait au hasard, on pourrait mettre en doute cette affirmation. Mais puisque le monde a été fait avec sagesse et science, de façon raisonnable et logique, puisqu’il a été orné de toute beauté, il faut que celui qui y préside et qui l’a organisé ne soit autre que la Parole de Dieu, son Verbe, son Logos…

      Étant la Parole bonne du Dieu de bonté, c’est ce Verbe qui a disposé l’ordre de toutes choses, qui a réuni les contraires avec les contraires pour en former une seule harmonie. C’est lui, « puissance de Dieu et sagesse de Dieu » (1Co 1,24), qui fait tourner le ciel, qui suspend la terre et qui, sans qu’elle repose sur rien, la maintient par sa propre volonté (cf He 1,3). Le soleil éclaire la terre par la lumière qu’il reçoit de lui, et la lune reçoit sa mesure de sa lumière. Par lui, l’eau est suspendue dans les nuages, les pluies arrosent la terre, la mer garde ses limites, la terre se couvre de plantes de toutes sortes (cf Ps 103)…

      La raison pour laquelle cette Parole, le Verbe de Dieu, est venue jusqu’aux créatures est vraiment admirable… La nature des êtres créés est passagère, faible, mortelle ; mais puisque le Dieu de l’univers est par nature bon et excellent, il aime les hommes… Voyant donc que par elle-même toute la nature créée s’écoule et se dissout, pour lui éviter cela et pour que l’univers ne retourne pas au néant…, Dieu ne l’abandonne pas aux fluctuations de sa nature. Dans sa bonté, par son Verbe, il gouverne et maintient toute la création… Elle ne subit donc pas le sort qui serait le sien si le Verbe ne la gardait pas, c’est-à-dire l’anéantissement. « Il est l’image du Dieu invisible, le premier-né de toute créature, parce que c’est par lui que tout subsiste, les choses visibles et invisibles, et il est aussi la tête de l’Eglise » (Col 1,15-18).

Contre les païens, 40 ; SC 18 (trad. SC p. 190 rev.)

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Par sa Parole toute-puissante, le Père a créé et maintient toutes choses.

La vue de la création nous permet de découvrir le Créateur. Qui est-il, sinon le très saint, celui qui est au-dessus de toutes les réalités créées ? Pareil à un excellent pilote, par sa propre Sagesse et sa propre Parole, le Christ notre Seigneur et notre Sauveur, Dieu gouverne et ordonne l'univers pour notre salut, en faisant ce qui lui semble bon. Et ce monde est très bon en effet, tel qu'il a été fait et tel que nous le voyons, parce que Dieu le veut ainsi ; personne ne pourrait en douter. Car, si la création se mouvait sans raison, si l'univers s'en allait n'importe comment, on pourrait bien mettre en doute ce que nous venons de dire. Mais puisqu'il a été créé avec raison, sagesse et science, puisqu'il est si beau, celui qui l'a créé et lui a donné cette beauté ne peut être que le Verbe de Dieu. 

Je ne parle pas d'un « verbe », d'une parole quelconque ; je parle du Verbe en personne, celui du Dieu bon de l'univers, vivant et agissant. Il est différent de tous les êtres engendrés ou créés. Il est le Verbe propre et unique du Père plein de bonté. C'est lui qui a organisé cet univers et l'éclaire par sa providence. Étant le Verbe très bon du Père plein de bonté, c'est lui qui a disposé l'ordre de toutes choses, qui a réuni les contraires avec les contraires pour en composer une seule harmonie. ~ Il est le Dieu unique et le Fils unique, le Dieu bon qui procède du Père comme d'une source de bonté, celui qui organise et contient l'univers. ~

Celui qui a tout créé par son Verbe éternel, et qui a donné l'existence à sa création, ne voulut pas que celle-ci s'en aille à la dérive et au chaos, selon sa nature, car elle risquerait de retourner au néant. Mais dans sa bonté, par son Verbe qui est Dieu lui aussi, il gouverne et maintient toute la création. Ainsi, éclairée par la direction, l'organisation et la providence du Verbe, la création peut subsister solidement. En effet, elle participe elle-même du Verbe qui est vraiment issu du Père, et elle est soutenue par lui dans l'existence, elle évite l'anéantissement qui se produirait sans cette sauvegarde du Verbe. Comme nous l'enseignent, dans les Saintes Écritures, les ministres de la vérité : Il est l'image du Dieu invisible, le premier-né avant toute créature, car c'est en lui que tout a été créé, les êtres visibles et les êtres invisibles, et il est la tête du corps, c'est-à-dire de l'Église.

C'est donc lui, le Verbe très saint du Père, tout-puissant et absolument parfait, qui se répand en toutes choses, qui déploie partout sa puissance, qui éclaire toutes choses, visibles et invisibles, qui les contient et les rassemble en lui. Il n'en laisse aucune en dehors de sa puissance, mais il donne vie et protection à toutes choses, en tout lieu, à chacune en particulier et à toutes ensemble. 

TRAITÉ DE SAINT ATHANASE CONTRE LES PAÏENS

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En Marie, Dieu s'est vraiment fait homme

Le Verbe a pris en charge la descendance d'Abraham, c'est pourquoi il devait se faire en tous points semblable à ses frères et prendre un corps pareil au nôtre. Aussi Marie est-elle vraiment nécessaire pour qu'il prenne ce corps en elle et l'offre en notre faveur comme étant le sien. ~ L'Écriture rappelle son enfantement et dit : Elle emmaillota son fils ; le sein qui l'allaita a été déclaré bienheureux, et l'on a considéré qu'il est né d'elle comme pour l'offrande d'un sacrifice. ~ Gabriel le lui avait annoncé en termes soigneusement choisis. Il n'a pas dit, de façon banale : « Celui qui va naître en toi » pour ne pas faire croire que ce serait un corps extérieur introduit du dehors ; il a dit : Celui qui va naître de toi , pour inviter à croire que celui qui allait naître sortirait d'elle. ~

Tout cela s'est fait ainsi pour que le Verbe, en assumant notre nature et en l'offrant en sacrifice, la fasse totalement sienne. Il a voulu nous revêtir ensuite de sa propre nature, ce qui permet à saint Paul de dire : Il faut que cet être corruptible revête l'incorruptibilité, que cet être mortel revête l'immortalité . Cela ne s'est pas fait de façon fictive comme certains hérétiques l'ont encore imaginé : jamais de la vie ! Le Sauveur est devenu vraiment homme, et le salut de l'homme tout entier est venu de là. ~ Notre salut n'est pas une apparence, il n'est pas pour le corps seul, mais pour l'homme tout entier, âme et corps, et ce salut est venu du Verbe lui-même.

Ce qui est venu de Marie était donc humain par nature, selon les Écritures, et le corps du Seigneur était un vrai corps ; oui, un vrai corps, puisqu'il était identique au nôtre, car Marie est notre sœur, puisque nous descendons tous d'Adam. ~

Bien entendu, le Verbe ne s'est pas transformé en chair ; il a seulement pris notre nature ; le mot de saint Jean : le Verbe s'est fait chair ne signifie pas autre chose, ainsi qu'on peut le voir à des expressions analogues, par exemple chez saint Paul : le Christ s'est fait malédiction pour nous . ~

L'union du Verbe à la nature n'ajoute rien à la Trinité, tandis que le corps humain a reçu un grand avantage de sa communion et de son unité avec le Verbe : de mortel il est devenu immortel, de purement humain il est devenu spirituel et lui qui vient de la terre, il franchit les portes du ciel.

Certes, même après que le Verbe a pris un corps en Marie, la Trinité demeure la Trinité, sans addition ni diminution. Elle est toujours parfaite : dans la Trinité on reconnaît l'unique divinité, et c'est ainsi que dans l'Église on proclame un seul Dieu, le Père du Verbe.

LETTRE  À ÉPICTÈTE, ÉVÊQUE DE CORINTHE

 

Date de dernière mise à jour : 2018-03-19

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